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Organisation
politique et religion
La civilisation de
la Perse ancienne
fut à son apogée à l'époque de Darius.
Ce fut ce souverain qui organisa le premier l'empire et regroupa en une
vingtaine de provinces ou satrapies, les quelque 120 petits gouvernements
que comptait l'empire de Cyrus : -
-
A ces 20 satrapies,
il faut joindre la Perside ,
berceau de la nation perse, qui formait une division à part, sans
porter le titre de satrapie. Chaque province était gouvernée
par un satrape, choisi par le roi et assisté d'un secrétaire
royal et d'un général commandant les troupes; le satrape
avait le pouvoir civil et judiciaire le plus complet et percevait l'impôt
à sa guise. Des inspecteurs étaient envoyés chaque
année par le roi, appuyés d'un corps de troupes, pour examiner
la gestion des satrapes. La Perse propre (Perside) était dispensée
d'impôt, mais les autres provinces payaient le tribut en raison de
leur étendue et de leur richesse. A l'époque de Darius
se rattache la création de la monnaie d'or dite darique, portant
une figure de roi armé de l'arc ou de la javeline.
A partir du VIIIe
siècle (époque musulmane), la Perse fut généralement
divisée en onze provinces :
-
Religions.
Dans l'antiquité,
les Perses professaient le magisme ou religion de Zoroastre ,
qui compte encore aujourd'hui des sectateurs à Yezd et dans le Kerman
( La religion de l'Avesta );
mais depuis la conquête arabe, dans la première moitié
du VIIe siècle de J. C., l'Islam
est devenu la religion dominante. Les musulmans de l'Iran appartiennent
à la secte des chiites .
Le
Zoroastrisme à l'époque sassanide.
C'est sous la dynastie
des Sassanides que le Zoroastrisme a été établi comme
religion d'Etat. Il jouait alors un rôle similaire à
celui du christianisme dans l'Empire byzantin, et cette proclamation d'une
religion officielle à peu près la même époque
par les deux grandes puissances politiques de la région qui a installé
l'idée - appelée à un grand avenir - qu'une religion
pouvait être aussi un instrument politique.
La religion imprégnait
tous les aspects de la vie communautaire. La plupart des sujets des shahs
sassanides s'identifiaient avant tout comme membres d'une communauté
religieuse. Leurs écoles et palais de justice étaient religieux.
Ils considéraient les prêtres zoroastriens (prêtres
officiant dans les temples du feu) comme des guides moraux dans la vie
quotidienne. La plupart des livres traitaient de sujets religieux. Dans
certaines régions, les chefs religieux représentaient leurs
ouailles même dans des domaines aussi séculiers que la perception
des impôts.
Même si
d'importantes communautés chrétiennes et juives subsistaient
à l'intérieur de l'Empire perse, en particulier en Mésopotamie,
le zoroastrisme était intolérant. Une inscription de la fin
du IIIe siècle en Iran se vante
des persécutions des chrétiens, des juifs et des bouddhistes
menées par le grand prêtre zoroastrien. Les chrétiens
sont d'ailleurs devenus des pions dans la rivalité politique avec
les Byzantins et ont été parfois persécutés,
parfois patronnés par les rois sassanides (comme ce fut le cas des
Nestoriens persécutés à Constatinople et firent des
routes d'Asie et d'Arabie leur terre de mission).
Le
Manichéisme.
Fondé en
Mésopotémie au IIIe siècle
par un prédicateur nommé Mani, le Manichéisme, dérivé
du Zoroastrisme, était une religion dualiste qui envisageait le
monde comme le résultat d'une lutte entre le bien et le mal. Bien
qu'au début Mani ait joui de la faveur du shah, lui et nombre de
ses partisans furent martyrisés en 276. Cela n'empêcha pas
sa religion de survivre et de se répandre largement, souvent en
entrant en concurrence dans l'Empire perse our les conversions avec
les missionnaires nestoriens.
Les
arts
Les plus anciens
monuments de l'architecture achéménide
sont les tombeaux des rois. Le tombeau de Cyrus,
à Pasargades ,
révèle une influence hellénistique; les autres tombeaux
de la même époque diffèrent un peu : ce sont des cubes
de pierre surmontés d'un pyramidion écrasé, à
ornementation très simple. L'influence égyptienne
semble avoir inspiré l'architecture funéraire des successeurs
de Darius. Le tombeau de ce roi, à Persépolis,
est un hypogée creusé dans
le roc. L'art perse a d'ailleurs toujours été influencé
par l'étranger; les rois perses revêtaient des étoffes
brodées de Babylone et de Phénicie; ils employaient des sculpteurs
grecs
à la décoration de leurs palais. Le palais de Darius, à
Persépolis, semble fortement inspiré de l'art égyptien
: ce sont les mêmes portes, surmontées
des mêmes corniches
égyptiennes. Devant la façade se déploie un escalier
de cent onze marches, conduisant à la salle du trône; plus
loin s'étend la salle aux cent colonnes de Darius. Suse
et Ecbatane
sont bâties sur le même plan.
L'architecture des
Arsacides,
représentée seulement par le palais de Servistan, présente
encore la gorge égyptienne dans la corniche
des portes. Les deux principaux édifices
de l'époque sassanide sont la salle
d'audience de Chosroès Ier,
qui est tout ce qui reste du palais de Ctésiphon ,
et le palais de Machita, élevé par Chosroès
II en Palestine. Le premier, désigné par les Arabes sous
le nom de Tâq-Kesra ( = arche de Chosroès), consiste en une
nef de 26 mètres de large sur 48 de profondeur, couverte d'un dôme
elliptique de 35 mètres de haut. La façade, qui est pleine,
est découpée en six rangées d'arcades
superposées. Le plan du palais de Machita présente des analogies
profondes avec celui des églises coptes, mais il est agrémenté
de la coupole, inconnue des coptes. La décoration des palais achéménides
ne le cédait en rien à l'architecture; les salles d'audience
étaient soutenues par des colonnes élégantes, surmontées
de chapiteaux
à tête de taureau
d'une pureté de ligne irréprochable. C'est dans la décoration
même que l'originalité artistique de l'Iran se révèle,
au milieu du mélange d'éléments étrangers.
Les murailles extérieures des palais étaient couvertes de
briques émaillées posées en saillie, de manière
à former de véritables bas-reliefs .
La frise
des Immortels, rapportée au Louvre
par la mission Dieulafoy, où l'on voit défiler les soldats
de la garde royale, en est le type le plus parfait.
-
Kazvin,
porte sur la route de Téhéran.
La
littérature
Le perse ancien est
représenté par les inscriptions des rois achéménides.
L'Avesta
et les Gathas représentent tout ce qui nous est parvenu de
la littérature zende ( La
littérature persane). L'héritage culturel iranien tarda
deux siècles pour se dégager après la conquête
arabe en Perse. Le premier poète national fut Roudéki, qui
vécut à la cour sassanide et
mourut en 954. Les Ghaznévides
réunirent autour d'eux toute une pléiade de poètes,
parmi lesquels Firdousi brilla d'un vif éclat.
Le génie de l'Iran, avec ses légendes, son lyrisme et sa
philosophie,
se retrouve tout entier dans l'oeuvre de Firdousi, le Chah-Nâmeh
(Livre des Rois). Cette vaste épopée
de 60 000 vers contient l'histoire fabuleuse de la Perse ancienne, depuis
les personnages mythiques de l'Avesta ,
la dynastie des Pichdâdiens, jusqu'aux luttes de Khosrau Parviz contre
l'usurpateur Behrâm Tchoubin.
Vers la même
époque parurent des poèmes épiques, dont les auteurs
ne nous sont pas connus, tels que le Garchasp-Nâmeh, le Chahriyâr-Nâmeh
et l'Iskander-Nâmeh. Un peu plus tard, l'histoire se détacha
de la légende. et l'on vit paraître le Zafar-Nâmeh
de Hamd-Allah-Moustaufi (1334), le Chahinchah-Nâmeh de Tabrizi
(1338), le Timour-Nâmeh de Hâtifi (1521). A côté
de ces chroniques rimées, nous trouvons de nombreux ouvrages historiques
en prose; le premier en date est la traduction persane faite par Bel Ami
des grandes annales arabes de Tabari (996). Le Rauzat-ous-Safâ
(Jjardin de la pureté) de Mirkhond (1498) est une histoire
universelle, depuis la création du monde jusqu'au règne de
Tamerlan .
Le petit-fils de Mirkhond, Khondemir, compléta
l'ouvrage précédent, en fit un abrégé et rédigea
en outre plusieurs autres traités historiques, tels que le Khoulasat-al-Akhbar,
le Humayoun-Nâmeh, etc.
Parmi les histoires
particulières, on peut citer : le Tarikhi Yamani de Baîhaqi,
consacré à la dynastie ghaznévide ,
le Tarikhi-Djihân-Kouchâï de Djouvaînî,
consacré à Gengis Khan ,
le Djâmi-at-Tawarikh, histoire des Mongols ,
par Rachid ed-Din Fadhl Allah, etc. Un genre littéraire
fort cultivé chez les Persans est la poésie romantique, qui
nous donne le Yoûsouf ou Zouleîkha de
Firdousi,
petit poème tiré de la légende biblique
de Joseph
en Egypte ;
le Khosrau ou Chirîn de Nizhâmi (1180), histoire des
amours de Chosroès II et de Chirin,
princesse d'Arménie; le Leïla ou Medjnoûn, scènes
de la vie du désert, du même auteur ; le Djamchid ou Khourchid
de Salmân Savedji, roman
du prince de Chine et de la princesse d'Istanbul.
La littérature mystique
fut également en faveur chez les Persans, surtout à l'époque
où la philosophie soûfi
commençait à se répandre sur ce sol fécond.
Le modèle du genre est l'oeuvre poétique d'Omar
Khayyâm de Nichapour, célèbre aussi comme mathématicien
et astronome (1123); dans ses quatrains (Roubâï), il
célèbre, sous une forme libertine, l'ivresse extatique et
l'amour divin.
Le Mantiq out-Taïr
et le Pend-Nâmeh de Farid ed-Din Attâr, le Mesnévi
de Djelâl ed-Din Roûmi, peuvent se rattacher à ce genre
littéraire. Mais les deux poètes les plus populaires de l'Iran
sont Saadi de Chiraz ,
mort en 1291, auteur du fameux Gulistân, recueil de fables
et d'histoires en vers et en prose et du Boustân en vers,
et Hafiz de Chiraz, mort en 1389, dont les Odes
révèlent une âme d'artiste et un profond sentiment
de la nature. Citons encore le récit du voyage en Orient de Nassiri-Khosrau,
sous le titre de Sefer-Nâmeh, les traités de gouvernement,
tels que le Siyâr el-Moulouk, conduite des rois, du vizir
Nidhâm oul-Moulk, publié sous le titre de Siasset-Nâmeh,
et les recueils de contes et d'apologues ,
traduits pour la plupart de l'hindoustani et du pehlvi, et dont les principaux
sont le Touti-Nâmeh (Livre du perroquet), l'Envari
Soheïli (Les Lueurs de Canope), paraphrase du livre de
Calila
et Dimna ,
Bakhlyâr-Nâmeh,
le Marzoubân-Nâmeh, etc.
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Musiciens
iraniens traditionnels.
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