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Les Moines Soldats du Moyen âge III - Les Chevaliers Teutoniques |
Les Chevaliers Teutoniques (Deutsche Ritter) forment le troisième grand ordre de chevalerie religieuse et militaire issu des croisades. Fondé en 1128 à Jérusalem, cet ordre était initialement un ordre hospitalier voué au soulagement des Croisés malades ou blessés. Les premiers membres portaient le titre de Frères de Ste-marie. Réorganisé en ordre militaire en 1190, au siège de St-Jean-d'Acre, par l'empereur Frédéric de Souabe, l'ordre eut dès lors son siège à St-Jean-d'Acre. Les nouveaux chevaliers étaient soumis, pour les devoirs de charité, à la règle des Hospitaliers, et, pour la discipline militaire, à celle des Templiers. A la fin des Croisades, l'ordre vint s'établir en Europe où il acquit de vastes possessions en Allemagne, en Italie, en Hongrie, en Transylvanie, et fut mis au rang des puissances européennes. Son histoire se confond dès lors avec celle de la Prusse et des pays riverains du Sud-Est de la Baltique. A partir du début du XVe siècle son pouvoir commença a se déliter. Il a cessé d'exister de fait avec l'empire d'Allemagne au commencement du XIXe siècle. Napoléon l'avait définitivement supprimé par un décret du 24 avril 1809: le roi de Prusse tenta de le relever en 1852 sous le titre d'Ordre évangélique de St-Jean. L'Autriche a également institué en 1840 un ordre teutonique. Mais il ne s'agira plus dès lors que titres honorifiques. | ||
Des Croisades à la Baltique L'ordre des Chevaliers Teutoniques prit naissance dans sa forme militaire au siège de Saint-Jean-d'Acre, par les Croisés, le 19 novembre 1190. Il eut auparavant pour point de départ un hôpital (Hôpital teutonique de Notre-Dame de Sion) fondé dès 1128 en Palestine par des bourgeois de Lübeck et de Brême, et desservi par des Allemands (Deutschen ou Teutons). Frédéric de Souabe, commandant le corps des croisés allemands, obtint du pape Celestin III, par l'entremise de son frère Henri, roi de Germanie, l'érection de cet hôpital en ordre religieux et militaire, assimilé aux Hospitaliers de Saint-Jean et aux Chevaliers du Temple. Henri de Waldpott en fut le premier grand-maître. L'ordre fut divisé en trois classes comme celui de Malte : les chevaliers, les prêtres, les frères servants. Le costume fut la dalmatique blanche avec la croix noire, à laquelle Jean de Brienne ajouta plus tard la croix d'or de Jérusalem. Obligé de quitter la Palestine à la fin des croisades, l'ordre Teutonique vint se fixer en Allemagne, où il possédait déjà d'immenses territoires, et prit pour chef-lieu le château de Neuhaus, près Mergentheim en Souabe. Frédéric II donna à Hermann de Salza, le quatrième grand-maître de l'ordre, le titre de prince d'Empire (1230). A cette époque, Conrad, duc de Cujavie et de Mazovie, offrit aux chevaliers de combattre les Prussiens rétifs la christianisation, moyennant la cession de Culm qui devint leur deuxième capitale. La Prusse fut soumise en peu d'années, et devint la propriété de l'ordre sous la suzeraineté de la Pologne. Marienbourg, fondée par les chevaliers, en 1280, devint leur capitale en 1309, sous Sigefried de Feuchtwangen, leur quinzième grand-maître. En 1237, l'ordre s'accrut par la fusion des Chevaliers Porte-Glaives de Livonie. Le délitement de l'ordre En 1525, Albert de Brandebourg, qui était alors grand maître, se déclara, pour la réforme de Luther, se maria, sécularisa les biens de l'ordre, et se fit reconnaître comme duc héréditaire de Prusse, sous la suzeraineté de la Pologne. Une partie des Chevaliers nommèrent alors à sa place Walter de Cromberg, et le siège de l'ordre fut transporté à Marienthal ou Mergentheim en Franconie; en même temps, l'ordre des Porte-Glaives se sépara d'eux et se reconstitua sous Walter de Plettenberg. L'ordre Teutonique se perpétua seulement en Allemagne où il fut réorganisé, le maître d'Allemagne ayant été proclamé grand maître par les chevaliers assemblés à Mergentheim. Les domaines, dont l'administration demeura la principale occupation et la raison d'être des chevaliers, se répartissaient en 12 bailliages (Ballei) : Thuringe, Autriche, Hesse, Franconie, Coblence, Alsace, Botzen-sur-l'Adige, Utrecht, Alten-Biesen, Lorraine, Saye, Westphalie; Utrecht se détacha en 1637; Coblentz et la Lorraine disparurent avec l'annexion française, mais en 1805, il demeurait 9 bailliages. Le traité de Presbourg (auj. Bratislava, en Slovaquie) donna à l'empereur d'Autriche le droit de désigner pour grand maître un prince de sa famille, lequel percevrait tous les revenus de l'ordre Teutonique. Il végéta ainsi dans l'obscurité jusqu'au début du XIXe siècle. Le 24 avril 1809, de Ratisbonne, Napoléon décréta son abolition; les biens furent donnés aux princes sur les territoires desquels ils se trouvaient. En 1834, l'empereur d'AutricheFrançois Ier releva l'ordre Teutonique auquel il donna de nouveaux statuts le 28 juin 1840; le titre de grand maître et maître d'Allemagne est porté par un archiduc; depuis 1894, c'est l'archiduc Eugène, né en 1863, petit-fils de l'archiduc Charles; au-dessous, sont les deux commandeurs des bailliages d'Autriche et de Tyrol. A cette époque, pour l'admission dans l'ordre, il faut professer la religion catholique et prouver 16 quartiers de noblesse; on distingue les capitulaires, les chevaliers profès et les chevaliers honoraires; les profès font voeu de célibat et sont rentés sur les revenus de l'ordre. Celui-ci entretient deux hôpitaux à Troppau (Ostrava) et Frendenthal et équipe en cas de mobilisation 44 ambulances. L'insigne est une croix d'or émaillée de noir à liséré d'argent. Une nouvelle réorganisation de l'ordre Teutonique a eu lieu le 13 juillet 1865 (22 chevaliers profès et 30 honoraires); l'ordre a été encore étendu le 26 mars 1871. Le bailliage d'Utrecht s'est conservé comme ordre Teutonique des Pays-Bas; aboli en 1809, il a été rétabli le 8 août 1815 par le roi Guillaume (3 classes); il avait encore au début du XXe siècle son commandeur, confirmé par le roi; pour l'admission dans l'ordre, il fallait ici professer la religion réformée et prouver quatre ancêtres nobles. (E.-D. Grand. / M. Barroux / H. Vast./ H. Gourdon de Genouillac. / A.-M. B. / B. / H. G.) |
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