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Le Kermès
(du persan girmiz, qui est au fond le même mot que le sanscrit
krimi, ver, insecte) est une atière colorante d'un rouge
ponceau qui n'est que le corps desséché de la femelle d'une
espèce de cochenille, dite cochenille du chêne (Coccus ilicis),
et qui, comme toutes les cochenilles, est un Insecte
de l'ordre des Hémiptères et de la famille des Gallinsectes.
Cette femelle du Coccus ilicis vit sur les rameaux et sur les feuilles
d'une espèce de chêne vert appelé chêne vert
au kermès (Quercus coccifera), arbuste dont la hauteur est de 1
mètre à 1,50 m. Ce chêne vert croît dans les
lieux arides et pierreux, en Anatolie, en Syrie,
dans les îles de la Mer Egée, dans
l'Afrique septentrionale (Maroc,
Algérie, Tunisie),
en Espagne, en Italie
et dans les garigues du département de l'Hérault.
Le mode de développement de l'insecte
est le même que pour la cochenille ordinaire : au printemps,
la femelle fécondée se fixe sur une branche ou sur une feuille
du chêne vert, s'y gonfle et prend l'aspect d'une petite noix de
galle en forme d'oeuf. Elle est alors recouverte d'un duvet blanc assez
long. Après qu'elle a déposé ses oeufs,
elle les recouvre de son corps et meurt, son duvet tombe et est remplacé
par une sorte de poussière blanche; elle ressemble alors à
une petite coque rougeâtre. On détache les coques avec les
ongles le matin à la rosée de la mi-mai à la mi-juin,
c'est-à-dire avant l'éclosion des oeufs. Les coques ainsi
recueillies sont d'abord exposées pendant une demi-heure à
la vapeur du vinaigre, puis on les fait sécher sur des toiles. Elles
ont à peu près la grosseur d'un grain de groseille. Elles
sont lisses, luisantes, d'un brun rougeâtre, et d'une odeur vineuse;
leur intérieur est rempli d'une poudre composée des oeufs
et des débris de l'insecte.
Cette poudre pilée dans un mortier
constitue le kermès du commerce. C'est une couleur d'un rouge brun
qui n'est pas écarlate comme la cochenille, mais qui offre l'avantage
d'être plus solide et de ne pas changer de nuance sous l'action des
lessives et de l'eau de savon. On la fixe sur les étoffes au moyen
de l'alun et du tartre. Le kermès est connu et employé pour
la teinture des étoffes depuis la plus haute antiquité; mais
jusqu'au temps de Loewenhoek
on n'en connaissait pas la nature exacte et on prenait les coques pour
une excroissance végétale; aussi donnait-on à ce produit
le nom de kermès végétal.
Aujourd'hui on l'appelle souvent kermès
animal par opposition à la préparation pharmaceutique nommée
kermès minéral ou tout simplement kermès. Depuis l'introduction
de la cochenille en Europe, le kermès est beaucoup moins employé
en teinture qu'il ne l'était autrefois; cependant il est certaines
nuances pour lesquelles son usage est apprécié. On le récolte
encore en Algérie et au Maroc. Dans ce dernier pays, il constitue
une richesse des régions montagneuses. En Ittalie, ou prépare
avec le kermès une liqueur de table dite alkermès, et à
Montpellier on confectionne un sirop avec le liquide rouge extrait du kermès
récent.
Kermès de Pologne, nom par lequel
on désigne les coques de la cochenille de Pologne, insecte qui vit
sur les racines des Scleranthes perennis et
annuus de la famille des Paronychiées. Le kermès de Pologne
se récolte principalement en Pologne et
en Ukraine. Il fournit une couleur d'un rouge
brun. Les femmes turques font infuser ce kermès dans le jus de citron
et emploient ce liquide pour se teindre les ongles.
Kermès minéral ou simplement
kermès, composition pharmaceutique qui est un mélange de
sulfure d'antimoine, de sulfure de sodium et d'une quantité variable
d'oxyde d'antimoine. Ce kermès est d'un rouge brun foncé
et présente un aspect velouté. |
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