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Cyrus le Grand

Cyrus le Grand, roi des Perses, est le fondateur de l'empire Achéménide, figure sous les noms grecs Kuros, latin Cyrus, babylonien Kurass ou Kurras, hébreu Koresch. La naissance de Cyrus a été de bonne heure entourée de légendes. Différentes versions couraient sur l'origine de Cyrus. D'après Ctésias, qui puisait aux sources officielles des archives perses, son nom primitif était Agradatès, et il n'avait aucun lien de parenté avec le roi mède' Astyage, ce que Hérodote aurait affirmé contrairement à la vérité; mais l'authenticité du récit d'Hérodote a reçu les plus brillantes confirmations par les textes émanant du roi lui-même qui se nomme fils de Cambyse, fils de Cyrus. Le témoignage de Ctésias, suivi par Nicolas de Damas, est donc moins concluant que celui d'Hérodote. On peut également douter de la version que Cyrus aurait changé son nom d'Agradatès contre celui de Cyrus, à cause du fleuve Cyrus au bord duquel il aurait gagné la bataille contre Astyage. D'autres nomment Agradatès le berger dont il sera question tout à l'heure. La version connue provenant d'Hérodote est que Cyrus était le fils de Cambyse Ier et de Mandane (en perse Mandânâ =  à la couleur de gris), fille d'Astyage.

Le roi mède aurait vu en songe une vigne sortant du sein de Mandane et couvrant de son ombre toute l'Asie. Les Mages auraient expliqué ce songe par la naissance d'un fils de Mandane qui détrônerait son grand-père. Astyage aurait donné alors à Harpagus, l'un de ses familiers, l'ordre d'exposer le nouveau-né qui aurait été trouvé par un berger et allaité par la femme de celui-ci, nommée Spaco « chienne » (en perse Çpakâ). Grandissant comme fils du bouvier, il aurait eu de bonne heure une énergie peu commune et aurait été élu roi en jouant avec ses camarades; il aurait fait fustiger le fils d'Artembarès, noble mède, qui n'aurait pas voulu lui obéir. A l'occasion de la plainte portée devant le roi, la chose se serait découverte, et Astyage, feignant une grande satisfaction, aurait invité Harpagus avec son jeune fils pour fêter la reconnaissance de Cyrus. Le cruel monarque aurait fait massacrer et cuire l'enfant d'Harpagus qu'il aurait donné à manger au propre père, lequel aurait également dissimulé son courroux justifié. Tout ce récit est plus ou moins fabuleux et Ctésias, malgré d'autres incorrections, peut avoir raison en niant la parenté d'Astyage et de Cyrus. Faut-il donc se rappeler que les Persans modernes prétendront qu'Alexandre le Grand (Iskender roumi), fils de Philippe (Filicus), était par sa mère petit-fils de Darius III (Dârâ). 

Une inscription contemporaine de Nabonide dit que Cyrus, serviteur d'Astyage, se révolta contre son souverain, et ne l'appelle pas son petit-fils. Après sa reconnaissance, Cyrus serait rentré en Perse chez son père Cambyse qu'il n'avait peut-être jamais quitté. En tout cas, dès l'année 660 ou 659 av. J.-C., Cyrus prêcha la révolte contre les Mèdes pour délivrer les Perses d'un joug qu'ils subissaient depuis le règne de Phraortes. Il convoqua les chefs des tribus de la Perse à une assemblée, et se disant d'abord satrape institué par le roi des Mèdes, il leur peignit leur mauvaise situation sous le joug de ces étrangers touraniens. Il se déclara indépendant, se fit nommer roi et rétablit le mazdéisme, la religion de Zoroastre. Il gouverna le pays pendant sept ou huit ans jusqu'en 552, époque à laquelle Astyage marcha contre lui pour le soumettre. Une première bataille fut livrée près de Pasargade (en perse Paisiyavâdâ). Les Mèdes furent refoulés, les Perses marchèrent alors vers Ecbatane (aujourd'hui Hamadan, en Iran), en Médie, où Harpagus, chef des Mèdes, fit défection et causa ainsi la prise de la capitale et la capture d'Astyage. Le vieux roi fut traité avec mansuétude par Cyrus, qui avait ainsi mis fin à l'empire des Mèdes (552). Nous avons un long récit de Nicolas de Damas sur la bataille de Pasargade, lequel porte le caractère d'un roman. Il n'est pas bien sûr que ce combat précédât immédiatement celui d'Ecbatane, il est possible qu'il marqua la première levée de boucliers des Perses en 559. Une inscription du roi babylonien Nabonide mentionne les déprédations d'Astyage (Istuvêgu) en Chaldée et dit  :

« Après trois ans da règne de Nabonide, le roi des Mèdes (nommé Sab-Mandu = horde des Mandu) fut défait par son serviteur Cyrus ». 
Cette donnée montre que, contrairement aux récits d'Hérodote, Astyage ne fut pas un roi sans énergie aucune, ce que du reste d'autres données classiques semblent déjà indiquer. D'après les récits arméniens, le roi d'Arménie, Dikran (Tigrane), se serait joint aux Perses pour renverser la puissance des Mèdes. Xénophon mentionne le même roi. Cyrus était ainsi maître de toute l'Asie comprise entre l'Indus et l'Halys, sauf la Chaldée et l'Elam qui furent bientôt soumises au joug des Perses. Mais sa puissance ne pouvait être assurée, qu'autant que le grand royaume que la dynastie de Mermnades avait fondé en Lydie et dans toute l'Asie Mineure jusqu'au fleuve de l'Halys, ne pourrait plus menacer la domination des Perses. Très forte et surtout très riche, la dynastie lydienne avait fait sentir sa prépondérance jusqu'en Europe; elle-même se sentait menacée par le puissant empire qui venait de se fonder dans l'Iram (Iran géographique). 

Crésus régnait depuis quelques années en Lydie. Déjà Cyrus avait soumis le peuple de Colchis et d'autres nations au sud du Caucase; Crésus, malgré des conseils contraires, franchit l'Halys et attaqua les Perses. Une première bataille à Ptéria fut indécise, mais Crésus, après de grandes pertes, se retira dans sa capitale de Sardes où il se croyait à l'abri. Mais Cyrus, trompant l'attente du roi lydien, le suivit immédiatement, et arriva sous les murs de la capitale, après avoir livré à Thymbrée une bataille victorieuse. Les secours que Crésus attendait d'Egypte, de Babylone et de Sparte ne pouvaient arriver avant que Cyrus, avec une foudroyante rapidité, n'envahit la Lydie. Les sorties de la cavalerie lydienne furent repoussées et Sardes prise d'assaut (542). Crésus fut fait prisonnier et le royaume de Lydie avait cessé d'exister. Une légende grecque prétend que Cyrus voulait brûler vif son ennemi vaincu, qui aurait été sauvé par un miracle et traité par Cyrus en véritable ami; le récit romanesque d'Hérodote ressemble beaucoup à un mythe. Après la soumission de la Lydie, ce fut le tour du reste de l'Asie Mineure. Les villes grecques offrirent leur soumission à Cyrus aux mêmes conditions « sous lesquelles elles avaient été sujettes à Crésus »; Cyrus n'accepta pas ces restrictions en leur faveur, et les réduisit tout simplement en son pouvoir.

Milet seul conserva son ancienne autonomie. Les villes ioniennes de la côte organisèrent une résistance en se réunissant au Panionion; les Spartiates intervinrent auprès de Cyrus, qui était encore à Sardes, « et menacèrent le roi perse s'il osait toucher à leurs compatriotes ». Cyrus leur répondit avec hauteur, emmena Crésus avec lui à Ecbatane et laissa tout le pays sous la garde des garnisons perses. Après son départ, les villes se soulevèrent; quelques-unes d'elles furent sévèrement châtiées. Les habitants de Phocée égorgèrent les garnisons perses et firent voile vers leurs colonies de Marseille et de Corse. La Carie et la Lycie furent soumises par Harpagus; Aranda, plus tard Xanthus et Cannus résistèrent héroïquement au général perse Harpagus et se brûlèrent dans leurs maisons avec leurs femmes et leurs enfants. Pendant qu'Harpagus réduisit ce qui restait encore indépendant de l'Asie Mineure, Cyrus se tourna en personne vers l'Est, et soumit tous les peuples de l'Iram jusqu'à l'Indus, ne laissant aucun pays indépendant. Malheureusement nous ne savons rien sur ces campagnes qui précédèrent immédiatement la destruction de l'empire chaldéen.

Babylone était alors la grande ville de l'Asie; Nabuchodonosor avait soumis tous les territoires entre l'Euphrate et la Méditerranée, et même Nabonide avait gardé des possessions jusqu'à la frontière d'Égypte. Aucune possession à l'est n'était assurée pour Cyrus aussi longtemps qu'une puissance de nationalité assyrienne pouvait la menacer. Cyrus attaqua donc Babylone, et, après avoir traversé le Gyndès (Diyaleh), il commença le siège de Babylone. Les habitants de la grande ville pouvaient soutenir un siège très long; l'aréale de 500 km², entouré par un mur, contenait une grande surface de terrain cultivé pouvant nourrir les habitants en temps de siège. 
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Prise de Babylone par Cyrus.
Babylone prise par l'armée de Cyrus le Grand.

Aussi Cyrus n'en serait-il pas venu à bout, sans de grands travaux de canalisation qui détournèrent l'Euphrate en amont de Babylone, et en créant un lit nouveau. Les Perses purent pénétrer dans la ville par le fleuve mis presque à sec, et sans être aperçus des habitants riverains qui auraient pu les prendre comme dans un filet. Selon Hérodote, les Babyloniens furent surpris par leurs ennemis pendant qu'ils célébraient une grande fête. Une partie de la ville était prise tandis que les autres ignoraient ce fatal événement. Selon les fragments de Bérose, Nabonide s'enferma dans Borsippa qui fut également occupée, et le roi de Babylone aurait été envoyé en Carmanie. Mais un récit babylonien très curieux raconte les faits autrement. Cyrus, selon ce récit, marcha contre Babylone et livra dans le mois de Tâmmuz (juillet) une bataille contre la ville de Rut. Sippara fut prise sans combat et Nabonide s'enfuit de là. Le 16 du mois, Gobryas, préfet de Goutie, entra sans bataille avec l'armée de Cyrus dans Babylone où Nabonide fut pris. A la fin du mois, Esaggil (la pyramide) tomba entre les mains des vainqueurs, et le 3 Marschesoun (octobre) , Cyrus lui-même entra dans la ville, en promettant à tous les habitants la paix et le pardon, ce qu'il fit immédiatement après, en réintégrant dans leurs sièges les dieux que Nabonide avait emmenés avec lui à Babylone. D'après ce même récit, le roi de Babylone serait mort le 11 du même mois, jour de l'entrée de Gobryas à Babylone. 

Après un deuil de sept jours, un mois plus tard, Cambyse, fils de Cyrus, arriva et présida un grand festival. Voilà les données babyloniennes très précises à l'égard des dates et très circonstanciées pour les détails. Celles-ci sont confirmées par les textes juridiques, car nous avons des documents du mois de Tisri (septembre) de Sippara et du mois de Kislev (novembre); dans ce dernier Cyrus s'intitule déjà roi de Babylone. Ce récit authentique, émanant évidemment d'une source sûre des Perses, met à néant toutes les hypothèses au sujet de la reddition de Babylone par Belsazzar ou Balthasar, et notamment la version donnée comme certaine par Lenormant, que Belsazzar aurait été vaincu à Babylone par Cyrus, tandis que Nabonide se serait rendu à Borsippa. Cyrus prit le titre de roi de Babylone et des nations, et il eut à coeur de respecter tous les sanctuaires et rites des Chaldéens, en faisant oublier aux habitants de la ville sacrée d'Akkad son origine étrangère, et qu'il avait, en Médie, rétabli le culte de Zoroastre et le dualisme mazdéen. Un long texte en assyrien, le seul qu'on possède de ce roi, rend suffisamment compte de ses agissements et nous le fait connaître comme un homme de gouvernement, tolérant par nécessité politique.

Immédiatement après la prise de Babylone (538 av. J.-C.), Cyrus, mû par un mobile d'un autre ordre, rendit la liberté aux Juifs emmenés en captivité par Nabuchodonosor. Le monothéisme juif se rapprochait du mazdéisme plus qu'aucune autre religion des peuples antiques; il savait, par cette généreuse mesure, répondre à ceux de ses compatriotes qui pouvaient l'accuser de trop de condescendance envers les rites païens. L'édit par lequel il permit aux Juifs de retourner à Jérusalem et de réédifier leur temple nous a été conservé par le livre d'Esdras; il porte jusque dans sa forme le cachet de son authenticité. La formule du commencement : « Ainsi dit le roi Cyrus » se retrouve dans tous les décrets de ses successeurs. Un nommé Sesbazar conduisit à Jérusalem les premiers émigrants auxquels Mithridate, le préfet de Cyrus, dut restituer les vases enlevés cinquante ans auparavant par le destructeur du premier temple. Les entraves que sous les successeurs de Cyrus les ennemis païens suscitèrent aux Juifs n'avait pu qu'augmenter la reconnaissance des Hébreux envers un roi qui leur avait témoigné une bienveillance aussi complète qu'efficace. Il est probable que le même esprit de tolérance politique s'affirma envers les autres nations que Cyrus avait soumises à son joug et qui étaient toujours prêtes à réclamer et à reprendre leur indépendance. Les neuf dernières années de sa vie semblent avoir été consacrées à organiser les conquêtes qu'il avait faites, de donner surtout des institutions à la Perse et de rétablir sur des bases solides le culte d'Ormuzd et la doctrine de Zoroastre

La mansuétude que Cyrus montra lui valut, selon Hérodote, d'être regardé comme le père de son peuple, et la légende orientale l'entoure de l'auréole d'un roi sage. Cela explique comment Xénophon ait pu peindre, dans la Cyropédie, la vie de Cyrus comme celle du modèle de tous les monarques, et répandre autour de sa mémoire la glorieuse légende d'un conquérant philosophe. Cette contradiction fut la cause, déjà du temps d'Hérodote, de bien des récits divers sur la mort de Cyrus. Il la donne, comme la version « que lui paraît la plus digne de foi ». Il est probable que Cyrus, dans l'intérêt du repos de ses frontières du Nord, voulut mettre un terme aux incursions des barbares des steppes de l'Orient et de la mer Caspienne. Le roi put entrer peu après en campagne contre les Scythes Massagètes, peuple habitant les rives du Yaxarte. D'après la narration d'Hérodote, une reine, nommée Tomyris, régnait alors sur ce peuple nomade. Cyrus avait fait un festin, ce qui aurait déterminé les Massagètes à attaquer le camp mal défendu à dessein. Les Scythes se seraient rués sur le retranchement, auraient massacré les Perses qui y étaient restés, puis enivrés par les boissons du camp, auraient été surpris et capturés par les Perses. Parmi ces prisonniers se serait trouvé le jeune fils de Tomyris nommé Spargapises. Cyrus aurait voulu rendre à Tomyris son fils. Mais le fils se serait suicidé, et Tomyris aurait attaqué Cyrus, battu l'armée perse, et le roi aurait trouvé la mort dans ce combat. La tête de Cyrus aurait été trempée dans une outre remplie de sang, mais les Perses auraient recouvré les restes de leur roi. 

D'après Ctésias, Cyrus aurait été tué dans une guerre contre la tribu des Derbices. Le corps de Cyrus fut enseveli dans un superbe monument à Pasargade, où des mages étaient chargés de le garder. Cambyse avait construit ce tombeau qui fut pillé par les Macédoniens et restauré par les ordres d'Alexandre. Les détails que Strabon (XVI, 3) et Arrien (VI, 29) nous ont transmis sur ce fait nous montrent que le récit d'Hérodote n'est pas complètement historique, attendu que le corps fut trouvé en entier. Le tombeau renfermait des lits en or et des tapisseries de prix et portait l'inscription suivante, probablement en perse, en médique et en assyrien, et qui offre le caractère des textes perses connus : 

« Ô homme! je suis Cyrus, fils de Cambyse, qui a établi la suprématie des Perses, et qui a régné sur l'Asie. Ne me prive pas de ce monument. » 
On a voulu retrouver le tombeau de Cyrus dans une construction célèbre à Mourgab que les Persans modernes attribueront avec raison à une femme et qui s'appelle le trône de la mère de Salomon. Le monument de Mourgab est probablement le tombeau de Cassandane, la femme de Cyrus, qui mourut avant lui et qu'il pleura beaucoup. La ville de Pasargade ne peut pas être très près de Persépolis et au Nord, mais doit être au Sud-Est, non loin des frontières de Carmanie. Il est plus que probable que Pasargade était non loin de Darab-Djerd et que ces ruines s'appellent aujourd'hui Qualat-i-Dara. 

Des circonstances de sa vie, nous savons seulement qu'il fut malade des yeux et qu'il fit venir un oculiste d'Égypte (La médecine égyptienne).

Cyrus eut de Cassandane, fille de Pharnaspe, deux fils : Cambyse, qui lui succéda, et Smerdis. Une de ses filles, Atossa, fut la femme de Smerdis, puis de Cambyse, ses frères; elle épousa, plus tard, Darius, fils d'Hystaspe, et fut la mère de Xerxès. Cyrus avait régné vingt-neuf ans dont près de neuf ans à Babylone. La fin de son règne tombe au mois d'Ab (juillet-août); le dernier document daté de son règne est du 27 Tammuz (juillet) et le premier de Cambyse, son successeur, date du 12 Elut (août). 

Les anciens auteurs portent sa vie à soixante-dix ans; il aurait donc été roi à quarante ans environ, ce qui serait en contradiction avec la légende de sa naissance, puisque Astyage ne régna que trente-cinq ans. Cyrus est une des grandes figures de l'histoire, quoique la vérité historique sur son règne et sa personne soit loin d'être établie avec certitude; mais il est certain qu'il fut en même temps homme de guerre et grand administrateur. A ses qualités de politique, il semble avoir joint un esprit de mansuétude peu commun chez un despote asiatique; il n'existe dans l'Antiquité que peu de figures auxquelles la postérité a, à tort ou à raison, attaché un souvenir aussi favorable. Mais, par un caprice inouï du sort, ses propres compatriotes, pendant longtemps, ne se souviendront plus du fondateur de leur puissance. Après l'arrivée de l'Islam, les Persans  ont oublié le nom de Cyrus et par une vague réminiscence, ils ont transporté au fabuleux et antique Kaikhosran le souvenir du grand créateur de leur puissance. (J. Oppert).

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Dictionnaire biographique
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