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Lorsque l'embryon
a acquis la forme générale de son espèce et tous les
organes qui constituent son corps, ceux-ci n'ayant plus qu'à grandir
dans la suite, il prend le nom de foetus (anatomie,
embryologie). Dans l'espèce humaine
l'embryon atteint son stade foetal vers la douzième semaine.
Le
foetus à partir de la 12e
semaine.
La tête et
le ventre forment un contraste, en raison de
leur volume, avec le reste du corps. La tête forme le tiers de la
longueur du corps et présente de vastes fontanelles
et de larges sutures. La face est fort peu développée
encore; cependant elle est déjà moins écrasée
qu'au deuxième mois de la vie intra-utérine. La peau
commence à acquérir ses caractères; elle cesse d'être
une membrane visqueuse et transparente pour
devenir rosée. Quoique mince encore, elle ne laisse plus apercevoir
les viscères au travers d'elle. Les yeux,
relativement très gros, sont fermés par les paupières
qui viennent de naître et s'agglutinent aussitôt l'une contre
l'autre. Les points lacrymaux sont visibles. Le
nez est à peine dégagé de la
face. Les lèvres ne sont pas encore renversées
et laissent voir entre elles un petit mamelon rougeâtre qui n'est
autre chose que la langue. Le menton
est déjà bien dessiné. La conque de l'oreille
n'est encore qu'ébauchée et à proprement parler il
n'y a pas encore de pavillon. L'anus est ouvert
et séparé des organes génitaux par un pont membraneux,
le périnée. Le sexe est dès
lors reconnaissable. Les membres supérieurs
sont relativement plus longs que les membres inférieurs. Les articulations
des doigts et des orteils
sont visibles, et les ongles commencent à
paraître. Le cordon s'insère un peu
au-dessus du pubis. Le duodénum
contient du méconium de couleur carton mâché.
Le caecum est placé en avant du rein
droit et n'a pas commencé sa descente. Le foie
est volumineux et remplit presque tout le ventre à lui seul. La
moelle épinière commence son mouvement ascensionnel, et l'écorce
du cerveau acquiert le pli sylvien. Les villosités
choriales ne persistent qu'en un point de la surface de l'oeuf
où elles prennent un grand développement et forment le placenta.
Les arcs neuraux se soudent dans la région
dorsale et l'on voit apparaître des points
d'ossification dans l'occipital,
le sphénoïde, le temporal, l'unguis,
les os propres du nez, le maxillaire
supérieur, l'ischion; l'épine de
l'omoplate s'élève. Les muscles
acquièrent peu à peu leurs caractères. A la douzième
semaine l'oeuf est gros comme un oeuf d'oie, et le foetus, long de 6 à
10 centimètres, pèse 60 à 80 grammes.
Le
foetus à la 16e
semaine.
Toutes les parties se perfectionnent.
La peau se couvre d'un duvet
soyeux (lanugo) et commence à se doubler de tissu adipeux. La tête
n'a plus que le quart de la longueur du corps; la face prend peu à
peu l'aspect qu'elle aura chez le nouveau-né. Les membres pelviens
commencent à devenir plus longs que les membres thoraciques,
et les ongles prennent une consistance cornée.
L'insertion du cordon s'éloigne de plus en plus du pubis. Les capsules
surrénales sont plus volumineuses que les reins.
Le méconium devient jaune verdâtre
et gagne le commencement du jéjunum. Il y a des points d'ossification
dans l'astragale, le sternum,
l'ethmoïde. Le foetus a de 12 à
20 centimètres et pèse de 125 à 200 grammes.
Le
foetus à la 20e.
Les formes générales se
dessinent de plus en plus; les cheveux sont plus
abondants et plus longs, et les cils et les sourcils
commencent à paraître. La peau est
toujours ridée; rougeâtre à la face, à la plante
des mains et des pieds, elle
commence à se recouvrir d'une matière blanchâtre, onctueuse,
que déversent à sa surface les glandes
sébacées qui viennent de naître. Le scrotum
a une coloration rouge vif; il est toujours vide. Les grandes lèvres
(Vulve),
très saillantes, sont écartées par le clitoris
toujours volumineux. Les fontanelles sont moins
larges et les sutures se rapprochent. La membrane
pupillaire existe toujours, les dents temporaires
s'ossifient, le côlon
commence à acquérir ses bosselures, et le vagin
et l'utérus se délimitent l'un de
l'autre. Les glandes génitales (ovaire
ou testicule) sont toujours dans la région
lombaire. Il y a des points d'ossification dans le calcanéum.
Le foetus mesure de 18 à 28 centimètres et son poids varie
en moyenne de 250 à 350 grammes.
Le
foetus à la 24e
semaine.
La peau s'épaissit
et acquiert de plus en plus ses caractères spécifiques. L'intestin
grêle s'est allongé et a de cinq à six fois la longueur
de la bouche à l'anus;
le caecum descend vers la fosse
iliaque droite et le méconium envahit le
gros intestin. Les testicules descendent vers
le canal inguinal. Le foetus mesure de 28 à
35 centimètres et son poids moyen varie de 400 à 700 grammes.
Le
foetus à la 28e
semaine.
La forme du corps et des organes se perfectionne.
La membrane pupillaire a disparu et les paupières
commencent à s'ouvrir. La longueur de l'intestin
grêle égale huit fois la distance de la boucheà
l'anus; les testiculessont
engagés dans l'anneau; parfois même ils ont gagné le
scrotum. L'insertion du cordon atteint presque
le centre du corps, à 2 ou 3 centimètres près. Un
point d'ossification apparaît dans
la dernière vertèbre du sacrum.
La longueur du foetus est de 35 à 38 centimètres et son poids
de 1200 à 1500 gramme.
Le
foetus de la 32e
semaine à la fin de la grossesse.
Dans les huitième, neuvième
et dixième mois lunaires, le foetus s'achève et acquiert
peu à peu les caractères qu'il présentera à
la naissance. Au huitième mois les ongles
arrivent à l'extrémité des doigts;
la longueur ordinaire est de 40 à 45 centimètres et le poids
de 2 à 3 kilogrammes. Au dixième mois lunaire (quarantième
semaine) enfin, il a en moyenne 50 centimètres de long et un poids
de 3 kilogrammes. Il est à remarquer que les variations des longueurs
et des poids sont extrêmement nombreuses; que la progression en longueur
est surtout accentuée pendant les six premiers mois; que le poids
qui quadruple du troisième au quatrième mois, triple du quatrième
au cinquième, et double ensuite dans les mois suivants jusqu'au
huitième pour augmenter encore de 600 grammes environ dans les deux
derniers mois.
Enfin, d'après les recherches de
Hecker, Matthews Duncan, Wernich, on peut dire que le poids des nouveau-nés
augmente avec l'âge de la mère jusqu'à vingt-neuf ans,
et leur longueur jusqu'à quarante-quatre ans; qu'en général,
tout produit d'une grossesse répétée dépasse
en poids et en longueur les précédents; que l'âge aussi
bien que le nombre des accouchements favorisent le développement
du foetus et de ses annexes; que les mères menstruées
très tard donnent le jour à des enfants moins gros que les
mères menstruées de bonne heure.
Si on cherche la composition chimique comparative
du foetus à terme et de l'adulte, on voit, d'après les recherches
de Fehling, que, tandis que les éléments constituants du
corps de l'adulte contiennent : eau, 58,5 %, et substances fixes (graisse,
albumines, etc.), 41,5 %, ceux du foetus renferment
: eau, 74,4 %, et substances fixes, 25,6 %. Le corps du foetus est donc
beaucoup plus riche en eau que celui de l'adulte, d'où la viscosité
et la mollesse de ses tissus et de ses organes.
Le
foetus à terme.
La grossesse se termine, ou arrive à
terme, généralement pendant la 41e
semaine (les nouveaux-nés sont dits prématurés si
l'accouchement à eu lieu avant la 37e
semaine). La peau est blanc rosé, généralement
recouverte du vernix caseosa (verni caséeux) et doublée
d'une épaisse couche graisseuse. La tête
est ovoïde; la face est peu développée dans sa partie
sous-frontale; le ventre
est proéminent et le cordon s'insère
un peu au-dessous de la longueur du corps. Les mamelles
du bébé contiennent souvent, et dans les deux sexes, un liquide
lactescent; le scrotum
renferme d'ordinaire les testicules, et les
ongles dépassent l'extrémité
des doigts, mais non pas celle des orteils.
Le foie est très volumineux et occupe la
plus grande partie de la cavité abdominale;
les poumons sont rouges, denses, appliqués
contre la colonne vertébrale. La longueur
de l'intestin grêle égale douze
fois la distance de la bouche à l'anus.
Le méconium, poisseux et d'un vert d'épinard,
occupe la fin du gros intestin.
La maturité du foetus n'a aucun
caractère pathognomonique, c'est-à-dire qu'elle n'est pas
définie par un élément unique. Pour affirmer qu'un
foetus est à terme, il faut se baser sur l'ensemble des caractères
que nous avons donnés, car même le point d'ossification
du centre de l'épiphyse inférieure
du fémur ne saurait à lui seul permettre
une telle diagnose. C'est ainsi que les recherches de Hecker et Hartmann
ont montré que si ce noyau osseux - d'un volume de 5 millimètres
de diamètre en moyenne chez le foetus de dix mois lunaires (280
jours, environ 9 mois calendaires) - existe le plus ordinairement, 102
enfants à terme ne le présentaient cependant que 90 fois,
et que d'autre part 40 foetus de huit mois l'ont présenté
2 fois, 62 de neuf mois, 16 fois, et 46 de dix mois, 27 fois.
Situation
et attitude du foetus dans la matrice.
On sait que le foetus est en attitude
accroupie dans l'utérus. Cette attitude
est en rapport avec l'adaptation du foetus à la cavité utérine.
Pendant les six premiers mois de la grossesse, la tête du foetus
occupe le fond de la matrice; dans les trois derniers mois, la tête
gagne le plus souvent le segment inférieur de l'utérus et
y séjourne, cela en vertu de l'accommodation du foetus à
son contenant (forme de l'utérus, pelotonnement du foetus, tonicité
et contraction de l'utérus, etc.). C'est pourquoi 95 fois sur 100
la présentation a lieu par la tête.
Nutrition
du foetus.
Dans l'organisme foetal il n'y a ni digestion
ni absorption alimentaires. C'est le placenta
qui est l'organe de la nutrition du foetus; c'est
à travers cet organe, par diffusion et endosmose, que se font les
échanges liquides et gazeux entre le sang
de la mère et celui du foetus. Aucune particule solide, aucun élément
figuré, à part quelques microbes, ne passe (Hoffmann et Langerhans,
Jassinsky, Fehling, CI. Bernard ,
Davaine, Brauell et Böllinger); seules traversent les substances solubles
dans les humeurs du corps (Benicke, Gusserov, Zweifel et Fehling, Max Runge)
et les gaz (Zweifel et Fehling). Le foetus se nourrit donc à la
façon d'un animal à qui on injecterait
les aliments directement dans le sang.
Respiration
du foetus.
Les anciens auteurs, avec Authenrieth,
Bichat,
Muller, Bischoff, Longet, etc., niaient la respiration
du foetus. Mais Zweifel, à l'aide de l'examen spectroscopique, a
péremptoirement établi l'hématose placentaire, que
Bohn et Hoboken les premiers avaient soupçonnée en remarquant
que la couleur du sang était différente
dans la veine que dans les artères ombilicales.
Le foetus absorbe donc de l'oxygène par l'intermédiaire du
placenta et se débarrasse de son acide
carbonique. Il puise l'oxygène dans les globules sanguins de la
mère comme ceux-ci le puisent dans l'air extérieur pendant
la respiration pulmonaire. Seulement l'hématose est très
faible chez le foetus, ce qui explique en grande partie sa résistance
à l'asphyxie.
Circulation
du foetus.
L'humain, comme les autres mammifères
placentaires, possède successivement trois circulations
dans le cours de son existence. La première est la circulation omphalo-mésentérique,
circulation embryo-vitelline ou de la vésicule
ombilicale; la seconde est la circulation placentaire qui diffère
de la circulation de l'adulte par l'existence du placenta et des vaisseaux
ombilicaux, par l'existence du trou de Botal, du
canal artériel de Botal
et du canal veineux d'Aranzi; la circulation définitive enfin s'établit
après la naissance par la suppression de la circulation placentaire
et l'établissement de la respiration pulmonaire qui aboutit à
l'oblitération du trou de Botal, du canal artériel et du
canal veineux.
Sécrétions
du foetus.
La peau du foetus sécréte
le vernis caséeux qui recouvre le nouveau-né; la muqueuse
intestinale sécrète du mucus qui,
mélangé à la sécrétion du foie
et du pancréas, fournit le méconium.
Les reins enfin sécrétent de l'urine.
Innervation
du foetus.
Le foetus est excitable; il exécute
spontanément des mouvements, et ces mouvements on peut les provoquer
par certaines manoeuvres extérieures. (Ch. Debierre). |
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