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Sénégal
République du Sénégal

14 00 N, 14 00 W
Le SĂ©nĂ©gal est un Etat de l'Afrique de l'Ouest. Il est baignĂ©, Ă  l'Ouest, par l'OcĂ©an Atlantique de l'embouchure du fleuve SĂ©nĂ©gal au cap Roxo, et est bordĂ© par la Mauritanie, au Nord, le Mali Ă  l'Est, la GuinĂ©e et la GuinĂ©e-Bissau au Sud; la Gambie y forme par ailleurs une enclave le long du cours moyen et unfĂ©rieur du fleuve du mĂŞme nom. 
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Carte du Sénégal.
Carte du Sénégal. Source : The World Factbook.
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La superficie du Sénégal est de 196 190 km²; sa population d'environ 19 millions d'habitants (2025). C'est une république, divisée en 11 régions (Dakar, Diourbel, Fatick, Kaolack, Kolda, Louga, Matam, Saint-Louis, Tambacounda, Thies, Ziguinchor). Capitale : Dakar. Autres villes importantes : Saint-Louis, Louga, Ziguinchor, Mbour, Dioumbel, Kaolack.

Géographie physique du Sénégal

Le relief est généralement peu élevé, avec des altitudes comprises entre 0 et 581 mètres (le point culminant étant le mont Assiri, près de Nepen Diakha, dans le parc national du Niokolo-Koba). Le territoire se caractérise par une organisation en grands ensembles morphoclimatiques influencés par les vents, les précipitations, et les formations géologiques anciennes. Il repose principalement sur un socle sédimentaire dans l'ouest et un socle cristallin à l'est. Ce contraste influence la géomorphologie : le bassin sédimentaire donne des formes planes ou faiblement ondulées, alors que la région du socle cristallin présente des collines, des plateaux disloqués et des affleurements rocheux. Le réseau hydrographique est en grande partie endoréique ou temporaire dans le nord et le centre, permanent dans le sud et l'est.

Le nord du pays est dominé par le bassin du fleuve Sénégal, long de 1700 km, dont 800 km servent de frontière avec la Mauritanie. Cette région est plate et marquée par des terrasses alluviales, des zones de dépression (vallées fossiles) et des cordons dunaires anciens qui bordent les rives. L'hydrographie y est fortement régulée par le barrage de Diama (proche de l'embouchure) et celui de Manantali (en amont au Mali), modifiant les crues naturelles et l'écologie fluviale. Le fleuve Sénégal est un axe vital pour l'irrigation, l'alimentation en eau et les transports.

Le centre du pays, appelé le bassin arachidier, est constitué de plateaux sédimentaires légèrement ondulés, entrecoupés de dépressions argileuses, de bas-fonds hydromorphes, et de formations dunaires fixées ou mobiles. Les sols, souvent ferrugineux tropicaux ou lessivés, sont relativement pauvres, soumis à l'érosion et à la dégradation liée à l'agriculture intensive. La région est parcourue par plusieurs rivières temporaires, appelées marigots, qui ne coulent que pendant la saison des pluies.

Le Ferlo, au nord-est, est une zone semi-aride dominée par la steppe et la savane claire, où les nappes phréatiques profondes sont exploitées grâce à des forages pastoraux. On y trouve des vallées fossiles (ou vaux), anciennes rivières aujourd'hui asséchées, qui concentrent la végétation pendant la saison humide. La région est sujette à la désertification, accentuée par les vents secs de l'harmattan et les sécheresses cycliques.

L'est du pays comprend le socle précambrien du Sénégal oriental, avec des reliefs plus accidentés, notamment les contreforts des plateaux du Fouta-Djalon qui s'étendent vers le Mali et la Guinée. Cette région est entaillée par de nombreux cours d'eau permanents comme le fleuve Gambie et ses affluents, qui dessinent des vallées encaissées, des chutes d'eau et des zones de forêts galeries. C'est également la zone la plus arrosée à l'intérieur du pays, avec un gradient pluviométrique est-ouest marqué.

Le sud, notamment la Casamance, est un ensemble de plaines alluviales, de collines anciennes et de cuvettes argileuses. Le fleuve Casamance, à écoulement permanent, traverse la région d'est en ouest et alimente un réseau hydrographique dense. Cette zone est aussi caractérisée par des bolongs (bras de mer), des mangroves et des zones inondables en saison humide. Les sols y sont plus riches et mieux arrosés, favorisant la riziculture et les cultures de rente.

Le littoral sénégalais s'étend sur plus de 500 km, du cap Vert (la pointe la plus occidentale d'Afrique) au delta du fleuve Casamance. Il alterne plages sableuses, falaises rocheuses (notamment à Dakar et sur les îles de la Madeleine), estuaires et zones lagunaires. Les systèmes côtiers sont influencés par la dérive littorale nord-sud, les vents alizés et les marées. Les cordons littoraux et les barres sableuses contribuent à la formation de flèches, comme dans le delta du Saloum, une zone de forte sédimentation et de grande biodiversité.

Le climat du SĂ©nĂ©gal varie selon un gradient nord-sud : aride au nord, semi-aride au centre, puis subhumide au sud. Il est dominĂ© par deux saisons : une saison sèche, influencĂ©e par l'harmattan (vent continental sec), et une saison humide de juin Ă  octobre, liĂ©e Ă  la mousson ouest-africaine. Les prĂ©cipitations varient de moins de 300 mm/an au nord (Podor) Ă  plus de 1200 mm/an en Casamance. Cette variation climatique structure les grands types de vĂ©gĂ©tation, de la steppe sahĂ©lienne aux forĂŞts semi-dĂ©cidues. 

Les ressources naturelles du sous-sol comprennent des phosphates (Matam, Thiès), du fer (Falémé), du zircon, du sable siliceux et, plus récemment, des hydrocarburesoffshore découverts au large de Saint-Louis et de Dakar. Leur exploitation future pourrait modifier la dynamique physique et économique du pays, notamment dans les zones côtières.

Biogéographie du Sénégal

Le SĂ©nĂ©gal, situĂ© Ă  la charnière entre les zones sahĂ©lienne et soudanienne de l'Afrique de l'Ouest, prĂ©sente une biogĂ©ographie façonnĂ©e par des gradients climatiques nord-sud, une gĂ©omorphologie relativement plane et une influence anthropique ancienne. 

Le nord du pays appartient à la zone sahélienne, avec une végétation steppique dominée par des herbacées annuelles résistantes à la sécheresse (Cenchrus biflorus, Aristida spp.) et des ligneux xérophiles comme le Balanites aegyptiaca, Acacia senegal ou Faidherbia albida. La pression pastorale y est forte, et entraîne parfois une dégradation du couvert végétal vers des formations plus ouvertes, appelées brousse tigrée, où alternent bandes herbeuses et espaces nus. Les sols, couramment ferrugineux tropicaux peu évolués, sont pauvres, mais localement enrichis par les dépôts alluviaux dans les dépressions ou les vallées sèches.

En progressant vers le centre du pays, on entre dans la zone sahélo-soudanienne, marquée par une pluviométrie plus importante (600 à 900 mm/an). Cette transition climatique permet l'installation de savanes boisées, avec des espèces comme Combretum glutinosum, Guiera senegalensis, ou Vitellaria paradoxa (karité), aux côtés de formations de savanes herbeuses propices à l'agriculture pluviale (arachide, mil, sorgho). Cette région constitue l'aire historique du bassin arachidier sénégalais, dont l'intensification a provoqué une fragmentation des écosystèmes naturels.

Le sud du pays, notamment la Casamance, relève de la zone soudanienne humide et guinéo-congolaise périphérique, avec des précipitations excédant 1200 mm/an. Cette région abrite des formations forestières plus denses, semi-décidues ou sempervirentes, parfois transformées en forêts-galeries le long des cours d'eau. On y trouve des essences telles que Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Dialium guineense, ou Ceiba pentandra. Cette richesse floristique s'accompagne d'une faune plus variée que dans le nord, avec des primates, des oiseaux tropicaux et des reptiles.

Les zones humides, permanentes ou saisonnières, sont essentielles pour la biodiversité. Le delta du fleuve Sénégal, fortement anthropisé par les aménagements hydro-agricoles, abrite toutefois des réserves écologiques importantes comme le parc national du Djoudj, classé au patrimoine mondial de l'Unesco et zone Ramsar. Il accueille des centaines d'espèces d'oiseaux migrateurs paléarctiques (pélicans, spatules, flamants, canards) durant la saison sèche. Le Niokolo-Koba, dans le sud-est, est le plus grand parc national du pays, couvrant près de 9000 km². Il protège une diversité faunistique remarquable incluant lions, hippopotames, panthères, babouins, et antilopes, bien que la pression humaine et le braconnage en réduisent la densité.

La côte sénégalaise alterne plages sableuses, dunes fixées, estuaires et mangroves. Ces dernières, concentrées surtout en Casamance et autour du Saloum, sont composées principalement de Rhizophora mangle, Avicennia germinans et Laguncularia racemosa. Elles jouent un rôle écologique essentiel : nurseries pour les poissons, protection contre l'érosion, puits de carbone, et ressources pour les populations locales (pêche, ramassage de coquillages, bois de chauffe).

Les écosystèmes insulaires, comme les îles de la Madeleine ou les îles du Saloum, ajoutent une dimension insulaire à la biogéographie du Sénégal. Ils abritent des endémismes végétaux et une avifaune spécifique, notamment des colonies de sternes, goélands et puffins.

L'action humaine a profondément remodelé les paysages biogéographiques. La déforestation, le surpâturage, la salinisation des sols dans les vallées fossiles du Ferlo, ou encore l'urbanisation côtière, affectent la structure et la résilience des écosystèmes. Le réchauffement climatique accentue ces dynamiques, avec une désertification croissante dans le nord et une dégradation progressive des forêts dans le sud.
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La ville de Dakar vue depuis l'espace.
La péninsule du cap Vert et ville de Dakar vues depuis l'espace.

Géographie humaine du Sénégal

Population.
La population du Sénégal, estimée à environ 19 millions d'habitants, se caractérise par une grande jeunesse, avec un âge médian se situant autour de 19 ans. La croissance démographique est soutenue, avoisinant les 2,5% par an, alimentée par un taux de fécondité encore élevé bien qu'en baisse progressive. La densité de population est inégalement répartie sur le territoire, avec une forte concentration le long de la côte atlantique, particulièrement dans la presqu'île du Cap-Vert où se trouve Dakar. Cette métropole et sa périphérie abritent près d'un quart de la population totale et connaissent une urbanisation rapide.

La religion joue un rôle central dans la structure sociale sénégalaise. L'islam est très largement majoritaire, pratiqué par environ 95% de la population. Il s'agit d'un islam principalement soufi, organisé en grandes confréries qui exercent une influence considérable non seulement sur la vie religieuse mais aussi sociale et même politique de leurs disciples. Les Mourides et les Tidianes sont les deux confréries les plus importantes, suivies par la Qadiriyya et la Layène. Ces confréries jouent un rôle d'encadrement social, de solidarité économique et de médiation. Le christianisme, principalement le catholicisme, représente environ 4% de la population et est surtout présent en Casamance et dans les grandes villes. La tolérance et le dialogue interreligieux sont des caractéristiques marquantes de la société sénégalaise, illustrées par la participation commune aux grandes fêtes religieuses de chaque communauté.

La sociĂ©tĂ© sĂ©nĂ©galaise s'organise autour de valeurs fondamentales telles que la tĂ©ranga (hospitalitĂ©), le respect des aĂ®nĂ©s et un sens profond de la communautĂ© et de la solidaritĂ© familiale. La famille, au sens large et Ă©tendu, constitue le socle de la vie sociale. Les dĂ©cisions importantes sont souvent prises collectivement et l'entraide est une obligation morale. Cependant, la sociĂ©tĂ© reste hiĂ©rarchisĂ©e, avec des stratifications sociales qui peuvent ĂŞtre hĂ©ritĂ©es des anciennes structures de castes, bien que celles-ci aient perdu leur rigiditĂ© d'antan. Le statut social peut Ă©galement ĂŞtre influencĂ© par l'appartenance confrĂ©rique, la rĂ©ussite Ă©conomique ou le niveau d'instruction. En ce qui concerne les rapports de genre, la sociĂ©tĂ© demeure largement patriarcale, mais on observe des Ă©volutions notables, notamment en milieu urbain, avec une participation croissante des femmes Ă  la vie Ă©conomique et politique, encouragĂ©e par des lois comme celle sur la paritĂ© absolue dans les assemblĂ©es Ă©lectives. Le système Ă©ducatif a fait des progrès, mais le taux d'analphabĂ©tisme reste un dĂ©fi, particulièrement chez les femmes et en milieu rural. 

Quelques-unes des principales villes du Sénégal

• Dakar, située à l'extrémité de la presqu'île du Cap-Vert, est le cœur politique, économique, administratif et culturel du Sénégal. Avec plus de 3,5 millions d'habitants dans son agglomération, elle concentre une part écrasante des activités tertiaires du pays, les sièges d'entreprises, les universités, les services publics et les principales infrastructures de transport (port autonome, aéroport international Blaise Diagne à proximité). Son urbanisation rapide, liée à l'exode rural, a entraîné une extension incontrôlée vers la périphérie (Guédiawaye, Pikine, Rufisque), créant des défis en matière de logement, de transport et d'aménagement.

• Thiès, située à une soixantaine de kilomètres à l'est de Dakar, est un carrefour ferroviaire et routier stratégique entre la capitale, le centre du pays et les régions orientales. C'est une ville industrielle en développement, avec des activités liées aux matériaux de construction, à la transformation agricole et à l'artisanat. Elle accueille aussi une population croissante grâce à sa proximité avec Dakar, tout en bénéficiant d'un cadre de vie plus aéré.

• Saint-Louis, ancienne capitale coloniale, est située à l'embouchure du fleuve Sénégal. Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, elle conserve une architecture coloniale remarquable et un riche patrimoine culturel. Elle joue un rôle important dans la pêche artisanale, l'agriculture irriguée dans la vallée du fleuve (riz, tomates, canne à sucre), et l'enseignement supérieur avec l'université Gaston Berger. Cependant, elle est confrontée à de graves problèmes d'érosion côtière et d'inondations saisonnières.

• Kaolack, situĂ©e dans le centre-ouest du pays, est un pĂ´le agro-industriel majeur, spĂ©cialisĂ© dans le traitement de l'arachide, dont elle fut longtemps la capitale Ă©conomique. Son marchĂ© 

central, son port fluvial sur le Saloum et sa position au croisement de plusieurs axes routiers en font un carrefour commercial. La ville souffre toutefois d'un certain déclin industriel et d'infrastructures urbaines vieillissantes.

• Ziguinchor, chef-lieu de la région de Casamance, se trouve au sud du pays, isolée du reste du territoire par la Gambie. Cette situation particulière a contribué à son identité singulière et à son enclavement relatif. La ville est le principal centre urbain de la Casamance, connue pour ses potentialités agricoles (riz, mangues, anacardes) et son tourisme vert. Ziguinchor a été touchée par des décennies de conflit séparatiste, mais bénéficie aujourd'hui d'un processus de paix progressif et d'un regain d'activité.

• Tambacounda, située dans l'est du Sénégal, est un centre régional peu densément peuplé mais stratégique, notamment en tant que carrefour entre le Sénégal, le Mali et la Guinée. Elle est traversée par la route transsahélienne (corridor Dakar-Bamako) et constitue un point de passage important pour les marchandises. Sa croissance urbaine reste modérée, mais elle joue un rôle de centralité pour les populations rurales voisines.

• Touba, ville religieuse fondée par le mouride Cheikh Ahmadou Bamba, est un cas particulier : elle ne dépend pas directement de l'État sénégalais mais est administrée par la confrérie mouride. Elle connaît un développement rapide, avec une population de plus d'un million d'habitants, attirée par la dimension spirituelle et économique de la ville. Le Grand Magal, pèlerinage annuel, y rassemble des millions de fidèles. L'économie locale repose sur le commerce, l'artisanat et les investissements de la communauté mouride, avec des infrastructures parallèles à celles de l'État.

Groupes ethnolinguistiques.
Sur le plan ethnolinguistique, le Sénégal est une mosaïque de peuples. Le groupe le plus important est celui des Wolofs, qui représente plus d'un tiers de la population. Viennent ensuite les Pulaar (Peuls), qui constituent un autre grand groupe, suivis par les Sérères, principalement établis dans le centre-ouest du pays. D'autres communautés comme les Diolas en Casamance, les Mandingues, les Soninkés et les Lébous contribuent à cette diversité culturelle. Cette cohabitation ethnique est généralement pacifique, renforcée par des liens matrimoniaux interethniques et un mécanisme social unique appelé "parenté à plaisanterie" (kal en wolof), qui permet de désamorcer les tensions potentielles entre différents groupes par l'humour et la taquinerie.

Wolof.
Historiquement liée aux anciens royaumes du Djolof et du Cayor, la population wolof a vu sa langue s'imposer comme lingua franca dans tout le pays, en grande partie grâce à sa présence dominante dans les centres urbains comme Dakar et Saint-Louis. Bien que le français soit la langue officielle du pays, le wolof est aujourd'hui parlé bien au-delà du groupe ethnique lui-même, devenant un vecteur principal de communication interethnique, en particulier dans les médias, le commerce et les institutions informelles.

Peuls.
Les Peuls ou Peulhs, appelés aussi Fulbés, sont un autre groupe d'importance au Sénégal. Leur présence est concentrée dans les régions de la Moyenne Vallée du fleuve Sénégal, dans le Ferlo, et dans l'est du pays. De tradition pastorale, ils ont une forte identité liée à l'élevage, bien que beaucoup soient désormais sédentarisés. Leur langue, le pulaar, a une forme écrite normalisée et joue un rôle clé dans la culture islamique et littéraire, notamment chez les lettrés et les marabouts.

Sérères.
Les Sérères occupent principalement la région du Sine et du Saloum, ainsi que certaines zones autour de Thiès et Mbour. Ce groupe conserve des traditions religieuses anciennes, bien que la majorité soit aujourd'hui de confession musulmane. Leur langue, le sérère, appartient à la même famille linguistique que le wolof mais présente des traits distinctifs marqués. La culture sérère est connue pour sa richesse dans les domaines de l'astronomie, de la cosmogonie, et de la généalogie.

Diolas.
Les Diolas vivent essentiellement en Casamance, au sud du pays. Ils constituent un ensemble de sous-groupes linguistiques apparentés, partageant des valeurs fortes d'autonomie, de solidarité communautaire et de rapport intime à la terre. La société diola est largement agro-centrée, et leurs langues, bien que très variées (comme le fogny, le kujamat ou le karon), relèvent d'un même tronc atlantique occidental. Leur résistance à la centralisation politique et leur attachement aux institutions coutumières restent marquants dans le paysage sénégalais.

Soninkés.
Les Soninkés sont localisés dans la région orientale du Sénégal, surtout dans le département de Bakel. Ils sont les descendants directs des populations de l'ancien empire du Ghana. Leur langue, le soninké, est parlée également dans le Mali, la Mauritanie et la Gambie. Marchands, cultivateurs et souvent polyglottes, les Soninkés ont joué un rôle déterminant dans les échanges transsahariens et dans la propagation de l'islam.

Mandingues.
Les Mandingues, quant à eux, sont concentrés principalement en Casamance et autour de Kolda. Ils appartiennent à la grande famille mandé et parlent des variantes du mandinka. Leur culture musicale, leur tradition orale – notamment à travers les griots – et leur rôle historique dans les royaumes du Mali et du Kaabu sont fondamentaux dans le patrimoine sénégalais.

Bassaris. Bédiks. Tenda.
Les Bassaris, les Bediks et les Tenda, groupes minoritaires localisés dans le sud-est du Sénégal, notamment autour de Kédougou, conservent des langues et coutumes ancestrales distinctes. Leur organisation sociale et religieuse est généralement animiste ou syncrétique, intégrant des éléments de la nature dans leur système de croyance. Leur isolement relatif leur a permis de préserver une grande partie de leur héritage culturel.

Lébous.
Enfin, bien qu'en nombre réduit, les Lébous, vivant autour de la presqu'île du Cap-Vert, conservent une identité forte, marquée par leur rôle historique de pêcheurs et leur structure sociale particulières autour des ndep (rites thérapeutiques) et du conseil des sages. Bien que proches linguistiquement des wolofs, ils maintiennent une organisation coutumière distincte.
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Carte du Sénégal.
Carte du Sénégal.

Culture.
La culture sénégalaise est le produit d'un métissage complexe entre héritages africains anciens, influences arabo-islamiques, apports occidentaux issus de la colonisation, et dynamiques contemporaines propres à la modernité africaine.

Le concept de teranga, ordinairement traduit par hospitalité, occupe une place centrale dans la manière dont les Sénégalais perçoivent leur identité collective. Au-delà de la simple générosité, c'est une philosophie de vie qui régit les relations interpersonnelles, le respect de l'autre, le partage des repas et l'accueil de l'étranger. Ce principe est transversal aux groupes ethniques, bien qu'il s'exprime avec des nuances selon les contextes.

La culture orale joue un rĂ´le fondamental dans la prĂ©servation de l'histoire et des valeurs communautaires. Les griots, ou gĂ©wĂ«l  en wolof, sont les dĂ©positaires de la mĂ©moire collective. Ils transmettent les gĂ©nĂ©alogies, cĂ©lèbrent les hauts faits des ancĂŞtres, et accompagnent les cĂ©rĂ©monies de mariage, de baptĂŞme ou de funĂ©railles par des chants et des instruments traditionnels comme le balafon, le kora, ou le tama. Leur parole a un poids sacrĂ©, Ă  la fois poĂ©tique et politique.

La musique est omniprésente et constitue une forme d'expression culturelle majeure. Du mbalax, genre populaire né du mélange entre percussions traditionnelles sabar et influences modernes comme le jazz et le funk, aux musiques traditionnelles sérères, peulhs ou diolas, chaque région possède ses propres rythmes et instruments. Des figures comme Youssou N'Dour, Ismaël Lô ou Coumba Gawlo ont su projeter cette richesse sur la scène internationale. La danse, indissociable de la musique, rythme les grands moments de la vie sociale et les fêtes populaires.

La mode et l'art vestimentaire reflètent une grande créativité. Les boubous brodés, pagnes colorés, tissus tissés comme le rabal, et accessoires fabriqués localement marquent les grands événements sociaux. Les tailleurs, souvent des artisans renommés, jouent un rôle social et esthétique important dans les quartiers.

Des écoles comme celle de Dakar, née dans le sillage de l'indépendance et du président poète Léopold Sédar Senghor, ont mis en avant une esthétique à la fois enracinée et ouverte. Des artistes comme Ousmane Sow avec ses sculptures monumentales, ou Soly Cissé avec ses peintures expressives, sont emblématiques de cette vitalité. Les tissus bogolan, les fresques murales, le recyclage artistique et les bijoux traditionnels montrent que la créativité sénégalaise ne se limite pas aux galeries.

La cuisine du Sénégal exprime à elle seule une grande partie de l'identité nationale. Le thiéboudiène, plat emblématique à base de riz, poisson et légumes, est autant une recette qu'un rituel. D'autres plats comme le yassa, le maffé, ou le lakh sont autant de déclinaisons du savoir culinaire transmis dans les familles. Le thé à la menthe, souvent partagé en trois services, représente à lui seul un temps social important, ponctué de discussions et de silences.

Les cérémonies sociales, qu'il s'agisse des baptêmes (nguenté), mariages (téudé) ou funérailles, suivent des protocoles codifiés, mêlant rituels religieux, échanges de cadeaux, musique, danse et repas collectifs. Ces moments renforcent les solidarités communautaires et l'appartenance à des cercles familiaux ou confrériques.

Le sport, en particulier la lutte traditionnelle (laamb), dépasse le cadre du divertissement. Il constitue un champ d'expression identitaire, de bravoure et de spiritualité. Très populaire dans tout le pays, la lutte mobilise les foules, les parieurs, les griots et même les marabouts, et contribue à façonner de nouvelles figures héroïques de la modernité.

Enfin, le cinéma sénégalais, pionnier en Afrique francophone, reste un vecteur majeur de transmission culturelle et de critique sociale. Des réalisateurs comme Ousmane Sembène, Djibril Diop Mambéty ou plus récemment Mati Diop, ont su traiter avec acuité des tensions entre tradition et modernité, entre Afrique rurale et villes globalisées.

Economie.
L'économie du Sénégal est caractérisée par une structure diversifiée, mêlant agriculture, services, pêche, industrie et un secteur informel très dynamique. Elle repose historiquement sur une économie de rente, mais s'oriente progressivement vers une transformation structurelle axée sur l'industrialisation, les infrastructures et l'innovation. Malgré une croissance soutenue au cours de la dernière décennie, des inégalités sociales, une forte dépendance aux importations, ainsi qu'un taux de chômage élevé persistent, surtout chez les jeunes.

L'agriculture emploie environ 60 % de la population active. Elle est dominée par l'arachide, culture introduite sous la colonisation et encore aujourd'hui centrale dans l'économie rurale. D'autres filières comme le riz, le mil, le maïs, le sorgho, le sésame, les fruits et légumes, notamment dans la vallée du fleuve Sénégal et en Casamance, prennent de plus en plus d'importance. Toutefois, l'agriculture sénégalaise reste très dépendante des aléas climatiques, des cycles de sécheresse et du faible niveau de mécanisation.

Le secteur de la pêche représente l'une des premières sources de devises du pays. Le Sénégal dispose d'un littoral riche, notamment en ressources halieutiques comme la sardinelle, le thon, la sole ou le merlu. Cette richesse a favorisé une pêche artisanale dense et vivante, aux côtés d'une pêche industrielle exportatrice, principalement à destination de l'Union européenne et de l'Asie. Cependant, la surexploitation, les accords de pêche controversés avec des flottes étrangères et le changement climatique menacent les ressources maritimes.

L'industrie sénégalaise est concentrée dans la région de Dakar et reste dominée par les activités de transformation agroalimentaire, les cimenteries, la production de matériaux de construction, et plus récemment le secteur pharmaceutique et chimique. Le Programme Sénégal Émergent (PSE), cadre stratégique lancé par l'État en 2014, vise à diversifier et moderniser cette base industrielle. L'un des axes majeurs est la transformation locale des produits agricoles, la valorisation minière, et l'émergence de pôles industriels comme à Diamniadio.

Le secteur tertiaire est le moteur principal de la croissance. Il comprend les télécommunications, les transports, la finance, le commerce, les services publics et surtout le tourisme. Le Sénégal attire des visiteurs pour ses parcs naturels, ses sites historiques comme l'île de Gorée ou Saint-Louis, ainsi que pour ses événements culturels comme le Dak'Art. Le tourisme balnéaire et religieux (notamment à Touba et Tivaouane) contribue également à la vitalité du secteur. Dakar se positionne comme un hub régional pour les services numériques, avec un fort développement des start-up, incubateurs et fintechs.

Le secteur informel est omniprésent dans l'économie sénégalaise. Il regroupe une multitude d'activités : petits commerces, ateliers artisanaux, transport urbain, restauration de rue, services à la personne. Ce secteur, bien que difficile à quantifier précisément, représente environ 40 % du PIB et emploie la majorité des actifs. Il constitue un filet de sécurité économique mais reste marqué par une faible productivité, une absence de couverture sociale et un accès limité au financement.

L'économie sénégalaise est fortement tournée vers l'extérieur. Les principaux partenaires commerciaux sont la Chine, la France, l'Inde, l'Espagne et les pays de la CEDEAO. Le pays exporte principalement des produits halieutiques, des phosphates, de l'or, des produits agricoles et des produits pétroliers raffinés. En revanche, il dépend massivement des importations pour les produits manufacturés, les hydrocarbures, le blé, et les intrants agricoles.

Depuis 2023, le Sénégal est entré dans une nouvelle phase avec l'exploitation de ses ressources pétrolières et gazières, notamment les gisements de Sangomar et de Grand Tortue Ahmeyim. Ces projets sont porteurs d'espoir pour accroître les recettes publiques, financer les infrastructures et renforcer la souveraineté énergétique. Cependant, ils posent aussi des défis : gestion de la rente, transparence, impact environnemental et inclusion des populations locales.

Le système financier du pays est structuré autour de la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), avec un secteur bancaire en croissance, mais encore relativement peu inclusif. L'accès au crédit pour les petites et moyennes entreprises (PME) reste limité, même si des initiatives telles que les fintechs, la microfinance et le mobile banking contribuent à l'amélioration de l'inclusion financière, surtout en milieu rural.

Le développement des infrastructures – autoroutes, ports, aéroports, électricité – est un levier majeur du PSE. Le Train Express Régional (TER), le Port de Ndayane, le parc industriel de Diamniadio, et les projets d'électrification rurale illustrent cette volonté de modernisation. Toutefois, les coûts élevés, les délais de réalisation et la dette publique accrue suscitent des débats sur la soutenabilité du modèle de développement.

Enfin, les transferts de la diaspora sénégalaise jouent un rôle économique et social crucial. Estimés à plus de 10 % du PIB, ces envois de fonds permettent à de nombreuses familles d'accéder à la santé, à l'éducation et à l'investissement dans l'immobilier ou l'agriculture. Ce flux de capitaux représente une source stable de revenus en comparaison à l'aide publique au développement ou à l'endettement extérieur.



Frédérick Vézia , Yves Paccalet, Sénégal : Sine-Saloum la forêt de l'océan, Editions de la Martinière, 2009. - Le Sine-Saloum est un lieu hybride, ni terre ni mer, un continent improbable où la végétation et l'eau sont en osmose directe, comme affranchies du poids inutile de la roche, de l'humus et du sable. Rien n'est achevé dans ce delta et surtout pas la nature. Tout évoque l'aube des temps, le surgissement de la vie, le chaos d'une création si parfaite qu'elle ne pourra durer longtemps dans cet état, subtile, indéterminée, fragilement passive. (couv.).

Bernard Desjeux, Catherine Desjeux, Sénégal, le pays du donner et du recevoir, Grandvaux (beaux livres), 2004. - Ce livre nous fait découvir par l'image et le texte les multiples facettes du Sénégal. Il s'en dégage une atmosphère moite, chaude, grisante, dans l'effervescence du bruit du n'importe quoi, n'importe où. C'est un pays du Sahel ouvert sur L'Atlantique. Des chaleurs torrides du midi à la fraicheur de la nuit, de la verte Casamance à la savane du Ferlo, de la hutte de paille aux buildings de Dakar, le Sénégal connaît les extrêmes. Une vie théâtrale de délicatesse entretient une complicité, la main tendue demande et donne.

Ce pays est un formidable creuset culturel où s'expriment des musiciens, cinéastes, plasticiens, écrivains, stylistes...

Le Sénégal est, suivant la formule de son premier président Léopold Sedar Senghor, « le pays du donner et du recevoir ».

Dans ce livre, Catherine et Bernard Desjeux nous proposent leur vision sensible d'un pays qu'ils fréquentent depuis de très nombreuses années. (couv.).

Message de l'auteur : Avec Catherine, nous fréquentons le Sénégal depuis près de 25 ans, Nous avons vu ce pays se métamorphoser : la population exploser à tel point qu'aujourd'hui 60 % de celle-ci est âgée de moins de vingt ans. Les buildings se multiplient et le tourisme y prend une grande importance. Nous avons voulu dans ce livre, au-delà de l'exotisme, expliquer sans complaisance par le texte et la photographie ce que nous avons compris de ce pays. Tout est pareil : même si le Sénégal a connu ces vingt dernières années des bouleversements considérables, le Sénégalais affiche une attitude identique. Les comportements sont les mêmes : Le village, la ville, la rue, la circulation, mais la population a explosé. La plage de Sally est la même, sauf qu'il y a une ville devant! Nous avons voulu montrer ce pays, fantastique creuset culturel prolongeant la pensée de son premier poète-président Léopold Sedar Senghor. (B. D.)

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