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Les Cerisiers
(CerasusTourn.) constituent un genre de plantes
de la famille des Rosacées, que l'on
s'accorde à considérer, avec Linné,
comme une espèce du genre Prunus, caractérisé
ainsi : arbres ou arbrisseaux
jamais épineux, à feuilles
pliées longitudinalement avant leur complet développement;
fleurs blanches, disposées tantôt
en fascicules ombelliformes plurifores
ou pauciflores, tantôt en corymbes
simples ou en grappes; pédicelles fructifères toujours plus
longs que le fruit; drupes
glabres, jamais couvertes d'une efflorescence glauque, à noyau presque
globuleux, très lisse.
Les diverses sous-espèces de Cerisiers,
au nombre d'une vingtaine, habitent les régions tempérées
de l'hémisphère boréal. Elles se divisent tout naturellement
en deux groupes, selon que les fleurs sont disposées en panicules
se développant avant les feuilles ou en même temps qu'elles,
ou bien en corymbes simples ou en grappes pluriflores se développant
après les feuilles. Au premier groupe appartiennent notamment :
1° le Cerisier des oiseaux
ou Merisier (Prunus avium, L. ; Cerasus avium Moench), qui croit spontanément
dans les bois et les taillis de l'Europe. Son fruit, appelé merise,
sert à la préparation du Kirschenwasser; il est peu estimé
à l'état sauvage, mais il fournit, par la culture, les nombreuses
variétés de Cerises douces, à chair ferme et à
suc noir, rouge ou blanc, connues sous les noms de Guignes ou Bigarreaux.
Son bois, employé par les luthiers, les ébénistes
et les tourneurs, prend une belle couleur rouge quand on le met tremper
dans de l'eau de chaux;
2° le Cerisier proprement dit ou Griottier,
Cerisier commun (Prunus Cerasus L. ; Cerasus vulgaris Mill.), que l'on
croit originaire de l'Asie Mineure et qui est cultivé depuis un
temps assez long déjà dans les jardins et les vergers de
l'Europe. Ses fruits globuleux, déprimés, d'un rouge vif,
à pulpe molle très succulente, d'une saveur acide ou acidulée,
jaunâtre, malheureusement très exposé aux vers de la
pyrale des cerises. Les bigarreautiers peuvent être rangés
en quatre groupes caractérisés par leur coloris : à
fruit blanc, rose, rouge ou noir; chacun de ces groupes comprend un grand
nombre de variétés.
Le Griottier ou Cerisier commun (C. vulgaris
Mill. C. caproniana Dc.) est un arbre de moyenne
grandeur, à rameaux étalés, à feuilles assez
petites; fruit globuleux, rouge clair, luisant, à chair molle très
juteuse, plus ou moins acidulée. Les variétés de cet
arbre sont fort nombreuses; Ch. Baltet les classe de la manière
suivante, par ordre de mérite :
1° pour le verger (arbres
en haute lige), C. anglaise hâtive, C. Montmorency, Belle de Chatenay,
Reine Hortense, Impératrice, Lemercier, Belle de Choisy, Gobet,
Grosse, transparente;
2° pour le jardin fruitier (arbres
en basse tige), C. anglaise hâtive, Impératrice, Lemercier,
Belle de Chatenay, Grosse transparente, Gobet, Montmorency, Belle de Choisy,
Reine Hortense.
Quoi qu'il en soit de ces classifications,
on distingue, dans l'usage courant, fait remarquer Sagnier, les cerises
douces et les cerises acides. Les fruits du bigarreautier et du guignier
appartiennent à la première catégorie, ceux du griottier
à la seconde.
Modes de multiplication.
On multiplie le cerisier par trois procédés
: le semis, la greffe, le drageon. Le semis se fait assez rarement, si
ce n'est pour l'obtention de variétés nouvelles ou de sujets
pour recevoir la greffe. La greffe se pratique surtout sur le merisier,
lorsqu'on veut obtenir des arbres à haute tige, et sur le mahaleb
ou bois de Sainte-Lucie, pour les arbres à basse tige. Le cerisier
peut être greffé sur sujet jeune; on lui applique surtout
la greffe en fente et la greffe en écusson. L'époque de la
greffe en écusson varie avec le sujet; elle se fait de juillet en
août pour le merisier, plus tard sur le mahaleb, parce que la végétation
de cet arbre se prolonge plus longtemps. Sur le merisier élevé
à haute tige, on place le greffon à 2 m au-dessus du sol;
sur le cerisier de Sainte-Lucie, on greffe en pied à 10 cm seulement
au-dessus du sol.
Culture du Cerisier.
Le plus souvent le cerisier est cultivé
à haute tige et en plein vent, il forme alors des vergers ou cerisaies.
Plus rarement cet arbre est cultivé en espalier ou en contre-espalier.
En haute tige, il n'est soumis à aucune forme, il prend celle naturelle
à la variété qu'il représente. Ordinairement,
il est abandonné à lui-même; toutefois, la première
année, à cause de la rapidité de sa végétation,
il réclame quelques soins. La distance à observer entre les
plants varie avec la nature du sol et la variété. En terrain
moyennement fertile, on espacera les cerisiers greffés sur merisiers
de 5 à 6 m en tous sens; pour les bigarreautiers et les guigniers
on laisse 8 à 10 m. Le cerisier étant planté à
la distance voulue, on le munira d'un fort tuteur ou on entourera la tige
d'une armature d'épines pour défendre le jeune plant contre
les attaques des animaux. Pendant le jeune âge et pour faire prendre
à l'arbre une forme qui assure une bonne répartition de la
sève, on taillera les jeunes branches de manière à
leur faire prendre une direction évasée. Mais après
la troisième année, les branches ayant pris une bonne direction,
on laisse croître l'arbre en liberté.
Formes.
Dans les jardins, on peut donner au cerisier
en basse- tige la forme en pyramide; on taillera assez long les branches
charpentières, les branches fruitières se développent
sur celle-ci. En espalier et en contre-espalier, on donne au cerisier la
forme en palmette à branches horizontales, obliques ou verticales
suivant la hauteur du mur. La distance entre les arbres varie entre 3 et
4 m suivant la nature du sol.
Taille
du Cerisier.
On ne taille que les cerisiers à
formes symétriques, pyramide, palmette, etc. La flèche est
coupée à la hauteur des yeux qui doivent produire; les membres
de la charpente sont taillés assez longs, quant aux brindilles
fruitières qui garnissent le rameau de charpente, elles seront,
au contraire, taillées assez court et pincées rigoureusement
en été.
Lorsque le cerisier vieillit, il convient
de chercher à le rajeunir, afin de le conserver en bon état
de production. Pour cela, on rabat les branches de la charpente sur les
petits rameaux de leur base.
Récolte
et emploi des fruits.
Toutes les cerises ne mûrissent
pas en même temps, aussi la cueillette se prolonge-t-elle assez longtemps,
d'autant plus que les fruits se conservent bien sur l'arbre.
La cerise est un fruit de très grande
consommation; il se mange le plus communément lorsqu'il vient d'être
cueilli, et sans être soumis à aucune préparation.
Par la distillation, on fabrique avec les cerises des liqueurs bien connues
sous le nom de kirsch et de marasquin. On en fait aussi des conserves dans
l'alcool. Les tartes aux cerises constituent une excellente pâtisserie.
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Description
de quelques variétés de cerises
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Early Richmond.
- Cerise bien connue, de grosseur moyenne, rouge sombre, chair juteuse
et acide; l'arbre pousse vigoureusement et peut se planter dans, toutes
les régions.
Impératrice
Eugénie. - Fruit gros, d'un rouge sombre; chair juteuse et tendre,
quelque peu acide. L'arbre est vigoureux et rustique.
English Morello.
- Fruit gros, rouge foncé, tendre et juteux, quelque peu acide,
très précoce; l'arbre est vigoureux et très rustique.
Large Montmorency.
- Arbre très vigoureux et très rustique rapporte beaucoup.
Fruit très gros; chair fine et délicate; mûrit à
peu près une semaine après l'Early Richmond.
Louis-Philippe.
- Fruit gros, rouge noir, tendre et juteux, d'une saveur légèrement
acide, vient vers la fin de juillet. L'arbre est vigoureux et rustique. |
Maladies et parasites.
Les maladies principales du cerisier sont
:
La gomme, qui est combattue en
tranchant toute la partie atteinte et en couvrant la plaie avec, du mastic
à greffer.
Le blanc des racines, champignon microscopique
qui entraîne la pourriture des racines. II faut enlever l'arbre et
s'abstenir de planter des arbres à noyaux à la même
place pendant deux ou trois ans.
Le plomb est une altération des
feuilles qui présentent une teinte pâle avec des reflets métalliques,
elles se fendillent, tombent et les fruits ne mûrissent pas.
Parmi les parasites animaux, citons les oiseaux
et surtout les moineaux et les pinsons; puis deux Microlépidoptères,
le Penthina prunsiana Hubn., de la famille des Tortricides, et l'Hyponomenta.
padella. L. on Hyponomente du cerisier, du groupe des Tinéides,
dont les chenilles sont des plus nuisibles en détruisant les bouquets
de fleurs et les jeunes feuilles; enfin l'Herina frondes centiae L. (Ortalis
cerasi Meig.) ou Ortalide des cerises, Diptère de la famille des
Muscides, dont la larve dévore la pulpe des fruits, et le puceron
noir, qui attaque l'extrémité des rameaux herbacés
et entrave la pousse; on le combat comme les autres pucerons.
Cerisaies.
En Franee, il y a des cerisaies fort remarquables
en Bourgogne, surtout près d'Auxerre et d'AvalIon, on y cultive
surtout l'anglaise hâtive. En Champagne, les plus belles cerisaies
sont près de Barsur-Aube, Arcis, Vitry-le-François,
etc. Dans le Midi les cerisiers sont surtout cultivés près
de Bordeaux, Tarascon, Avignon, Le Luc, La Crau, etc. (A.
Larbalétrier). |
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