II est des espèces végétales,
dites endémiques, qui se rencontrent seulement dans des localités
restreintes, tandis que d'autres peuvent être regardées comme
cosmopolites ou sporadiques, c'est-à-dire habitantes
de contrées diverses.
Les botanistes ont nommé aire
d'une espèce l'étendue de pays où on la rencontre
croissant spontanément. Ils nomment plantes sociales celles que
l'on rencontre non pas isolées, mais réunies en grand nombre
sur un même point, comme si elles y formaient troupeau. Telles sont
les bruyères, les ajoncs, les roseaux, etc.
Certaines régions sont caractérisées
par la présence de genres ou même de familles qui y abondent
spécialement. Ainsi on peut dire qu'il existe une végétation
intertropicale, car dans cette zone du globe que limitent les deux tropiques,
se rencontrent la plupart des espèces de la famille des palmiers,
les pandanées, les dragonniers, les scitaminées, les bananiers,
les fougères arborescentes.
Plus de trente familles pourraient prendre
le titre d'intertropicales, tant leurs espèces sont propres à
la zone qui nous occupe; telles sont : les aroidées, les dioscoréacées,
les pipéracées, les laurinées, les myristicées,
les anonacées, les bombacées, les sterculiacées, les
byttnériacées, les ternstroemiacées, les guttifères,
les marcgraviacées, les méliacées, les anacardiacées,
les mélastomacées, les myrtacées, les cactées,
les myrsinées, les sapotées, les ébénacées,
les jasminées, les verbénacées, les acanthacées,
les gessnériacées, etc.
D'autres familles, comme les euphorbiacées,
les convolvulacées, les graminées,
les orchidées, les rubiacées, les mimosées, sans y
être exclusivement cantonnées, y sont représentées
par un plus grand nombre d'espèces que partout ailleurs, ou par
des genres à formes toutes spéciales. Enfin cette zone intertropicale
n'est pas absolument une, et l'étude de la population végétale
qu'elle nourrit en ses diverses parties permet d'y distinguer une zone
équatoriale (15° de latitude Nord à 15° de latitude
Sud) et deux zones tropicales placées au nord et au sud de celle-ci.
Ce sont ces plantes diverses qui, groupées diversement selon le
climat local, forment ces paysages d'un aspect tout particulier, que l'on
nomme les forets vierges des Guyanes et du bassin
de l'Amazone, les catingas, les campos du Brésil, les llanos de
l'Orénoque, les pampas du Paraguay.
Dans chacune des zones tempérées,
comprises dans chaque hémisphère entre le tropique et le
cercle polaire (Nord et Sud),
le règne végétal offre une telle diversité
de distribution, qu'il faut dès l'abord y considérer quatre
zones secondaires-:
1° zone juxtatropicale (du
tropique à 34° ou 36° de latitude);
2° la zone tempérée chaude
(de 36° à 46° de latitude);
3° la zone tempérée froide
(de 46° à 61° ou 62°);
4° la zone sub-arctique (de 62°
au cercle polaire).
La zone juxtatropicale voit encore croître
beaucoup d'espèces des groupes tropicaux qui viennent d'être
indiqués; les myrtacées, les mélastomacées,
les laurinées, les dioscoréacées, les protéacées,
les magnoliacées, y sont particulièrement nombreuses. A ces
végétaux se mêlent heureusement des plantes de régions
plus tempérées.
Quelques espèces intertropicales
se voient encore çà et là dans la zone tempérée
chaude; mais de nouvelles familles, de nouveaux genres la caractérisent
par leur développement. On peut citer les caryophyllées,
les Labiées, les Cistinées, les
Brassicacées, les genres cyprès,
pins, les chênes verts, les liéges, les platanes, les oliviers.
La zone tempérée froide est la patrie préférée
des sapins, mélèzes, chênes, coudriers, hêtres,
bouleaux, saules, aunes, châtaigniers, noyers; les Brassicacées,
les Ombellifères, les Malvacées,
les Rosacées, les Renonculacées,
les Légumineuses, les Composées,
les Cypéracées, des Graminées,
abondent dans les campagnes. Puis en approchant des latitudes 56°,
58°, 60°, peu à peu les espèces végétales
de ces groupes diminuent de nombre; le hêtre disparaît à
60°; le chêne à 61°; le sapin, le pin commun à
68° et 70°. L'aune vert, le bouleau commun vont un peu plus loin.
La région sub-arctique se distingue par sa végétation
peu élevée, ses saxifragées, ses gentianées.
Quant à la zone polaire ou glaciale,
elle a généralement une flore peu variée. Le bouleau
nain se cramponne aux terres glacées; les rhododendrons règnent
pour épanouir leurs belles fleurs pendant un été de
quelques jours et s'engourdir pendant des mois sous les frimas. Les lichens
forment le dernier voile que la nature vivante puisse jeter sur un sol
à jamais envahi autour du pale par les neiges et les glaces.
Les flores des montagnes
de toutes les contrées présentent en miniature la' succession
que l'on rencontre en s'avançant vers le pèle. Ainsi on peut,
sur les Alpes et les Pyrénées par exemple, retrouver aux
diverses hauteurs la végétation des diverses zones indiquées
ci-dessus, jusqu'aux neiges éternelles qui représentent la
région circumpolaire. C'est à ce point de vue que les voyages
botaniques du pied des Alpes à leur sommet offrent tant d'intérêt.
En général, le nombre absolu
des espèces végétales va en diminuant de l'équateur
vers les pôles. D'ailleurs, plus le relief d'une contrée est
accidenté, plus la flore locale est riche en espèces. Les
genres propres aux régions froides comptent généralement
moins d'espèces que les genres propres aux régions chaudes.
Le nombre absolu des espèces ligneuses va également en diminuant
de l'équateur vers les pôles; les plantes annuelles et bisannuelles
sont particulièrement nombreuses dans les zones tempérées.
D'après les calculs de A. de Humboldt,
dans la zone intertropicale les espèces de végétaux
phanérogames sont environ huit fois aussi nombreuses que les cryptogames;
dans les zones tempérées elles ne sont plus que deux fois
aussi nombreuses; enfin dans la zone glaciale le nombre des cryptogames
égale à peu près celui des phanérogames.