| Le panthéisme (du grec pan, tout, et théos, dieu) est un système métaphysique, qui, au point de vue le plus général, peut se résumer dans les termes suivants: "Dieu est tout." Précisons le sens de cette formule, en remontant aux origines du panthéisme. L'idée de l'infini est si naturelle à l'esprit humain, que, dès la plus haute antiquité, elle se fit jour, non seulement dans les religions positives, mais aussi dans les systèmes philosophiques dès qu'ils apparurent. Cette idée une fois conçue, de quelque nom qu'on l'appelât, l'Infini, Dieu, Être ou Substance, une question devait se présenter, et se présenta en effet, assez clairement et assez impérieusement pour provoquer les efforts les plus marqués de l'esprit philosophique : c'était celle des rapports de l'Infini et du Fini. Comment le Fini coexiste-t-il avec l'Infini? Réponse : Le Fini dépendant de l'Infini, en d'autres termes, les phénomènes dépendant de l'Être, les Substances contingentes de la Substance absolue; le Monde et la Nature dépendant de Dieu, comme l'effet dépend de sa cause, en vertu de la toute puissance qui les a créés, et qui les conserve, on s'explique parfaitement que le Fini coexiste avec l'Infini, et en reste distinct sans le limiter en quoi que ce soit. Si ce n'est dans l'Ancien Testament, Ni dans les systèmes théologiques, ni dans les systèmes philosophiques, l'esprit de l'Antiquité n'envisage l'idée de la Création proprement dite. De là tant de systèmes où les rapports du Fini et de l'Infini sont présentés de manière si différente de ce qu'il seront par la suite; ici la matière coeternelle avec Dieu; ici la nature divinisée; là enfin l'existence du Fini ou niée absolument, ou absorbée dans l'Infini. C'est en cela que consiste proprement le Panthéisme. Nous ne croyons pas que ce nom convienne aux doctrines qui , pour céder à une nécessité de la raison, et accorder une place quelconque à l'idée religieuse, consentent, en s'enfermant dans la contemplation de la nature, à la considérer comme divine, et ne reconnaissent d'autre Dieu que le Grand Tout; au contraire le véritable Panthéisme part exclusivement de l'idée de l'Infini, de l'Être absolu, de Dieu, et rencontrant à peu près inévitablement sur son chemin l'idée du Fini, des phénomènes, du monde, il absorbe et engloutit pour ainsi dire celle-ci dans celle-là soit qu'il traite le Fini de simples apparences sans réalité (Panthéisme éléatique); soit qu'il fasse du monde le développement fatal du principe qui l'anime, l'âme, l'éther primitif (Panthéisme stoïcien); soit qu'il le considère comme le résultat d'une émanation ou d'une suite d'émanations successives (Panthéisme alexandrin) ou comme la forme nécessaire sous laquelle se manifestent les modes infinis de l'Étendue et de la Pensée, prises elles-mêmes pour deux des attributs infinis de Dieu : la nature naturée, identique au fond à la nature naturante (Spinozisme); soit enfin qu'en vertu d'un principe, qui demanderait à lui seul de longues explications, il pose l'identité absolue de l'Être et de l'Idée comprenant à la fois Dieu, la nature et l'humain ( système de l'identité absolue de Hegel). (B - e.). | |