| Tyrol (devrait plutôt s'écrire Tirol). - Région des Alpes, à l'Ouest de l'Autriche, débordant sur l'Italie (Tyrol méridional). Elle est comprise entre la Suisse à l'Ouest, la Bavière au Nord, la Vénétie et la Lombardie au Sud. Les montagnes occupent les 5/6 de la surface et, par ses pics, par ses glaciers, ses torrents et ses cascades, le Tyrol rivalise avec la Suisse; son altitude moyenne est la plus considérable de tous les pays alpestres, mais les grands lacs lui manquent. L'épine centrale du Tyrol est formée par les grandes Alpes Rhétiques où culmine à 3783 m le massif de l'Oetzthal; elles séparent les vallées de l'Inn et de l'Adige qui communiquent par le col du Brenner, le plus bas qui franchisse les Grandes Alpes (1362 m); de l'autre côté commencent les Alpes Noriques avec les massifs de Zillerthal (3523 m) et des Hohe Tauern qui se continuent en Carinthie, le Gross Glockner (3798 m) servant de limite. La grande chaîne centrale est séparée des Alpes des Grisons par le col de Reischendeck (1495 m), qui va des sources de l'Adige à la vallée de l'Inn (altitude : 977 m à Finstermünz), la vallée du haut Adige ou Vintschgau borne au Sud le massif de l'Oetzthal, lequel s'abaisse au Nord sur la vallée de l'Inn. Aux deux débouchés de la route du Brenner sont les villes principales, Innsbruck sur l'Inn, Bolzano, et, plus bas, Trente, sur l'Adige. Au Nord-Ouest de l'Inn s'étendent les massifs de Silvretta (3302 m) et du Rhaetikon (2968 m), limite entre le Vorarlberg et la Suisse. Au Nord sont les Alpes du Vorarlberg et Algaviennes à travers lesquelles le col (1797 m) et le tunnel de l'Arlberg font communiquer le bassin du Rhin et celui de l'Inn (Danube); les Alpes Algaviennes se continuent au Nord de l'Inn jusqu'au Lech, puis viennent les Alpes calcaires du Tyrol septentrional on de Bavière, qui vont jusqu'à Salzbourg; notons, au-dessus d'Innsbruck, le Solstein (2655 m) et, à l'Est du défilé de l'Inn, le Kaiserberg (2344 m) Les chaînes latérales du Sud sont aussi imposantes que la chaîne centrale; à l'Ouest de l'Adige, le Tyrol comprend une partie des formidables massifs de l'Ortler (3905 m) et de l'Adamello (3561 m), à l'Est sont les Alpes dolomitiques (3494 m) avec leurs extraordinaires falaises à pic de 1000 m et leurs admirables dômes; ce massif est isolé au Nord de celui des Hohe Tauern par, la troisième grande vallée du Tyrol, le Pusterthal; longue de 100 kilomètres d'Ouest en Est, elle partage ses eaux entre la Drave, affluent du Danube, et la Rienz, sous-affluent de l'Adige En dehors de ses vallées maîtresses de l'Inn et de l'Adige et de la dépression du Pusterthal, le Tyrol n'a que des vallées latérales assez courtes; citons celle de la Wipp qui descend du Brenner à l'Inn, celle de l'Eisack, du Brenner à l'Adige, celles de la Noce (droite) et l'Avisio (gauche), tributaires de l'Adige; le val supérieur du Lech, les sources de l'Isar et de son affluent l'Achen, issu d'un joli lac; rappelons enfin que le Tyrol confine aux grands lacs de Constance à l'Ouest, de Garde au Sud. Histoire. Le Tyrol fut avant l'ère chrétienne un pays celtique, compris dans la Rhétie, que les Romains conquirent sous Auguste. Après les Ostrogoths, il fut divisé entre les Lombards et les Bavarois, réuni sous la domination franque, divisé de nouveau lors de la dissolution de l'empire carolingien; au Xe siècle, le comté de Trente, jadis lombard, dépendait de la Marche de Vérone, il s'étendait sur le bassin de l'Adige jusqu'à Bolzano et Meran; d'autres comtes régissaient les vallées de l'Inn. En 1027, l'empereur Conrad Il attribua à l'évêché de Trente les comtés de Trente, Bolzano et Vintschgau; à celui de Brixen, la vallée de l'Eisack jusqu'à Klausen et celle de l'Inn jusqu'au Zillerthal; en 1091, l'évêque Brixen y ajoute le comté de Pustherthal. Mais en 1165, il inféode le val de l'Inn et le Pusterthal aux comtes bavarois d'Andechs, lesquels, en 1180, deviennent ducs de Méranie. D'autre part, Adalbert obtient en 1130 de l'évêque de Trente le comté de Vintschgau et de celui de Brixen le comté d'Eisack; en 1140, ses fils s'intitulent comtes de Tyrol (Tirol), d'après le nom d'un de leurs châteaux. - Le château de Tyrol, près de Meran (Italie). Source : The World Factbook. En 1248, les comtes de Tyrol héritent de ceux d'Andechs dont la famille s'est éteinte. Le comte Meinhard Il y ajouta en 1286 le duché de Carinthie. Sa petite-fille, Marguerite Maultasch, céda en 1363 le Tyrol aux ducs d'Autriche, et à partir de ce moment il fit partie de l'héritage des Habsbourg et figura dans leurs partages. L'empereur Maximilien donna au Tyrol une charte (Landlibell) réglant le contingent militaire de chaque district. Il passa avec le reste des pays autrichiens à son second fils, qui devint l'empereur Ferdinand Ier, dans le partage intervenu à la mort de celui-ci (1564), le Tyrol fut avec la Haute-Autriche attribué au second fils, Ferdinand, mort sans laisser d'enfants en 1595; ils passèrent ensuite au second fils de Charles de Styrie, l'archiduc Léopold, frère cadet de l'empereur Ferdinand II; la descendance de Léopold s'éteignit en 1665 et le Tyrol revint à la branche principale de la maison d'Autriche. En 1803, les évêchés de Brixen et de Trente furent sécularisés au profit de l'Autriche. Le Tyrol ainsi complété fut annexé à la Bavière par le traité de Presbourg (1805). En 1809, il se souleva contre elle et André Hofer s'illustra dans cette héroïque résistance. Le Tyrol méridional fut alors annexé à l'Italie, et l'Est du Pusterthal au royaume d'Illyrie. Les traités de Vienne rendirent à l'Autriche le Tyrol avec ses enclaves dépendant auparavant de l'archevêque de Salzbourg (Zillerthal, Brixen, etc.). Le parti clérical y domina, parce que les Italiens, réclamant la séparation de leurs districts, refusèrent de siéger à la diète. Après le démantèlement de l'empire austro-hongrois décidé au lendemain de la Première Guerre mondiale, le Tyrol se trouva divisé, comme il l'est toujours aujourd'hui, entre l'Autriche (où il forme actuellement un des Etats de la république fédérale) et l'Italie. (A.-M. B.). | |