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Le
suicide
est l'action de se donner soi-même la mort. Le sujet est abordé indirectement
par Platon dans le Phédon. Socrate, sur
le point d'être exécuté, discute de la question de la mort, et, bien
que le suicide ne soit pas directement envisagé de front, il souligne
l'idée que la vie et la mort sont des réalités mystérieuses et que
la mort ne doit pas être crainte. Aristote,
dans son Éthique à Nicomaque, considère le suicide comme contraire
à la vertu. Il soutient que la personne vertueuse ne se tuerait pas, car
cela serait incompatible avec l'idée d'une vie conforme à la raison et
à la nature. Épicure a soutenu que la crainte
de la mort et du suicide était souvent basée sur des croyances irrationnelles
et que la mort elle-même ne constituait pas un mal. Cependant, il encourageait
à éviter le suicide pour préserver le plaisir de la vie. Sénèque
a abordé le sujet du suicide dans ses écrits, notamment dans la lettre
De
la brièveté de la vie. Il considère que le suicide peut être justifié
dans certaines circonstances, notamment lorsque la qualité de vie est
gravement compromise ou lorsque la liberté personnelle est menacée. Cicéron
a, lui, critiqué le suicide dans son traité Sur la divination.
Il considère le suicide comme un acte de lâcheté, affirmant que la vie
était un don divin qui ne devait pas être volontairement abandonné.
Pyrrhon
d'Élis a adopté une attitude plus nuancée. Il a souligné l'importance
du doute et a suggéré que la question du suicide devrait être examinée
avec prudence et modération.
La philosophie chrétienne
a longtemps étouffé la réflexion sur cette thématique. Il faut attendre
Schopenhauer,
qui aborde le concept de suicide, au travers de celui de la volonté de
vivre dans Le Monde comme volonté et comme représentation. Bien
que pessimiste quant à la nature humaine, Schopenhauer considère le suicide
comme un acte extrême pour échapper à la souffrance, mais il ne le recommande
pas comme solution. Søren Kierkegaard a,
pour sa part, discuté du désespoir dans son ouvrage
Le Concept de
l'angoisse. Le désespoir, dit-il, peut mener au suicide, mais il est
également possible de surmonter le désespoir par la foi. Kierkegaard
souligne la liberté de choix de l'individu dans la décision de vivre
ou de mourir.
Emile Durkheim a
étudié le suicide d'un point de vue sociologique dans Le Suicide.
Il a identifié quatre types de suicide : altruiste, égoïste, anomique
et fataliste. Durkheim a analysé comment les structures sociales, les
normes et les valeurs influent sur les taux de suicide au sein d'une société.
Sartre
a examiné le suicide à travers le prisme de la liberté
individuelle et de la responsabilité dans L'Existentialisme est un
humanisme. Pour Sartre, la liberté engendre la responsabilité, et
chaque acte, y compris le suicide, est un choix que l'individu fait en
toute liberté. Camus a réfléchi sur le suicide dans Le Mythe de Sisyphe.
Il aborde l'absurdité de la vie et la question du sens. Face à l'absurdité,
le suicide est une option, mais Camus propose également la révolte,
la création de son propre sens dans un monde apparemment dépourvu de
sens.
Enfin, le psychiatre
et philosophe Thomas Szasz a critiqué la façon dont la société considère
le suicide comme une pathologie mentale. Il a remis en question la médicalisation
du suicide, plaidant pour une approche plus centrée sur la liberté individuelle. |
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