| Les Frères du Libre-Esprit étaient une secte panthéiste populaire qui fut nombreuse surtout au XIVe siècle. On en trouve les premières traces dans les cités florissantes de la vallée du Rhin, vers le commencement du XIIIe siècle. Le mouvement se rattache à celui des Amalriciens; il s'opère autour du nom d'un certain Ortlieb de Strasbourg, qui eut aussi des partisans à Cologne. La persécution qu'ils s'attirèrent fit qu'ils cherchèrent un refuge dans les béguinages, sous le couvert desquels ils propagèrent leurs doctrines, et dont ils contribuèrent à corrompre les moeurs. Cela éclata vers la fin du XVIIIe, siècle. Alors on entend pour la première fois parler de "frères" et de "sieurs du libre" ou "du nouvel esprit". Leurs prémisses philosophiques sont panthéistes; mais tandis que les panthéistes spéculatifs comme Amaury de Chartres ou Eckhart, concluaient à une morale ascétique, les frères du libre-esprit définissent ainsi la pensée centrale et la principale conséquence de leur doctrine: la conscience de l'identité substantielle avec Dieu rend l'homme libre; et cette liberté consiste en la suppression du remords ; nulle loi n'existe plus pour un tel homme. Ils célébraient une sorte de culte secret, qui devenait souvent l'occasion d'excès, si l'on se fie aux procès-verbaux de leurs interrogatoires. Les mystiques orthodoxes désavouaient naturellement ces sectaires; l'autorité ecclésiastique sévit contre eux par le fer et le feu, jusque vers 1430. Après cette date, il n'est plus question d'eux. En France, on les avait parfois nommés « les Turlupins »; en Belgique, ils s'étaient donné eux-mêmes le nom d' « hommes de l'intelligence ». Pour la nouvelle recrudescence de ces mêmes idées au XVIe siècle (Libertins Spirituels). (F.-H. K.).
| En bibliothèque - Mosheim, De Beghardis et beguinabus commentarius;. Leipzig, 1790, éd. Martini. - A. Jundt, Histoire du panthéisme populaire; Paris, 1875.- Doellinger, Beitraege zur Sektengeschichte des Mittelatters (documents); Munich,1890, 2 vol. | | |