| Le bois de Boulogne, situé à l'Ouest de Paris auquel il appartient, depuis qu'il a été détaché au milieu du XIXe siècle de la ville de Boulogne-sur-Seine (auj. Boulogne-Billancourt), dont il a conservé le nom, est le dernier reste de la forêt de Rouvray, qui s'étendait jadis sur les plaines et les coteaux de la rive droite de la Seine, jusqu'à Saint-Ouen. Cette forêt fut longtemps repaire de vagabonds et de voleurs, et dans lequel les anciens rois firent des chasses splendides. Appelé bois de Saint-Cloud après le démembrement de cette antique forêt, il reçut sa dénomination actuelle au XIVe siècle, avec le petit hameau de Menus-lez-Saint-Cloud, - lorsque des pèlerins y construisirent une église consacrée à Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer. - Le lac du bois de Boulogne. Un grand nombre de souvenirs historiques se rattachent à cet endroit : l'Abbaye de Longchamps (Longchamp), dont il ne reste que quelques ruines et deux tourelles des bâtiments fondés en 1256 par Isabelle de France, soeur de saint Louis; la Croix Catelan, élevée (d'après un récit d'allure légendaire) par Philippe le Bel à l'endroit où fut assassiné Arnauld de Catalan, troubadour provençal, messager de la comtesse de Provence; le château de Madrid, édifié par François Il, au retour de sa captivité en Espagne, démoli en 1793, et dont il ne reste que quelques communs; le pavillon de Bagatelle, construit par la duchesse de Charolais et transformé par le comte d'Artois en Folie dont le délicieux parc était à certains jours ouvert aux Parisiens; le château de la Muette, que la duchesse de Berry, Louis XV et la Dubarry ont rendu célèbre; enfin le Ranelagh, bal favori des Muscadins et des dames de la nouvelle Athènes. Cruellement dévasté par l'invasion qui mit fin à l'épopée napoléonienne, le bois de Boulogne n'en devint pas moins, en 1830, le rendez-vous des Parisiens élégants. Il ne méritait guère cet honneur : sa végétation pauvre, ses routes droites, mal entretenues et sans horizons en faisaient une promenade indigne de la capitale de la France. Par une loi du 25 juin 1852, l'Etat fut autorisé à céder le Bois de Boulogne à la ville de Paris, à la charge par elle d'y faire les travaux qui ont complètement changé sa physionomie en le transformant en un vaste parc paysager, et de subvenir à toutes les dépenses de surveillance et d'entretien. Les plans furent tracés, d'après les indications de l'Empereur lui-même, par Varé, architecte paysagiste, et achevés par Barillet-Deschamps, jardinier en chef. Alphand, ingénieur des ponts et chaussées, a dirigé les travaux d'art. Les dépenses faites par la ville se sont élevées à plus de 4 millions de francs. Cette métamorphose, entreprise dès 1853, commença par la création de deux lacs, dont le plus grand ne mesure pas moins de 19 hectares y compris les deux îles d'une superficie de 80 000 m². Avec les déblais provenant des fouilles, on forma la butte Mortemart d'où l'on découvre l'ensemble du Bois et de jolis points de vue sur les hauteurs qui dominent Paris. Pour donner un écoulement aux eaux du grand lac, on creusa le ruisseau de Longchamps, qui, après avoir serpenté sous bois, va former la cascade de la Mare aux biches et vient se perdre dans un réservoir de 8000 m², qui alimente la grande cascade. Un autre ruisseau alimenta les mares d'Armenonville, de Neuilly et de Madrid. L'approvisionnement d'eau des lacs, cascades et ruisseaux fut assuré par une conduite d'amenée des eaux de l'Ourcq et par le puits artésien de Passy, terminé en 1864, qui fournissait environ 10000 mètres cubes d'eau par vingt-quatre heures. Les eaux de la Seine, levées par les machines de Chaillot, servirent à l'arrosage des parties hautes du Bois. - La cascade du bois de Boulogne. Les travaux qui suivirent eurent pour objet de transformer la plupart des allées droites en routes sinueuses, empierrées pour les voitures, sablées pour les cavaliers, et en sentiers sous bois pour les piétons. De nos jours, ces allées sont envahies par des foules de cyclistes chaque dimanche. Enfin après avoir créé de vastes pelouses autour des lacs, on planta en grands arbres et en arbustes de choix les îles du grand lac, les nouvelles entrées du Bois et les abords des routes principales. De plus, pour la commodité des promeneurs, la ville de Paris repoussa jusqu'aux extrémités du Bois les portes d'octroi. Dans ce renouvellement de la plus ancienne et de la plus fréquentée des grandes promenades de Paris, on a scrupuleusement respecté les souvenirs historiques qu'elle renferme : la croix Catelan, la tour et le moulin de Lonchamps qui furent restaurés avec soin. De gracieuses constructions furent élevées pour orner les différentes parties du Bois et l'on remarque l'heureux effet du kiosque et de l'exèdre des îles du grand lac, les pavillons d'habitation des gardes, les chalets-restaurants et le Pavillon chinois de l'Exposition universelle de 1878, donné par le maréchal de Mac-Mahon à la ville de Paris. Divers concessionnaires ont encore augmenté l'attrait du bois de Boulogne par la création de l'hippodrome de Longchamp (1854), pour les courses plates et de l'hippodrome l'Auteuil (1873), pour les courses d'obstacles. Le pré Catelan, autrefois exploité par une entreprise particulière, devint, avec son joli parc et ses élégantes constructions, un des endroits les plus goûtés du public. Les promeneurs se portèrent également très tôt au Jardin (zoologique) d'acclimation créé de 1858 à 1861 dans la partie Nord du bois, entre la porte des Sablons et celle de Neuilly, et qui dispose aujourd'hui d'un vaste espace destiné aux enfants. La forme générale de ce jardin, parfaitement appropriée à sa destination qu'on lui faisait, est celle d'un vallon à pentes douces dont le centre est occupé par un petit cours d'eau qui, sur plusieurs points de son parcours, s'élargit en bassins et se perd dans un petit lac d'une forme gracieuse. Enfin, le Cercle des Patineurs, établi sur la pelouse de Madrid en 1865, afin de réunir tous les jeux du sport et présente un fort bel aspect quand la saison permet d'y donner les fêtes pour lesquelles il a été créé. La superficie du bois de Boulogne était, à l'époque de la cession, de 676 hectares, mais par suite d'acquisitions, d'échanges et de ventes de terrains, la surface a été portée au chiffre actuel de 873 hectares. | |