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Omar

Omar est le deuxième des califes successeurs de Mohammed, né vers 592, mort en 644. Par son énergie, la sincérité de sa foi, la pureté de ses moeurs, il joua un rôlle important pendant les années de la vie du prophète, postérieures à l'hégire. Abou Bakr, pendant sa dernière maladie, s'était fait remplacer par Omar, dans la direction de la prière. Désigné par là au choix des musulmans, Omar reçut le serment d'obéissance à Médine, le jour même où mourut le premier calife (634). Ce rude croyant pratiqua sans relâche la guerre sainte contre les peuples infidèles voisins de l'Arabie. Sous son règne furent conquis les pays qui plus tard formèrent les plus belles provinces de l'empire des califes.

Damas venait d'être emportée d'assaut par les musulmans. Le premier acte d'Omar fut d'enlever à Khalid, qui s'était rendu coupable de cruautés et d'exactions, le commandement en chef des troupes. Ce fut Abou Obaïda qui reçut mission de continuer la conquête de la Syrie. Hamah, Laodicée, Emèse furent prises. Une armée grecque, renforcée par des contingents d'Arabes chrétiens de Ghassan, fut mise en déroute à Yarmouk, après un sanglant combat qui dura plusieurs jours. Abou Obaïda assiégea Jérusalem; au bout de quatre mois, la ville dut capituler. Le calife lui-même vint de Médine en Syrie pour recevoir des mains du patriarche Sophronius les clefs de la ville sainte. Pendant son séjour à Jérusalem, il jeta les fondements de la mosquée, qui aujourd'hui encore porte son nom. Alep, Antioche, Kinnasserin, tout le Nord de la Syrie, tombèrent par la suite au pouvoir des musulmans; et Abou Obaïda, opérant sa jonction avec Saad ibn Aby Ouakkas, général des troupes de l'Irak, put repousser victorieusement une nouvelle armée grecque, commandée par Constantin, fils d'Héraclius.

La politique de la guerre sainte, activement poussée par Omar, n'épargna pas plus que les Byzantins leurs vieux ennemis les Sassanides. Déjà, sous le califat d'Abou Bakr, les musulmans s'étaient emparés de l'Irak Arabi, et avaient jeté à terre la dynastie des rois de Hira, vassaux des Khosroës. Peu de temps après son avènement, Omar envoya contre les Perses une nouvelle armée, forte de 30 000 hommes, et commandée par Saad Ibn Abi Ouakkas. La première bataille livrée près de Kadesia dura trois jours, et se termina par la complète déroute des Perses (636). Le roi Yezdedjerd, abandonnant sa capitale Madaïn (l'ancienne Ctésiphon) aux mains des envahisseurs, se retira vers le Nord, à Holwan. Une deuxième victoire des Arabes, à Djaloula, l'obligea à gagner l'intérieur de la Perse. Tikrit, Maousil, Edesse se rendirent à Saad. L'armée musulmane occupa la Mésopotamie, l'Irak Arabi où Omar fit fonder les villes de Koufa et de Bassorah, et bientôt après la Susiane. Yezdedjerd tenta en vain de prolonger la résistance. Ses troupes, une dernière fois, furent vaincues à Nehawend. Ispahan, Reï, Hamadan reçurent des garnisons arabes, tandis que le malheureux monarque s'enfuyait au delà de l'Oxus chez les tribus turkmènes, et, s'il faut en croire les historiens musulmans, jusqu'en Chine.

Enfin, c'est sous le règne d'Omar que les musulmans pénétrèrent pour la première fois en Afrique; ils y commencèrent la série de leurs conquêtes en arrachant l'Égypte à la domination byzantine. Après de longues hésitations, le calife autorisa Amr ibn el-As, en 640, à envahir ce beau pays, à la tête d'une petite armée de 4000 hommes. L'année suivante la conquête était achevée. Pendant que ses généraux reculaient les limites de l'empire arabe, Omar, resté à Médine, en organisait l'administration. Il fut le premier à nommer des cadis, qui jugèrent par délégation des pouvoirs du calife. C'est lui qui fixa pour point de départ à l'ère mulsumane la date de l'hégire. Il institua enfin les divans ou rôles de l'armée, où furent relevés les noms de tous les musulmans. Chacun d'eux toucha désormais une somme dans la fixation de laquelle on tint compte des services personnels, de la date de la conversion, de la parenté avec le prophète. Les redevances imposées aux peuples vaincus fournissaient à ces pensions et à ces soldes. 

Tandis que les trésors de l'Égypte, de la Syrie et de la Perse affluaient à Médine, le calife lui-même conservait dans ses habitudes de vie la plus grande simplicité. Suivant les historiens musulmans, on le voyait parcourir les rues et les marchés de sa capitale, vêtu d'une robe rapiécée, et armé d'un bâton dont il corrigeait ceux qu'il trouvait en faute. Omar, si apparemment détaché pour lui-même des biens terrestres, montrait une avidité insatiable lorsqu'il s'agissait de grossir le haït-el-mal (trésor Public musulman). Il pressait sans cesse ses gouverneurs de faire rendre davantage aux taxes dont étaient frappés les non-musulmans des provinces soumises. Cette avidité fut la cause indirecte de sa mort. Le gouvernent de Koufa, Moghaïra, avait imposé à un artisan, d'origine persane, une redevance excessive. Cet artisan, nommé Abou Loulou Firouz, vint se plaindre au calife, mais fut repoussé par lui avec dureté. Il résolut de se venger de ce déni de justice, vint attendre le calife à la mosquée, et le frappa de trois coups de poignard pendant qu'il faisait sa prière. Omar ne voulut pas avant de mourir, quoiqu'on l'en pressât, désigner lui-même son successeur; mais il confia à dix des plus anciens compagnons le soin d'élire le nouveau calife. Il fut enterré à Médine auprès du prophète et d'Abou Bakr (644). (W. Marçais).

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Dictionnaire biographique
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