|
. |
|
|
Les
Ibères
étaient répandus, avant l'arrivée des Gaulois,
sur les deux versants des Pyrénées,
et leurs tribus dépassaient notablement, au Nord et à l'Est, le cours
de la Garonne.
Ce furent eux qui fondèrent, sur l'emplacement actuel d'Auch,
la ville d'Illiberis ou Elimberris, destinée à devenir plus tard la capitale
ecclésiastique de la Gascogne. Refoulés
par les Gaulois, vers le VIe siècle avant
J.-C., tous ne passèrent pas les montagnes pour se réfugier dans la Péninsule
: un grand nombre restèrent dans leurs foyers, et conservèrent sur la
rive gauche du fleuve, en se mêlant et en partageant leurs terres avec
les envahisseurs, leurs traditions et leur langue.
La fusion des Gaulois conquérants et des Ibères conquis fut bientôt complète; il en résulta un nouveau peuple, les Aquitains, qui se distingua longtemps soit des Gaulois du centre et du nord de la Gaule, soit des Ibères de la Péninsule. Lorsque César envahit la Gaule, les Aquitains, bien que voisins depuis soixante ans de la province romaine dont Toulouse faisait partie, se montrèrent jaloux de leur indépendance, et, fiers d'avoir déjà battu deux proconsuls, refusèrent leur soumission. En l'an 56 avant J.-C., Crassus, envoyé dans le Midi par César, vint attaquer les Sotiates, qui occupaient le territoire de Sos, au Nord-Ouest du Gers actuel. Après une rude bataille et un siége héroïquement soutenu, ils furent contraints de capituler; mais leur malheur amena contre les Romains le soulèvement de presque tous les autres peuples de l'Aquitaine. Ils choisirent pour les commander des hommes qui avaient fait les campagnes d'Espagne avec Sertorius contre Pompée, et qui connaissaient la tactique romaine. A leur tour, malgré leur bon ordre et leur nombre, ils furent complètement battus. Leur obéissance n'en fut pas moins précaire : ils s'associèrent aux mouvements insurrectionnels de l'Espagne contre le gouvernement d'Auguste et ne se soumirent qu'après avoir été de nouveau vaincus, par le consul Messala Corvinus, en l'an 29. L'année suivante Auguste vint présider à Narbonne une assemblée générale des représentants des villes gauloises; à la suite de cette assemblée il fixa, en l'an 27, les divisions territoriales de la Gaule. Les Aquitains de la rive gauche de la Garonne, qui, divisés en neuf peuples, formaient la Novempopulanie, très mécontents de se voir réunis administrativement aux autres peuples du sud de la Loire, obtinrent d'Auguste, par l'entremise du prêtre Verus, le maintien d'une province distincte, du moins au point de vue financier. Lectoure en fut le chef-lieu. Parmi les peuples de la Novempopulanie, les Sotiates ne comptèrent bientôt plus; en revanche d'autres prirent rang parmi les cités ou tribus réunies autour d'un centre administratif ; au IVe siècle on en compta douze, dont trois, les Lactorates, les Ausci et les Elusates, avec Lectoure, Auch et Eauze pour capitales, occupaient le territoire actuel du Gers, ainsi que quelque cantons des Aturenses, dont Aire était le chef-lieu. La Novempopulanie était alors devenue une province complètement distincte. Eauze en fut la métropole, peut-être par la protection de Rufin, enfant de cette ville, et tout-puissant à la cour de Théodose. C'est à cause de ce titre de métropole que son évêché, fondé au milieu du IIIe siècle par saint Paterne, fut bientôt érigé en archevêché, ayant pour suffragants les évêchés établis dans les onze autres cités. L'Aquitaine prospéra sous la domination romaine et de riches patriciens vinrent y établir leurs demeures. Des voies y furent tracées, bordées de pierres milliaires analogues à nos bornes kilométriques, et de petites tours qu'on suppose avoir renfermé des statues de Mercure, protecteur du commerce et des voyageurs. Le Gers est le département de France où l'on trouve encore le plus grand nombre de ces tours. On en signale près du Brouilli, de Saint-Lary, d'Ordan-Larroque (deux sur le territoire de cette commune), de Biran, de Roquebrune, de l'lsle-de-Noé (détruite), de Mirande et de Lamazere. Mais les villes elles-mêmes n'ont rien conservé de leur splendeur à l'époque des Césars; elles ont même changé d'emplacement : Eauze, qui touchait la rive gauche de la Gélise, s'en est éloignée d'un kilomètre; Auch et Lectoure, qui étaient descendues sur la rive droite du Gers, remontèrent sur leurs collines vers l'époque des grandes invasions. Les invasions du Ve siècle furent terribles pendant vingt ans pour la Novempopulanie, car tous les peuples la trouvèrent sur leur route. Enfin les Wisigoths s'y fixèrent, en 419, et leur administration intelligente et douce continua heureusement celle des Romains. Seulement ils étaient ariens, et quelques-uns de leurs princes, particulièrement le roi Euric (466-484), persécutèrent les catholiques, qui après la conversion de Clovis, regardèrent le roi des Francs comme leur futur libérateur. Plus poussé toutefois par sa cupidité que par les intérêts de sa nouvelle religion, Clovis envahit l'Aquitaine, et sa victoire de Vouillé, en 507, porta ses possessions de la Loire aux Pyrénées. Après sa mort, les pays du Midi furent assez bizarrement distribués entre ses successeurs. Chilpéric ler puis Gontran possédèrent la plus grande partie de la Novempopulanie. Ce dernier, pour la conserver, dut la disputer d'un côté à un prétendant, nommé Godowald, qui voulait reconstituer au sud de la Loire la civilisation romaine, de l'autre aux Vascons, peuple espagnol qui commençait déjà à se fixer dans l'Aquitaine. Le prétendant et ses projets furent anéantis avec la ville de Lugdunum Convenarum (Lyon de Comminges, rebâtie plus tard sous le nom de Saint-Bertrand), en 585; les Vascons, après deux campagnes infructueuses dirigées contre eux (581 et 587), furent enfin subjugués en 602, mais restèrent dans le pays où ils s'étaient peu à peu répandus et qui prit dès lors le nom de Vasconie ou Gascogne. Un duc leur fut donné comme gouverneur : Genialis, à qui succéda Aghinan. On ne connaît de ces deux personnages que les noms. La ruine de Lyon de Comminges et la défaite des Gascons ne rendirent toutefois ni complète ni définitive la soumission de la Gaule du Midi à celle du Nord. Les rois francs eux-mêmes rétablirent dans l'Aquitaine (nom donné désormais à tous les pays s'étendant entre la Loire et les Pyrénées) un état qui, avec sa vassalité officielle, sut conserver une grande indépendance. Dagobert en fit un apanage pour son frère cadet Caribert, qui prit le titre de roi de Toulouse (630-631) et eut pour successeurs, comme simples ducs d'Aquitaine Childéric (631-637); Boggis et Bertrand (637-688); Eudes (688-755), qui ne put empêcher les Sarrasins de piller toute la Gascogne et d'y ruiner Eauze (727), dont le siège métropolitain fut transféré à Auch; enfin Hunald et Waïfre, vivement combattus par Pépin le Bref et par Charlemagne, et vaincus par ce dernier, en 768. Treize ans après (781), Toulouse, qui avait été la capitale de ce duché, devenait celle du nouveau royaume d'Aquitaine, que gouvernèrent Louis le Débonnaire jusqu'à son élévation à la dignité impériale (814). Pépin Ier, fils de Louis (815-839), Pépin II (839-855), Charles, fils de Charles le Chauve (855-865), et Louis le Bègue, qui, par son avènement au trône de France, en 877, réunit de nouveau le Midi au Nord. Mais cette réunion absolument fictive ne servit qu'à consommer l'indépendance des ducs de Gascogne, d'abord simples préfets des ducs ou des rois d'Aquitaine. Dès avant le départ de Louis le Bègue, Sanche-Mitarra Ier, élu par le peuple en 872, fondait la maison des ducs héréditaires de Gascogne. Il eut pour successeurs : Sanche-Mitarra II; Garcie-Sanche, dit le Courbé; Sanche-Garcie; Sanche-Sanchez; Guillaume-Sanche, le vainqueur des Vikings et le fondateur de Saint-Sever en 980; Bernard-Guillaume (981-1010), Sanche-Guillaume II (1010-1032) et Bérenger (1032-1036), mort sans enfants. L'héritier de Bérenger, Eudes, comte de Poitiers, étant mort lui-même en 1040, Bernard lI, comte d'Armagnac, s'empara du duché, mais dut le restituer en 1070 à son suzerain immédiat, le comte Guillaume IV de Poitiers, duc d'Aquitaine, dont l'arrière-petite-fille, Aliénor, dite d'Aquitaine, porta l'Aquitaine presque entière d'abord à Louis VII par un premier mariage, en 1137, puis par un second mariage, en 1152, à Henri Plantagenet comte d'Anjou. Henri, par son avènement au trône d'Angleterre, en 1155, fit de l'Aquitaine un fief anglais, et elle le demeura jusqu'à la fin de la guerre de Cent ans, sauf toutefois quelques fiefs importants de la Gascogne qui s'en détachèrent au profit des rois de France; ces fiefs se trouvèrent presque tous situés sur le territoire actuel du Gers. Au-dessous des ducs
de Gascogne et des ducs d'Aquitaine s'étaient formées des seigneuries
puissantes dont la plus ancienne, le Fezensac (pages Fidentiacus), apparaît
dès 920. Garcie-Sanche en fit alors un comté héréditaire; mais il en
Tous ces pays n'eurent pas d'abord de vraies capitales les seigneurs établissaient leur résidence habituelle sur les collines les plus escarpées, dans leurs châteaux les mieux fortifiés, et leur personnel administratif, peu nombreux du reste, les y accompagnait. C'est ainsi que les comtes de Pardiac, même après le XIIIe siècle, continuèrent d'habiter leur forteresse de Monlezun, près de Marciac, dont les ruines sont belles encore. Aignan paraît avoir été le château primitif des comtes d'Armagnac. Dès le XIVe siècle, les capitales des autres pays étaient officiellement : Vic-Fezensac pour le Fezensac, Auch pour l'Armagnac, Mirande pour l'Astarac, Mauvezin pour le Fezensaguet, Fleurance pour le pays de Gaure, Lectoure pour la Lomagne, cette dernière ville après avoir eu quelque temps des comtes particuliers. Auch toutefois n'était guère qu'un chef-lieu honorifique, car elle appartenait à ses archevêques, de même que Condom à ses moines bénédictins et plus tard à ses évêques. Lombez fut toujours une possession des puissants comtes du Comminges, dont le territoire dépassait de tous côtés les limites de l'arrondissement actuel de Saint-Gaudens, dans la Haute-Garonne. L'unité politique et administrative se réalisa en très grande partie, pour les pays du Gers, au profit de la maison d'Armagnac. Celle-ci par ses alliances, par ses conquêtes ou par ses crimes, réunit en ses mains les autres fiefs, l'Astarac et le pays de Gaure exceptés. Le Fezensac lui revint en 1140, la Lomagne en 1325, le Pardiac en 1402, le Fezensaguet en 1405. Ces deux derniers comtés furent violemment saisis par le terrible Bernard VII, dont les sanglants exploits n'eurent pas la Gascogne seule pour théâtre : il devint à Paris, par suite du mariage de sa fille avec le prince Charles d'Orléans (ce prince méditait la vengeance de son père Louis, assassiné par le duc de Bourgogne, Jean Sans Peur), le chef de la faction des Armagnacs, dont la lutte avec le parti des Bourguignons ensanglanta, de 1416 à 1418, la capitale et tous ses environs, et contribua à amener, en 1420, le traité de Troyes, qui unissait la couronne de France et celle d'Angleterre sur la tête d'un prince anglais. Quelques services réels et de coupables intrigues valurent à Bernard VII, en 1415, l'épée de connétable. La maison d'Armagnac finit à son tour d'une manière tragique; mais, avant de raconter sa chute, nous devons achever d'exposer la situation territoriale et politique des pays du Gers, depuis le Xe jusqu'au XIVe siècle. Les monastères, qui, au Moyen âge, s'occupèrent avec tant de zèle du défrichement du sol, furent assez nombreux dans l'Armagnac et dans les contrées liées à son histoire. Ceux de Saint-Orens d'Auch, de Pessan, de Sére, de Faget et de Saint-Mont, fondés au VIIe siècle, de Lombez, fondé en 795, de Simorre, de Saint-Justin-de-Pardiac et de Saramon, fondés au IXe siècle, et de Condom, dont l'origine remonte à l'an 900 environ, appartenaient à l'ordre bénédictin, de même que plusieurs autres moins importants; les villages ou les villes qui ont pris leurs noms leur doivent leur existence et leur prospérité. Un couvent fut aussi, au Xe siècle, le noyau de la ville ressuscitée d'Eauze. Les maisons de Planselve, de Bouillas, de Flaran, de Tasque et de Berdoues suivaient l'institut essentiellement agricole de Cîteaux ; elles aussi, mais assez longtemps après leur fondation vers le milieu du XIIe siècle et avec d'autres circonstances, contribuèrent à la création de nouvelles villes. En dehors des anciennes capitales des cités romaines, dont une même, Eauze, resta longtemps une ruine, le territoire du Gers actuel possédait, en effet, peu de villes au Xe siècle. A l'imitation des monastères bénédictins, les abbayes de Cîteaux, les évêques et même les seigneurs laïques s'occupèrent d'en construire. Lombez, Condom, Eauze et Simorre se formèrent peu à peu à l'ombre des tours de leurs monastères; la dernière seulement fut rebâtie d'un seul jet en 1441, après un incendie. Saint Austinde, archevêque d'Auch, fonda tout à la fois, en 1060, Nogaro et son prieuré. Ce fut surtout au XIIIe siècle et dans la première moitié du siècle suivant que la construction de nouvelles villes devint dans tout le Midi de la France le but d'un mouvement activé d'un côté par les aspirations des peuples, de l'autre par l'émulation des possesseurs territoriaux. Un besoin immense de liberté s'était fait sentir dans le Nord dès le XIIe siècle; il se manifesta un peu plus tard au sud de la Loire, et y fut généralement bien accueilli par les puissants de l'époque. Les historiens ont trop peu remarqué ce mouvement communal dans les provinces méridionales de la France; s'il produisit moins de luttes que dans les provinces septentrionales, il n'en fut pas moins universel et fécond. Pour mieux associer
les libertés municipales avec les facilités du commerce et de l'industrie,
et un peu aussi dans un but fiscal, on traça au cordeau, sur des terrains
vagues ou sur des emplacements de petits villages, des rues régulières
se croisant à angles droits, laissant sur un point central un espace rectangulaire
destiné à porter quatre préaux couverts et un hôtel de ville. Les nouvelles
villes tracées, on appelait les populations d'alentour, leur promettant
émancipation de tout servage et faculté de s'administrer elles-mêmes
moyennant un impôt modéré. Ces libertés furent généralement respectées
par les possesseurs territoriaux, et exercées sans trou-
Ainsi naquirent : Aurimont; - Avensac ; - Barcelonne (vers 1300); - Bassoues, qui resta une possession des archevêques d'Auch ; - Beaucaire (?) ; - Beaumarchès (1301), fondation des moines de Bouillas ; - Bretagne; - Cologne (1286), fondée en paréage (c'est-à -dire avec le partage des revenus) par Odon de Terride et le roi Philippe le Bel; - Fleurance (1280); - Gimont, qui lors de sa construction par un abbé de Planselve, en 1322, prit pour quelque temps le nom de Franqueville ; - Lannepax (vers 1300); - Marciac (1298); - Marguestau; - Masseube; - Meilhan; - Miélan; - Miradoux; - Mirande, création des abbés de Berdoues (1287); - Montguilhem; - Montréal-du-Gers (1255), bâti par Gérard V, comte d'Armagnac; - Pavie (1281); - Pis; - Plaisance (vers 1330); - Seissan (1340); - Solomiac (1552), qui doit son existence à un abbé de Gimont ; - Tudelle; - Valence, fille de l'abbaye de Flaran; - Villecomtal ; - Villefranche (1295). Ces villes ou « bastides », celles du moins qui réunirent assez d'habitants, car toutes ne prospérèrent pas, jouirent réellement des privilèges municipaux et commerciaux les plus étendus; plusieurs prirent le titre de républiques. Elles étaient gouvernées par des consuls annuels au nombre d'abord de six, puis de quatre, assistés par deux conseils. Les seigneurs y entretenaient un lieutenant chargé de rendre la justice, et un collecteur chargé de recevoir les contributions; mais ces officiers n'intervenaient jamais dans l'administration intérieure de la commune. Les villes anciennes, a l'imitation des bastides, reçurent des chartes très libérales et virent s'accroître le nombre de leurs habitants. Lombez et Condom virent, au commencement du XIVe siècle, leurs monastères érigés en évêchés (1317); Mirande fut appelée au même honneur; mais les oppositions de l'archevêque d'Auch parurent si justes que le pape retira sa bulle. Eauze ne recouvra pas son antique siège métropolitain. Lectoure demeura évêché. Il y eut donc quatre diocèses, avant la Révolution, sur le territoire du département du Gers. Chaque évêque possédait la souveraineté temporelle de sa capitale, à l'exception des évêques de Lectoure, qui la partagèrent avec les comtes d'Armagnac lorsque ceux-ci héritèrent de la Lomagne. Les derniers comtes d'Armagnac, épris de la magnifique position de Lectoure sur un promontoire facile à fortifier, en firent dès 1525 leur principale résidence, leur capitale et leur grande place de guerre. Louis Xl devait en faire le tombeau de leur puissance trop souvent malfaisante. Leur chute fut présagée par plusieurs désastres. Jean Ier porta ses visées ambitieuses sur le comté de Béarn, qu'il voulut disputer à Gaston Phébus, comte de Foix, légitime héritier de ce vaste domaine. Vaincu par son rival à la bataille de Launac (Haute-Garonne), en 1362, il fut fait prisonnier et contraint de signer une paix humiliante. Son petit-fils, le fameux Bernard VII, devenu connétable de France et le chef de la faction des Armagnacs, fut massacré à Paris chez un maçon qui, lui ayant offert un refuge, le trahit ensuite (1418). Jean IV, félon envers Charles VII, osa lui disputer le Comminges, légué (1443) au roi de France. Le dauphin Louis vint l'assiéger dans l'Isle-Jourdain, le prit et le tint deux ans en captivité. Son fils, Jean V, fut un monstre d'iniquité. Voulant épouser sa soeur Isabelle, il poignarda son aumônier qui refusait de bénir le mariage et obtint par corruption une bulle falsifiée qui l'autorisait. Il fut accusé de trahir au profit de l'Angleterre les intérêts de la France et s'allia aux grands barons révoltés contre Louis XI. Le roi envoya sur Lectoure une première armée qui prit la ville par famine, après huit mois de siège. Le comte s'échappa, et une trahison lui rendit même sa capitale. Aussitôt s'avança une seconde armée, que commandait le cardinal Jouffroy, évêque d'Albi. Après trois mois de siège, une nouvelle trahison ouvrit aux troupes royales les portes de la ville, qui fut saccagée. Le comte fut massacré aux côtés de sa femme légitime, Jeanne de Foix (1473). Le comté, réuni à la couronne en 1481, fut rendu par Charles VIII au frère cadet de Jean V, Charles ler, qui mourut sans entants en 1497. Il n'eut pas toutefois le roi pour héritier : le duc d'Alençon et sa femme Marguerite de Valois, portèrent ce fief dans la maison de Béarn. L'annexion officielle et définitive n'eut lieu qu'à l'avènement d'Henri IV. L'Astarac conserva,
jusqu'à la Révolution, ses maîtres
particuliers; mais il fut, lui aussi, dès le XVe
siècle, administrativement réuni aux autres provinces françaises.
Le XVIIe siècle se passa pour la Gascogne sans commotion sanglante. Cette province fut réunie au gouvernement militaire de la Guyenne, mais elle forma, dès 1716, une généralité ou intendance civile, avec Auch pour capitale; cette généralité fut divisée en cinq élections ou divisions fiscales : Armagnac, Astarac, Lomagne, Comminges (dans la Haute-Garonne) et Rivière-Verdun (dans le Tarn-et-Garonne et la Haute-Garonne). L'intendant d'Etigny, qui gouverna la généralité de 1751 à 1767, s'occupa avec le plus grand dévouement de la prospérité matérielle de ses administrés, et sa mémoire est encore vénérée à Auch, qui lui a élevé une statue. La Révolution, effaçant toutes les limites de fiefs et de provinces, créa le département du Gers, en 1790, mais en supprimant aussitôt après les évêchés de Condom, de Lectoure et de Lombez. Le département était vers le Nord-Est un peu plus étendu qu'aujourd'hui, car alors le département de Tarn-et-Garonne n'existait pas encore. Lorsque ce dernier fut ajouté, en 1808, on prit au Gers quelques communes de la Lomagne et du pays de Rivière-Verdun. Histoire du Gers
depuis 1850.
Comme beaucoup d'autres régions de France, le Gers est profondément touché par la Première Guerre mondiale. De nombreux hommes partent au front, et le département subit des pertes significatives. L'économie agricole, qui est la base de l'économie du département, doit s'adapter aux besoins de la guerre, avec des efforts pour augmenter la production alimentaire. L'après-guerre est marqué par une lente récupération économique. L'agriculture continue de dominer, mais des efforts sont faits pour moderniser les méthodes de production. On assiste aussi à un renouveau culturel avec la promotion des traditions locales (cuisine et culture gasconnes). Une résistance active se développe dans la région pendant la Seconde Guerre mondiale, avec de nombreux habitants qui rejoignent les maquis. Le département est libéré en 1944, après des combats et des actions de résistance. Les années d'après-guerre voient une modernisation significative de l'agriculture, avec l'introduction de nouvelles technologies et l'amélioration des infrastructures rurales. Cependant, comme beaucoup d'autres régions rurales en France, le Gers connaît un exode rural significatif, avec une population déclinante au profit des zones urbaines.À partir des années 1970, le tourisme commence à se développer, avec un intérêt croissant pour le patrimoine historique, la gastronomie, et les paysages du Gers.L'industrialisation reste limitée, mais il y a un développement des petites et moyennes entreprises, souvent liées à l'agriculture, à l'élevage et au tourisme. Au cours des dernières décennies, le Gers a mis l'accent sur l'agriculture durable et biologique, avec une promotion des produits locaux tels que l'armagnac, le foie gras, et le vin. On constate aussi un effort pour diversifier l'économie avec des initiatives dans les énergies renouvelables et le développement technologique en milieu rural. Le département continue de faire face à des défis démographiques, avec une population vieillissante, et une difficulté à attirer de nouveaux résidents et investisseurs. (A. Joanne). |
. |
|
|
|||||||||||||||||||||||||||||||
|