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Jérusalem |
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Jérusalem ancienneYeroushalèm ou Yeroushalaim, selon la prononciation emphatique qui a prévalu dans l'usage juif, en grec Ierosoluma ou Soluma, paraît signifier Possession de paix, ou préférablement Fondation, habitation de paix. Il semble donc que ce soit une sorte d'épithète, de désignation honorifique et flatteuse qui ait été substituée par les Israélites à l'ancien nom indigène Jébus. On serait tenté d'imaginer que David, quand il s'empara de la petite place fortifiée restée jusqu'à son temps aux mains des Chananéens et après qu'il l'eût transformée par ses constructions et ses travaux de défense, ait jugé à propos de changer son nom. Cependant on a cru retrouver le nom de Jérusalem dans les inscriptions de Tell-Amarna, ce qui engagerait à le considérer comme antérieur à l'époque de David, contrairement à l'impression qui se dégage des textes bibliques. Ceux-ci, en effet, affirment categoriquement que, antérieurement à l'établissemant de la royauté en Israël, Jébus, qui fut plus tard Jérusalem, était une localité exclusivement occupée par la population indigène. Dans l'histoire du lévite de Gabaa (Juges, XIX), on lit que les voyageurs ne voulurent pas demander l'hospitalité à la « ville des Jébuséens, ville d'étrangers où il n'y a point d'enfants d'Israël ». Tout ce qu'on rapporte sur une conquête totale ou partielle de Jébus-Jérusalem antérieurement à David est sujet à contestation. C'est David qui, après avoir vu son pouvoir accepté par la totalité des tribus d'Israël, s'empare par une vive attaque de la cité occupée par les Jébuséens et notamment de son château ou de sa citadelle dénommée forteresse de Sion (2e moitié du XIe siècle avant notre ère).Quel était son dessein? Se débarrasser d'un voisinage gênant, utiliser à son profit une position stratégique d'une importance exceptionnelle, donner pour capitale aux Israélites une ville qui fût moins méridionale que la cité d'Hébron, où il résidait depuis quelques années, sans adopter pour centre la vieille cité de Sichem, située en plein pays éphraïmite, - il est difficile de le décider à une si grande distance des événements. On se figurera volontiers la vieille forteresse de Jébus ou Sion comme située sur les pentes abruptes de la colline dite Ophel, dominant à l'Est le profond ravin du Cédron et à l'Ouest celui du Tyropéon. Au Nord-Ouest de l'enceinte, c.-à-d. dans la partie où les communications avec l'extérieur étaient le plus aisées, un ouvrage fortifié, nommé Millo, commandait la principale route d'accès par où l'on entrait en relations avec Hélicon et la Philistie. Désormais l'on désigne indifféremment la nouvelle capitale par les noms de montagne de Sion ou de cité de David; elle occupait, autant qu'on peut le supposer, la région où se trouve aujourd'hui la mosquée El-Aqsa, au Sud de l'emplacement ou se dresse la le Dôme du Rocher, improprement appelée mosquée d'Omar. La vieille localité chananéenne ne tarda pas à subir une transformation complète par les soins de David, mais surtout de son fils et successeur Salomon. Des monuments religieux, des palais, des constructions civiles et militaires s'élevèrent de différents côtés. David avait installé le culte de Yahveh dans une tente, située à proximité de sa propre demeure; Salomon fit le choix d'un terrain situé au Nord dans la partie où le haut plateau s'abaisse en pente presque insensible et y éleva le Temple, si l'on en croit la Bible, au souvenir duquel son nom reste attaché. Avec le temps cette création s'entoura d'un cycle de traditions destinées à la rehausser. L'emplacement choisi par Salomon pour ériger un édifice religieux faisant figure, avait été désigné à David par la divinité lors d'une calamité nationale (aire du Jebuséen Ornan); il n'était pas autre, d'ailleurs, que la montagne où Abraham s'était montré prêt à immoler son propre fils Isaac; enfin, le coffret divin qu'on y vénérait et que David avait le premier introduit à Jérusalem, n'était autre que l' « arche sainte », que la Bible dit fabriquée au désert du Sinaï par les soins de Moïse et miraculeusement recouvrée sur les Philistins. Par suite de l'extension de la ville de Jérusalem dans la direction du Nord où se trouvaient les emplacements propres à bâtir, par l'annexion de toute la portion méridionale d'Ophel, la capitale de la Judée se trouva occuper, sur une longueur de 1000 à 1200 m du Nord au Sud et sur une largeur qui pouvait varier de 2 à 500 m, la colline qui borne la vallée du Cédron à l'Ouest, celle-là même où se trouve aujourd'hui l'Esplanade du Temple ou des Mosquées (Haram ech-Chérif). Il semble résulter, en effet, des fouilles, que Jérusalem commença par occuper la colline orientale qui fait face au mont des Oliviers et non la colline occidentale, qui fait face à la direction de Jaffa. Sur la carte moderne la côté oriental de la Jérusalem ancienne est délimité par une ligne irrégulière, sensiblement orientée du Nord au Sud et courant le long de la vallée du Cédron, du Birket Israïn ou de la porte de Josaphat (porte Saint-Étienne, bâb Sitti-Maryam) à l'étang de Siloé; le côté occidental suit la vallée du Tyropeon à partir d'un point situé aux environs de l'angle Nord-Ouest de l'actuelle Esplanade, et épouse à peu près les sinuosités du ravin qu'il commande pour rejoindre par une ligne oblique l'étang de Siloé. Le coté Nord est fermé par une muraille courant de l'Ouest à l'Est (sensiblement le mur septentrional de l'Esplanade). Nous obtenons ainsi une sorte de triangle; en le parcourant par la pensée du Sud au Nord, on rencontre d'abord des jardins, des grottes taillées dans le rocher dont l'une était affectée aux tombes royales, une série d'habitations, les palais de la famille royale, enfin le Temple. En dehors de cette enceinte, les habitations privées devaient se multiplier à l'Ouest sur les pentes du Tyropéon et de là envahir la colline occidentale. Il faut, pour se représenter quelque chose de cette situation antique, faire abstraction des circonstances qui ont sensiblement modifié le relief du terrain, travaux de soutènement qui ont abouti à l'installation définitive du Haram ech-Chérif, accumulation de débris dans le Tyropéon. Contrairement aux vues parfois adoptées, nous ne considérons nullement comme démontré que la Jérusalem antérieure à l'exil ou même a la domination des Machabées, ait compris les deux collines que sépare le Tyropéon; nous préférons la restreindre à la colline orientale, sans contester l'existence de faubourgs qui, selon les circonstances, prenaient une plus où moins grande extension. La vérité est que, en dehors des indications contenues au Livre de Néhémie, les données relatives à la Jérusalem ancienne sont de la plus extrême insuffisance. Nous nous arrêterons donc quelque peu aux renseignements fournis par l'écrit de ce nom. La ville selon Jérémie. Le chapitre III du Livre de Néhémie énumère les différentes équipes qui prirent part à la reconstruction des murailles et les emplacements qui leur furent assignés. Nous rencontrons d'abord la porte des Brebis (située, autant qu'il paraît, au Nord de la ville, à peu de distance de la porte actuelle de Josaphat et par laquelle affluaient les troupeaux de menu bétail du Galaad); à l'Ouest de celle-ci, les deux tours de Méa et de Hananéel qui devaient commander la route de Sichem et couvraient le temple et la ville contre les agressions venues du Nord; cette fortification protégeait la porte des Poissons, par laquelle les Tyriens et Sidoniens alimentaient la ville des produits de leur pêche. A peu de distance à l'Ouest trouvent les portes de Benjamin ou Vieille Porte et celle d'Ephraïm. Ainsi étaient établies les communications de Jérusalem avec la montagne éphraïmite. On mentionne ensuite une portion de rempart dite Muraille large et la tour des Fours, puis la porte de la Vallée, la porte de l'Ordure située à mille coudées (environ 500 m) de la précédente et qui s'ouvrait au Sud, près de l'endroit où le gué Hinnom va rejoindre le ravin du Cédron. On indique à quelque distance, c.-à-d. à la pointe Sud-Est de la ville, la porte de la Source, le mur de l'étang de Siloé, près du jardin du roi, une portion de muraille voisine des sépulcres de David. Quelques données, dont il est difficile de définir absolument la portée, nous permettent de remonter au Nord jusqu'à la porte des Eaux, ainsi nommée sans doute parce qu'elle donnait accès à la grande source d'eau vive de Jérusalem, actuellement fontaine de la Vierge, puis à la porte des Chevaux, enfin à la porte de Miphkad (sens incertain); ces diverses ouvertures sont disposées dans la portion de la muraille qui court le long du ravin du Cédron. Jérusalem à l'époque hellénistique. L'oeuvre d'Hérode. Jérusalem sous l'ère chrétienneLa Jérusalem d'Hérode, après un siècle d'un éclat qu'elle n'avait jamais atteint, était tombée dans l'état le plus misérable. Une garnison romaine occupait l'ancien château (devenu par la suite El-Qalaah) et la population s'abritait tant bien que mal dans des demeures sommairement établies. Hadrien, en 135, à la suite de la révolte de Bar-Kokebah, rétablit la vieille cité sous le nom d'Aelia Capitolina. Sur l'emplacement de l'ancien sanctuaire juif se dressa un temple érigé en l'honneur de Jupiter Capitolin; les remparts furent relevés, mais sans qu'on se conformât au tracé ancien. On laissa en dehors de la ville toute la partie méridionale du mont occidental et la plus grande partie d'Ophel; on peut supposer que la ligne de murailles élevée par Agrippa et couvrant le front Nord-Ouest de la ville fut respectée, mais cette vue n'est pas universellement admise. La reconstruction de Jérusalem sur un plan absolument païen, en un temps où il n'y avait lieu de tenir compte des désirs ni de la population juive, d'ailleurs exclue, ni des chrétiens, très marginaux, fut assurément la circonstance la plus défavorable pour le maintien des caractères spéciaux à la métropole antique du judaïsme. Les débris des anciennes constructions durent être utilisés sans scrupule, et la meilleure chance de les interpréter utilement s'est trouvée de la sorte irrémédiablement perdue.On prétend qu'un temple de Vénus s'éleva en manière d'insulte sur l'emplacement du tombeau du Christ; mais il faudrait, pour expliquer une décision de cette nature, que la dévotion relative aux grands faits du christianisme naissant eût, dès cette époque, désigné le lieu du supplice de Jésus, ce qui est douteux, comme il est douteux de penser que les Romains aient alors preté assez d'importance aux Chrétiens pour leur faire l'honneur d'une si couteuse offense. En revanche, avec l'empereur Constantin et sa mère Hélène, nous voyons se faire jour et se manifester de plus en plus nettement le désir de consacrer par des monuments le souvenir des événements religieux dont Jérusalem avait été le théâtre. La piété impériale s'attacha tout particulièrement aux lieux marqués par la mort de Jésus, et une basilique s'éleva sur l'emplacement présumé du Golgotha et de la grotte funéraire qui avait dû recevoir le corps du Crucifié. Dans quelles conditions fut faite cette désignation, il n'est pas possible de le dire. Beaucoup de spécialistes estiment qu'il est assez difficile de considérer le Golgotha traditionnel comme n'ayant pas été compris dans l'enceinte de Jérusalem à l'époque d'Hérode et de Ponce-Pilate; d'autres ont un avis contraire. Il n'est, d'autre part, pas grand besoin de relever combien est peu vraisemblable l'accumulation de tant de souvenirs dans un aussi étroit espace; il n'est pas à présumer qu'on plaçât des tombes d'un certain apparat à proximité immédiate du lieu des exécutions publiques, et la présence simultanée du Calvaire et du Saint-Sépulcre dans un seul et même bâtiment, à quelques mètres de distance, parait difficile à accepter. Toutefois, on a fait remarquer l'existence, à quelques pas de l'édicule considéré comme le tombeau du Christ, de quelques loges ou cavités funéraires, creusées dans le rocher et qui indiquent que l'endroit a reçu des corps à une époque ancienne; c'est ce qu'on appelle le tombeau de Joseph d'Arimathie. Mais il faudrait déterminer si ces " fours" funéraires sont antérieurs à l'époque de Jésus, contemporains de son supplice, ou bien ne seraient pas de l'époque qui a suivi la destruction de Jérusalem par Titus, et, des quartiers entiers devinrent déserts et furent rendus à la culture ou laissés à l'état sauvage. Il nous paraît fort probable que le Golgotha de la tradition était compris dans l'enceinte de Jérusalem au temps de Ponce-Pilate, mais qu'il en fut exclu quand Hadrien releva les murailles. A ce moment-là, il ne subsistait en fait de constructions visibles que l'ensemble de l'Esplanade actuelle et le château d'Hérode (porte de Jaffa); la pointe Nord-Ouest de la première fut reliée au second par un mur courant dans une direction oblique et ne comprenant pas le Golgotha. Au temps d'Hélène, alors que trois siècles avaient passé sur les événements, on désigna à la piété impériale une légère extumescence rocheuse, située hors de la ville actuelle et que les accroissements ultérieurs de la population y firent comprendre de nouveau quelques siècles plus tard. Quant à l'intention malveillante dont aurait usé Hadrien en érigeant un sanctuaire à Vénus sur l'emplacement du tombeau du Christ, nous avons dit qu'elle était de peu de crédibilité. Avec Constantin commence l'intérêt du monde chrétien pour Jérusalem, considérée comme berceau de la nouvelle religion. Nous renonçons à décrire quelles péripéties la ville a traversées jusqu'à nos jours et dont l'indication la plus sommaire nous entraînerait à de trop longs développements. Il est cependant essentiel de remarquer que la domination des croisés (Le Royaume latin de Jérusalem), d'une part, celle des musulmans de l'autre (Dôme du Rocher construit sous le calife Abd el-Malek, vers 690, Mosquée al-Aqsa construite sous les Ommayades en 715, Muraille de Saladin, etc.), assurèrent, au moins à la vieille ville, la physionomie qu'elle a gardée jusqu'à notre époque. La nouvelle ville, qui s'est surtout développée à l'Ouest de la précédente après la formation de l'Etat d'Israël (1948), à l'exception de quelques quartiers, qui datent de la seconde moitié du XIXe siècle (Mishkenot Sha'ananim, Yemin Moshe, Mea Shearim), a l'aspect d'une ville moderne. |
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