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Les
Anarnaks
Le genre Hyperoodon |
Les
Anarnaks constituent un genre de Cétacés
odontocètes, créé par Lacépède
(1804) pour l'animal que les Inuits du Groënland
désignent sous ce nom qu'il avait latinisé en l'appelant
Anarnacus. Depuis, on a reconnu que ce genre ne différait
pas du genre Hyperoodon du même auteur (Lacépède,
1803), et cette dernière dénomination a été
adoptée par tous les naturalistes comme nom scientifique de ce genre.
Otto Fabricius,
qui en a parlé le premier dans sa Fauna Groenlandica, p.
31, le rapprochait du Narval sous le nom de Monodon
spurius, et Illiger (1811) en a fait le genre Ancylodon.
- Hyperoodon rostratum (Anarnak). Les baleiniers danois lui ont donné le nom de Butskopf, à cause de la forme renflée de sa tête, et les auteurs anglais l'appellent, pour la même raison, Buttle-nosed-whaIe, c-à-d. cétacé à nez en bouteille. Le genre Hyperoodon appartient, par ses caractères, à la famille des Ziphiidés, qui diffèrent des Dauphins, dont ils ont la taille et les formes, par le petit nombre de leurs dents qui s'atrophient avec l'âge; l'Anarnak, en particulier, possède des caractères intermédiaires entre ceux des Dauphins et Cachalots par la forme de sa tête, qui prend des proportions énormes et devient presque carrée, comme dans ce dernier genre, au moins chez le mâle adulte. Cette particularité provient du développement considérable que prennent les maxillaires supérieurs en se recourbant en haut, de manière à former une double crête, en forme de murailles qui soutiennent une vaste chambre située au-dessus des narines et remplie d'une substance huileuse analogue au spermaceti du Cachalot. Les dents sont peu nombreuses et s'atrophient chez l'adulte, sauf une seule paire à grosse racine et à couronne conique, qui se développe, en forme de défenses, vers la partie antérieure de la mâchoire inférieure; plus rarement, on trouve deux dents de chaque côté, la postérieure étant beaucoup plus petite; chez les jeunes, on voit de chaque côté une douzaine de petites dents qui sont caduques ou s'atrophient. L'Anarnak (Hyperoodon butskopf ou H. rostratus), type du genre, est un Cétacé du Nord de l'océan Atlantique, qui s'égare et vient échouer jusque sur les côtes de France et même dans la mer Méditerranée. Sa mâchoire forme un bec bien distinct, en goulot de bouteille, et non bridé comme celui des Dauphins. L'ouverture des évents est en croissant, mais les pointes sont tournées en arrière, au contraire de ce qu'on observe chez les Dauphins. Les nageoires pectorales sont petites et la dorsale placée très en arrière; la caudale est grande et convexe dans son milieu, au lieu d'être échancrée comme chez la plupart des Cétacés. La couleur est d'un noir uniforme, qui s'éclaircit beaucoup, surtout à la tête, avec l'âge, et le ventre est moins foncé que le dos. La longueur totale dépasse rarement 10 m. La forme de la tête varie beaucoup suivant l'âge et le sexe, et ces différences, mal connues des premiers observateurs, expliquent le grand nombre de noms différents sous lesquels on a désigné cette seule espèce. C'est le Balaena rostrata de Pontopidan, le Delphinus bidens de Schreber, D. Dalei, D. bidentatus (Desmarest), D. Diodon (Gérard), D. Hunteri (Desm.), l'Heterodon hyperoodon de Lesson, l'Anarnacus groenlandicus de Lacépède, le Delphinus quadridens de Burguet, l'Hyperoodon borealis de Nilsson, le Lagenocetus latifrons de Gray et le genre Chenacetus d'Eschricht. Le genre Lagenocetus (Gray) n'est fondé que sur le mâle adulte dont le front a acquis tout son développement; la femelle ne présente jamais de chambre à spermaceti, et sa tête reste semblable à celle des Dauphins; le jeune mâle lui ressemble d'abord sous ce rapport, mais son front se renfle de plus en plus à mesure qu'il prend de l'âge. Ces particularités et les moeurs de l'animal ne sont bien connues que depuis les observations du capitaine baleinier David Gray, publiées par Flower, en 1882. On trouve l'Anarnak
dans l'océan Arctique, notamment
sur les côtes de l'Islande, du Groënland
et du Spitzberg (Svalbard), en mars;
il migre vers le Sud en automne et regagne le Nord
au printemps, époque de la fonte des glaces;
c'est de septembre à décembre qu'il se montre sur les côtes
de France. On le rencontre par petites troupes de 4 à 10 individus,
conduits par un vieux mâle, qui se laissent approcher sans méfiance
par les navires. Ils se nourrissent de poissons.
Hyperoodon ampullatus. Source : marinebio.org. L'espèce dont il est ici question est la seule qui habite les mers du Nord; une seconde espèce (Hyperoodon planifrons Flower) habite le Sud de l'océan Pacifique et l'océan Austral. Sa découverte a été faite d'après un exemplaire tué à l'île Lewis (archipel Dampier), au Nord-Ouest de l'Australie (Flower, 1882). Cette espèce, dont on sait quelle se nourrit de calmars et de krill, reste mal connue. (E. Trouessart). |
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