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L'expression
éternel
retour renvoit à l'idée selon laquelle que tout ce qui se produit
dans l'univers, même chaque événement de la vie humaine, se répète
éternellement, sans fin, dans un cycle infini.
Remise au goût du
jour par Nietzsche, l'idée de cycles éternels
est déjà présente dans la philosophie ancienne, notamment chez les stoïciens
et les épicuriens. Les stoïciens croyaient
en une vision cyclique de l'histoire, où les mêmes événements se répétaient
dans un grand cycle cosmique. Les épicuriens, quant à eux, considéraient
que l'univers était composé d'atomes en mouvement perpétuel, ce qui
impliquait une forme d'éternel retour dans le sens de la récurrence des
configurations atomiques.
Au Moyen
Âge, des penseurs et des mystiques, tels que Thomas
d'Aquin et Maître Eckhart, ont également discuté de concepts de
la récurrence éternelle dans le contexte de la relation de l'âme avec
Dieu et la création continue.
Dans les religions
orientales (bouddhisme et hindouisme,
en particulier), on trouve aussi des conceptions cycliques du temps et
de l'existence. Le concept de samsara, le cycle des renaissances,
est fondamental dans ces traditions. Selon le
samsara, les âmes
passent par une série de vies successives, revenant éternellement dans
le cycle du karma jusqu'à atteindre la libération (moksha
ou nirvana).
Nietzsche a repris
le thème de l'éternel retour dans plusieurs de ses oeuvres, notamment
dans Ainsi parlait Zarathoustra. Il ne propose pas l'éternel retour
comme une théorie métaphysique sur la réalité, mais plutôt comme un
exercice de pensée destiné à évaluer comment nous vivons nos vies.
Pour lui, cette idée est un défi radical à la pensée traditionnelle
sur la morale et la vie qui incite à vivre pleinement
et de manière authentique et qui invite chacun à se demander comment
il vivrait s'ils savait que chaque instant de sa vie se répéterait éternellement.
Nietzsche soutient par ailleurs que l'homme surhumain, le surhomme,
est celui qui embrasse l'idée de l'éternel retour et qui choisit délibérément
de vivre sa vie de manière authentique, sans regrets ni ressentiment,
en acceptant toutes les souffrances et les joies comme faisant partie intégrante
de l'existence.
Bien que Nietzsche
ne l'ait pas développée en détail dans ses oeuvres, l'idée de l'éternel
retour, telle qu'il l'a formulée, a eu un impact considérable sur la
philosophie et la littérature du XXe siècle.
Certains penseurs postmodernes,
par exemple, ont repris l'idée de l'éternel retour pour étudier des
concepts de répétition, de fragmentation, et de la nature cyclique de
la culture et de l'histoire. Elle a éveillé aussi chez les existentialistes,
qui en abordant des problématiques liées à la liberté, à la
responsabilité individuelle et à la création de sens dans un monde absurde,
on renoué avec les thèmes initiés par Nietzsche.
Certains psychologues
et psychanalystes se sont également intéréssé aux implications de l'idée
de l'éternel retour pour la compréhension de la psyché humaine, notamment
en relation avec les phénomènes de répétition et de fixation.
L'influence de Nietzsche
se retrouve aussi chez des écrivains et des artistes. Par exemple,
Milan Kundera s'est intéressé à des thèmes
liés à la répétition et à la récurrence dans ses romans. L'idée
de l'éternel retour a également eu un impact dans la culture populaire,
où elle est active dans la science-fiction,
la littérature fantastique et d'autres formes de narration. |
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