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Néhémie
est un personnage de la Bible,
qui joue un rôle essentiel dans la restauration du judaïsme
après la captivité de Babylone.
De premiers essais de réorganisation, auxquels se rattachent les
noms de Zorobabel et des prophètes Aggée et Zacharie, n'avaient
donné que de médiocres résultats. Vers le milieu du
Ve siècle, un docteur du nom d'Esdras
est autorisé par le roi de Perse,
Artaxerxès,
à se rendre en Judée pour remettre l'ordre dans les services
du culte; il semble que, au prix de grands efforts, il soit arrivé
à assurer l'observation régulière de la loi dite de
Moïse. C'est alors qu'intervient un haut
fonctionnaire de la cour de Suse, d'origine
juive, Néhémie, fils de Hakalia. Dans la vingtième
année du règne d'Artaxerxès
Longue-Main, soit en 446 av. J-C., ce personnage, apprenant que la
situation de ses compatriotes, rentrés en Palestine, laisse singulièrement
à désirer, que la sécurité matérielle
elle-mëme ne leur est pas garantie, obtient l'autorisation de se rendre
en Judée pour porter, avec l'appui de son souverain, remède
à cet état de choses.
Cependant, dès son arrivée,
il se trouve en présence de prétentions contradictoires,
qui gênent son action. En dépit de toutes les difficultés,
Néhémie vient à bout de ce qu'il considérait
comme le premier point de son programme de réorganisation : il dote
Jérusalem
d'une enceinte sans lacunes, qui la met à l'abri des déprédations
et des menaces du dehors. D'après d'autres textes, Néhémie
aurait occupé et exercé régulièrement pendant
douze années les fonctions de gouverneur de Judée sous la
suzeraineté perse. Il se serait appliqué principalement à
améliorer le sort de la classe indigente, pressurée par un
petit groupe de propriétaires cupides. Enfin, on nous rapporte que
Néhémie, après avoir rejoint son poste à Suse,
aurait sollicité un second congé. L'intervalle qui sépare
cette seconde mission de la première n'est pas indiqué. Dans
cette nouvelle phase, Néhémie parait se préoccuper
spécialement de la rigoureuse exécution de la loi dite de
Moïse;
il exige sévèrement la ponctuelle délivrance des redevances
dues au Temple, tient la main à ce que le sabbat soit observé
sans aucune concession aux habitudes ou aux convenances, prend des mesures
racistes en interdisant catégoriquement les unions entre les juifs
et l'élément étranger qui, à la faveur des
circonstances, se trouvait mêlé à la vie quotidienne
des descendants d'Abraham.
Pour compléter la physionomie de
ce personnage, il faudrait se rendre un compte exact de sa relation avec
le prêtre-scribe Esdras, ce qui est rendu fort difficile par la confusion
et l'insuffisance de nos sources. Ne conviendrait-il pas, d'autre part,
de rajeunir la personne de Néhémie en le plaçant non
sous Artaxerxès Longue-Main, selon
l'opinion généralement adoptée, mais sous Artaxerxès
Mnémon, c.-à-d. dans la première moitié du
IVe siècle avant notre ère,
comme quelques-uns l'ont proposé? Une nouvelle complication a surgi
dans ces derniers temps. Tandis que l'on estimait unanimement, en conformité
des livres bibliques d'Esdras
et de Néhémie, que Néhémie n'avait fait
que poursuivre et compléter l'oeuvre commencée par Esdras,
quelques exégètes out proposé de considérer
les textes bibliques courue ayant subi toi accident singulier, qui aurait
brouillé l'ordre de ces deux personnages : Néhémie
viendrait alors en premier. Cette hypothèse semble difficilement
acceptable, mais elle est l'indice de l'extrême difficulté
ou nous sommes de rétablir le fil conducteur des aventures et des
destinées tant d'Esdras et de Néhémie, envisagés
en particulier, que de l'action combinée qu'ils ont pu exercer.
(Maurice
Vernes).. |
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