| Otto Eduard Léopold, prince de Bismarck est né en 1815 à Schoenhausen (régence de Magdebourg, en Allemagne), et est mort en 1898 à Friedrichsruhe. C'était le quatrième des six enfants d'un capitaine de cavalerie. Il fit ses études à l'université de Göttingen. Après avoir été référendaire pendant deux ans, puis officier, il alla s'établir, en 1839, à Kniephof (Poméranie), et y mena la vie du gentilhomme campagnard. En 1846, il fut élu membre de la Diète de Prusse. Il s'y posa en ennemi violent de toute mesure libérale. En 1851, Bismarck devint ministre de Prusse à la Diète de Francfort, et conserva ce poste jusqu'en 1859. Il se fit remarquer par son hostilité profonde contre l'Autriche, et sut relever le prestige de la Prusse. Nommé, en 1859, ambassadeur à Saint-Pétersbourg, puis à Paris en 1862, Otto von Bismarck séduisit Napoléon III. Le 23 septembre 1862, il fut nommé ministre d'État et, un mois après, président du Conseil ( = chancelier) et ministre des affaires étrangères. A la Chambre, il soutint les théories les plus absolutistes. Pendant trois ans, la Chambre refusa de voter le budget. Le gouvernement n'en accomplit pas moins ses projets de réorganisation de l'armée. Dès lors, l'entente était complète entre le roi et le ministre sur les principes de gouvernement. A la mort du roi de Danemark, Frédéric VII (1863), la question de la succession des duchés de Slesvig-Holstein fut posée à la Diète de Francfort. Bismarck sut entraîner l'Autriche dans une guerre contre le Danemark, qui fut vaincu (1864). La convention de Gastein (1865) organisa une administration austro-prussienne du Slesvig et du Holstein; le Lauenbourg fut réuni à la Prusse. Bismarck reçut le titre «-de comte-» (16 septembre 1865). Résolu à chasser l'Autriche de l'Allemagne, il sut capter la confiance de Napoléon III et conquérir l'alliance de l'Italie. L'Autriche fut vaincue à Sadowa et sortit du corps germanique. Les duchés de l'Elbe, le Hanovre, la Hesse électorale, le Nassau furent annexés à la Prusse, autour de laquelle se forma la Confédération de l'Allemagne du Nord. Paralysée per sa désorganisation militaire, la France avait, en vain, réclamé le prix de sa neutralité. C'est tout au plus si le marquis de Moustier, ministre des affaires étrangères de France, put éviter la guerre que Bismarck voulait dès ce moment. Il l'eut un peu plus tard, grâce à l'attitude que le gouvernement français prit dans les négociations relatives à la candidature du prince Léopold de Hohenzollern au trône d'Espagne, et à la fabrication de la fausse « dépêche d'Ems » (1850). La guerre déclarée par la France en 1870 aboutit à une défaite humiliante de celle-ci l'année suivante. - Otto von Bismarck. Décidé à récolter tous les fruits de sa victoire, Bismarck mena les négociations avec les États du Sud de manière à rétablir l'empire allemand, proclamé, le 18 janvier 1871, dans la galerie des glaces du château de Versailles. Bismarck fut fait chancelier de l'Empire, puis prince (1871). Après le traité de Francfort (10 mai), la diplomatie du prince Bismarck tendit dès lors à maintenir l'isolement de la France. De 1871 à 1873, il rapprocha l'Allemagne de l'Autriche, de la Russie et de l'Italie. En 1875, le chancelier, inquiet du relèvement de la France, parut la menacer; l'attitude de la Russie et de l'Angleterre l'empêcha de poursuivre son projet. La guerre russo-turque (La Question d'Orient) et le congrès de Berlin amenèrent un refroidissement dans l'intimité de la Prusse et de la Russie. En 1883, la triple alliance se formait par l'union de l'Allemagne, de l'Autriche et de l'Italie. Encore en 1884, les trois empereurs paraissaient unis par la crainte de la révolution, et, par une sorte de contre-assurance, le chancelier se garantissait contre une attaque de la Russie. La conférence africaine (L'histoire du Congo) de Berlin (1884-1885) marquait une tendance de la France à se rapprocher de l'Allemagne, sur le terrain de la politique coloniale. Mais, d'un autre côté, l'incident Schnaebelé (1887), puis plusieurs autres, et la mesure vexatoire des passeports (1888), faillirent provoquer une rupture. La brutalité du chancelier rendait, d'ailleurs, singulièrement difficiles les relations de tous les gouvernements avec l'Allemagne. A l'intérieur, il fut moins heureux. Ses théories protectionnistes ne furent pas admises complètement par le Reichstag. De 1872 à 1878, il soutint centre l'Église catholique la guerre religieuse dite « du Kulturkampf »; il dut, de 1878 à 1883, rétracter toutes les mesures prises, et notamment les fameuses lois de mai. Contre les Alsaciens-Lorrains protestataires, et les Polonais qu'il chercha à germaniser, il n'eut pas non plus de succès durables. Les lois répressives votées contre les socialistes en 1880 et en 1884, n'empêchèrent pas les progrès de leurs idées. Après le court règne de Frédéric III (9 mars-15 juin 1888), la montée sur le trône d'Allemagne de Guillaume II paraissait devoir confirmer le pouvoir de Otto von Bismarck. Il n'en fut rien : celui-ci tenta vainement de s'opposer aux projets de législation sociale (4 février 1900). A propos de la conférence ouvrière qui venait de se réunir à Berlin, il donna sa démission. L'empereur s'empressa de l'accepter et le fit «-duc de Lauenburg-» et «-colonel général de cavalerie-». A partir de ce moment, ses relations avec l'empereur Guillaume II furent plusieurs fois tendues, et le prince chercha, plus d'une fois, à discréditer et à ridiculiser son souverain. Une réconciliation solennelle et apparente, en 1894, ne rétablit pas mieux la paix entre eux. (NLI). | |