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Appétit

Appétit (du latin appetere, demander, désirer) est le nom donné par les philosophes de l'école Ecossaise à la première classe des instincts, à ceux qui correspondent aux besoins animaux.

C'est ainsi que le corps ayant besoin d'aliments, l'enfant qui ne sait évidemment ni ce qu'il fait, ni pourquoi il le fait, est poussé par une force instinctive vers le sein de sa nourrice. Plus tard, il advient de l'appétit ce qui advient de tous les instincts : la réflexion, l'éducation, les habitudes lui ôtent une partie de son importance. Il subsiste cependant, pour nous avertir au milieu des préoccupations diverses qui pourraient nous distraire de la satisfaction des besoins physiques. 

Les principaux appétits sont la faim, la soif, la propension alternative à l'action et au repos, etc. Dugald Stewart (Esquisses de Philosophie morale) signale comme ca ractères principaux des appétits les circonstances suivantes : 

1° ils tirent leur origine du corps, et nous sont communs avec les bêtes; 

2° ils ne sont point continus, mais périodiques;

3° ils sont accompagnés d'une sensation désagréable, forte ou faible selon la force ou la faiblesse de l'appétit.

Outre les appétits naturels, nous nous faisons, par l'imitation et par l'habitude, des appétits factices, tels que celui de l'alcool, du tabac ou des autres drogues. Une première présomption défavorable à ces appétits naît de ce qu'ils ne font pas partie du plan de la nature. De plus, une fois développés avec quelque intensité, ils ne procurent à celui qui en est possédé moins de plaisirs que de souffrances. Il y a donc des motifs péremptoires de se tenir fortement en défiance contre eux, et, si l'on ne s'en préserve complètement, d'avoir soin du moins de ne s'en pas laisser dominer. (Reid, Essai III, 2e partie, ch. 2.)

Tel est le sens que ces philosophes a donné au mot appétit. Ceux dont il est la traduction littérale (orexis en grec, appetitus en latin) désignent, dans les anciens traités de psychologie, un principe différent à certains égards et plus général. C'est ainsi qu'Aristote, dans le traité de l'Ame, entend par appétit le désir de ce qui plaît, le qualifie expressément de passion et de volonté, et le présente comme inséparable de l'imagination; ce qui en fait toute autre chose qu'un principe instinctif en rapport avec des besoins exclusivement physiques. Dans le tableau que Platon, à diverses reprises, a tracé de l'âme humaine, on trouverait de plus étroites analogies entre l'appétit, tel que nous le comprenons, et le principe qu'il nomme epithumèticon

La scolastique avait multiplié, à ce sujet, les divisions et les subdivisions techniques : elle appelait appétit sensitif toute passion née des plaisirs ou des douleurs du corps, et appétit raisonnable toute passion qui a le bien pour objet; elle divisait encore l'appétit sensitif en appétit irascible, passion dont l'objet est difficile à atteindre ou à repousser, et appétit concupiscible, passion qui ne suppose aucune difficulté dans son objet.

Descartes se rapproche davantage des théories de l'école Ecossaise, en appelant appétit « le sens intérieur excité en l'âme par les mouvements des parties qui servent aux fonctions naturelles...; sens qui comprend la faim, la soif et tous les autres appétits naturels. » Il est vrai qu'il donne le même nom à « la volonté de manger, de boire, et d'avoir tout ce que nous pensons être propre à la conservation de notre corps. » Toutefois, il n'y a pas, chez lui, de confusion possible entre le principe animal et le principe rationnel; car il a soin d'avertir que c'est précisément « à cause que cet appétit ou volonté les accompagne presque toujours, qu'on les a nommés des appétits. » (Descartes, Principes de la Philosophie, 4e partie, § 190. ). (B-E.).

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