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Les
Touareg
(au singulier Targui, féminin Targuiya) sont une population
berbère du Sahara
central, qui conserve encore aujourd'hui largement ses modes de vie traditionnels,
principalement nomades. Quelques lettrés font dériver ce nom de la racine
taraka,
être abandonné (de Dieu); d'autres de tharaga, faire une incursion
de nuit; mais, dans le premier cas, il faudrait écrire
Touarek,
et dans le second, Thouareq ou Thouareg. Il est plus probable
que ce nom est celui d'une ancienne tribu de voilés, les Targa,
cités par Ibn Khaldoun comme habitant, de
son temps, au delà du Sahara tunisien, et que l'on a étendu à tous les
porteurs de voile. Les anciens historiens arabes désignent ces Berbères
sous les noms de Mouletteminn et de Ahel el litham (les voilés
et les gens du voile); eux-mêmes s'appellent
Imoucharh, au singulier,
Amacherh, nom national des Berbères
La société traditionnelle
des Touareg.
Les Hoggar, divisés des Azdjer par la dépression de l'Igharghar ne comprennent que des tribus nobles et des serfs; ils sont très morcelés; leur centre est, dans le massif Hoggar, la région d'Idelès; ils furent les plus hostiles à la colonisation française. A l'Ouest, il s'est détaché de leur confédération un groupe établi dans le massif de l'Ahenet et formé de la tribu des Taïtoq, de celle des Tedjeké Nousidi et de dix-neuf tribus serves ou alliées; ils nomadisent au Sud jusqu'à Taodeni et au Sahel; les Azdjer et Hoggar ne dépassent guère au Sud-Est Asiou, qui forme, avec le point plus occidental de Timissao, la limite coutumière entre eux et les Touareg du Sud. Ceux-ci sont beaucoup
plus nombreux. Les Keloui sont à l'Est, les Aouelimmiden à l'Ouest. Les
Keloui vivent dans l'oasis d'Aïr et se rattachent aux Aouraghen; ils sont
presque sédentaires, habitent des petites cabanes rondes en pierres brutes,
couvertes en chaume, et non des tentes; ils ont enlevé l'oasis aux Noirs
et se sont métissés avec eux. Au Sud de l'Aïr est le groupe des Kel-Guérès
et des Itissan, tribus refoulées par les Keloui (ce sont des cavaliers,
à la différence des Touareg précédents qui ne montent guère qu'Ã
dos de chameau).
Les Aouelimmiden, dont la forteresse naturelle est le massif de l'Adrar
oriental, ont été les plus puissants des Touareg, ils étaient maîtres
de tout le coude du Niger
et s'étendaient bien au Sud du fleuve, lorsque les Français ont conquis
ces régions (La
conquêtre française du Soudan). On les rattache à la grande nation
berbère des Lemta; venus de l'Ouest, ils auraient refoulé les Tademekkés
et abattu le Royaume songhaï. Ils sont
sous l'influence maraboutique des Bekkaya de Tombouctou, se divisent en
nobles et imrhad et vivent traditionnellement sous la tente.
Ils ont pour costume, une culotte arabe recouverte d'une longue blouse bleue ou noire (blanche chez quelques tribus), serrée autour du corps par une ceinture de laine et, pour chaussures, des sandales fixées par des lanières. Ils ont pour coiffure une calotte rouge entourée d'un turban bleu foncé ou noir, dont un bout est ramené de façon à voiler la figure, ne laissant apercevoir que les yeux; ce voile ou litham est caractéristique; il abrite les voies respiratoires du sable. La mode est d'avoir la moustache longue et la tête rasée. Les femmes sont très libres, et la filiation se définit par la ligne maternelle. Elles ne sont pas voilées comme les hommes; elles se teignent le visage et les autres parties du corps avec de l'indigo; elles sont vêtues d'une langue robe bleue ou rouge recouvrant une culotte arabe; une mantille leur couvre la tête et les épaules. Tandis que les hommes sont élevés dans une ignorance absolue, les femmes apprennent à leurs filles à lire et à écrire. La langue des Touareg est le tamachek, celle des langues berbères, qui est demeurée la moins marquée par la présence d'éléments venus de l'arabe. Ils ont une écriture, le tifznarh (singulier tafanek = lettre) qui se retrouve sur des inscriptions rupestres et de nombreux monuments du Nord de l'Afrique ; on la rapproche des alphabets punique et himyarite (Les langues afrasiennes). Histoire.
Tandis que ceux du Nord ont guerroyé par petites bandes contre leurs voisins arabes. les Chaamba, ceux du Sud ont, avec plus de succès, combattu les Noirs et peuples mixtes du Sahel. Les Touareg sont entrés en relations avec la France après la conquête de l'Algérie. Henri Duveyrier vécut parmi les Azdjer en 1861, et le 26 novembre 1862 fut signé un traité de commerce à Ghadamès entre le commandant Mircher et deux cheikhs des Azdjer; mais ce traité demeura lettre morte, quoique les Azdjer aient été moins ouvertement hostiles à la France que les Hoggar. L'assassinat des explorateurs Dournaux-Duperré et Joubert en 1874, de la grande mission Flatters en 1880, des Pères Richard et Kermabon en 1881, de Morès en 1896, a démontré la vanité des missions pacifiques; en revanche, Foureau et Lamy, bien escortés, ont traversé le territoire des Touareg et leur ont infligé un rude échec (1899). L'occupation du Touât et du Tidikelt, en livrant à la France les centres de ravitaillement des Hoggar, la mort des Badjourda, instigateurs du massacre de Flatters, ont préparé la subordination des Touareg du Nord. Les Touareg du Sud, qui avaient exterminé l'état-major du colonel Bonnier aux portes de Tombouctou, subirent de sanglantes défaites et furent contraints d'acceptere la prépondérance française. Grands sacrifiés de la décolonisation, les Touareg, au nombre de 1,25 million, se sont trouvés répartis, à partir des années 1960, entre plusieurs Etats (Niger, Mali, Algérie, Libye, Burkina). Ils n'ont pas abandonné depuis leurs revendications d'autonomie ou d'indépendance, à l'origine de troubles et de violences qui persistent encore aujourd'hui. (A.-M. B.). |
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