37.5°
N,14.0° E |
La Sicile,
Sicilia, Sicania, Trinacria, est la plus grande île
de la Méditerranée, à
la pointe de l'Italie ,
dont elle n'est séparée que par un étroit d'environ
30 kilomètres (le détroit de Messine). Elle a 300 km de l'Est
à I'Ouest sur une largeur qui varie de 50 à 190, et environ;
capitale : Palerme. Elle se divisait autrefois en trois parties (val di
Demona ,
val di Mazzara, val di Noto); elle est divisée aujourd'hui en sept
provinces (Palerme, Messine, Catane ,
Syracuse
ou Noto, Caltanietta, Girgenti, Trapani).
Cette île, remarquable par sa forme
triangulaire, est terminée à chaque angle par un promontoire
(les caps Paesaro, Faro, Boeo des Modernes, Pachynum, Pelorum, Lilybaeum
des Anciens), d'où son nom antique de Trinacria, qui veut
dire I'île aux trois caps. Le développement
de ses côtes atteint 1038 km; sa superficie
est de 25.461km² et de 25.740
km² avec les petites îles qui en dépendent.
Côtes et
îles.
Au point de vue physique et géologique,
la Sicile est étroitement liée aux régions voisines
de la Calabre ;
elle continue cette sorte de levée gigantesque que les Apennins
forment à travers la Méditerranée
et qui se continue sous la mer jusqu'en Tunisie.
Les côtes.
Les côtes
sont presque partout escarpées, sauf dans certains golfes
ou elles se trouvent aplaties; il s'en est détaché sur plusieurs
points de petites presqu'îles formées pour la plupart d'anciennes
îles volcaniques reliées à la terre ferme par le travail
des siècles. A la Punta del Faro commence le détroit
de Messine dont la largeur est de 3200 m à l'endroit le plus resserré;
et la profondeur d'environ 95 m.
A partir de la ville de ce nom, la côte,
bordée de très près par la voie ferrée, se
dirige rapidement, vers le Sud-Ouest, sans autre accident de terrain que
le cap Schiso; un peu après Taormina ,
elle est légèrement renflée par la masse énorme
de l'Etna, dont la base plonge directement dans la mer; au sommet de la
courbe qu'elle décrit se trouve la petite ville d'Aci Reale, à
l'extrémité, celle de Catane .
Elle devient ensuite sablonneuse et rectiligne,
en bordant le delta formé par les alluvions
du Lireto; à partir d'Agnone recommencent les accidents et les aspérités
de terrain; ce sont : d abord, la presqu'île qui se termine par le
cap Santa Croce, puis, un peu plus bas, celle qui abrite le beau port de
Syracuse ;
enfin, à l'extrémité Sud, le cap Pas saro; en face
de ce port et à 50 km à l'Est, le fond de la mer s'abaisse
assez rapidement pour que la sonde atteigne des profondeurs de 3650 m.
-
A partir du cap Passaro jusqu'au cap Boeo,
la côte court presque en ligne droite du Sud-Est au Nord-Ouest, sans
ports et presque sans accidents de terrain; elle baigne quelques bourgades
peu importantes (Terranova, Licata, Porto Empedocle, Sciacca); à
la punta di Granitola, elle se recourbe légèrement vers le
Nord et devient un instant marécageuse avant d'arriver au cap Boeo
et à la petite ville de Marsala; elle se dirige ensuite vers le
Nord pour atteindre le beau mouillage de Trapani; un peu après cette
ville, elle se recourbe encore avant le cap San Vito; elle redeviendra
désormais montagneuse, entre ce point et le détroit de Messine.
Elle forme d'abord, entre le cap San Vito et la punta dell Uomo Morto,
l'admirable golfe semi-circulaire de Castellamare; après le cap
del Gallo, elle descend au Sud jusqu'au port de Palerme, excellent dans
l'Antiquité ,
ensablé depuis ce temps; elle se creuse ensuite en une légère
concavité au fond de laquelle se trouve la petite ville de Termini
Imerese, va presque en ligne droite de Cefalu au cap Orlando, se creuse
encore une fois après le cap Calavà et, après le promontoire
de Milazzo, aboutit à la Ponta del Faro.
On peut considérer comme des dépendances
de la Sicile à l'Ouest, les îles Aegades, qui y sont rattachées
par un plateau sous-marin; au Nord, les îles
Lipari ou Eoliennes
(8 grandes et 10 petites), formées par un épisode volcanique;
au Sud, l'île de Pantellaria et les
îles Pélagiques ou Isole Pelagie (Lampedusa).
Orographie.
Au point de vue orographique, on peut
distinguer en Sicile deux régions bien distinctes :
1° une énorme masse
volcanique, celle de l'Etna, située à l'Est de l'île;
2° un plateau
accidenté, plus élevé au Nord qu'au Sud, et sur les
bords qu'au centre, atteignant une hauteur moyenne de 600 à 700
m.
L'Etna.
L'Etna est la plus haute montagne
de la Sicile (3313 m) et le plus grand volcan
de l'Europe; il est presque toujours couvert de
neige et constitue un monde à part, distinct
du reste de la Sicile. Les pentes de l'Etna, prolongées par des
coulées de lave, sont fort douces et diminuent assez régulièrement
vers la base; on s'étonne à la vue des profils qui constatent
combien faible est la déclivité générale de
la montagne, d'aspect si superbe pourtant. Aussi, pour atteindre à
sa hauteur verticale de plus de 3 km, l'Etna doit s'étaler sur une
surface énorme il occupe un territoire d'environ 1200 km²,
et, sans compter les sinuosités du pourtour, le développement
total de la base est d'environ 140 km. Tout cet espace est parfaitement
limité par les vallées de l'Alcantara et du Simeto : seulement,
un col de 860 m d'altitude rattache au Nord-Ouest le massif de l'Etna au
système montagneux de la Sicile. Sur le versant de l'Etna tourné
du côté de la mer Ionienne,
un vide énorme, d'environ 32 km² de superficie et d'un millier
de mètres de profondeur, interrompt la régularité
de ses pentes : c'est le val del Bove.
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Le
grand volcan de la Sicile : l'Etna.
Le
plateau.
En dehors de l'Etna, les principales hauteurs
sont au Nord, où la mer est longée par une chaîne qu'on
peut regarder comme le prolongement de celle des Apennins.
Cette chaîne, formée de roches primitives
et cristallines, revêtues sur leurs flancs de calcaires
et de marbres, prend successivement les noms de
monts Pelorides et de monts Nebrodes; elle atteint, au massif de la Madonia,
des hauteurs de 1975 m (pizzo dell' Antenna) et de 1910 m (mont S. Salvatore);
elle est brusquement coupée près de Polizzi par la dépression
que forment les vallées symétriques du fiume Grande et du
fiume Salso. Elle se continue néanmoins, sous une forme moins régulière,
jusqu'à l'extrémité de l'île,
détache dans les flots des promontoires boisés et se relève
pour former, au-dessus de Trapani, le massif calcaire de San Giuliano (I'Eryx
des Anciens), presque isolé et haut de 751 m.
De cette chaîne principale se détachent
vers le Sud. diverses ramifications montagneuses qui couvrent le reste
de l'île. La plus longue s'en éloigne près de Castrogiovanni;
se dirige obliquement vers le Sud-Est, forme ainsi la ligne de faite entre
le versant de la mer d'Ionie et celui de la mer d'Afrique et atteint au
sommet le plus élevé, au Monte-Lauro, 985 m : formée
de couches cénozoïques et de couches
volcaniques reconnaissables à leur nuance plus foncée, elle
est profondément creusée et découpée par des
vallées d'érosion. Une autre branche se détache près
des monts de la Madonia, atteint 1576 m. au mont Cammarata, se termine
près de Girgenti; une troisième enfin va près de Marsala
former le cap Boeo. Presque toutes sont le résultat de formations
cénozoïques, que révèle la présence de
grands gisements de marne, d'argile,
de gypse ou de sel gemme. C'est d'ailleurs en Sicile que ces formations
atteignent leur plus grande hauteur, ainsi que le montre l'énorme
bloc sur lequel se trouve Castrogiovanni (997 m).
Régime
des eaux.
On constate dans l'hydrographie de la
Sicile la même variété et les mêmes différences
que dans son orographie. Le versant de la mer
Tyrrhénienne, étant très abrupt et formé
par des terrains de formation primitive, n'est arrosé que par des
torrents ou fiumare, dont le cours est très restreint et le régime
très inégal : certains d'entre eux, dont le lit a plus de
1 km à l'embouchure, ne sont représentés pendant la
moitié de l'année que par un mince filet d'eau. Les principaux
sont le fiume Ficara, le fiume dell'Amendola, qui aboutit à Termini
lmerese, le fiume Torto, le fiume Grande et le fiume Pollina. Sur le versant
de la mer Ionienne, les seules rivières
notables sont l'Alcantara, qui contourne au Nord, l'Etna, et le Simeto,
dont le cours de 116 km parcourt un bassin de 4389 km². Le Simeto
est grossi, sur sa droite, du Salso, du Dittaino (110 km) et de la Gurnalunga;
il prend alors le nom de Giaretta et arrose la riche plaine de Catane .
Sur le versant de la mer d'Afrique, les fleuves ont presque toujours beaucoup
d'eau dans leur cours inférieur, grâce à la présence
de nombreuses roches calcaires poreuses : aucun n'est pourtant navigable.
Les principaux sont : l'Erminio, le Diriilo, le second Salso, le plus long
cours d'eau de l'île (144 km, dans un bassin de 1980 km²) qui
débouche à Licata; le Platani (110 km) et le Belice. La configuration
de la Sicile ne se prêtait guère à la formation de
lacs ou de marais : les
plus considérables sont le lac de Lentini dans la province de Syracuse
(119 km² 14 300 m de périmètre), le lac de Pergusa dans
celle de Caltanisetta (5500 m de périmètre), et le lac du
Palici près de Catane.
Climat.
La Sicile jouit d'un climat analogue,
à bien des égards, à celui de la Grèce.
La saison des pluies
dure de novembre à mars, avec quelque interruption en janvier. Elle
est caractérisée par l'action d'un courant
marin Ouest-Sud-Ouest qui amène de fortes précipitations
et par un abaissement de température qui pourtant ne descend jamais
jusqu'à la gelée, sauf le matin.
En avril et en mai surviennent de violents orages, qui développent
la végétation. Les mois les plus
chauds sont juillet et août, mais ils ne dépassent pas la
moyenne de l'Italie méridionale; à
ce moment, le vent Ouest-Sud-Ouest. alterne avec le vent du Nord-Est et
surtout avec le vent Est-Sud-Est ou sirocco. Le
sirocco, qui vient du Sahara, est un des désagréments
du climat de la Sicile, bien qu'il ne souffle jamais plus de trois jours
de suite.
A Palerme où il est particulièrement
pénible, il sévit en moyenne douze fois par an, tous les
mois, mais surtout en avril ou au moment d'un changement de saison : il
élève la température jusqu'à une moyenne de
37,56 °C et rend l'atmosphère lourde et irrespirable : il amène
en même temps une grande quantité de poussière rougeâtre
qui recouvre le sol. En automne, recommencent les
premiers orages. Le climat sicilien varie légèrement selon
la position et l'orientation des localités. A Palerme. la température
moyenne annuelle est de 17,3°C, celle du mois le plus chaud (août)
de 26,12 °C, celle du mois le plus froid (janvier) de 11° C, de
sorte que la différence se chiffre par 15,12 °C. La chute moyenne
annuelle de pluie ne dépasse pas 720 mm., et le nombre des jours
pluvieux 112. Catane
est plus froid en hiver et plus chaud en été.
Messine et Syracuse
sont trop exposés au vent pour avoir des
températures égales; enfin pendant l'hiver, c'est Caltanisetta
qui donne les moyennes les plus basses (-5,8 °C pour décembre).
En résumé, l'été n'est
pas plus chaud, et l'hiver est plus doux en Sicile une dans les autres
régions de l'Italie péninsulaire.
(A. P.). |
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