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Les
Marabouts ou Argalas (Leptoptilos Less. ou Argala Hodgs.)
sont des oiseaux de très grande
taille de la famille de Ciconiidés, qui habitent l'Afrique
tropicale, l'Inde et les îles de la Sonde
et qui ont de grandes affinités avec les Cigognes,
tout en ayant une physionomie particulière et des mieux caractérisées.
Leur tête en effet n'est garnie que de plumes
duveteuses et très clairsemées; leur cou, presque entièrement
dénudé, est déformé antérieurement par
un goitre énorme, produit par une dilatation de l'oesophage
et pendant comme un sac sur le devant de la poitrine quand l'oiseau est
au repos. Leur bec, à la surface rugueuse
et aux angles accusés, est très épais et quadrangulaire
à la base et se termine en pointe aiguë, de manière
à constituer une arme formidable.
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Marabouts
cigognes (Leptoptilos crumeniferus). Source :
The World Factbook.
On distingue trois
espèces de Marabouts, à savoir :
• Le
Marabout ou Cigogne à sac de l'Afrique tropicale (Leptoptilos
crumeniferus Cuv.) qui porte un manteau, une sorte de frac d'un vert foncé
à reflets métalliques, contrastant avec le blanc pur des
parties inférieures du corps;
• Le Marabout
du Bengale ou Grand Adjudant (Leptoptilos dubius Gm.) chez lequel
les parties supérieures du corps sont d'un noir glacé de
gris et de vert, la tête et le cou presque entièrement dénudés
et colorés en rouge jaunâtre, avec une sorte de fraise de
plumes blanches sur les épaules;
• Le Marabout
de Java ou Petit Adjudant (Leptoptilos javanicus Horsf.) qui
se trouve aussi dans l'Inde méridionale et qui a le sommet de la
tête nu et rugueux, le manteau d'un noir verdâtre rayé
et tacheté de blanc.
Leur corps massif repose
sur des pattes hautes et robustes; leur queue,
de longueur moyenne, est recouverte en dessous par des plumes décomposées,
c.-à.-d. dont les barbes sont très espacées et détachées
les unes des autres, et leurs ailes sont assez souples
et assez puissantes pour porter facilement le poids du corps.
Contrairement à
ce qu'on pourrait supposer, ces oiseaux, d'aspect si lourd et si disgracieux,
volent sans effort, battant rarement des ailes et glissant majestueusement
dans les airs à la manière des Aigles et des Vautours. Sur
le sol, leurs allures sont encore plus graves et plus compassées
que celles des Cigognes, et au repos ils se tiennent le cou enfoncé
dans les épaules, le bec appliqué contre le jabot.
Sous le rapport
de la voracité, les Marabouts ne peuvent être comparés
qu'aux Vautours. Brehm vit un jour avec stupéfaction un de ces échassiers,
auquel il avait d'un coup de feu cassé les deux ailes et brisé
une patte, se jeter avidement, malgré ses affreuses blessures, sur
le cadavre d'un oiseau qu'on venait de dépouiller,
et avaler de gros morceaux de chair. Le même auteur put constater
l'adresse avec laquelle des Marabouts, réunis au nombre d'une douzaine,
se livraient à la pêèche dans le Nil Blanc et capturaient
de gros Poissons qu'ils engloutissaient tout
vivants. Il vit aussi, pendant son séjour à Khartoum, ces
grands Echassiers circulant librement dans un abattoir situé aux
portes de la ville, ramassant et sollicitant au besoin des débris
de viande qu'ils avalaient goulûment.
C'est même,
d'après Brehm, en mettant à profit la voracité naturelle
des Marabouts qu'on réussit, dans l'Afrique orientale, à
les capturer vivants. On leur jette au milieu de débris de viande
un os de Mouton amarré à une ficelle solide, et aussitôt
qu'ils ont avalé cet hameçon d'un nouveau genre, on les saisit
avant qu'ils aient eu le temps de s'en débarrasser en le régurgitant.
Au bout de peu de temps les Marabouts s'habituent fort bien à la
captivité et ceux que l'on garde dans les jardins zoologiques se
montrent généralement très doux, pourvu que l'on satisfasse
leur robuste appétit.
Les Marabouts de
l'Inde, vulgairement connus sous le nom d'Adjudants
(Adjutants), ne sont pas moins familiers que leurs frères
africains dans toutes les régions où ils ne sont pas molestés.
Il paraît même que dans certains villages on les élève
en domesticité afin d'obtenir plus aisément et en plus grande
quantité les plumes légères et élégantes
qui sont désignées dans le commerce sous le nom de marabouts
et qui, comme nous le disions tout à l'heure, ne sont autre chose
que les couvertures inférieures de la queue de l'oiseau. (E.
Oustalet). |
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