| Les bouleversements que la Révolution française produisit en Italie, l'esprit militaire et les idées de liberté qu'elle réveilla, les aspirations à l'unité politique qui en ont été la suite, eurent leur contre-coup dans la littérature. Dans la langue, le parti des Puristes eut une tendance prononcée à s'affranchir des locutions françaises, à remonter à la source nationale de Dante et des autres écrivains anciens. Dans la poésie, une lutte s'engagea entre les classiques, qui restaient fidèles à la tradition mythologique, et les romantiques, à qui la connaissance des littératures anglaise et allemande avaient ouvert des horizons nouveaux. Les puristes ont triomphé ; mais les états successifs d'oppression et de révolte, de découragement et de surexcitation politique par lesquels l'Italie a passé jusqu'à la fin du XIXe siècle, n'ont point laissé aux esprits assez de calme pour s'attacher fortement aux questions littéraires, et la querelle des classiques et des romantiques n'est pas encore décidée. A la tête des Puristes s'est placé Antonio Cesari, qui a poussé jusqu'à l'affectation sa prédilection pour la langue du XVIe siècle, et dont le système exclusif a été exagéré encore par Pellegrino Farini. Vincenzo Monti a été puriste et classique, mais avec plus de goût et d'esprit, ainsi que son gendre Giulio Perticari, profondément versé dans la connaissance des antiquités italiennes. Sans se mêler aux luttes politiques comme ces divers écrivains, Giuseppe Parini se fit, dans ses poésies, un style énergique et original. Ugo Foscolo écrivit des tragédies imitées de celles d'Alfieri; elles ont moins contribué à sa réputation que ses Ultime Lettere di Jacopo Ortis, imitation du Werther de Goethe, et ses travaux sur Dante, Pétrarque et Boccace. Les oeuvres dramatiques de Silvio Pellico, connu par le livre intitulé Mes prisons, celles de Maroncelli, de Luigi Scevola, de Cesare della Valle, de Francesco della Valle, de Cosenza, sont assez faibles. Niccolini s'est, au contraire, placé au premier rang des classiques; après avoir emprunté ses sujets à la mythologie et à l'Antiquité, il puisa plus tard, avec un égal bonheur, dans l'histoire du Moyen âge. Du côté des romantiques, il faut placer d'abord Alexandre Manzoni, qui dans deux tragédies, Il conte di Carmagnola et Adelchi, ouvrit des voies nouvelles à l'art dramatique italien. II eut pour imitateurs assez faibles Tebaldo Fores, Cristoforis, Rosini, Carlo Marenco, qui mirent à la scène les grands événements arrivés au Moyen âge dans leur patrie. D'autres postes donnèrent modestement le nom de drames à leurs tragédies : tels sont Giuseppe Revere, Antonio Gigliani, Felice Turatti, Ciacinto Battaglia, etc. Ses Drames historiques de Giovani Sabbatini sont moins des oeuvres dramatiques que des scènes historiques. Dans la comédie, Gherardo del Testa s'est fait une place honorable; Gherardo de Rossi est estimé par son style satirique et mordant; Albergati moralise d'après Voltaire et Goldoni; Avelloni s'est inspiré de Beaumarchais, comme Federici des Allemands; Alberto Nota excellait par le dessin des caractères, et le comte Giraud par la sensibilité. A la fin du XIXe siècle, les traductions des pièces françaises, spécialement de celles de Scribe, ont à peu près tout envahi. Felice Romani a eu des succès dans l'opéra. On ne trouve plus d'épopées, dans le sens antique attaché à ce mot, mais un assez grand nombre de récits épiques. Le plus important est celui de Tommaso Grossi, I Lombardi alla prima crociata, en 15 chants. Florio et Arici sont auteurs d'une sorte d'épopée romantique, la Destruction de Jérusalem. Silvio Pellico a publié des poésies sous le titre d'Antiche. Costa un poème sur la découverte de l'Amérique, Domenico Biorci la Pace d'Adrianopoli, Giovanni de Martino la Grecia rigenerata, ces deux derniers poèmes inspirés par l'affranchissement de la Grèce. Au nombre des poètes lyriques figurent Clem. Bondi, G. Fantoni A. Paradisi, Gher. de' Rossi. G. Meli, Monti, Silvio Pellico, Manzoni, le comte Leopardi, Luigi Carrer, Giovanni Berchet, Agostino Cagnoli, Giov. Prati, Giuseppe Giusti, Brofferio, Giov. Marchetti, etc. Un Florentin, Angolo d'Elci, a mérité par ses satires le surnom de Juvénal italien. Le roman a pris une extension considérable. Ici encore, Manzoni donna l'impulsion par ses Promessi sposi (les Fiancés), tableau brillant des moeurs et de l'histoire du XVIIe siècle dans le nord de l'Italie. Vinrent ensuite la Monaca di Monza et Luisa Strozzi par Rosini, l'Ettore Fieramosca, et le Niccolo de' Lappi par Massimo d'Azeglio, le Marco Visconti de Grossi. Varese, Bazzoni, Falconetti, Lanzetti, Guerazzi, Sacchi, Marocco, Zorzi, Vigna, le prince de Santa-Rosa, Battaglia, Ranieri etc., sont aussi des romanciers distingués. L'histoire est cultivée au XIXe siècle avec autant de soin que de succès. Parmi les recherches savantes, on doit mentionner en première ligne celles de Micali, l'Italie avant la domination romaine, et de Garzetti. Le plus remarquable ouvrage a été sans contredit l'Histoire universelle de Cesare Cantù, à qui l'on doit encore une Histoire des Italiens. Cesare Balbo, Luigi Rarti, Giuseppe Compagnoni et Antonio Coppi se sont également occupés de l'histoire générale de l'Italie. L'histoire spéciale des provinces et des villes a été aussi l'objet de nombreux travaux : nous citerons l'Histoire de Naples par Pagano, les Vêpres Siciliennes d'Amari, les Tables chronologiques de l'histoire de Florence par Reumont, l'Histoire de Toscane par Lorenzo Pignotti, l'Histoire de Milan par Pietro Custodi, l'Histoire de Pise par Bonaini, l'Histoire de Gênes par Carlo Varese et par Girolamo Serra, l'Histoire de la Sicile par Giuseppe Alessi, l'Histoire de la révolution de Naples par Cuoco, l'Histoire moderne de Naples par Collette, l'Histoire de la Sicile par Pietro Lanza, prince de Scordia, l'Histoire d'Italie par Carlo Botta, auteur également d'une Histoire de la guerre de l'indépendance des États-Unis d'Amérique. Le comte Pompeo Lille a publié les Familles célèbres d'Italie. L'histoire des beaux-arts a occupé Lanzi, Cicognara, Giuseppe Bossi; Fumigalli, Ferrario, Inghirami, Rosini et Visconti. (E. B.). | |