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On
désigne sous le nom d'habitualité la manière dont les habitudes,
les routines et les pratiques influent sur divers aspects de la vie humaine,
de la perception à la moralité. Le concept d'habitualité a été particulièrement
étudié dans le cadre de la phénoménologie,
où l'accent est mis sur l'expérience vécue. Les phénoménologues s'intéressent
à la manière dont les habitudes structurent notre expérience temporelle,
notre perception du monde et notre relation au corps. Merleau-Ponty,
par exemple, a examiné comment les habitudes incarnées influent sur la
manière dont nous habitons le monde.
Dans le domaine de
l'éthique, l'habitualité est souvent liée à la notion de caractère
moral. Aristote a souligné l'importance des
habitudes dans la formation du caractère. La vertu, selon Aristote, est
le résultat d'actions vertueuses répétées jusqu'à ce qu'elles deviennent
des habitudes. Hannah Arendt a placé dans le
contexte de l'habitualité son a concept de la banalité
du mal selon lequel les gens peuvent participer à des actions malveillantes
de manière routinière sans réfléchir profondément à leurs implications
morales.
Dans le contexte
de la théorie de l'action, Gilbert Ryle, de son coté, a introduit le
concept de savoir-faire pour décrire l'habileté acquise à travers
la pratique, soulignant que certaines compétences sont mieux comprises
non pas comme des connaissances déclaratives, mais comme des habitudes
incorporées.
Enfin, les philosophes
existentialistes, Ã commencer par Sartre,
ont abordé la question de la liberté et de la responsabilité individuelles
par rapport aux habitudes. Ils ont étudié comment les individus peuvent
être enclins à suivre des schémas habituels et comment cela peut entraver
ou libérer leur capacité à choisir et à agir. |
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