|
. |
|
Pierre-Augustin
Caron de Beaumarchais est un écrivain, auteur
dramatique, spéculateur, horloger et agent secret né
à Paris le 24 janvier 1732, mort dans
la même ville le 18 mai 1799. Sa famille, originaire de la Brie,
n'avait pas abjuré après la révocation de l'édit
de Nantes, mais son père, André-Charles Caron, se convertit
en 1721, et se maria l'année suivante, après s'être
fait recevoir maître horloger. De cette union naquirent dix enfants.
Pierre-Augustin fut le septième. Il montra de très bonne
heure un esprit vif, un caractère joyeux et un coeur aimant qui
le firent choyer de ses parents aussi bien que de ses soeurs aînées.
Pour une raison que l'on ignore, - tout simplement peut-être par
mesure d'économie -, Caron fit suivre à son fils les cours
d'une école située à Alfort et qui n'a pas laissé
d'autre trace dans l'histoire de l'enseignement; bien que Beaumarchais
se soit de temps à autre permis quelques citations'
latines, il est vraisemblable qu'il
ne reçut là qu'une instruction purement professionnelle,
car, au lieu de tourner ses ambitions vers le barreau ou la chicane, il
entra modestement comme apprenti chez son père. Il s'y distingua
bientôt assez pour inventer un échappement dont la découverte
lui fut contestée par Lepaute.
Un autre eût cédé sans doute aux revendications injustifiées de son tout-puissant confrère. Mieux avisé, le jeune Caron en appela, tout de suite à l'équité de l'Académie des sciences, excellent juge en pareille matière, et aussi, ce qui était alors une véritable nouveauté, à l'opinion publique; le Mercure de France tint ses lecteurs au courant de l'affaire et inséra tout au long un certificat formel délivré à Caron fils par Dortous de Mairan, Mignot de Montigny et J.-B. Le Roy. Cette première passe d'armes et l'habileté très réelle, parait-il, que le jeune horloger avait acquise dans son art, lui valurent l'accès de la cour. Il eut l'honneur de présenter au roi une montre dont, sur son ordre, il dut démontrer le mécanisme aux courtisans, et d'en construire pour Mme de Pompadour une autre « qui n'avait que quatre lignes de diamètre ». Toute son ambition se bornait encore à satisfaire aux commandes réitérées de la famille royale et à briguer le titre d'agrégé de la Société Royale de Londres (1754). Ce fut alors qu'il fit la connaissance de Mme Franquet, plus jeune de beaucoup que son mari, contrôleur de la bouche du roi et de l'extraordinaire des guerres. Bientôt M. Franquet céda ses charges au jeune homme qui prit d'un « très petit fief », dont la situation topographique n'a jamais été nettement déterminée, le nom de Beaumarchais; c'est désormais sous celui-ci qu'il fut connu. Quelques-mois plus tard, Franquet mourut, et sa veuve n'attendit pas l'expiration de l' « an du deuil » pour épouser son amant. Cette mort et ce mariage furent l'origine de calomnies atroces qui poursuivirent Beaumarchais toute sa vie et qui se renouvelèrent lorsque, moins d'un an après, sa jeune femme succomba aux atteintes d'une fièvre putride. La famille de celle-ci ne craignit pas d'user de telles armes pour disputer à Beaumarchais un héritage qui, en effet, lui fut enlevé. Il lui restait heureusement sa charge de
contrôleur de la maison du roi, l'amitié du financier Paris-Duverney,
et la protection de Mesdames, filles de Louis XV,
auxquelles il enseignait la harpe, et dont il dirigeait les concerts intimes;
faveurs qui lui avaient suscité de nombreux envieux, et qui amenèrent
même un duel, où il blessa mortellement son adversaire. L'affaire
ne s'ébruita pas, grâce à la générosité
de celui-ci et aux démarches des princesses près de leur
père. C'est également par elles qu'il obtint du roi une visite
à l'Ecole militaire, dont
Duverney , était le fondateur et l'intendant. En retour, le vieux
financier lui procura un intérêt élevé dans
diverses affaires, et lui avança 560,000
livres pour acquérir une charge de maître des eaux et forêts
qu'il ne put obtenir. Il se rabattit alors sur le titre de secrétaire
du roi et sur les fonctions de lieutenant général des chasses
au bailliage de la Varenne du Louvre. En 1764
il partit pour l'Espagne,
appelé à la fois par des affaires de famille (entre autres
la réparation éclatante des outrages du fameux José
Clavijo à l'une de ses soeurs), et par de vastes entreprises
commerciales et financières, telles que le défrichement de
la Sierra Morena, dont Duverney devait faire les fonds : il en fut pour
ses peines. Mais ce voyage d'Espagne eut sa part d'influence dans la conception
du type de Figaro
et des intrigues où, dix ans plus tard il devait par deux fois se
débattre.
Statue de Beaumarchais, à Paris (angle de la rue Saint-Antoine et de la rue des Tournelles). (© Photo : Serge. Jodra, 2009). A cette date Beaumarchais s'ignorait encore lui-même, et, tout imbu des doctrines dramatiques de Diderot, il s'essayait dans la tragédie bourgeoise dont le Fils naturel et le Père de famille étaient les prototypes. Eugénie, représentée au Théâtre-Français, le 29 janvier 1767, n'obtint qu'un succès très contesté, et Grimm ne se montra pas bon prophète en écrivant à sa clientèle royale et princière : « Cet homme ne fera jamais rien, même de médiocre. »La donnée, à laquelle l'affaire de Clavijo et de Marie-Louise Caron n'était certainement pas étrangère, ne laissait pas que d'être invraisemblable. Eugénie, fille d'un gentilhomme du pays de Galles, croit, avoir épousé lord Clarendon, mais, en réalité, le mariage a été consacré par un faux chapelain, et le séducteur se propose de convoler avec une riche héritière au moment où sa victime vient le poursuivre à Londres. La scène se passait d'abord en France, mais la censure exigea qu'elle fût transportée en Angleterre, ce qui la rendait un peu plus acceptable. Malgré de nombreuses lectures dans les salons et le talent de ses interprètes, Eugénie n'eut alors que dix représentations, et ses rares réapparitions ne lui ont jamais porté bonheur. Néanmoins la trouée était faite et Beaumarchais comptait désormais parmi les gens de lettres. En imprimant sa pièce, il la fit précéder d'un Essai sur le drame sérieux où il reprenait et développait les théories de Diderot. L'année suivante, Beaumarchais épousait
encore une riche veuve, Mme Lévesque, dont il eut un fils. Tout
en exploitant, de compte à demi avec Paris-Duverney, la forêt
de Chinon, d'où il écrivait
à sa femme des lettres empreintes
de ce vif sentiment du paysage que Rousseau
et Diderot semblaient avoir seuls éprouvé,
il faisait représenter un nouveau drame,
les Deux Amis ou la Négociant de Lyon (Théâtre-Français,
13 janvier 1770), dont la chute fut plus irrémédiable encore
que celle d'Eugénie.
Cependant, Beaumarchais avait écrit les paroles et la musique d'un opéra-comique intitulé le Barbier de Séville et, sur le refus de l'un des acteurs de la Comédie-Italienne auxquels il l'avait présenté, l'avait transformé en une comédie que le Théâtre-Français s'était empressé d'accepter. Les répétitions mêmes suivaient leur cours lorsque survint la querelle suscitée à Beaumarchais par le duc de Chaulnes. Celui-ci l'accusait de l'avoir supplanté auprès d'une ancienne maltresse, Mlle Ménard, et après l'avoir provoqué durant une des audiences de Beaumarchais comme lieutenant de la Varenne du Louvre, il engagea avec lui, dans sa maison de la rue de Condé, une lutte corps à corps dont le scandale fut tel que le duc de la Vrillière se vit obligé d'interner M. de Chaulnes à Vincennes pendant que Beaumarchais, d'abord laissé libre, était, par lettre de cachet, conduit au For-l'Evêque. La Blache en profita pour réclamer le jugement en appel qu'il sollicitait. Le rapporteur était ce fameux conseiller Goëzmann dont Beaumarchais ne put obtenir audience que moyennant deux cents louis partagés entre lui, sa femme et leurs intermédiaires et auxquels il dut ajouter quinze autres louis destinés, lui disait-on, au secrétaire de Goëzmann. On sait quel rôle joua cette dernière somme dans le procès que Goëzmann eut l'imprudence d'intenter à Beaumarchais, lorsque celui-ci, débouté par la grand-chambre et condamné à tous les dépens, eut obtenu la restitution de sa première avance et réclamé vainement la seconde. Pas un avocat ne voulut alors se charger de sa cause, tant le cas parut mauvais et le plaideur suspect. Forcé de se débattre seul contre toute la magistrature ameutée, abandonné par l'opinion publique qui l'allait bientôt porter en triomphe, Beaumarchais sentant aussi quelle arme lui mettait aux mains la vénalité arrogante de son juge, et parfois aidé de la collaboration bénévole de son père ou de sa soeur Julie, rédigea coup sur coup ses quatre factums qui, publiés à peu d'intervalle les uns des autres, furent un véritable événement. « Il n'y a point, écrivait Voltaire au marquis de Florian, de comédie plus plaisante, point de tragédie plus attendrissante, point d'histoire mieux contée et surtout point d'affaire épineuse mieux éclaircie... »Il écrivait aussi à d'Alembert : « Quel homme! Il réunit tout : la plaisanterie, le sérieux, la raison, la gaieté, la force, le touchant, tous les genres d'éloquence, et il n'en recherche aucun, et il confond tous ses adversaires et il donne des leçons à ses juges. »Ceux-là vont répétant et font répéter partout qu'il n'est pas l'auteur de ses Mémoires, et qu'on sait à quelle officine il s'approvisionne. « Que ne font-ils écrire les leurs par la même plume! réplique Beaumarchais »Et Rousseau, consulté, répondait : « Je ne sais pas s'il les compose; mais je sais bien qu'on ne fait pas de tels Mémoires pour un autre. »Le 26 février 1774, la grand-chambre condamna Beaumarchais au blâme, ainsi que Mme Goëzmann, et mit le mari hors de cour. Ce jugement inique, qui assimilait l'accusateur à l'accusé, souleva une réprobation dont le prince de Conti tout le premier donna le signal en venant chercher Beaumarchais dans son carrosse pour le conduire au Temple. Malgré ces témoignages d'estime auxquels Beaumarchais moins que tout autre ne pouvait rester insensible (« ce n'est pas tout que d'être blâmé, lui disait spirituellement Sartines, il faut encore être modeste »), sa situation financière et sociale n'en était pas beaucoup meilleure. Dans l'ancienne jurisprudence le blâme frappait de mort civile celui qui en était l'objet. Il s'en était fallu de six croix que Beaumarchais ne fut condamné au carcan, à la marque et aux galères. Les poursuites exercées par le comte de La Blache l'avaient forcé à quitter sa belle maison de la rue de Condé, et il ne pouvait même pas, sous le coup de sa condamnation, songer à faire jouer le Barbier de Séville, dont les répétitions avaient été suspendues. Il ne lui restait qu'une ressource : c'était d'obtenir ce qu'on appelait d'un terme bizarre des « lettres de relief du temps », c.-à-d. un délai d'appel, qui, une fois expiré, rendait le jugement irrévocable, mais il les fallait mériter par quelques actions d'éclat. Précisément alors l'indolence
de Louis XV s'inquiétait de la multiplicité
des pamphlets qui pullulaient en Angleterre
et en Hollande
: l'un d'eux, annoncé sous le titre de Mémoires secrets
d'une femme publique, visait directement Mme Du
Barry; l'auteur était un libelliste fameux et d'un réel
talent, Ch. Théceneau de Morande. Il s'agissait de trouver un homme
énergique et habile, qui s'abouchât avec Morande et parvint
à lui arracher jusqu'au dernier exemplaire de son livre. Beaumarchais
accepta, non sans répugnance, cette singulière mission, et
le tirage des Mémoires secrets fut anéanti tout entier
sous ses yeux dans un four à chaux des environs de Londres
(avril 1774). Sur ces entrefaites le roi mourut et Beaumarchais perdit
ainsi le seul bénéfice qu'il entendît tirer du rôle
auquel il s'était prêté.
Beaumarchais (1732-1799), par J.-M. Nattier. Ici se place l'épisode le plus étrange d'une carrière où, certes, ne manquent ni les expéditions aventureuses, ni les conjonctures singulières, celui qui a le plus exercé la sagacité de ses biographes et la sévérité de ses adversaires et dont les détails, sinon le fonds, n'ont été pleinement éclaircis que vers la fin du XIXe siècle. Les pamphlets, on le sait, n'avaient pas plus épargné Marie-Antoinette, dauphine, qu'ils ne devaient lui faire grâce durant son règne et après sa chute. L'un des thèmes favoris de leurs auteurs était précisément la stérilité prolongée de la future héritière du trône : on en connaît aujourd'hui les motifs, mais en 1774 l'impatience gagnait les serviteurs les plus dévoués du jeune roi et faisait la part d'autant plus belle aux médisants que le comte de Provence et le comte d'Artois n'avaient pas encore non plus fait souche. Un pamphlet intitulé : Avis à la branche espagnole sur ses droits à la couronne de France à défaut d'héritier, allait, disait-on, être imprimé simultanément à Londres et à Amsterdam par les soins d'un aventurier qui se faisait appeler tantôt Hatkinson, tantôt Angelucci et se qualifiait de « juif vénitien ». Beaumarchais s'offrit à traiter avec l'auteur, ou plutôt le colporteur de cet écrit, en stipulant que le roi lui donnerait un sauf-conduit dont il minuta lui-même le texte et qu'il plaça dans une boîte en or suspendue à son col. Muni de ce talisman, il repart pour Londres sous le nom de Ronac (anagramme de Caron), obtient, « par une intrigue de valet », communication de l'Avis, traite avec Angelucci, repasse en Hollande, s'assure de la destruction du second exemplaire et déjà chante victoire; mais il apprend qu'Angelucci en a conservé un troisième et qu'il gagne l'Allemagne à franc étrier. Beaumarchais n'hésite pas, s'élance à sa poursuite, crève les chevaux de poste et rejoint le juif dans un petit bois près de Neustadt. Une lutte s'engage dans laquelle il est aisément vainqueur, Angelucci demande grâce, Beaumarchais lui enlève le fameux volume et lui rend la liberté; au moment où il s'apprêtait à regagner sa voiture, il est assailli par trois brigands; l'un d'eux lui porte un coup de poignard qui glisse sur la boîte du sauf-conduit et lui fait une entaille au menton, un autre le renverse, mais à ce moment le postillon, inquiet de cette absence prolongée, sonne du cor et les trois brigands disparaissent dans les profondeurs de la forêt. Telle est la version que Beaumarchais fit immédiatement circuler sous forme de deux longues lettres adressées à ses amis Roudil et Gudin de la Brenellerie, écrites pendant qu'il descendait en barque le Danube jusqu'à Vienne. La mystification est aujourd'hui percée à jour. Le fait seul d'avoir suivi à la piste et retrouvé à point nommé son fuyard était déjà par lui-même suffisamment invraisemblable. Les documents d'archives retrouvés et publiés par Alfred d'Arneth ont établi que Beaumarchais n'avait pu être attaqué en plein jour, au mois d'août, dans un bois fort clairsemé et sans que les paysans qui moissonnaient aux alentours aient rien entendu; de plus, la déposition du postillon établissait que le voyageur s'était fait avec son propre rasoir la blessure dont le sang l'avait inondé; mais si l'attaque était une feinte destinée à stimuler l'intérêt de Louis XVI et de Marie-Thérèse pour un serviteur si zélé, il faut se garder de conclure que le pamphlet était sorti de la plume de Beaumarchais et qu'Angelucci n'a pas existé; seulement cette fois - et ce n'est pas la seule - Beaumarchais paya le tort d'avoir eu trop d'esprit. A peine débarqué à Vienne, Beaumarchais sollicite une audience de l'impératrice, n'en obtient une que de son chambellan qui le prend de haut avec lui; quelques heures plus tard, il est arrêté et gardé à vue dans sa chambre. Sa blessure, le faux nom sous lequel il voyageait, la mission dont il se prétendait chargé, son insistance à ne vouloir confier son secret qu'à l'impératrice seule l'avaient rendu suspect et on le tenait sous clé jusqu'au retour d'un courrier expédié en France. Enfin, au bout de trente et un jours de détention, on le relâche sur les instances de Sartines; l'impératrice lui fait offrir, à titre de dédommagement, mille ducats qu'il refuse et un diamant qu'il accepte. Il repart aussitôt pour Paris. Le délai de six mois que lui accordait la loi était expiré, mais l'opinion publique, que son procès, ses mémoires et sa condamnation avaient si profondément émue, réclamait le rappel de l'ancien Parlement et, par suite, la destitution des juges qui l'avaient condamné. Détail caractéristique, ce fut à Beaumarchais lui-même que les ministres demandèrent un mémoire justiticatif de ce rappel et il contribua ainsi à provoquer l'édit du 12 novembre 1774. En même temps on levait l'interdit qui pesait depuis deux ans sur le Barbier de Séville. On en connaît la donnée : un seigneur espagnol, le comte Almaviva, s'est épris d'une jeune fille (Rosine), gardée à vue par son tuteur (Bartholo). Il désespère de l'aborder jamais, quand il rencontre son ancien valet Figaro qui lui offre ses bons offices et les mille et un tours de son sac. Grâce à lui, le comte, déguisé en soldat, puis en maître de chant, pénètre chez le docteur, parvient à remettre un billet à Rosine, trompe toutes les surveillances et berne si adroitement Bartholo qu'il est forcé de consentir au mariage. De ce fonds assurément rebattu et qui offre des analogies frappantes avec divers canevas de la comédie italienne et du théâtre de la Foire, Beaumarchais avait tiré tour à tour une farce jouée chez Le Normant d'Etioles (le complaisant mari de Mme de Pompadour), puis un opéra-comique, comme on l'a vu plus haut, enfin une comédie où subsistaient les tracas de ces « avatars » et qui passa elle-même par d'innombrables remaniements de détail. La première représentation (23 février 1775) ne fut pas un triomphe. De l'aveu même de l'intime ami et confident de Beaumarchais, Gudin de la Brenellerie, « la comédie qui nous avait enchantés à la lecture nous parut longue au théâtre. Une surabondance d'esprit amenait la satiété et fatiguait l'auditeur [...]. Beaumarchais supprima un acte, transporta une scène du premier au second et donna ainsi une marche égale et vive qui soutenait l'attention et laissait goûter tout le charme des détails. »Ainsi allégé, le Barbier de Séville fournit au théâtre français et, on peut le dire, à la littérature tout entière un type de plus : Figaro n'est pas une copie du valet malin et raisonneur de l'ancienne comédie : c'est un homme qui a fait tous les métiers, accepté toutes les situations, toujours supérieur aux événements, médiocrement scrupuleux sur le choix des moyens, dévoué à ses intérêts comme à ceux qu'il sert; en un mot c'est Beaumarchais lui-même, et il était d'autant plus difficile de s'y tromper que l'auteur avait semé à pleines mains dans le dialogue les allusions à ses propres mésaventures. Le Barbier est donc à la fois une comédie étincelante et un pamphlet d'une rare audace. Le blâme subsistait toujours. Pour obtenir sa réhabilitation, Beaumarchais accepte une troisième fois de donner la chasse aux libellistes dont l'industrie florissait plus librement que jamais à Londres et à Oxford et s'efforce en même temps de recouvrer les papiers d'Etat que détenait un autre aventurier célèbre, M. ou Mlle d'Eon. Quoi qu'on en ait dit, il ne fut ni la dupe, ni le complice de ce personnage ambigu qui, en échange de ses bons offices auprès de la cour de France, l'accabla d'injures verbales ou écrites. Quant aux pamphlets, il finit par se lasser de ce pourchas toujours inutile et dans une lettre à Sartines il en donnait la raison : «Tout cela, disait-il, a des branches qui vont si haut qu'il y a peut-être autant de danger à le soustraire d'un côté qu'il y a d'inconvénients à le laisser aller de l'autre. »Et il lui faisait clairement entendre que les véritables instigateurs de ces infamies tenaient de près au trône, car leur but incontestable était de provoquer la scission du ménage royal. Rentré à Paris (mars 1776), Beaumarchais présenta au Conseil une requête tendant à obtenir des lettres de relief de temps qui, d'abord rejetée, fut enfin exaucée le 12 août, sur la plaidoirie de Target; le 6 septembre suivant, le Parlement, toutes chambres réunies, annula la sentence du 26 février 1773 et lui rendit son état civil, ainsi que ses fonctions de juge de la Varenne du Louvre. L'arrêt fut accueilli par des acclamations et Beaumarchais porté en triomphe jusqu'à sa voiture. Les soins de sa réhabilitation ne lui avaient fait oublier ni la revanche qu'il entendait tirer de La Blache (l'affaire était pendante devant le parlement d'Aix), ni l'organisation d'une entreprise commerciale et maritime considérable. Sous la raison sociale Roderigue, Hortalez et Cie, il avait créé une flottille de quarante navires dont le premier emploi fut le ravitaillement, secrètement encouragé par Louis XVI, des insurgents d'Amérique (L'histoire des Etats-Unis). Bien qu'il ait reçu plus tard les félicitations publiques du Congrès, il engagea dans cette opération une grosse somme (plus de cinq millions) dont, après d'interminables débats, ses héritiers ne purent recouvrer qu'une faible part. Un de ses vaisseaux combattit même en ligne avec la flotte royale à la bataille de la Grenade, son capitaine y fut tué et sa mâture désemparée. Il reçut cette nouvelle au moment où il courait à Aix-en-Provence soutenir sa cause en personne devant le Parlement qui, après cinquante-neuf audiences, débouta La Blache et le condamna à 12,000 livres de dommages-intérêts, que le vainqueur convertit en dot pour quelques jeunes filles pauvres de la ville. Entre une requête en faveur des négociants calvinistes privés de leur état civil et un plan de création de la caisse d'escompte, entre une réplique au Mémoire justicatif de la Cour d'Angleterre sur ses agressions maritimes et une polémique avec Mirabeau sur les entreprises des eaux de Paris concédées à MM. Perrier, polémique où Beaumarchais, qui avait raison dans le fond, rencontra pour la première fois un adversaire à sa taille, il avait trouvé le temps d'écrire une grande comédie en cinq actes dont Figaro était, cette fois encore, le principal personnage. Il était à ce moment même aux prises avec les comédiens français touchant le règlement de ses droits d'auteur sur le Barbier de Séville, querelle qui aboutit plus tard à la constitution de la Société des auteurs dramatiques dont il fut le véritable fondateur; néanmoins la pièce avait été reçue d'emblée (1781); il ne restait plus qu'à la faire jouer. Il lui fallut passer alors par « la coupelle austère » de six censeurs (Coqueloy de Chaussepierre, Suard, Guidi, Gaillard, Desfontaines et Bret), promener sa « grave personne et son fol ouvrage » de salon en salon, où l'on s'étouffait pour le lui entendre lire, refuser les offres de Catherine II, s'assurer du crédit de la reine et du comte d'Artois contre la résistance du roi, de Monsieur et du garde des sceaux, recevoir un contre ordre formel au moment même d'une répétition aux Menus-Plaisirs et savourer les applaudissements qui en accueillirent une autre à Gennevilliers, chez M. de Vaudreuil, enfin, en feignant de croire à une chute, arracher à Louis XVI une tardive autorisation. Conçu vers 1775, terminé en 1778, le Mariage de Figaro, repris et retouché suivant les circonstances et un peu aussi suivant les rancunes de l'auteur, attendit cinq ans l'heure de se montrer au grand public ; elle sonna le mardi 27 avril 1784. L'intrigue, plus neuve et plus hardie que celle du Barbier de Séville, roule tout entière cette fois sur la rivalité du maître et du valet. Figaro, concierge du château d'Aguas-Frescas, veut épouser Suzanne, la camériste de la comtesse; Almaviva prétend ressusciter à prix d'or, pour la circonstance, le fameux « droit du seigneur » auquel il a solennellement renoncé. De cette concurrence naissent les quiproquos burlesques ou gracieux que chacun courait : le rôle du page Chérubin où Beaumarchais semble avoir incarné toutes les grâces et toutes les corruptions de son siècle, la reconnaissance de Figaro et de Marceline, sa mère, qui, sur l'ordre du comte, a failli devenir sa femme, les méprises croustillantes de la scène du bosquet, enfin la réconciliation finale. Le Mariage ne serait pas le chef-d'oeuvre de la comédie française au XVIIIe siècle qu'un fragment seul suffirait à en immortaliser le souvenir : ce fameux monologue du cinquième acte où Beaumarchais, sous le masque transparent de Figaro, repassant sa vie entière, prenait la plus spirituelle et la plus audacieuse des revanches contre ses ennemis passés et présents-: « Que je voudrais tenir l'un de ces puissants de quatre jours!... »Sophie Arnould avait prédit que le Mariage de Figaro tomberait cinquante fois de suite : en réalité il eut, fait sans précédent, soixante-huit représentations consécutives. Un tel succès n'alla pas sans représailles et non plus sans quelques-unes de ces réclames où Beaumarchais, devançant son siècle, était passé maître, telle que l'idée, après tout généreuse, de consacrer le produit de la cinquantième représentation à l'oeuvre des pauvres mères nourrices, ce qui lui attira un déluge d'épigrammes, de chansons et de caricatures. Il eut le tort d'y répondre et la bizarre idée de comparer le plus acharné de ses adversaires à « l'insecte vil de la nuit sur lequel la servante hollandaise bat l'osier tous les matins ». Il visait Suard, mais le comte de Provence prit ou feignit de prendre l'allusion pour lui. Il obtint sans peine de Louis XVI, fort irrité contre l'auteur du Mariage, un ordre d'arrestation et, par une véritable dérision, ce ne fut ni la Bastille, ni Vincennes, ni même le For-l'Evêque que Louis XVI avait assigné comme prison à Beaumarchais, ce fut Saint-Lazare, lieu habituel de détention des jeunes libertins incarcérés à la requête de leur famille. Les ennemis de Beaumarchais trouvèrent d'abord la raillerie du meilleur goût et il y eut recrudescence de satires écrites, dessinées ou chantées : à la réflexion, cependant, on s'aperçut que si le pouvoir suprême trahissait ainsi sa faiblesse par de tels emportements, il n'y avait plus de sécurité pour personne. Ridicule la veille, Beaumarchais fut le lendemain l'objet d'une sympathie universelle. Sa captivité d'ailleurs ne fut pas longue moins de cinq jours après, l'ordre fut révoqué et Beaumarchais, qui ne voulait sortir que « jugé et justifié » dût, bon gré mal gré, retourner à ses affaires. Elles se multipliaient à l'infini. Pendant qu'il faisait construire à grands frais sa fameuse maison du faubourg Saint-Antoine dont il ne subsiste actuellement aucun vestige et qu'il légitimait par son mariage avec Mlle de Willer-Mawlaz la naissance de sa fille Eugénie, il imprimait au fort de Kehl, transformé en un vaste établissement typographique, l'édition la plus somptueuse et la plus complète qu'on eût donnée jusqu'alors des oeuvres de Voltaire, il encourageait de son argent ou de sa plume les inventeurs en quête de la direction des ballons, enfin il composait avec Salieri un opéra d'un nouveau goût auquel il songeait depuis 1775. Les répétitions en étaient même commencées lorsqu'il se trouva impliqué dans une affaire déjà ancienne et où il s'était gratuitement compromis. En 1781, un banquier, alsacien, G. Kornmann, avait obtenu contre sa femme une lettre de cachet sous la prévention d'adultère et la détenait dans un couvent. Rien ne prouve que Beaumarchais ait eu d'autre motif de venir en aide à Mme Kornmann que le désir de plaire à ses commensaux et débiteurs, le prince et la princesse de Nassau-Siegen. L'incident remontait à 1781 et Beaumarchais avait eu depuis, comme on l'a vu, bien d'autres sujets de préoccupations, lorsque parut, en 1787, un formidable Mémoire sur une question d'adultère, de séduction et de diffamation pour le sieur Kornmann contre la dame Kornmann, son épouse, le sieur Baudet de Jossan, le sieur Pierre-Augustin-Caron de Beaumarchais et M. Le Noir, conseiller d'Etat et ancien lieutenant général de police. L'auteur de ce factum était un avocat alors inconnu, Nicolas Bergasse, fervent adepte des pratiques de Mesmer dont Beaumarchais s'était ouvertement moqué, et qui voulait à tout prix se faire jour. Dans ce mémoire, le véritable
séducteur, Daudet de Jossan, était moins vilipendé
que M. Le Noir, alors en disgrâce, et surtout que Beaumarchais, car
Bergasse, non content de rappeler son infériorité dans sa
passe d'armes récente avec Mirabeau,
remettait en circulation les soupçons odieux qui avaient plané
sur son premier mariage et sur la mort de M. et Mme Franquet, lui contestait
la paternité de ses Mémoires
contre Goëzmann et La Blache, et l'accusait, en propres termes, de
« suer le crime ». Bientôt la mêlée devint
générale et le point de départ de l'affaire fut oublié
dans cette guerre à outrance de pamphlets,
d'assez mince valeur pour la plupart, mais où les amateurs de scandale
trouvaient leur compte. Beaumarchais, après trois répliques,
où n'apparaît que rarement sa verve d'autrefois, finit par
où il aurait dû commencer : il attaqua Bergasse en diffamation
et le fit condamner à 1000 livres de dommages-intérêts.
Portrait de Beaumarchais, d'après un pastel de Perroneau. Représentant du Tiers et président du district de Sainte-Marguerite lors des élections aux Etats généraux, Beaumarchais fit partie de la Commune provisoire de Paris, mais, après avoir répondu une fois de plus à la cabale qui entreprit de l'en chasser, il se retira; il se contenta de fournir, tant en aumônes qu'en contributions diverses, plus de 100,000 francs aussi bien pour subvenir aux misères très réelles dont il était entouré que pour apaiser la rumeur qui l'accusait de cacher des armes et du blé les visites domiciliaires qu'il eut à subir ou même qu'il provoquait révélèrent seulement l'existence de milliers d'exemplaires du Voltaire de Kehl. Les dénonciations cependant se renouvelaient de plus belle et Beaumarchais crut prudent de faire partir pour Le Havre sa femme et sa fille. L'acquisition de fusils rachetés en Hollande et qu'il voulait revendre au gouvernement français servit de prétexte aux dénonciations de Chahut et de Manuel, dénonciations que Beaumarchais avait publiquement réfutées. Après deux nouveaux envahissements de son hôtel par le peuple qui n'y commit d'ailleurs aucun dégât, il fut arrêté le 23 août 1792 et conduit à l'Abbaye. L'intervention d'une femme qui avait été sa maîtresse et celle de Manuel le firent relâcher le 30. Réfugié non loin de Paris pendant les massacres des prisons, il revient solliciter de Lebrun, ministre des relations extérieures, le moyen de faire entrer en France ces fusils retenus à Tervère (Zélande). Lebrun le renvoie au conseil exécutif provisoire qui lui accorda les pouvoirs nécessaires. Beaumarchais part pour la Hollande et Londres, y apprend qu'il est dénoncé par Lecointre à la Convention et veut revenir aussitôt à Paris, afin de se disculper, il en est empêché par un ami qui lui avait avancé dix mille livres sterling et qui trouve expédient de s'assurer de sa personne et de sa dette en le faisant retenir à la prison du Ban de la Reine. Il y rédige un volumineux mémoire divisé en sept parties ou « époques », et, lorsque son fidèle caissier, Gudin de La Ferlière, est parvenu à réunir et à lui faire passer la somme nécessaire à sa rançon, il revient à Paris; il publie son factum sous ce titre : Beaumarchais à Lecointre ou Compte rendu des neuf mois les plus pénibles de ma vie, le répand à 6000 exemplaires et réfute point par point les griefs accumulés contre lui avec la même liberté d'allures, sinon avec la même gaieté, que vingt ans auparavant devant le parlement Maupeou. Lecointre reconnaît qu'il a été trompé, le comité militaire déclare qu'il a besoin de ces fusils et Beaumarchais est mis en demeure de les amener coûte que coûte en France. Cependant le cabinet anglais, instruit de leur destination par les dénonciations mêmes de Lecointre, déclare les fusils de bonne prise et s'apprête à mettre l'embargo sur eux, lorsque le négociant, qui a retenu Beaumarchais en prison, s'en porte acquéreur. Beaumarchais, revêtu du titre de commissaire de la République, arrive en Angleterre, sous le nom de Pierre Charron, s'efforce de revendiquer sa cargaison, la revend jusqu'à trois fois à des acheteurs fictifs, la dirige même sur les Etats-Unis dans l'espoir de la faire atterrir à l'un des ports français, se voit abandonné par le Comité de Salut public qui ne répond plus à ses missives et finalement abandonne la partie; les fusils sont livrés aux Anglais pour un prix dérisoire. Traqué en Angleterre, et en Hollande comme agent de la Convention, déclaré à Paris émigré, sa famille dispersée, son hôtel confisqué, il se réfugie à Hambourg, si pauvre, dit-il, qu'il est obligé de ménager une allumette pour la faire servir deux fois, mais ne se laissant pas abattre par la fortune et adressant au Directoire, du fond de son grenier, des mémoires sur le percement de l'isthme de Panama (L'histoire du Canal de Panama) ou sur le développement du commerce de la mer Noire. Enfin, au mois de juillet 1796 il revint à Paris, recouvra sa maison dévastée, maria sa fille, poursuivit le remboursement de ses créances sur les deux Républiques, assista en personne à une brillante représentation de la Mère coupable au Théâtre-Français et s'endormit du dernier sommeil dans la nuit du 17 au 18 mai 1799. Cette fin solitaire provoqua un soupçon de suicide aujourd'hui tout à fait abandonné. « Je n'ai point le mérite d'être auteur, disait Beaumarchais dans son Essai sur le drame sérieux, le temps et les talents m'ont également manqué pour le devenir. »La postérité n'a pas ratifié ce trop modeste aveu. Beaumarchais, à défaut d'études approfondies et sans faire métier d'écrivain, a pris et gardé dans les lettres françaises un rang dont il ne saurait déchoir. Polémiste, il a élevé un simple débat judiciaire à des hauteurs inconnues avant lui, et cette misérable chicane est mieux qu'une cause célèbre : le début du quatrième mémoire est, au dire de Sainte-Beuve, « un des plus admirables morceaux que nous puissions offrir dans la littérature oratoire. Cela peut être mis en regard des plus mémorables endroits qu'on cite dans les dernières Provinciales ».Si le dramaturge et le librettiste sont mis aujourd'hui à leur véritable rang, si Beaumarchais, toujours selon Sainte-Beuve, n'a été poète qu'en créant Chérubin, il est sans conteste le premier auteur comique de son siècle, car « pour être bien moins nés que ceux de Molière, a dit Nisard, ses enfants n'en vivent pas moins de la même vie ».Ce n'est pas ici le lieu de rechercher les emprunts qu'il a pu faire comme son glorieux ancêtre aux littératures italienne et espagnole; mais, fussent-ils prouvés, il est hors de doute qu'il a refrappé et mis en circulation des types devenus siens par la puissance et l'originalité du relief. Le premier aussi, il s'est préoccupé d'établir ses personnages dans un cadre nettement déterminé, attachant, comme Victor Hugo, un soin minutieux aux costumes et aux détails de mise en scène; il a rendu ainsi là tâche facile aux artistes nombreux qui ont illustré ses oeuvres et aux acteurs qui les ont interprétées. En dépit des réserves qu'il peut soulever, le rôle du polémiste et de l'auteur comique reste intact. Il n'en va pas de même de sa vie publique et privée : le perpétuel contraste qu'elle offre et qu'on s'est efforcé de retracer ici à grands traits ne rend pas la tâche facile au biographe. Mieux connue aujourd'hui qu'elle ne pouvait l'être des contemporains eux-mêmes, elle n'offre ni le tissu d'horreurs auxquels Bergasse, Gorsas et cent autres se sont efforcés de donner créance, ni les vertus d'un Grandisson que l'aveuglement paternel se plaisait à saluer dans le jeune Caron; mais sans prendre au pied de la lettre le témoignage, suspect par sa naïveté même, de Gudin de la Brenellerie, on a fini par rendre justice à tant de qualités et de séductions : Beaumarchais ne pressentait-il pas cette tardive équité dans cette réplique du Mariage de Figaro, dont Lescure a fait la spirituelle épigraphe de son Eloge : « Une réputation détestable!... - Et si je vaux mieux qu'elle?... »Quant à ses affaires, si embrouillées, si hérissées de procès (il n'en soutint pas moins de trente), il y portait, selon le mot de Fontanes, plus de facilité que d'industrie, et il y était plus trompé que trompeur. « La fortune, qu'il dut à des circonstances heureuses, dit-il encore, s'est détruite par un excès de bonhomie et de confiance dont on pourrait donner des preuves multipliées. »Elles ne manqueraient pas, en effet, car il serait facile d'alléguer l'exemple de la part prise aux armements d'Amérique sur lesquels sa succession perdit plus de trois millions, ou de l'entreprise de Kehl qui se solda par plus de 500,000 francs de déficit. Les portraits originaux de Beaumarchais sort peu nombreux : on connaît surtout par la gravure ceux de Cochin et d'Augustin de Saint-Aubin (tous deux de profil). Deux autres portraits subsistent aujourd'hui : une peinture à l'huile de J.-M. Nattier, datée de 1755, et un pastel de Perronneau. (Maurice Tourneux).
|
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|