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Les Gastéropodes
se montrent déjà dans la faune du
Cambrien, qui renferme plus d'une centaine d'espèces
connues. Le genre Pleurotomaria domine avec une trentaine d'espèces.
Ce genre est encore plus abondant au Silurien
; les autres genres les plus remarquables sont Capulus, Murchisonia, Euomphalus,
etc. Ce sont des Prosobranches holostomes et appartiennent en général
à des genres éteints : Pleurotomaria, si nombreux à
cette époque, n'a plus qu'une demi-douzaine d'espèces dans
les mers actuelles. Au Dévonien
apparaissent les genres Cantantostoma, Umbonium, Littorina, etc. Pleurotomaria,
Capulus, Bellerophon, Dentalium et Chiton s'y continuent et les trois premiers
sont encore abondants. Au Carbonifère,
les Pleurotomaria, Euomphalus, Bellerophon atteignent leur entier développement.
Le Permien est peu riche en Gastéropodes;
outre les genres précédents, on peut signaler Chemnitzia,
Hyolites, Conularia et peut-être Natica. C'est dans le Carbonifère
de la Nouvelle-Ecosse que les Pulmonés, c.-a-d. les Mollusques
terrestres, se montrent pour la première fois : on les rapporte
aux genres Pupa et Zonites. Aucun Siphonostome n'est signalé avec
certitude au Paléozoïque.
Au Triassique,
la faune des Gastéropodes montre peu de changements : les Prosobranches
holostomes continuent à prédominer, mais on voit apparaître
des genres plus modernes, tels que Cerithium, Emarginula, Phasianella.
Le Triassique alpin de Saint-Gassian est surtout très riche en petites
espèces où se montrent les premiers Siphonostomes. Les genres
Natica, Neritopsis, Nerita, Scalaria, Cochlearia, Patella, etc., caractérisent
cette faune. Au Rhétien (Keuper),
Ditremaria, Spiniyera, etc., font leur apparition.
Au Jurassique,
on constate un changement bien net. C'est surtout dans les couches moyennes
et supérieures de cette formation que se montrent de nouveaux genres
appartenant aux Cerithidae, Nerineidae, Aporrhaidae, Strombidae, et parmi
lesquels nous citerons Fibula, Alaria, Pterocera, etc. Les Buccins sont
représentés par les genres éteints Petersia, Brachytrema,
Tomochilus; les Purpuridae et peut-être les Fusidae font leur apparition.
Parmi les holostomes, à côté des genres des époques
précédentes, les Trochidae sont surtout nombreux. Les Opisthobranches
sont représentés par Actaeonina, Cylindrites et des Bullidae.
A partir du Jurassique moyen, les premiers
Gastéropodes d'eau douce apparaissent avec les genres Neritina,
Planorbis, Paludina, Hydrobia, Melania et au Purbeckcien (début
du Crétacé inférieur) et
au Wealdien, on signale les genres Limnaeus, Physa, Bythinia, Amnicola,
etc., qui ont un faciès américain.
Le Crétacé inférieur
n'a que des coquilles mal conservées;
mais, au Crétacé moyen et supérieur, les genres Actaeonella,
Cerithium, Alaria, Aporrhaïs, etc., abondent. Les Siphonostomes sont
en progrès manifeste et sont représentés par des Volutidae,
Fusidae, Buccinidae, Muricidae, Cyproeidae, Tritoniidae, etc., c.-à-d.
par des types modernes. Les types terrestres et d'eau douce sont abondants
surtout dans le midi de la France et appartiennent
à des genres encore vivant dans les régions tropicales :
les genres Cyclostoma, Paludonius, Physa, Helix, Bulimus, Melania habitent
actuellement la région orientale ou sont cosmoplites.
A l'époque tertiaire (Cénozoïque),
les Gastéropodes commencent à prédominer sur les autres
groupes de Mollusques, comme à l'époque
actuelle. Les Prosobranches et parmi eux les Siphonostomes sont surtout
abondants. Des types crétacés tels qu'Alaria, Malaptera,
etc., sont déjà éteints; les Pleurotornaria, Pteroceros
et certains Trochidae sont en régression manifeste. Les genres actuels
existent déjà, mais ils sont ordinairement représentés
par d'autres espèces : cependant, au Miocène,
la faune a 19% d'espèces vivantes et au Pliocène
plus de 50 %. La comparaison de ces faunes tertiaires avec les faunes actuelles
est très intéressante au point de vue de la géographie
zoologique.
Ainsi les Gastéropodes des mers
éocènes d'Europe
ont leurs représentants actuels disséminés dans toutes
les mers chaudes; ceux des mers intérieures
miocènes ont leurs plus proches alliés actuels dans la mer
des Caraïbes; enfin ceux des océans miocènes et
pliocènes ont des relations de plus en plus étroites avec
ceux qui habitent encore les mêmes mers ou les mers voisines. On
constate déjà la rareté des espèces (non des
genres) cosmopolites, et cette particularité remonte au Paléozoïque.
La plupart des espèces n'ont eu
qu'une existence assez courte (un ou deux étages). Les genres, par
contre, surtout certains d'entre eux, ont eu une étonnante longévité
:
Pleurotomaria, Capulus, Chiton, Dentalium,
qui datent du Silurien ou du Cambrien,
vivent encore. Les types du groupe des Pulmonés (espèces
terrestres et d'eau douce), se font remarquer par leur fixité :
Pupa, Limnaeus, Planorbis, Paludina, Emarginula, Narica, ont à peine
varié depuis le Paléozoïque. (E. Trouessart). |
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