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Chappe
d'Auteroche (l'abbé Jean). - Cet astronome, oncle des frères
Ignace et Claude Chappe (ci-dessous), était né à Mauriac
(Cantal) le 2 mars 1728, et mourra à San-José (Californie
mexicaine)
le 1er août 1765. Élève
des jésuites,
il embrassa de bonne heure l'état ecclésiastique, mais se
passionna pour l'étude de l'astronomie et ne tarda pas à
s'y consacrer exclusivement. Ses débuts furent encouragés
par Cassini de Thury. Celui-ci invita Chappe
à loger à l'Observatoire, et avait en lui tant de confiance,
que dans les observations qu'ils faisaient de concert, il abandonnait la
lunette à Chappe; comme précédemment à La
Caille, et se bornait à surveiller le fil à plomb.
En 1752, il traduisit
en français la première partie (tables solaires et lunaires)
des Tabulae: astronomicae
de Halley (Paris, 1754, in-8) et y ajouta de nombreuses
notes explicatives, ainsi que quelques chapitres comprenant notamment des
Tables planétaires. L'ouvrage sera publié en 1759
par Lalande, mais dès 1753, Chappe fut
chargé par le roi de la direction de levers de plans en Lorraine.
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Chappe
d'Auteroche.
En 1759, l'Académie
des sciences l'élut membre (adjoint) en remplacement de Lalande,
devenu associé ordinaire, et, l'année suivante, le désigna
pour aller observer en Sibérie le passage
de Vénus
sur le Soleil.
Il partit de Paris en novembre 1760 et fit en un mois, malgré des
difficultés de toutes sortes, le voyage en traîneau de Saint-Pétersbourg
à Tobolsk, où il arriva avec
ses instruments le 10 avril 1761. Un petit observatoire fut rapidement
construit, sa position déterminée, et, le 6 juin, Chappe
put noter toutes les phases du phénomène.
A divers instants
du passage, il a vu ainsi autour de Vénus un croissant lumineux
gui occupait environ un tiers de la circonférence, et qui, se voyait
même à la partie de Vénus qui était hors du
disque du Soleil. Il donne les mesures des diamètres avec des lunettes
de 5, 10 et 15 pieds garnis de micromètres à fils. Il trouve
31' 37", 5 pour le Soleil et environ 60" pour Vénus. Maraldi
trouvait 57",1, Lalande 57",8, le cardinal de
Luynes 55",4 et Pingré 55",2. Chappe attribuera
au croissant lumineux, qui avait pris successivement, des positions diverses,
la différence de 57," 33" â 61" 12' qu'il trouvait dans ses
différentes mesures du diamètre de Vénus; il cherchera
à défendre cette explication que Le
Monnier lui contestera.
De retour à
Paris en août 1762, il écrivit son Voyage eu Sibérie,
avec la description du Kamtschatka traduite du russe de Krascheninnikof
(Paris, 1768, 3 vol. in-4 et atlas; édit. abrégée
: Amsterdam, 1769-70, 4 vol, in-12), relation intéressante, contenant
un petit nombre de renseignements scientifiques et beaucoup de détails
sur ce que l'auteur a vu ou entendu dire des moeurs et du gouvernement
de la Russie. Le peu de ménagement qu'il avait montré en
disant tout ce qu'il savait on croyait savoir des moeurs et du gouvernement,
ne fut pas très agréable à l'impératrice Catherine
II, qui en fit même publier une réfutation sous le titre
d'Antidote ou Examen du mauvais livre intitulé: Voyage..., etc.
(Saint-Pétersbourg, 1770-71, 2 vol. in-8; Amsterdam, 1771-72, ib.).
Ouvrage assez inconsidérément attribué à la
tsarine elle-même et à André
Schouvalov, mais peut-être due, d'après Lalande, à
la collaboration de la princesse Dachkov et du
sculpteur Falconet.
Le 8 juin 1769 devait
avoir lieu un nouveau passage de Vénus sur le Soleil. Chappe fut
cette fois envoyé au cap San Lucar, en Californie mexicaine, et
put encore observer heureusement les contacts de la planète et de
l'astre depuis San José. Mais, malgré toute l'attention que
Chappe apporta, il ne put apercevoir aucun vestige du croissant lumineux
qu'il avait vu dans le passage de 1761; à l'entrée totale
de Vénus, au premier contact intérieur, il vit très
bien un point noir dont le bord de Vénus parut s'allonger comme
si c'était une matière molle collée au bord du Soleil
et qui ne s'en détachât qu'avec peine. Au contact intérieur
de la sortie, il vit mieux encore ce phénomène ["goutte noire"],
qui avait déjà été remarqué en 1761.
Une maladie, épidémique
régnait à San José; on conseillait à Chappe
de partir, immédiatement après son observation. Il voulut
rester pour observer l'éclipse
totale de Lune
qui devait avoir lieu quinze jours après le passage, et joindre
quelques observations éclipses de satellites
de Jupiter;
dans cet intervalle, il fut atteint de la maladie, et son courage lui donna
la force d'observer son éclipse; mais il mourut quelques jours après;
le premier août 1769. J'ai rempli mon objet et je meurs
content, aurait-il dit trois jours avant celui qui mit un terme à
ses travaux.
Le seul survivant
de la mission, Pauli (ou Pauly), ingénieur-géographe, apporta
soigneusement les registres des observations qui avaient été
faites pendant près de deux mois et il les remit à Cassini
de Thury, qui en donna un extrait dans les Mémoires de
1770, sous le titre; Voyage en Californie..., etc. (Paris, 1772,
in-4); Lalande, dans le même volume de
1770, a mis un mémoire où il donne le calcul et la réduction
des observations de Chappe en Californie, et par un milieu entre plusieurs
comparaisons dont les résultats ne diffèrent que de quelques
centièmes de seconde; il a trouvé une parallaxe
de 8", 5. Il a reproduit ce passage de Vénus dans son Astronomie.
A l'Académie, Chappe d'Auteroche fut remplacé par Messier.
(Delambre / Léon Sagnet).
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En
bibliothèque - Outre les ouvrages
déjà cités, Chappe d'Auteroche a fait paraître
: Mémoire du passage de Vénus sur le Soleil, avec diverses
observations... faites à Tobolsk(Saint Pétersbourg, 1762,
in-4). Il a également fait insérer dans les Mémoires
de l'Académie des sciences (1760 à 1768) une dizaine de séries
d'observations, parmi lesquelles : Observations astronomiques faites
à Bitche (1760, p. 158); Sur
la théorie de deux comètes (1760, p. 166); Extrait
du voyage en Sibérie (1761, p. 337); Observations de Mercure
(1764, p. 353), etc.
Grandjean de Fouchy, Éloge de Chappe, dans l'Hist. de
l'Acad. des sciences, année 1769, p. 163. - Fr, von Zach, Correspondance
astronomique; Gênes, 1818, t. I, p. 174, in-8. - J. Delambre,
Histoire de l'astronomie au XVIIIe siècle; Paris, 1827,
in-4, pp. 303, 585, 621. - P.-G. Aigueperse, Biographie des personnages
d'Auvergne; Clermont-Ferrand, 1834, t. I, in-8. - J. M. Quérard,
les Supercheries littéraires dévoilées; Paris,
1859, t. I p., 658, in-8. - R. Wolf, Geschichte der Astronomie,
p. 642 dans le 16e vol. de Geschichte der Wissenschaften in Deutschland;
Munich, 1871, in-8.
En
librairie - Hélène
Carrère d'Encausse, L'impératrice et l'abbé
(le duel littéraire entre Catherine II et Chappe d'Auteroche...),
Fayard, 2003.
- Chappe d'Auteroche, Deleyre, La Harpe, Voyage
en Sibérie, 1768. |
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Chappe (l'abbé
Claude), ingénieur, frère du précédent, né
à Brûlon (Sarthe) en 1763, mort à Paris le 23 janvier
1805. Il se voua à la prêtrise, fut pourvu tout jeune de deux
bénéfices assez lucratifs et put ainsi s'adonner librement
à ses études favorites, la mécanique et la physique.
Venu à Paris, il s'y monta un cabinet et attira de bonne heure l'attention
du monde savant par une série de recherches sur l'électricité
et le pouvoir des pointes; on lui doit l'expérience des bulles de
savon électrisées et remplies d'hydrogène,
reproduisant par leur détonation au contact de l'air le phénomène
de la foudre.
En 1789, il perdit ses bénéfices,
retourna dans son pays natal et y retrouva son frère aîné
Ignace, et ses trois cadets, Pierre-François, René et Abraham.
II leur fit bientôt connaître (1790) son idée de transmission
rapide et régulière des ordres du gouvernement au moyen de
signaux et sollicita leur concours pour la réalisation pratique
de ce projet. Tous cinq se mirent à l'oeuvre, sous la direction
de Claude; plusieurs systèmes de communication optique furent tour
à tour imaginés, essayés et abandonnés; des
expériences, contrariées par la malveillance, eurent lieu
à Paris en 1791 et 1792. Enfin, un appareil, que Claude appela d'abord
tachygraphe, puis télégraphe, fut soumis, en 1792, à
l'Assemblée législative. L'année suivante, les frères
Chappe furent autorisés à construire entre Paris et Lille
une première ligne, terminée en août 1794. La
Convention conféra à Claude reçut de le titre d'ingénieur
télégraphe.
On ne tarda pas naturellement à
lui contester la priorité de son invention et à en discuter
la valeur. Des compétitions nombreuses se produisirent. Mais le
gouvernement conserva aux Chappe la construction de toutes les lignes télégraphiques
et la direction de ce nouveau service public. Cependant Claude, affecté
par les attaques incessantes dont il était l'objet, tomba dans une
mélancolie profonde et se jeta, dit-on, dans un puits.
Ignace et Pierre, qui lui avaient été
adjoints dès 1793, lui succédèrent comme administrateurs
des lignes télégraphiques et furent remplacés à
leur tour, en 1823, par René et Abraham, destitués eux-mêmes
par le gouvernement de Juillet 1830. Claude Chappe n'a évidemment
pas eu la première idée des signaux; usités de tout
temps, surtout par les marins, leur emploi régulier comme mode de
correspondance avait même déjà préoccupé
divers savants. Mais les Chappe ont su, les premiers, établir des
lignes télégraphiques au moyen desquelles on put transmettre
toutes sortes d'idées à de longues distances et avec célérité.
Grâce à un vocabulaire numéroté de neuf mille
mots, leur appareil n'exigeait, en effet, pour chaque mot qu'un maximum
de quatre signes au début, de deux ensuite, et leurs stations, établies
à deux ou trois lieues les unes des autres, pouvaient transmettre
en quelques minutes une dépêche de Paris
à Lyon. (Léon Sagnet).
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En
bibliothèque - Claude Chappe
a publié dans le Journal de physique (1789-92) et dans les
Annales de chimie (1789) d'intéressants articles sur l'électricité
et la décomposition de l'eau. On lui doit en outre Lettres sur
le nouveau télégraphe (de Bréguet et Bétancourt)
(Paris, 1798, in-8).
J. J. Boeckmann, Uber Telegraphie und Telegraphen, Carlsruhe, 1794,
in-8. - Moniteur universel du 28 janvier1805. - F. G. Aigueperse,
Bioqraphie des personnages dAuvergne; Clermont-Ferrand, 1831, t.
I, in-8. - N. Desportes, Bibliographie du Maine; Le Mans. 1811,
in-8.
Voir
aussi l'Histoire de la Télégraphie d'Ignace-U-J. Chappe
(Paris, 1824, 2 vol. in-8, dont un atlas; Le Mans, 1840, id.). L'édition
de 1840 est précédée d'une Introduction écrite
par le plus jeune des frères de l'auteur, Abraham, et contenant
de nombreux renseignements sur la vie des frères Chappe et sur les
circonstances de leur invention. |
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