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L'Aye-Aye
est un genre de Mammifères, créé par E. Geoffroy en
1798, sous le nom de Daubentonia, changé par Cuvier
(1800) en Cheiromys, pour l'animal que Sonnerat avait rapporté de
son voyage à Madagascar (1782), et
qu'il nomma Aye-Aye, d'après, paraît-il, l'exclamation que
poussèrent les Madécasses eux-mêmes en voyant cet animal
ou bien d'après une imitation de son cri.
Considéré longtemps comme
un Rongeur, en raison de la disposition de ses
dents, et décrit par Gmelin,
sous le nom de Sciurus madagascarensis, dans l'édition posthume
du Systema naturae de Linné,
publiée en 1789, ce curieux animal doit bien être classé
parmi les Lémuriens (Strepsirhiniens), sous-ordre de l'ordre des
Primates.
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Aye-aye
(Daubentonia madagascarensis).
De fait, A. Milne Edwards
a montré, par l'étude du foetus et des enveloppes foetales,
que ce type appartenait bien réellement aux Lémuriens
et n'avait de commun avec les Ecureuils que l'apparence extérieure.
Le placenta est diffus comme celui des antres Lémuriens, et non
discoïde, comme celui des Rongeurs, et le foetus présente,
en germes, une denture qui se rapproche manifestement de celle des Lémuriens
normaux : la dentition de lait comporte quatre incisives en avant et deux
prémolaires de chaque côté, en haut et en bas, et de
plus deux canines à la mâchoire supérieure. Mais à
mesure que le jeune animal grandit, des changements profonds s'opèrent
dans ses mâchoires : les dents de lait, sauf la dernière prémolaire
qui persiste quelque temps, tombent toutes et l'on ne trouve plus chez
l'adulte en avant, à chaque mâchoire, que deux incisives très
fortes, semblables à celles des rougeurs, et séparées
des molaires, qui sont au nombre de quatre paires en haut et trois en bas,
par un espace vide ou barre, sans trace d'incisives latérales ni
de canines. Les molaires elles-mêmes ont une couronne plane qui rappelle
celle des rongeurs. Cette denture semble en rapport avec un régime
plus exclusivement végétal que celui de la plupart des Lémuriens.
Les caractères extérieurs
sont les suivants: tête arrondie, avec les oreilles grandes et membraneuses,
les yeux grands, ronds comme chez les animaux nocturnes, dirigés
en avant; membres peu allongés, les antérieurs terminés
par une main à cinq doigts allongés, surtout l'annulaire,
le médius étant très grêle et moins long que
la précédent, le pouce non opposable; les membres postérieurs,
au contraire, sont terminés par une véritable main à
cinq doigts de dimension normale et à pouce opposable, le second
orteil ayant un ongle allongé, subulé, comme celui des autres
Lémuriens. Queue longue et touffue. Deux mamelles inguinales.
La seule espèce connue (Daubentonia
madagascariensis) est d'un gris brunâtre. La taille approche de celle
d'un Chat.
Les longs doigts de ses membres antérieurs
lui servent à fouiller les tiges de bam-bons et de cannes à
sucre pour en avoir la moelle, et pour retirer, des trous pratiqués
dans l'écorce des arbres, les larves d'insectes dont il est très
friand. Il dort tout le jour et c'est la nuit seulement qu'il parcourt
les fourrés les plus épais en sautant habilement de branche
en branche.
Sa voix est un grognement inarticulé.
Dans les parcs zoologiques, il est difficile de le sortir de sa torpeur,
en dehors des heures habituelles de ses repas. Tout le reste du temps il
reste enroulé sur lui-même, la tête entre les pattes
et sa longue queue repliée en avant, de telle sorte qu'il est assez
difficile de juger de son caractère, que Sonnerat dépeint
comme très doux, au moins lorsqu'il vit en liberté. Il se
sert de ses longs doigts qu'il suce, en les passant très adroitement
entre ses incisives, tour boire l'eau on le lait qu'on lui donne, et Sonnerat
avait déjà observé cette habitude chez les deux individus
qu'il conserva pendant deux mois en captivité : ils se servaient
de ces doigts grêles, comme des baguettes pour manger le riz cuit
dont il les nourrissait. Cet animal niche dans un trou d'arbre, comme les
autres Lémuriens.
On ne connaît pas ce genre à
l'état fossile, mais plusieurs des types éocènes
de l'Amérique du Nord décrits
par Cope, sous les noms de Tillodonta et de Taeniodonta, notamment les
genres Calamodon, Psittacotherium, etc., présentent, dans la forme
de leurs incisives, des rapports assez étroits avec le genre Daubentonia.
(E.
Trouessart).
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Crâne
d'Aye-aye.
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