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Le
second empire mongol a été fondé par Timour-Beg ou Timour-Leng
(le Boiteux), connu en français sous le nom de Tamerlan
(1336-1405).
Cet empire et celui de ces successeurs, les Timourides, est sans doute
plus encore que de l'empire gengiskahnide dont il se réclame un empire
turc. C'est aussi un empire musulman, qui finalement ne continue que d'une
manière bien indirecte celui de Gengis Khan.
Timour était dévot musulman et féroce à l'égal des anciens
Mongols. Il se peut que ses conseillers religieux aient rêvé de restaurer
à son profit le califat, dont le centre eût été placé près des tombeaux
des martyrs Hossein et Hassan, Ã Boukhara ou Samarcande;
mais ce projet n'eut pas de suite. Timour a surtout détruit; il a achevé
la ruine de l'empire de Djagataï qu'il a remplacé, il est vrai; mais
il a détruit, sans le remplacer, celui du Kiptchak et par là préparé
la grandeur de la Russie affranchie de ses dominateurs mongols; il a achevé
la ruine des grandes cités perses et failli arrêter à ses débuts la
fortune des Osmanlis; enfin, en inculquant le fanatisme![]() ![]() Dates clés : 1362-76 - Ascension de Tamerlan, qui profite de la chute de la dynastie orientale des Yuan. |
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Timour,
le diable boiteux
Tamerlan est né à Sebz, faubourg de Kech
(près de Samarcande) le 9 avril 1336,
mort à Otrar le 14 février 1405.
Il était du clan de Berlas, l'un des quatre grands clans de la Transoxiane La mort de Touglouk lui dégage le terrain
(1362); les gens du Turkestan oriental,
des Marches de Chine, vrai centre de la puissance djagataïde, voient se
soulever contre eux la Transoxiane; Timour dirige la lutte avec la férocité
qu'avaient en Europe les capitaines d'écorcheurs, et en aussi bon gentilhomme.
Le khan Elias est rejeté au Nord du Sir-daria; Timour a obtenu ce résultat
par son alliance avec l'émir Hosein, petit-fils de Kazgan, dont il a épousé
la soeur; Hosein prend la Transoxiane, laissant à son beaufrère ses fiefs
Kech, Andkhoï et ses conquêtes en Afghanistan et Khoraçan; il comble
ses lieutenants de présents et de places, mais les fait espionner avec
soin. Quand il se brouille avec Hosein, les confréries musulmanes se déclarent
en sa faveur (1365); Timour cinq fois
le bat, l'oblige à se soumettre, se fait proclamer à Balkh
roi de la Transoxiane, envoie Hosein en pèlerinage En Chine s'effondrait la dynastie mongole
des Yuan (1370),
supplantée par les Ming; Timour en profite pour
abattre ses cousins, les descendants de Djagataï; servi par le fanatisme
musulman, il mène les gens du Midi à l'attaque des vallées du Tian-Chan,
,jusqu'Ã l'Irtych. Cinq campagnes successives, de 1370
à 1376, lui assurent l'hégémonie;
il amène dans son harem une fille du khan djagataïde, achève la ruine
des chrétientés tartares (Kéraïtes et Naïmans). En même temps il
soutient une lutte acharnée et victorieuse contre les gens du Kharezm,
et achève l'organisation intérieure de son royaume.
A ce moment, il est retardé par sa lutte
contre les Mongols du Kiptchak (Horde d'Or)
et son ancien protégé Toktamich. Celui-ci s'était réfugié à sa cour
en 1375, et il l'avait aidé à se
restaurer dans le Kiptchak. Vainqueur des Russes, le khan mongol veut disputer
à l'émir turc les rives de la Caspienne. Il envahit l'Azerbaïdjan (1387).
Timour négocie, se prépare et, en 1389,
attaque les Mongols de la Horde d'or par le Nord; vainqueur dans la Sibérie
méridionale, il remporte encore la décisive victoire de l'laïk (1391);
une autre armée achève la soumission de l'Asie centrale et s'avance jusqu'Ã
la muraille de Chine. Toktamich reprit pourtant l'offensive dans le Sud,
à Derbend (1392) et contre l'Azerbaïdjan
(1396-77);
cette fois, Timour en finit avec le champion mongol, l'homme de l'État
laïque; il conquiert la Russie, traque son rival jusqu'en Sibérie (1399),
à Tioumen, où il est assassiné. Le Kiptchak
est démembré, et la puissance mongole brisée à jamais dans le dernier
des quatre empires issus de la division de celui de Gengis
Khan. En Perse, le dernier des Houlagides a dû marier sa fille Ã
Pir Mehémed, petit-fils préféré de Timour. Ce dernier, dans l'intervalle
de ses deux grandes campagnes de Russie, avait, par la « Guerre de Cinq
ans », terminé la conquête de l'Iran Après la seconde campagne de Russie et
l'écrasement des musulmans du Kiptchak, le dévot émir de Samarcande
revient à la croisade contre l'infidèle; il se jette sur l'Inde (1398).
Il dévaste Moultan, écrase l'empire des Gourides ( Celui-ci soutient le Turkoman Yousouf, du clan du Mouton Noir; auprès de Timour accourent les Seldjoukides, les princes dépossédés de l'Asie Mineure. Bayezid expulse d'Erzendjan le prince Taherten, investi par Timour, renvoie avec outrages les ambassadeurs de ce dernier. Timour accourt, enlève Sivas, passe au fil de l'épée les 400 000 habitants, fait enterrer vifs les chrétiens, tuer Ertogroul, le fils de Bayezid (1400). Puis il se tourne contre les mamelouks d'Égypte, les écrase près d'Alep (1400), puis à Damas (1401), prend et pille ces villes et les autres places de Syrie, noie dans le sang une insurrection de Bagdad; après quoi, il rétablit Taherten à Erzendjan, et par Sivas se dirige sur Angora (Ankara); le 20 juillet 1402 s'y livre la grande bataille entre les deux champions de la foi islamique, le Turk métissé de l'Occident et celui du vrai Turkestan. Bayezid fut battu et pris; Timour le traita
honorablement et aurait peut-être fini par le relâcher s'il n'était
mort, de chagrin. Le vainqueur restaura les émirs seldjoukides, installa
sur l'Euphrate Kara-Youlouk, fondateur de la dynastie du Mouton Blanc,
enleva Smyrne (Izmir) aux chevaliers de Rhodes ![]() L'Empire de Tamerlan. Les Timourides Timour eut pour successeur son fils Chah-Roukh (mort en 1447), puis le fils de celui-ci, Ulugh-Beg, protecteur des artistes, assassiné par son fils Abdul-Latif (1449). Mais le plus illustre des Timourides fut Zà hir-ad-dîn-Mohammed (1482-1531), plus connus sous le surnom de Baber (Le Tigre) et qui allait être le conquérant de l'Inde. Baber (Babour).
Selon un auteur du XVIe siècle, Bâber possédait les qualités fondamentales du souverain : un jugement élevé, une noble ambition, la science des contes, celle de l'administration, l'art de faire prospérer peuples, le talent de gouverner avec douceur ses sujets, l'habileté à se concilier le cour de ses soldats, l'attachement à la justice. Il maniait avec une égale facilité les deux langues turque et persane, était un poète agréable et un bon musicien.Nous ne citerons ni ses poésies ni ses traités de prosodie. Son vrai titre de gloire littéraire est son autobiographie. Vers la fin de sa vie, il se mit à rédiger les notes qu'il avait prises au jour le jour; ses mémoires écrits dans la pure langue turque, sans mélange d'éléments persans et arabes, sont particulièrement intéressants; ils nous donnent des détails curieux sur l'Asie centrale et l'Inde au XVIe siècle. Ils furent en 1590. traduits en persan par Abd ar-Rahîm-Mirza-Khân, fils du ministre Bairam-Khân. C'est sur la traduction persane que fut faite, en 1826, la traduction anglaise de John Leyden et William Erskine, tandis que la traduction française de Pavet de Courteille l'a été d'après le texte turc original. Au milieu du XVIe siècle, les Turks de la steppe septentrionale, les Euzbegs, supplantèrent en Transoxiane (Mavrannahar) les Timourides. (E. Blochet).
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