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Timbouctou ou
Tombouctou
(Tin-bouktou = puits de Bouktou, en arabe, ou
Toumbouctou = la
cavité, en langue songhaï ?). - Ville du Mali, au Nord du grand coude
du Niger. Elle est à 10 kilomètres au Nord du fleuve dans une plaine
sablonneuse, semée d'étangs et de buissons de mimosées et de palmiers.
On y recense en tout près de 70 000 habitants. La partie historique (pré-européenne)
de Tombouctou a la forme d'un triangle de 6 kilomètres de tour, la pointe
au Nord; des ruines l'entourent au Nord et à l'Ouest, témoignant d'une
étendue autrefois plus considérable; la grande mosquée
est à la pointe Nord; une citadelle a été bâtie par les Français Ã
la fin du XIXe siècle; ainsi que deux
forts au Nord; elle n'a plus d'enceinte, les Peul l'ayant détruite en
1826. Les rues sont larges, les maisons souvent à un étage, assez vastes,
en briques rondes séchées au Soleil.
Le vieux Tombouctou se divise en six quartiers
: Sanégoungou au Sud, le plus peuplé, avec deux marchés, et la mosquée
de Sidi-Yahia; Sararaïka au centre, où résidait jadis le cheikh Youboukaïna,
au Nord du précédent, où fut le palais des rois songhaï; Bagindi, Ã
l'Ouest du précédent, quartier bas, parfois inondé; Sankoré à la pointe
Nord, le quartier songhaï, avec la grande mosquée
à cinq nefs; Sanghéréber au Sud-Ouest, avec
une mosquée à onze nefs. Le port est à Kabara, sur le bras septentrional
du Niger.
Tombouctou vers le milieu du XIXe s. Si ce n'est à la saison des pluies
où des cours d'eaux temporaires relient la ville au Niger, Tombouctou
n'a d'eau que celle des mares ou des citernes.
Dans le passé, Tombouctou tirait ses aliments de Djenné et du Macina,
son bois de Kabara. C'était essentiellement une ville de commerce, enrichie
par le transit entre le Soudan et les routes caravanières qui traversaient
le Sahara
vers le Maroc,
In-Salah (Touât
et Algérie) et Ghadamès;
elle revendait aux Soudanais le sel des mines de Taodeni, les produits
venus du Nord et ceux de l'industrie locale, bijoux d'or, objets de cuir;
elle leur achetait la kola,
la gomme, les plumes, les tissus de Kano, l'ivoire,
etc. Ce commerce avait déjà beaucoup baissé au moment de l'occupation
française. La population sédentaire était réduite vers 1895 à 6000
habitants, et doublée au moment des marchés; elle était formée de Songhaï
(nombreux surtout à Kabara), de Kountah, de métis Rouma (Arma), de Peuls,
de Touareg, de Marocains, de négociants
de tous les pays de l'Afrique du Nord. L'influence politique locale appartenait
surtout au clan des Bekkaya. La culture musulmane
y était florissante, grâce à l'existence de madrasas et des bibliothèques
islamiques.
Ancienne photographie de la grande mosquée de Tombouctou. La ville de Tombouctou paraît avoir été fondée par les Touareg vers 1077; la prise de Oualata par les Mandingues, en 1325, transféra le marché central du pays à Tombouctou, que le mansa (empereur) du Mali, Gongo-Moussa transforma en un important foyer de la culture musulmane. Elle fut ensuite un centre du second empire songhaï. Les Marocains la conquirent en 1591, et leurs fusiliers andalous, conduits par Djouder, s'y fixèrent et furent l'origine de la population métisse des Rouma ou Arma, laquelle se rendit indépendante au XVIIe siècle. En réalité, ces
conquérants amenés au Soudan par Djouder et ses premiers successeurs,
les "pachas de Tombouctou", formaient un ramassis de gens sans aveu qui,
après être allés se mettre aux ordres du sultan du Maroc dans l'espoir
d'aventures profitables, donnèrent, une fois abandonnés à eux-mêmes
dans le Soudan, libre cours à leurs excès. Ils se signalèrent surtout
par leur anarchie et leur indiscipline, leurs rapines, leur cupidité,
leurs debauches, leurs persécutions contre les musulmans et les lettrés
et leur talent de désorganisation. Leur intervention causa l'un des coups
les plus funestes qui aient été portés à la civilisation soudanaise.
De l'aveu des lettrés de Tombouctou, le régime des pachas, s'il avait
duré plus longtemps, aurait amené la ruine totale de ce qui avait
été péniblement édifié par les mansa du Manding et quelques-uns des
askia songhaïde
Gao.
De fait, cette période fut pour la ville celle d'une de continuelle insécurité et de profonde misère. Au XIXe siècle, les Touareg prirent d'abord le dessus; puis Tombouctou fut disputée entre eux et les Peuls; ceux-ci l'occupèrent de 1826 à 1846; une entente intervint, juxtaposant un cadi peul et un cadi songhaï, laissant au cheik Bekkay le gouvernement municipal. El Hadj Omar s'empara de la ville, mais succomba dans la lutte contre les Bekkaya. Le conflit continua entre ceux-ci, les Touareg et les Peul. En janvier 1894, les Français conduits par le commandant Joffre, futur maréchal de France, occupèrent Tombouctou. La ville ne retrouva plus son importance passée. A l'indépendance du Mali, en septembre 1960, ce fut Bamako qui lui fut préférée comme capitale du nouvel Etat. La renommée mystérieuse de la grande
cité commerciale du Soudan occidental en avait fait l'objectif d'une foule
de voyageurs occidentaux (La découverte
et l'exploration du Sahara);
Laing
y parvint en 1826, mais fut assassiné; Caillié
y passa quatorze jours en avril 1828 et en donna une description; Barth
protégé par les Bekkaya y vécut six mois en 1853; Lenz
y vint en 1879. (A.-M. B. / Delafosse).
Plan allemand de Tombouctou en 1855. (Petermann's Mittheilungen aus der Geographie) |
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