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Le royaume latin de Jérusalem |
Le royaume latin de Jérusalem fut fondé en 1099, après la conquête de Jérusalem par les Croisés, et eut pour premier souverain Godefroy de Bouillon, qui le dota du code connu sous le nom d'Assises de Jérusalem, le monument législatif le plus remarquable qu'ait produit le Moyen âge. Ce royaume comprenait, outre le royaume proprement dit, trois grands fiefs : la principauté d'Antioche, le comté de Tripoli et le comté d'Edesse. Antioche. - Antioche placée domination de l'empire d'Orient, lui fut enlevée par les Arabes en 638. Reconquise par les Grecs en 909, elle leur fut arrachée par les Turcs Seldjoukides en 1084. Prise par les croisés en 1098, elle devint le siège d'une principauté chrétienne, qui subsista de 1098 à 1268, date à laquelle elle tomba au pouvoir de Bibars, sultan d'Égypte. Les Ottomans la reprirent en 1516.Le royaume latin de Jérusalem subsista de 1098 à 1268, où il tomba au pouvoir de Bibars, sultan d'Égypte. Les Turcs la reprirent en 1516. Soutenu par les croisades, il déclina à mesure que s'affaiblissait l'enthousiasme religieux qui était l'âme de ces expéditions. Il reçut, en 1187, un coup dont il ne se releva pas, par la perte de la bataille de Tibériade (Hattin), qui fut suivie de la prise de la ville de Jérusalem par Saladin. Saint-Jean d'Acre devint la capitale. du royaume, dont l'agonie se prolongea jusqu'à la chute de cette forte place, qui succomba en 1291 sous les armes de Kélaoun, sultan d'Égypte. Les historiens attribuent la ruine du royaume de Jérusalem au défaut de secours de l'Occident, aux divisions qui survinrent entre les chrétiens établis en Orient, etc. -
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Le Royaume latin de Jérusalem a été la plus importante des principautés fondées par les Croisés en Palestine. Les autres États chrétiens fondés après la première croisade étaient au nombre de trois : comté d'Edesse, principauté d'Antioche et comté de Tripoli; ces deux dernières circonscriptions occupaient la côte nord de la Syrie jusqu'à la Cilicie, et le comté d'Edesse s'étendait assez loin dans l'intérieur des terres, jusqu'aux environs de l'Euphrate. Plus au Sud et jusqu'à la mer Rouge d'une part et à l'isthme de Suez de l'autre, on trouvait le royaume de Jérusalem proprement dit. Les limites de cet État ont naturellement beaucoup varié. Avant même la prise de Jérusalem par Saladin, qui fut suivie de la conquête par les musulmans de la majeure partie de la Palestine, le royaume n'avait pas toujours eu la même étendue. A l'Est, il débordait au delà du Jourdain, du lac de Tibériade et de la mer Morte, et la route de caravanes que suivaient les marchands musulmans avait dû être reculée jusqu'en plein désert, à l'Orient des seigneuries de Suhete et de Montréal. Au Nord il était borné par la principauté de Tripoli, dont le séparait le Nahar-Ibrahim (ancien Adonis); à l'Ouest il atteignait la mer, au Sud le golfe Elamitique, sur la mer Rouge, et le désert d'El-Ariscly qui s'étendait jusqu'à l'entrée de l'Égypte. C'était donc une longue et étroite langue de terre, occupant l'ancienne Judée toute entière et quelques territoires que n'avaient jamais occupés les Hébreux. L'organisation du pays était toute féodale et le roi de Jérusalem, sans parler de la suzeraineté nominale qu'il exerçait ou prétendait exercer sur le comté de Tripoli ou la principauté d'Antioche, avait sous lui quatre grands barons et douze seigneurs secondaires; les baronnies étaient le comté de Jaffa et d'Ascalon, la seigneurie de Krak ou de Montréal au delà du Jourdain et de la mer Morte, la princée de Galilée et la terre de Suhete (vers le lac de Tibériade), enfin celle de Sagette; cette dernière était sur la mer, vers le Nord du royaume, près du fleuve Leitany. Voici les noms des douze seigneuries : le Darum Saint-Abraham, Arsur, Césarée, Naples, Bessan, Caïmont, Cayphas, le Toron et Belinas, le Scandélion, Saint-Georges et Barut. Chacun de ces seize barons avait ses feudataires, dont les services, les charges et les droits sont minutieusement réglés par les Assises de Jérusalem. Les uns servent à cheval, sont des Chevaliers, les autres sont de simples sergents à pied. A ces forces permanentes, tout à fait insuffisantes pour la défense du pays, s'ajoutaient les chevaliers du Templeet de l'Hôpital, les croisés envoyés périodiquement par l'Europe, tantôt par petites bandes, tantôt par grandes masses, enfin les mercenaires chrétiens ou musulmans, qu'on appelait les Turkopoles. C'est à l'aide de ces faibles ressources que le royaume de Jérusalem put soutenir la lutte contre les sultans de Damas et d'Égypte, pendant près de deux siècles, lutte bien difficile et dans laquelle la férocité extraordinaire des chevaliers latins avait peine à compenser l'inégalité numérique. Si la majeure partie du pays appartenait à des chevaliers ou à l'Église, était organisée militairement pour la défense, dans les villes de la côte, ce qui dominait, c'était la classe bourgeoise et commerçante, composée de gens de toutes nations et principalement de Français, d'Italiens et de Grecs. Elle était fort opulente, et avait, encore plus facilement que la noblesse, adopté les usages et le genre de vie des populations syriennes. Les ports d'Acre, de Jaffa, de Tyr et de Sidon étaient des entrepôts actifs où les marchands d'Europe venaient s'approvisionner de produits d'Orient, et d'où on transportait dans l'intérieur du pays les denrées de l'Occident; commerce d'échange des plus fructueux pour les négociants, les Occidentaux achetant beaucoup plus qu'ils ne vendaient, les commissionnaires de ces places de commerce devaient faire de rapides et énormes fortunes. En somme, la Palestine jouissait sous la domination des princes latins d'une prospérité qu'elle n'a jamais retrouvée plus tard, et les Turcs n'ont guère fait que détruire sans rien fonder. Aujourd'hui encore, ils se servent des fortifications, des travaux d'art construits par les croisés, et tout ce qu'ils ont su faire c'est entretenir les plus importants. La principale cause de la chute du royaume latin de Jérusalem a été sa faiblesse, mais il faut aussi y ajouter les dissensions intestines, les querelles entre les souverains et les vassaux indociles, enfin la mauvaise politique de quelques-uns des rois. On trouvera une esquisse de l'histoire de cette principauté aux pages consacrées aux Croisades. Voici la suite des rois, avec quelques renseignements supplémentaires : Godefroy de Bouillon, élu le 23 juillet 1099, mort le 18 juillet 1100. - Baudouin, comte d'Edesse, frère du précédent, élu en 1100, mort le 7 avril 1118. Sous son règne, le royaume se complète par la conquête de Saint-Jean-d'Acre et de Beyrouth; ne laissant point d'enfants, il est remplacé par Baudouin II, fils du comte de Rethel, qui devait régner de 1118 au 21 août 1131. Sous ce règne, le royaume atteint les limites qu'il conservera jusqu'à l'apparition de Saladin; Baudouin est un instant prisonnier des Turcs, puis délivré; il échoue devant Alep, mais Tyr est conquis par lui et complète l'occupation de la côte, Baudouin II ne laissait que des filles, dont l'aînée, Mélissende, lui succède avec son mari, Foulques, comte d'Anjou, qui règne jusqu'au 13 novembre 1147. La vie de ce prince est remplie par des luttes contre l'empereur d'Orient, à cause de la principauté d'Antioche, dont Foulques était baile. - Il a pour successeur son fils aîné, Baudouin III, qui règne sous la tutelle de sa mère et meurt en 1163. En 1144, les musulmans reprennent Édesse et détruisent le comté de ce nom. Baudouin III meurt sans laisser d'enfants de sa femme, Théodora, nièce de l'empereur Manuel Comnène. - Son frère Amaury, comte de Jaffa et d'Ascalon, lui succède. il a le grand tort, ayant déjà à combattre Noureddin, sultan de Damas, de se mêler des affaires d'Égypte, dans la pensée d'empêcher la réunion de ce pays et du sultanat de Damas sous un seul maître. Trois expéditions successives n'amènent aucun résultat, et, peu d'années après, cette union tant redoutée sera un fait accompli. Dès lors les jours du royaume, menacé au Nord-Est et au Sud, sont comptés. Amaury meurt le 11 juillet 1173, laissant de sa première femme, Agnès de Courtenay, Baudouin IV qui lui succède et Sybille. Baudouin IV, dit le Mesel ou le Lépreux, élève de l'archevêque de Tyr, Guillaume. Sous son règne commencent les conquêtes du grand Saladin. En 1182, devenu aveugle, Baudouin abdique et prend pour successeur son jeune neveu, Baudouin V, fils de Sybille et du marquis de Montferrat. Sybille étant dès lors veuve, il lui fait épouser Gui de Lusignan, fils du comte de la Marche, qui reçoit le titre de régent du royaume et de tuteur du jeune prince. Peu après, Gui perd ces hautes fonctions qui sont conférées à Raimond, comte de Tripoli, et Baudouin IV meurt le 16 mars 1485. Baudouin V, son neveu, lui succède; il avait cinq ans et meurt dès l'année suivante en septembre 1186. Le royaume latin de Jérusalem était à tout jamais détruit, mais le titre royal va subsister, et jusqu'en 1291, les chrétiens posséderont quelques débris de leurs anciens domaines de Palestine. Gui de Lusignan, mis en liberté dès septembre 1187, entreprend le siège d'Acre, qui durera quatre ans et se terminera par la reprise de cette ville grâce aux efforts de Richard d'Angleterre et aux secours de Philippe-Auguste. Mais la reine Sybille étant morte en 1190, le beau-frère de Gui, Conrad, marquis de Montferrat, dispute au sire de Lusignan le titre royal. En 1191, Richard et Philippe-Auguste partagent les débris du royaume entre les deux prétendants, puis Conrad est assassiné par des émissaires du Vieux de la Montagne (avril 1192) (Ismaéliens). Sa veuve, Isabelle, épouse Henri, comte de Champagne, qui devient roi de Jérusalem et hérite en 1194 des terres laissées au roi Gui, mort cette année. Il meurt d'accident en 1197. Sa veuve, Isabelle, épouse alors Amaury de Lusignan, frère de Gui, qui devient roi de Jérusalem. Il meurt en 1206, ne laissant que des filles de son mariage. Jean de Brienne, élu alors pour le remplacer, arrive en Terre sainte en 1240 et épouse Marie, fille de Conrad de Montferrat. De ce mariage naîtra Isabelle qui épousera, en 1229,. L'empereur Frédéric II. En 1219, Jean prend part à la cinquième croisade qui lui vaut pendant deux ans la possession de Damiette. Peu après, il se rend en Occident pour réclamer des secours; son gendre Frédéric II l'oblige à lui céder le titre royal, et dès lors Jean ne reverra plus la Palestine. Le royaume est alors pour quelques années administré au nom de l'empereur par un baile. En 1229, Frédéric se rend lui-même en Orient; il prend possession des débris du royaume et obtient du sultan d'Égypte la restitution de Jérusalem et le droit pour les pèlerins de circuler sur les routes du pays, avantages effectifs que ne savent apprécier ni les barons de Syrie, ennemis du souverain allemand, ni le pape Grégoire IX qui l'a excommunié. Les grands de Palestine, en effet, absolument hostiles à Frédéric II et provoqués par les abus de pouvoir du baile impérial, cherchent partout à qui offrir le vain titre de roi de Jérusalem. En 1240, ils reconnaissent l'autorité d'Alix, reine de Chypre, qui vient de se remarier à Raoul de Soissons, et déclarent en même temps réserver les droits de Conrad, fils de Frédéric. En 1244, Jérusalem tombe aux mains des Kharismiens; cette catastrophe aux yeux des Latins, décide saint Louis à partir en croisade, ne met pas fin aux querelles entre les barons. En 1246, Alix meurt, et son fils, Henri, roi de Chypre, prend le titre de roi de Jérusalem qu'il transmettra à ses descendants; de son cité Conrad se porte pour héritier et seigneur du royaume latin; le pape Innocent IV favorise d'ailleurs ouvertement l'usurpation des Lusignan. Sous Hugues, fils de Henri (1253), le royaume latin est administré par Jean d'lbelin, seigneur d'Arsur, puis par le maréchal Geoffroi de Sergines. Saint Louis, qui réside deux ans en Syrie, essaye d'apaiser les querelles entre les barons et relève à ses frais les défenses des villes chrétiennes. A ce moment, où le royaume est réduit à presque rien, le vain titre de roi de Jérusalem n'en est pas moins l'objet de convoitises ardentes, et en 1277, l'une des prétendantes, Marie d'Antioche, cède tous ses droits, réels on imaginaires, à Charles d'Anjou, roi de Naples et de Sicile; ce prince ambitieux fait occuper par ses troupes la ville d'Acre et déclare la guerre au roi de Chypre, Hugues III; après quelques années de luttes, Acre est reconquis par le fils de celui-ci, Henri II (1286), et cinq ans plus tard (1291) cette ville, dernier boulevard de la puissance chrétienne en Palestine, tombe aux mains du sultan d'Égypte. C'en est fait du royaume de Jérusalem. Le titre royal continue à subsister; les rois de Naples de la maison d'Anjou s'en parent jusqu'au XVe siècle (jusqu'à René d'Anjou); d'autre part, il est porté par les rois de Chypre. Au XVe siècle le titre passe à la maison de Savoie par le mariage de Charlotte, fille du roi Jean II, et de Louis de Savoie, comte de Genève (1458), et par la donation de Charlotte à son neveu Charles de Savoie (1485). Les ducs de Savoie, puis rois de Sardaigne, ont porté le titre de rois de Chypre et de Jérusalem jusqu'en 1859, date de la fondation du royaume d'Italie. (A. Molinier). |
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