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On désigne sous
le nom de Paradoxe d'Olbers la
réponse donnée à la question de savoir pourquoi il fait nuit la
nuit [Les
Jours et les Nuits*]. Au premier abord, il semble que la cause de la
nuit se résume à l'absence du Soleil au-dessus
de l'horizon. Mais quid des étoiles,
qui sont d'autres soleils? Pourquoi leur lumière ne prend-elle pas le
relais pour nous assurer un jour permanent? Une réponse tout aussi évidente,
si elle ne reposait pas sur un raisonnement circulaire, consisterait Ã
dire qu'elles ont beau être très nombreuses, elles sont trop éloignées
pour briller suffisamment et nous assurer la clarté.
Comme Kepler
l'avait exprimé en premier, et comme cela sera formulé ensuite de diverses
manières, notamment par Olbers,
cela ne suffit pas. Si les étoiles sont uniformément réparties dans
un espace indéfiniment grand, la somme de l'énergie lumineuse qu'elles
rayonnent devrait être équivalente à celle du Soleil. Il devrait donc
faire jour aussi la nuit.
Cette impasse, connue,
donc, aujourd'hui sous le nom de paradoxe d'Olbers, a trouvé sa
première (et principale) solution en 1848 sous la plume d'Edgar Poe,
dans son ouvrage Eurêka (on la trouvera aussi exprimée, peut-être
indépendamment, par Arago
vers 1850, dans son Astronomie populaire). Ces auteurs notent simplement
que s'il fait nuit, c'est parce que les étoiles n'existent pas de toute
éternité et la lumière des plus lointaines d'entre elles n'a pas encore
pu nous parvenir. Cette lumière encore "sur le chemin" manque donc au
bilan final, et il fait logiquement nuit la nuit...
La cosmologie relativiste
qui s'est imposée au XXe siècle permet
de donner plusieurs explications qui concourent à la résolution dudit
paradoxe. Mais la principale, et la plus facile à comprendre, reste ici
encore celle qu'avaient donnée les auteurs du siècle précédent : dans
un univers en expansion, qu'il soit spatialement fini ou indéfiniment
grand, en effet, une limite existe toujours pour l'âge des plus anciennes
étoiles; on n'a donc pas à considérer la contribution d'une nombre indéfiniment
grand de sources lumineuses.
D'autres explications,
de nature différente ont également été données, en particulier par
Benoît Mandelbrot sans son ouvrage sur Les objets fractals (1976,
div. réed.) (La
géométrie fractale). Pour cet auteur, il suffit que la distribution
des étoiles ne soit pas uniforme, mais hiérarchisée de telle sorte qu'elle
répondent aux critères qui définissent les objets mathématiques qu'il
décrit, pour que le paradoxe puisse être levé. Une perspective tout
à fait compatible avec les conceptions actuelles de le mode de hiérarchisation
des grandes structures cosmiques.
On ajoutera que depuis
1998, l'analyse des données recueillies par le télescope spatial infrarouge
ISO a donné une nouvelle jeunesse à la question évoquée ici. On s'est
en effet rendu compte à cette occasion que le paradoxe d'Olbers devait
être reformulé pour tenir compte aussi de la contribution (importante)
de l'énergie que rayonnent dans l'infrarouge les
poussières chauffées par les premières étoiles...
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En
librairie - Edward
Harrison, Le noir de la nuit, une énigme du cosmos, Le Seuil, 1998;
Edgar Poe, Contes, Essais, poèmes, Robert Laffont, coll. Bouquins,
1989; ou bien Eurêka, Le Castor astral, 1993; Benoît Mandelbrot,
Les objets fractals, Flammarion, réed. coll. Champs, 1999.
Pour
les plus jeunes : Armelle Barnier, Pourquoi la nuit il fait noir? (et
neuf autres questions essentielles de Zoé), Le Petit Musc, 2001. |
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