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L'histoire de Paris
de la Révolution à 1900
L'histoire de Paris
Des origines à 1500
De 1500 à la Révolution
De la Révolution à 1900
La sixième enceinte (1786-1860).
L'établissement de cette enceinte fut proposé au roi par les fermiers généraux chargés de la perception de l'octroi; les limites étaient en effet devenues indécises, et les fraudes, par conséquent, plus faciles. Le mur d'octroi, commencé en 1786, suivit la ligne des boulevards extérieurs; plusieurs des pavillons d'entrée construits par l'architecte Ledoux subsistent encore, notamment ceux de la place Denfert-Rochereau, de la Villette, de Charenton, du Trône et de Bercy  ( Les Propylées de Paris). L'assemblée provinciale de l'Ile-de-France avec ses 19 départements (dont deux, ceux de Saint-Germain et de Corbeil, pour l'élection de Paris) venait d'être créée (1787), quand la Révolution éclata.

Il suffira de rappeler ici les principales journées de cette période si remplie d'événements que fut la révolution française, et qui ne comprend cependant qu'une dizaine d'années, et c'est le côté plus particulièrement municipal de cette histoire que l'on doit se borner à considérer. En vue des élections, Paris fut divisé en 60 districts (15 avril 1789), ces districts correspondant aux paroisses. Précédée par les troubles du faubourg Saint-Antoine (27-28 avril), et ceux qu'occasionnèrent l'emprisonnement des gardes françaises et la nouvelle du renvoi de Necker, la Révolution commença en réalité le 13 juillet, lorsque l'assemblée générale des électeurs de Paris établit à l'Hôtel de Ville un comité permanent. Le lendemain, la Bastille était prise; le 15, l'ancienne municipalité disparaissait et Bailly succédait au prévôt avec le titre de maire. Paris eut une administration provisoire jusqu'en octobre 1790. L'assemblée générale des représentants de la commune de Paris, qui succéda le 30 juillet à l'assemblée des 451 électeurs, comprenait 2 membres par district, soit 120 membres, mais, augmentée de 60 représentants le 5 août, elle fut renouvelée le 18 septembre, et comprit dès lors 300 membres, 5 par district. Le conseil de ville, qui prit l'administration le 8 octobre, était composé de 60 des représentants et chargé d'exécuter les décisions de l'assemblée; un bureau de ville, comprenant le maire et 20 autres membres, devait établir l'harmonie entre les commissions ou départements du conseil et nommer à tous les emplois. Un procureur syndic avait pour fonctions d'assurer l'exécution des décisions de la municipalité et de remplir en même temps le rôle de ministère public devant le tribunal municipal. Les districts qui d'assemblées électorales devinrent des corps administratifs eurent chacun un comité comprenant de 16 à 24 membres ou commissaires dont un président; ces comités étaient chargés avant tout de faire exécuter les ordres de la municipalité et exerçaient aussi des attributions de police; les districts continuèrent à délibérer chacun dans des assemblées générales, et l'on y trouvait à côté du comité proprement dit ou comité civil un comité militaire. 

Pendant que l'administration s'organisait ainsi, Paris assistait le 30 juillet au retour de Necker, le 6 octobre à celui de la famille royale. La journée du 12 janvier 1790 fut marquée par une mutinerie de soldats au Champ-de-Mars, celles des 24-25 mai par des désordres dans divers quartiers. Le 14 juillet suivant eut lieu la fête grandiose de la fédération nationale; le 20 septembre, une autre fête fut donnée en l'honneur des soldats de Châteauvieux. C'est le 9 octobre 1790 qu'entra en fonction la municipalité définitive et légale instituée par la loi des 24 mai - 27 juin de la même année. Elle se composa d'un maire, de 16 administrateurs, de 32 conseillers, de 96 notables, d'un procureur de la commune qui reçut plus tard le nom d'agent national et de ses deux substituts. Les 16 administrateurs et les 32 conseillers formèrent le corps municipal (48 membres), subdivisé en conseil composé de 32 conseillers et en bureau formé par le maire et les 16 administrateurs répartis en 5 départements. Le corps municipal réuni aux 96 notables constitua le conseil général de la commune (144 membres). 48 sections remplacèrent les 60 districts, et il y eut dans chacune d'elles 16 commissaires de section et un commissaire de police. Les commissaires de section eurent à surveiller et à seconder au besoin les commissaires de police, à veiller à l'exécution des ordonnances et, arrêtés, à donner tous renseignements à l'administration municipale. Ces 16 commissaires choisissaient parmi eux un président et se réunissaient en comité tous les huit jours et toutes les fois que les circonstances l'exigeaient. Chaque jour, l'un d'eux, à tour de rôle, était de service à son domicile, et le commissaire de police devait lui adresser quotidiennement un compte rendu. Comme les districts, les sections tinrent aussi des assemblées générales. Divers comités, particulièrement des comités militaires et des comités de surveillance ou révolutionnaires, se formèrent dans les sections à côté du comité civil. 

C'est la municipalité de Paris (Paris étant d'ailleurs un district du département, décret des 26 février - 4 mars 1790, mais sans administration de district, décret des 3-5 novembre 1790) qui fit régulièrement fonction d'administration départementale à partir du décret des 8-18 juin 1790 jusqu'à la constitution de cette administration qui ne fonctionna qu'à dater de février 1794; comme dans les autres départements, le conseil général comprit 36 membres, le directoire en comprit 8. A la fin de l'année 1790 se présentèrent l'affaire du pillage de l'hôtel de Castries (13 novembre), l'affaire de l'autel de la patrie au Champ-de-Mars (6 décembre). L'année 1791 fut particulièrement marquée par la tentative de départ de Monsieur, frère du roi (22 février), par celle du roi (18 avril), par le retour de la famille royale à Paris après son arrestation à Varennes (27 juin), par la cérémonie de la translation des restes de Voltaire à Sainte-Geneviève (Panthéon) (11 juillet), par la sanglante émeute du Champ-de-Mars (17 juillet), puis par la fête de la proclamation de la Constitution (25 septembre). Quelques jours après la fête en l'honneur du maire d'Etampes, Simonneau (3 juin 1792), survint la journée du 20 juin, où la royauté fut définitivement ébranlée; le 6 juillet, Pétion, maire de Paris, est suspendu par le département; le 22, la proclamation de « la patrie en danger » est faite dans Paris pendant que des troubles ont lieu (15-31); en face du département qui se désorganise se dresse le pouvoir de la commune dont les sections deviennent permanentes (loi des 25-28 juillet), et le 10 août se produit la chute de la royauté. Ce même jour, les commissaires nommés par les sections viennent prendre à l'Hôtel de Ville la place des membres de la commune légale qui n'opposent pas de résistance et dont plusieurs même se joignent à eux; le conseil général ainsi formé se donne d'abord le titre de conseil général des commissaires des 48 sections. Le 2 décembre, après une longue période d'élections, la commune insurrectionnelle est remplacée par une commune légale. 

Des journées tragiques se succèdent : celles de septembre 1792, du 21 janvier 1793, date de l'exécution de Louis XVI, les désordres du 26 février suivant, les insurrections des 10 mars, 31 mai, 1er et 2 juin, le meurtre de Marat et l'exécution de Charlotte Corday, au milieu de toutes les autres exécutions. En même temps sont célébrées des fêtes de tout ordre : la pompe funèbre de Lepelletier de Saint-Fargeau et des anniversaires des grandes dates de la Révolution. A partir de la loi des 14-16 frimaire an Il (section 3, art. 11), le département, faisant fonction de district, prit le premier rôle, et les événements de Thermidor amenèrent la suppression même de l'administration municipale qui n'a jamais été vraiment rétablie. Par la loi du 14 fructidor an II, la ville fut placée entre les mains des commissions ministérielles de la Convention et de deux commissions spéciales, ces dernières fonctionnant sous la surveillance du département : celle de police administrative composée de 20 membres et celle des contributions publiques dont les 15 membres furent réduits à 5 par la loi du 23 frimaire an III; le 24 thermidor an III la commission de police fut réduite aussi à 3 membres. Avec la journée du 9 thermidor, il y aurait surtout à citer comme dates de faits se rattachant à la chronologie parisienne de cette période l'exécution de Danton et de Desmoulins, la journée du 13 vendémiaire an IV et diverses fêtes.

Conformément à la constitution de l'an III et aux lois des 21 fructidor an III et 19 vendémiaire an IV, Paris, formant à lui seul un canton, eut un bureau central pour les objets d'administration jugés indivisibles : la police et les subsistances. Ce bureau était composé de 3 membres dits commissaires. Les municipalités d'arrondissement ont leur origine en partie dans les 12 comités révolutionnaires organisés par la loi du 7 fructidor an II dans les sections groupées 4 par 4; mais ils l'ont surtout dans les 12 bureaux d'état civil de l'an III. Ces municipalités au nombre de 12, qui succédèrent aux comités civils des sections dont les membres avaient été réduits à 12 par décret du 28 vendémiaire an III, se composaient chacune de 7 membres dont 1 président.

Le bureau central et les administrations municipales d'arrondissement comprenaient, de plus, 1 commissaire du Directoire, représentant de l'autorité centrale. Des conférences étaient tenues d'une part, au moins trois fois par mois, au bureau central, entre ses membres et les présidents des municipalités d'arrondissement, et, d'autre part, entre le bureau central et les membres du département au nombre de 5. Le bureau central était placé sous l'autorité immédiate du département; il pouvait déléguer aux municipalités d'arrondissement l'exécution des mesures arrêtées par lui. A ces administrations remplacées momentanément, pendant 5 jours, par les commissaires du gouvernement, au 18 brumaire, succédèrent le préfet de la Seine et le préfet de police et les mairies d'arrondissement, d'après la constitution de l'an VIII. Cette période plus longue vit trois conspirations, celle de Babeuf, celle de l'affaire du camp de Grenelle (1796), celle de La Villeheurnois (1797), trois coups d'État, le 18 fructidor an V, celui qui porte les dates des 27 floréal et 30 prairial an VII, et le 18 brumaire an VIII, enfin toute espèce de fêtes.

Le caractère principal de l'organisation donnée à Paris et au département de la Seine par Bonaparte (organisation qui subsistera dans ses grandes lignes jusqu'aux grandes réformes administratives des années 1964 et 1975), réside dans la répartition des attributions préfectorales entre deux préfectures à côté du préfet de la Seine est un autre préfet qui réunit les attributions de police. Les administrations des arrondissements municipaux continuent à n'avoir que des attributions restreintes : dans chacun d'eux, 1 maire et 2 adjoints sont chargés « de la partie administrative et des fonctions relatives à l'état civil ». Le conseil de département, composé seulement de 24 membres, bientôt réduits à 16 par arrêté du 25 vendémiaire an IX, remplit les fonctions de conseil municipal de Paris; les conseillers avaient pour attribution unique de délibérer et de voter sur les questions qui leur étaient soumises, sans aucune initiative et sans droit de contrôle des actes de l'administration. Conseillers, maires et adjoints étaient nommés par le chef du pouvoir exécutif.

Cette organisation fut modifiée dans un sens libéral, comme d'ailleurs pour les autres corps administratifs de France, sous Louis-Philippe. Aux termes de la loi du 20 avril 1831, les conseillers furent nommés par élection. Le conseil général comprit 44 membres dont 36 élus par les arrondissements municipaux, à raison de 3 pour chacun, composaient le conseil municipal. Seulement les président et vice-présidents étaient nommés annuellement par le roi. Les maires et adjoints étaient choisis par le roi pour trois ans, mais sur une liste de 12 candidats élus. La loi spéciale pour Paris, promise dans la loi du 18 ,juillet 1837, ne fut pas faite; mais les dispositions de la loi du 10 mai 1838 sur l'administration départementale furent appliquées dans la Seine. 

Napoléon ler ne mit à exécution qu'une partie de ses projets relatifs à l'embellissement de Paris. Pendant le demi-siècle qui s'étend de l'an VIII à 1848, les événements les plus saillants furent le siège de 1814 et les quatre révolutions qui commencent et qui terminent, les unes la période dite des Cent-Jours, les autres l'histoire de la monarchie de Juillet. En dehors de la fête du couronnement de Napoléon Ier à Notre-Dame le 2 décembre 1804 et de la tenue du concile réuni à Paris de juin à août 1811, les autres événements sont des attentats ou des émeutes : le 24 décembre 1800, explosion de la machine infernale dirigée contre le premier consul; le 23 octobre 1812, conspiration du général Malet; en 1831, plusieurs émeutes, notamment celle qui fut marquée le 14 février par le sac de l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois et de l'archevêché; en 1832, émeute des 5 et 6 juin et combat du cloître Saint-Merci; en 1834, émeute des  13 et 14 avril; le 28 juillet 1835, attentat de Fieschi; le 12 mai 1839, insurrection de Barbès et de Blanqui. Le siège de 1814 (29-31 mars) mérite surtout d'être célèbre parce que les troupes, cependant peu nombreuses, et les gardes nationaux firent une belle résistance qui se concentra au Nord et au Nord-Est, principalement à la barrière de Clichy et à la place du Trône (Nation). Les alliés pénétrèrent dans Paris le 31 mars; l'entrée solennelle de Louis XVIII eut lieu le 3 mai. En 1815, la rentrée de Napoléon est du 20 mars, celle de Louis XVIII du 8 juillet. 

Bataille et première capitulation de Paris (1814). - Pendant que Napoléon dirigeait la campagne de France, l'impératrice-régente et le roi Joseph, lieutenant général, ne surent ni fortifier Paris, ni y organiser une armée. Le 30 mars au matin, 110 000 ennemis débouchèrent par Bondy et le Bourget. La défense disposait de 42000 hommes, gardes nationaux de Moncey, corps de Marmont et de Mortier, arrivés la veille. Marmont s'établit sur le plateau de Romainville : Mortier occupa les buttes Chaumont. La Villette et La Chapelle. A midi, Marmont avait énergiquement repoussé les attaques ennemies; mais Joseph, posté à la butte Montmartre, intimidé par les sommations du tsar, autorisa les maréchaux à traiter avec l'ennemi et s'enfuit vers Rambouillet. Marmont continua le combat. Après une série d'actions meurtrières, il fut refoulé et débordé, tandis que Mortier se repliait sur la barrière Saint-Denis et que Moncey résistait héroïquement à la barrière de Clichy. A 4 heures, Marmont détachait des parlementaires; la capitulation fut rédigée à 8 heures du soir et signée dans la nuit. Napoléon, qui revenait en hâte sur Paris, apprit incidemment la reddition; furieux, il gagne Fontainebleau pour y concentrer les troupes et envoie Caulaincourt négocier à Paris. Les Alliés firent leur entrée dans la capitale le 31 mars, à midi.

Seconde capitulation de Paris (1815). Après la bataille de Waterloo (18 juin) et l'abdication de Napoléon (22 juin), les Chambres, puis le gouvernement provisoire, présidé par Fouché, qui préparait une seconde Restauration, envoyèrent des commissaires aux Alliés, afin de traiter de la paix. Les armées ennemies marchèrent néanmoins sur Paris. Davout réunit de nombreuses troupes pour défendre la capitale, et Napoléon s'offrit a en prendre le commandement comme simple général de division. La cavalerie prussienne se heurta, près de Rocquencourt, au corps du général Exelmans qui lui infligea un sanglant échec. Mais le gouvernement provisoire désigna trois plénipotentiaires qui arrêtèrent avec Blücher et Wellington, à Saint-Cloud, une convention militaire (3 juillet). L'armée se retirait au Sud de la Loire, et Paris était remis aux Alliés. Le 8 juillet, Louis XVIII rentrait dans Paris avec Fouché, le régicide, comme ministre de la police.

C'est à Paris que furent signés les traités qui suivirent les coalitions, les 30 mai 1814 et 20 novembre 1845. La révolution de 1830 avait duré 3 jours, du 27 au 29 juillet; celle de 1848 en dura 3 également, les 22, 23 et 24 février. La mairie centrale de Paris fut rétablie par la deuxième république. Garnier-Pagès fait nommé maire le 24 février 1848 et il eut 2 adjoints, mais ils tenaient leur nomination du pouvoir central, et les membres de la commission provisoire à la fois municipale et départementale, dont l'établissement fut décidé par le décret du 3 juillet 1848, furent nommés par le pouvoir exécutif également. Le département sans préfet depuis février en eut un nouveau; de même, à partir de juillet, il n'y eut plus de mairie centrale. En ce qui concerne la distinction des conseils du département et de la ville, on en revint par le décret des 8-16 septembre 1849 au régime de la loi de 1834; le département eut une commission provisoire de 44 membres, et Paris une commission provisoire de 36 membres, mais nommés par le pouvoir exécutif; une réorganisation de ces commissions fut faite par décret du 27 décembre 1851. Confiée d'abord au maire de Paris, la police redevint, dès le 13 mars 1848, une administration ayant à sa tête un préfet et relevant d'une façon directe du ministre de l'intérieur. Ce régime d'exception resta appliqué jusqu'à la fin du second Empire; la loi du 5 mai 1855 ne fit que le confirmer; elle décida que les conseillers municipaux seraient nommés pour 5 ans. 
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Paris en 1855.
Paris depuis un ballon à air chaud. 
Tableau de Victor Navlet (1855).

De 1848 à 1852, Paris eut à souffrir encore de plusieurs journées révolutionnaires. Après les sanglantes journées de juin, pendant lesquelles la lutte fut particulièrement vive dans le faubourg Saint-Antoine, vinrent l'insurrection du 13 juin 1849, puis le coup d'État du 2 décembre 1851 et la journée du 4 de ce mois, où le représentant du peuple, Baudin, fut tué sur une barricade de la rue Sainte-Marguerite. D'autre part, l'attentat d'Orsini est du 14 janvier 1858. L'Exposition internationale tenue à Paris en 1855 et le traité signé à Paris en 1856 à la suite de la campagne de Crimée ne rappellent, au contraire, que des dates glorieuses. Alors aussi la transformation de Paris par les soins du baron Haussmann, préfet de la Seine, de 1853 à 1870, commence, on sait combien son administration s'est signalée par la percée de grands boulevards et de larges rues. En 1818, l'enceinte avait été modifiée, sur un point, par la réunion à Paris du village d'Austerlitz, situé derrière Ie boulevard de l'Hôpital.

Paris de 1860 à 1900.
Par la loi du 16 juin 1859, tous les territoires qui se trouvaient compris entre les barrières de l'octroi et l'enceinte bastionnée, construite de 1844 à 1845, furent annexés à la ville, c.-à-d. 4 communes : la Villette, Belleville, Vaugirard et Grenelle, en totalité, 7 communes pour la plus grande partie, Auteuil, Passy, Batignolles-Monceau, Montmartre, la Chapelle, Charonne et Bercy (le reste des territoires de ces communes ayant été rattaché aux communes voisines) et une partie des territoires de 13 communes non supprimées, Neuilly, Clichy, Saint-Ouen, Aubervilliers, Pantin, le Pré-Saint-Gervais, Saint-Mandé, Bagnolet, Ivry, Gentilly, Montrouge, Vanves et Issy. Paris, où la division en arrondissements fut complètement remaniée, eut dès lors 20 mairies au lieu de 12 et le nombre des membres du conseil municipal s'éleva, en conséquence, de 36 à 60; 2 au moins durent être pris dans chacun des arrondissements, et avoir, dans l'arrondissement qu'ils représentèrent leur domicile on y posséder un établissement. Les administrations d'arrondissement devinrent plus étroitement encore les auxiliaires de l'administration préfectorale; le personnel des mairies se confondit par son recrutement, par les conditions de nomination, avec celui des bureaux de la préfecture. En même temps qu'il poursuivait ses immenses travaux de voirie, Haussmann s'attachait à doter Paris de grands jardins publics; il transformait le parc de Monceau, et créait le parc des Buttes-Chaumont. Le bois de Vincennes, acquis par la ville de Paris, reçut toute espèce d'embellissements, comme quelques années auparavant le bois de Boulogne. L'Exposition universelle de 1867 fut beaucoup plus importante que celle de 1835. Mais peu après, la guerre franco-allemande de 1870 amena le siège de Paris et tout d'abord la révolution du 4 septembre. L'administration préfectorale disparut et aussi les 2 commissions, départementale et municipale. Un décret du gouvernement de la Défense nationale nomma, le 4 septembre 1870, un maire de Paris qui fut assisté de 4 adjoints (7 septembre); un membre du gouvernement était délégué près le département (6 septembre); celui-ci fut délégué également à la mairie centrale, par décret du 15 novembre 1870, lorsque le maire de Paris eut donné sa démission. Les maires d'arrondissement d'abord nommés par le gouvernement furent, en novembre 1870, élus par le suffrage universel. 
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Avenue de l'Opéra, à Paris.
L'avenue de l'Opéra, à Paris.

Le siège que Pariseut à soutenir dura du 18 septembre 1870 au 28 janvier 1871; on sait avec quel héroïsme il fut soutenu pendant si longtemps; l'émeute du 31 octobre, qui avait été précédée par la manifestation du 6 de ce mois, fut provoquée par ceux qui réclamaient l'établissement d'une commuée; le bombardement commença le 5 janvier. Quand le 1er mars 1871 des soldats prussiens entrèrent dans Paris et occupèrent le quartier des Champs-Elysées pour trois jours, cette prise de possession de la ville, en quelque sorte purement symbolique, fut dépourvue de tout caractère triomphal. 

Siège de Paris par les Allemands (1870-1871). C'est le 18 septembre 1870 que les avant-gardes des première et troisième armées prussiennes, victorieuses à Sedan, apparurent dans la banlieue Est et Sud de Paris, sous la direction du roi de Prusse, du maréchal de Moltke et du prince royal Frédéric, bientôt installés à Versailles. Les troupes de la défense comprenaient; le 13e corps d'armée (général Vinoy), échappé au désastre de Sedan; un certain nombre de régiments de marche tirés des dépôts; des marins venus des ports et des escadres et qui furent utilisés au service de l'artillerie des forts; enfin, la garde nationale de Paris, composée de 270 bataillons environ, encadrés de chefs élus. Sauf pour le 138 corps, l'instruction et l'encadrement des troupes, particulièrement dans les bataillons parisiens, étaient des plus défectueux, Le commandement de la place avait été confié au général Trochu, officier de mérite, intelligent et instruit, mais irrésolu. Les généraux Ducrot, Vinoy, Renault, Exéa, étaient sous ses ordres; aucun de ces officiers ne croyait à la possibilité d'organiser, en face d'un ennemi tel que les Prussiens, une armée solide de soldats improvisés. Du côté des troupes, l'instruction, du côté des chefs la confiance faisaient défaut. 

Les principaux incidents du siège furent d'abord l'inutile entrevue de Ferrières, où Jules Favre essaya en vain d'obtenir de Bismarck un armistice; puis les engagements préliminaires dans la banlieue sud de Paris, qui donnèrent aux Prussiens la possession du plateau de Châtillon (19 septembre); à Villejuif (23 septembre), aux combats de Chevilly et de Thiais (30 septembre), de Bagneux (13 octobre), de la Malmaison (21 octobre), les troupes françaises montrèrent quelque solidité, mais sans résultats décisifs. Une heureuse tentative sur le Bourget, effectuée par le général de Bellemare, fut mal soutenue, finalement inefficace (28-30 octobre). Cependant, se marquaient dans la capitale les premières dissensions entre le gouvernement de la Défense et les partis avancés (journée du 31 octobre). Le 30 novembre, au moment où les armées de province se préparaient à converger sur Paris, une énergique tentative du général Ducrot conduisait l'armée parisienne sur les plateaux dominant la Marne; mais le décousu des efforts, le froid très vif et la défaite de Loigny en Beauce rendaient stériles les sanglantes journées deVilliers et de Champigny (30 novembre - 2 décembre), seule tentative vraiment sérieuse qui ait été faite pour briser l'investissement. Une nouvelle sortie, le 18 décembre, sur Drancy, Groslay, le Bourget, Neuilly, n'eut pas plus de succès. Le 19 janvier, un effort désespéré était dirigé sur Montretout et Buzenval, dans la direction de Versailles. Il échouait faute d'artillerie, après une sanglante journée. Cependant, les horreurs du bombardement, depuis le 5 janvier s'ajoutaient à la perspective de la famine. L'une après l'autre, les trois armées de province étaient mises hors de cause : à Saint-Quentin, au Mans, à Héricourt. Le 27 janvier Jules Favre se rendait à Ferrières auprès de Bismarck pour signer, en même temps que les préliminaires de la paix, la reddition de Paris (29 janvier), où les troupes prussiennes entrèrent au milieu des rues désertées. La Capitale était frappée d'une contribution de guerre de 200  millions de francs : elle était plus gravement atteinte encore par les ferments de discorde qui couvaient dans ses murs et allaient donner naissance à la Commune de Paris.

Pendant deux mois, du 18 mars à la fin de mai 1871 la ville eut un gouvernement insurrectionnel, celui de la Commune; après avoir forcé l'enceinte fortifiée le 24 mai, le gouvernement reprit au bout d'une semaine la capitale et, par décret du 5 juin, un nouveau préfet de la Seine fut nommé. La loi d'organisation municipale, qui donna à Paris un conseil municipal émané du suffrage universel et reçut son application dès que la Commune fut terminée, date de la période même de la Commune, du 14 avril 1871; la nouvelle loi relative au conseil général est un peu postérieure (16 septembre de la même année). 

Sous la troisième République, les faits les plus remarquables à signaler dans la chronologie plus exclusivement parisienne sont : l'Exposition universelle de 1878, l'institution de la fête annuelle du 14 juillet (1880), la visite du roi d'Espagne à Paris en septembre 1883, les manifestations des 1er et 2 décembre 1887, qui aboutirent à la démission du président Grévy, l'élection du général Boulanger le 27 janvier 1889 en qualité de député de la Seine, l'Exposition universelle de 1889 qui dépassa en éclat les précédentes, les émeutes du quartier latin provoquées par les rapports entre la police et les étudiants en juillet 1893, l'attentat anarchiste dont la Chambre des députés même fut le théâtre le 9 décembre suivant. Mais à la même époque, du 17 au 24 octobre, Paris fêtait magnifiquement l'amiral russe Avellan et les officiers de sa mission, et, en 1896, la réception qu'il fit au tsar Nicolas Il, pendant trois jours (6-8 octobre) fut plus grandiose encore.

Il faut rappeler aussi les journées des grandes funérailles faites à Thiers, à Gambetta, à Victor Hugo, à Mac-Mahon, à Carnot, à Félix Faure. Toute l'année 1898 fut marquée par les manifestations des adversaires ou des partisans de la révision du procès Dreyfus. De très importantes opérations de voirie ont été faites à partir de 1871 : l'ouverture de l'avenue de l'Opéra, du boulevard Henri IV, de la rue Soufflot, de la rue Etienne-Marcel, l'achèvement du boulevard Saint-Germain et de l'avenue de la République. On e créé le parc de Montsouris, édifié l'Opéra, le palais du Trocadéro, reconstruit l'Hôtel de Ville, l'Ecole de médecine, la Sorbonne, l'Hôtel des Postes, l'Opéra-Comique, agrandi l'Ecole de droit, bâti surtout de nombreuses écoles et exécuté des travaux considérables d'assainissement. 
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Hôtel de Ville, à Paris (4e arrondissement).
L'Hôtel de Ville, à Paris. (© Photos : Serge Jodra, 2009).
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