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Chez certaines
plantes,
on rencontre deux sortes de fleurs, dont les unes
offrent la forme et l'organisation habituelle au genre dans lequel se range
la plante examinée, tandis que les autres présentent des
anomalies plus ou moins nettement accusées. Ces fleurs, auxquelles
on a donné le nom de cléistogames, sont ordinairement
très petites, ne s'épanouissent pas, et ont une corolle
tantôt en partie avortée, tantôt nulle; bien que possédant
un nombre d'étamines moins grand que les
formes normales, elles ont des fruits bien développés
et même, chez certaines plantes, ce sont elles qui donnent lieu,
soit de préférence, soit uniquement, à la formation
des fruits.
Ces fleurs anormales se rencontrent sur
les parties aériennes des plantes, aussi bien que sur les rameaux
souterrains; tantôt elles naissent annuellement avec les fleurs régulières,
tantôt dans certaines années seulement, ou à certaines
époques de la vie de la plante. Sur certains individus, elles se
présentent même à l'exclusion des fleurs normales.
Parmi les familles où l'on rencontre des fleurs dimorphes,
il faut ranger surtout les Légumineuses.
La présence de fleurs souterraines y est relativement assez fréquente.
Les Malpighiacées ont aussi des fleurs cléistogames à
l'aisselle de leurs feuilles inférieures;
ces fleurs ont une corolle nulle et un très petit nombre d'étamines
dont les anthères ne renferment que quelques grains de pollen.
Dans les familles à fleurs dimorphes,
il faut encore placer les Cistinées; la plupart des espèces
présentent en petit nombre des fleurs grandes et parfaitement développées.
En revanche, on y rencontre un grand nombre de fleurs petites, à
corolle nulle et à étamines peu nombreuses. L'Impatiens Noli-tangere,
outre les fleurs bien connues, en produit souvent d'autres excessivement
petites, placées sur des pédoncules latéraux et munies
d'un calice et d'une corolle qui, sous la forme
d'un capuchon, sont emportées par l'ovaire,
quand il s'allonge pour devenir un fruit. D'autres exemples de ces fleurs
anormales nous sont fournis par les Viola L., les Oxalis L., les Campanula
L., etc.
L'organisation des fleurs cléistogames
est telle que les ovaires peuvent être fécondés par
le pollen contenu dans ces fleurs. Cet acte se fait à une époque
où les organes sexuels sont absolument clos par les enveloppes
florales, et où, par conséquent, l'action d'autres fleurs
ne pourrait se produire. Afin que le passage des tubes polliniques au stigmate
de la même fleur ne puisse pas être empêché, les
anthères et le stigmate se trouvent immédiatement contigus,
ce dernier est souvent remplacé par une simple ouverture au sommet
de l'ovaire. (W. Russell). |
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