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Le
mongol appartient à la famille des langues
altaïques. Il peut se diviser en deux dialectes. Le mongol périphérique
et le mongol khalka. Le premier est parlé par plus de 3 millions de locuteurs
principalement en Chine (Mongolie intérieure). Il s'écrit en caractères
chinois, langue à laquelle il fait par ailleurs de nombreux emprunt. Le
second est, pour sa part, parlé par près de deux millions et demi de
personnes, qui constituent les neuf dixièmes de la population de la Mongolie.
On le pratique aussi en Russie et au Kirghizistan.
La langue mongole repose sur l'emploi de
radicaux courts, et composés le plus souvent de trois lettres seulement.
Il est vrai qu'ils sont susceptibles de flexions, tant de déclinaison
que de conjugaison. En son temps, Abel Rémusat
avait cru reconnaître de ce point de vue des analogies entre le mongol
et le tibétain : c'est aussi, ajoutait-il, des deux cotés la même pauvreté
de termes de rapport et de connexion, la même marche dans la syntaxe et
la construction. Le mongol a cependant davantage de coïncidences avec
le turk, l'un des deux autres ensembles formant les langues altaïques,
dans les mots comme dans les formes grammaticales, et son vocabulaire contient
aussi un certain nombre de termes sanscrits.
On ne trouve en mongol ni distinction des
genres, ni article; les pronoms sont d'un usage assez rare : au lieu
de remplacer par eux le substantif, on répète celui-ci. La conjugaison
du verbe mongol est extrêmement simple; l'emploi des pronoms personnels
évite toute confusion. Le verbe n'a pas de subjonctif, et l'indicatif
tient lieu de ce mode; la conjugaison n'a ni personnes ni nombres, ou,
plus précissément, pour chaque temps, il n'y a qu'une seule forme qui
sert pour les trois personnes des deux nombres. Il n'y a pas de
prépositions, mais des postpositions. L'absence de dures associations
de consonnes et une riche distribution de voyelles rendent la prononciation
harmonieuse et sonore.
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L'écriture
mongole.
Il semble que les Mongols
ne connaissaient pas l'écriture avant le règne de Gengis
Khan. Ce fut quand ce prince voulut faire mettre par écrit son grand
code de loi ou Yassak (L'empire
gengiskhanide)
qu'ils adoptèrent l'écriture des Ouïgours (Les
Turks).
Le moine Haïthoum rapporte en tout cas ce fait et affirme que ce fut dans
le royaume de Tharse (nom sous lequel il connaît le pays des Ouïgours),
que
« les Tartres
apristrent lettres, car avant ilz n'avoient nulles lettres. Et pour ce,
les habitans de celle contrée estoient tous ydolastres, les Tartars commencièrent
à aourer les ydoles ».
Il vante la beauté de cette écriture
et dit des Mongols :
«
ces gens ont lettres qui de, beauté ressemblent à lettres latines ».
Cette langue qui aujourdhui utilise aussi
l'alphabet cyrillique, hérité de la période de rapprochement de la Mongolie
avec l'Union soviétique, s'écrit traditionnellement avec un alphabet
comprenant dix-sept consonnes, sept voyelles et cinq diphtongues, qui,
par leurs combinaisons, fournissent une centaine de signes. On écrit en
colonnes verticales de haut en bas, et de gauche à droite, à l'image
de l'alphabet ouïgour, initialement adopté; l'alphabet ouïgour paraît
lui-même d'origine araméenne et dérive du caractère syriaque estranghélo
que les Nestoriens (Nestorius)
apportèrent en Asie centrale bien avant l'apparition des Mongols.
Il faut croire que cet alphabet ne paraissait
pas très commode, car, sous le règne de l'empereur Koubilaï,
un lama, nommé Pa-sse-pa, tira de l'écriture tibétaine, dérivée de
l'écriture indienne, un nouvel alphabet beaucoup plus compliqué d'ailleurs
et moins clair, que l'on écrivait également en colonnes et de gauche
à droite. Ce système graphique servait aux Mongols à la fois à transcrire
le mongol et le chinois; il paraît n'avoir eu qu'un usage très restreint
et n'avoir servi que dans la chancellerie des Yuan;
on n'en trouve plus trace après la chute de cette dynastie, et aujourd'hui,
le mongol et le chinois s'écrivent comme si le caractère pa-sse-pa n'avait
jamais été inventé. |
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