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Dans
la période protohistorique, le territoire
qui forme aujourd'hui le département de la Gironde fut occupé
par les Celtes. L'histoire mentionne ensuite
les Bituriges-Vivisci, descendants des Celtes qui avaient fondé sur les
bords de la Garonne![]() Bazas. Lorsque Vercingétorix
réunit tous les peuples de la Gaule pour tenter un suprême effort contre
la domination romaine, aucune peuplade de la Gironde ne marcha au secours
de l'indépendance gauloise. Les légions de César
conquirent facilement le pays compris entre les Pyrénées Au IIe siècle de l'ère commune, sous l'empereur Hadrien, Bordeaux devint la métropole de la seconde Aquitaine, qui comprenait le Poitou, la Saintonge, l'Aunis, Ie Périgord, l'Agénois, l'Angoumois et le Bordelais. Au IIIe siècle, saint Martial, saint Front et saint Martin prêchèrent la foi chrétienne dans le Bordelais et y subirent le martyre. La domination romaine avait répandu dans cette province des temples magnifiques, des théâtres, des palais, des aqueducs, qui embellissaient la métropole, et, au IVe siècle, les écoles de Bordeaux rivalisèrent avec celles de Rome et de Byzance. Ce fut l'apogée de son éclat. Au milieu de ce luxe et de ces splendeurs retentit le cri de guerre des Germains. En 412, les hordes des Vandales entrèrent à Bordeaux sans y trouver de résistance. A leur suite vinrent les Wisigoths, dont la conquête fut plus durable ; ils érigèrent la seconde Aquitaine en un royaume dont Toulouse devint la capitale. Dès lors, Bordeaux perdit de son importance. Mais ces conquérants, qui étaient ariens, persécutèrent les évêques catholiques; ceux-ci appelèrent à leur secours Clovis, qui s'était converti au christianisme après la bataille de Tolbiac. Le roi des Francs s'avança donc contre les Wisigoths et les défit complètement à la bataille de Vouillé (507). Cependant l'Aquitaine ne fut pas définitivement conquise par les Francs. En 731, les Sarrasins, maîtres de Narbonne, de Carcassonne et de Nîmes, s'emparèrent de Bordeaux, qui fut presque entièrement détruit. Au retour de son expédition d'Espagne, Charlemagne fit de l'Aquitaine un royaume auquel il donna Toulouse pour capitale. Louis le Débonnaire en fut le premier roi. Devenu empereur à son tour, Louis le Débonnaire laissa son ancien royaume à son second fils Pépin, dont le successeur, Pépin II, fut déshérité par Charles le Chauve, son oncle, à la suite d'une révolte. Louis le Bègue fut le dernier roi d'Aquitaine; ce royaume fut transformé en simple duché lorsque ce prince monta sur le trône de France. Les ducs d'Aquitaine cherchèrent à se rendre de plus en plus indépendants et à agrandir leurs possessions. Aussi, lorsque Louis VII épousa Eléonore de Guyenne, fille unique du dernier duc, cette riche héritière apporta en dot au futur roi de France tout le pays compris entre Nantes et les Pyrénées. Mais le 18 mars 1152, cette union était rompue Eléonore, répudiée, épousa Henri Plantagenet, duc d'Anjou, qui fut, quelques années plus tard, roi d'Angteterre sous le nom de Henri II. C'est ainsi que ces belles et riches provinces se trouvèrent placées pendant trois siècles sous la domination anglaise, et furent, pendant toute cette période, la cause et le théâtre de guerres désastreuses. Lorsque Jean sans Terre eut assassiné son neveu, Arthur de Bretagne, pour s'emparer du trône d'Angleterre, Philippe Auguste prit possession de toutes les provinces de France placées sous la domination anglaise. La Normandie, l'Anjou, la Touraine et le Poitou furent réunis à la couronne; mais il épargna la Guyenne, à la condition expresse que Jean et ses successeurs reconnaîtraient la suzeraineté du roi de France et lui rendraient désormais hommage lige (1204). En 1295, Philippe le Bel s'empara de la Guyenne, tandis qu'une flotte française allait piller le port de Douvres; mais l'intervention du pape Boniface VIII amena entre les deux rois une paix scellée par un mariage. Une fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, épousa le fils d'Édouard Ier, et porta dans la Maison d'Angleterre des droits à la Couronne de France, droits que les princes étrangers feront valoir plus tard, et qui amèneront la désastreuse guerre de Cent-Ans (1299). Après la bataille de Crécy (1346), Edouard III érigea la Guyenne en principauté en faveur de son fils, le prince de Galles, plus connu sous le nom de prince Noir. Le prince Noir s'établit à Bordeaux et y tint une cour brillante. Le roi Jean, fait prisonnier à la bataille de Poitiers (1356), séjourna quelque temps à Bordeaux avant d'être emmené en Angleterre. Le prince Noir ayant épuisé son trésor dans son expédition en Espagne, entreprise pour le rétablissement de Pierre le Cruel sur le trône de Castille, voulut établir des impôts exorbitants. Mais les seigneurs gascons refusèrent de payer et en appelèrent au roi de France, Charles V, qui profita avec empressement de l'occasion qu'on lui offrait de recouvrer ses provinces du sud-ouest. A la mort d'Edouard III, les Anglais étaient presque chassés de France, et il ne leur restait plus sur le continent que Bayonne, Bordeaux, Brest, Cherbourg et Calais (1380). Malgré les victoires du roi de France, la capitale de la Guyenne était restée dévouée à l'Angleterre. La démence de Charles VI fit perdre à la France toutes les acquisitions précédentes. En 1451, une expédition
en Guyenne fit tomber aux mains des Français les villes de Blaye, Libourne,
Castillon, Saint-Emilion; le 5 juin, Bordeaux ouvrit ses portes. L'année
suivante, les Anglais ayant repris Bordeaux par trahison, les armées françaises
recommencèrent la conquête du pays de Guyenne. La bataille de Castillon,
où l'artillerie des Français fit des ravages et détruisit 4000 Anglais,
rendit aux Français Libourne, Castillon
et Saint-Emilion. Bordeaux, assiégé par terre et bloqué par mer, fut
obligé de se rendre à discrétion, et, le 19 octobre 1453, Charles
VII y fit son entrée triomphale.
Louis XIV n'abusa pas de la victoire; dès que les troubles furent apaisés, il ne songea qu'à en effacer les traces. On aurait bien à lui reprocher la façon barbare dont il réprima, en 1675, une nouvelle émeute amenée par les impôts sur le timbre, le tabac et l'étain, et les calamités qui résultèrent, pour la cité bordelaise encore plus que pour quelques autres, de la révocation de l'édit de Nantes (1685); mais on peut opposer à ces tristes souvenirs les bienfaits dont il combla Bordeaux et qui furent pour cette ville la source de sa fortune commerciale et de sa grandeur. Pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, le parlement de Bordeaux, dont l'ambition avait été à deux reprises comprimée par la royauté, essaya d'étendre les limites de son autorité. II ne réussit qu'à se faire exiler à Libourne. La Révolution mit seule un terme à la lutte suprême qu'il avait engagée. Le département de la Gironde fut formé, en 1790, aux dépens de la province de Guyenne. Des différents pays appartenant à cette province, il a pris environ les trois quarts de son territoire au Bordelais, plus de 700,000 hectares; au Bazadais environ 210,000 hectares; au Périgord 46,600 et à l'Agenais 14,300. Les représentants du département de la Gironde à l'Asemblée législative, puis à la Convention, et principalement Vergniaud, Guadet, Gensonné, Grangeneuve, Ducos et Fonfrède, ont rendu célèbre le nom des Girondins autour desquels se groupa le parti modéré de la Révolution. Après leur proscription en masse et le supplice de plusieurs d'entre eux, Bordeaux et quelques autres villes s'insurgèrent contre la Convention mais Lacombe, Tallien et Jullien de Paris vinrent faire cruellement expier aux habitants l'intérêt trop légitime qu'ils avaient porté à leurs représentants. Sous le Consulat, Bordeaux fut le centre d'une vaste conspiration royaliste qui avorta. Napoléon, devenu empereur, visita la Gironde et y fut reçu avec enthousiasme; mais, lorsque quatorze années de guerre et de blocus continental eurent ruiné presque complètement les populations de ce riche département, l'enthousiasme fit place à la haine, et, en 1814, le duc d'Angoulême, marchant à la tête des troupes anglo-espagnoles, y fut accueilli avec des cris de joie. Cependant, un an plus tard, lors du retour de l'île d'Elbe, Bordeaux ne sut pas rester fidèle aux Bourbons. Sous la seconde Restauration, cette ville vit tomber les têtes des deux frères Faucher, les jumeaux de la Réole, condamnés une première fois à mort sous la République pour crime de fédéralisme, grâciés, puis condamnés et exécutés sous Louis XVIII, pour avoir conservé un commandement militaire contre la volonté du gouvernement, et excité les citoyens à la guerre civile. La révolution de 1830 fut accueillie avec faveur dans l'ancienne ville légitimiste; celle de 1848 y fut d'abord l'objet de quelques défiances. En 1859, le prince Louis-Napoléon, alors président de la République, visitant Bordeaux, y prononça un discours, dont la dernière phrase : « l'Empire, c'est la paix », n'a été depuis que trop douloureusement démentie par cette guerre fatale de 1870, qui, entreprise sans raison, sans hommes, sans approvisionnement et si follement conduite, aura coûté à la France plus de 10 milliards et deux de ses provinces. Sur la fin de la
guerre, le 9 décembre 1870, Bordeaux devint le siège de la délégation
du gouvernement provisoire. Le 12 février suivant, l'Assemblée nationale
s'y réunit; elle y nomma, cinq jours après, Thiers
président de la République, et, le 1er
mars, vota les préliminaires de la paix par 546 voix contre 107. Les députés
ne quittèrent Bordeaux que le 11 mars, pour aller siéger à Versailles.
(A.
Joanne).
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