La
théorie
de Galois est une branche de l'algèbre qui traite de la relation entre
les structures algébriques et les symétries de ces structures, et en
particulier qui établit une connexion entre la théorie des groupes
et la théorie des corps. Elle a été développée par Évariste
Galois dans les années 1830, et elle fournit un outil puissant pour
comprendre et résoudre les équations polynomiales. La théorie de Galois
a révolutionné l'algèbre et a ouvert la voie à de nombreuses autres
théories mathématiques, notamment en théorie des groupes, en géométrie
algébrique, et en théorie des nombres. Elle a également des applications
en cryptographie, en théorie des codes correcteurs d'erreurs et en physique
théorique.
Le problème de la
résolution d'équations polynomiales (trouver les racines d'un polynôme)
est un problème central en mathématiques. Les équations du premier et
du second degré ont des formules de résolution bien connues. Au XVIe
siècle, les formules pour les équations du troisième et du quatrième
degré ont été découvertes. Cependant, les mathématiciens ont cherché
en vain des formules générales pour les équations de degré supérieur
à 4. La théorie de Galois apporte une réponse à cette question : elle
détermine quand une équation polynomiale est résoluble par radicaux
(c'est-à -dire, quand ses racines peuvent être exprimées à l'aide d'opérations
arithmétiques et de racines n-ièmes).
Un corps est une
structure
algébrique qui généralise les nombres rationnels,
réels et complexes. Il est muni de deux opérations (addition et multiplication)
qui satisfont des propriétés similaires à celles des nombres usuels.
La théorie de Galois utilise des extensions de corps : un corps E est
une extension d'un corps F si F est un sous-corps de E. On note cela E/F.
Pour un polynôme
donné, on peut considérer le corps de décomposition : le plus petit
corps qui contient toutes les racines de ce polynôme.
Si un polynôme p(x)
a des racines qui ne sont pas dans le corps de base F, on peut créer des
extensions en adjoignant ces racines à F. Par exemple, si le polynôme
x² + 1 n'a pas de racines dans le corps des nombres réels, on peut créer
l'extension des nombres complexes en adjoignant i (tel que i² = -1).
Un automorphisme
d'un corps E est une bijection de E sur lui-même qui préserve les opérations
d'addition et de multiplication. Pour une extension E/F, on s'intéresse
aux automorphismes de E qui laissent F invariant, c'est-Ã -dire qui ne
changent pas les éléments de F. L'ensemble de ces automorphismes forme
un groupe, appelé groupe de Galois de l'extension E/F, noté Gal(E/F).
Ce groupe capture les symétries de l'extension de corps par rapport au
corps de base.
Le coeur de la théorie
de Galois est une correspondance biunivoque entre les sous-corps intermédiaires
de l'extension E/F (les corps K tels que F
K E) et les sous-groupes
du groupe de Galois Gal(E/F). Cette correspondance permet ainsi de relier
les propriétés algébriques de l'extension de corps aux propriétés
de symétrie du groupe de Galois. Elle est la clé pour comprendre la structure
de l'extension de corps et résoudre le problème de la résolubilité
par radicaux.
Le théorème fondamental
de la théorie de Galois établit le lien suivant :
•
Une équation polynomiale est résoluble par radicaux si et seulement si
son groupe de Galois est un groupe résoluble.
Un groupe est dit résoluble
s'il existe une suite finie de sous-groupes emboîtés, chacun étant distingué
dans le suivant, telle que le quotient de deux sous-groupes successifs
soit un groupe abélien.
La théorie de Galois
permet de déterminer si les racines d'un polynôme peuvent être exprimées
à l'aide de radicaux (racines carrées, cubiques, etc.). Par exemple,
elle montre que les équations polynomiales de degré supérieur ou égal
à 5 ne peuvent pas en général être résolues par radicaux, contrairement
aux équations de degrés inférieurs. |