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Ghadamès
ou Rhadamès est une ville et oasis du Sahara
Tripolitain (Libye),
près de la frontière avec l'Algérie
et la Tunisie,
à 500 kilomètres au Sud-Ouest de Tripoli,
à 500 kilomètres de Biskra (Algérie), sur le plateau de Tinghert, Ã
350 m d'altitude. Le désert immense de la Hamada el-Hamra ou le Plateau-Rouge
l'environne de toutes parts jusqu'Ã de grandes distances. C'est, de longue
date, une halte importante pour les caravanes qui traversent le Sahara.
L'oasis doit son existence à la présence dans cette région aride d'une source artésienne, extrêmement abondante, l'aïn Fers, célèbre dans tout le Sahara et qu'on appelle simplement la Source ou la Grande-Source; l'eau en est chaude (30°), mais peu chargée de sel et agréable et saine; elle fournit, outre la quantité nécessaire aux besoins des habitants, de quoi arroser 75 hectares de jardins. L'oasis en comprendrait en tout 160, le reste irrigué au moyen de puits artésiens qui donnent une eau saumâtre. Les palmiers sont en grand nombre (plusieurs dizaines de milliers) et donnent des dattes estimées; on cultive aussi des abricotiers, des figuiers, des cognassiers, des grenadiers, même quelques orangers, des légumes tels que melons et pastèques d'une grosseur extraordinaire, oignons, tomates, ail, piment et enfin quelques carrés de céréales, blé, orge, maïs. La ville est située à la partie Sud-Ouest
de l'oasis; elle est de forme à peu près circulaire, entourée d'un mur
d'enceinte, mal construit et en mauvais état, qu'on peut escalader sans
peine en plusieurs endroits, par les jardins. On y accède par quatre portes
et intérieurement elle est divisée en deux quartiers, séparés par un
mur continu, celui des Beni-Ouasit et celui des Beni-Oulid. Jadis ils étaient
continuellement en guerre, et pendant longtemps encore il est arrivé que
les habitants d'un quartier passent toute leur vie sans avoir mis le pied
dans l'autre. De la porte principale, qui est du côté Ouest, un long
corridor conduit à la place du Marché. Les rues sont de véritables souterrains
recouverts par le premier étage des maisons et où de loin en loin des
jours ont été ménagés pour donner un peu d'air et de clarté; les petites
rues adjacentes n'ont même pas de ces jours et on s'y trouve dans des
ténèbres complètes.
Dans la vielle ville de Ghadamès. Elle est divisée spatialement et socialement en sept clans. Source : The World Factbook. La population de Ghadamès est extrêmement mélangée, mais le fond est surtout berbère; c'est à cette fraction évidemment qu'appartiennent les Beni-Ouasit et des Beni-Oulid, les plus anciens habitants de l'oasis et qui se disent nobles; il y a aussi, se prétendant également nobles, des Ouled-Bellil, qui sont d'origine arabe. Un quatrième élément, plus nombreux que les trois autres, mais qui n'a ni richesse ni influence, est celui des Atria, les uns descendant d'anciens esclaves noirs affranchis, les autres métis de Berbères et de femmes noires. Au Sud-Ouest de la ville, sur un plateau appelé plateau des Idoles, il y a un village de Touareg. Près de là , un peu plus au Nord, est une gracieuse petite oasis habitée par des marabouts, Zaouïa-Sidi-Maabed. Enfin bon nombre de marchands de la Tripolitaine, des oasis du Sahara, même du Sahel, se sont fixés dans la ville. Il paraît y avoir en tout près de 20000 habitants (estimation 2005). La langue dominante est un dialecte berbère, qui se rapproche de celui des oasis du désert libyque et du tamachek; mais les marchands savent aussi assez souvent l'arabe, le tamachek ou touareg proprement dit, quelquefois les langues du Sahel; ils écrivent en caractères arabes, mais en se servant de la langue maternelle. Les femmes des classes nobles sont, dit-on, remarquables par la régularité de leurs traits et l'élégance de leur costume, qui est tout différent de celui des femmes arabes. La culture des jardins n'occupe qu'un petit nombre des habitants; en dépit d'un travail incessant, d'un emploi intelligent des engrais, la production agricole de l'oasis est restreinte à cause du manque d'eau. Les Ghadamésiens sont obligés d'acheter aux caravanes et aux nomades une bonne partie des choses dont ils se nourrissent. Ils trouvent quelques ressources dans la fabrication de chaussures et d'objets en cuir estimés, ainsi que dans celle des étoffes et des bijoux. Mais ce qui traditionnellement a fait vivre surtout Ghadamès, c'est son commerce transsaharien. Certains habitants avaient, dans le passé, des succursales à Kano, à Katsena, à Tombouctou, à Rhat, à In-Salah, en même temps qu'à Tripoli et à Tunis. Ils s'associaient le plus souvent avec les Touareg qui tiennent les routes. Ghadamès existe sans doute depuis une
antiquité reculée, la belle source d'aïn Fers ayant à toute époque
constituer un pôle d'attraction. Elle nous est mentionnée sous le nom
de Cydamus comme ayant été soumise par le chef romain Cornelius
Balbius en l'an 49 de notre ère. Une inscription trouvée près de Ghadamès
par Duveyrier nous apprend en outre qu'au milieu
du IIIe siècle un détachement de la troisième
légion Augusta, cantonnée à Lambèse (Algérie),
vint en expédition jusqu'à l'oasis. De l'époque romaine datent très
probablement le bassin qui capte l'aïn Fers et les canaux qui portent
l'eau partout; il y a aussi des vestiges çà et là de constructions antiques,
des fragments de marbre sculpté dans les maisons et les jardins, et enfin,
à 500 m de la ville, des monuments étranges, ravagés par le temps et
que les habitants du lieu appellent El-Asnam ou les Idoles;
ce semble être les restes de statues
très grandes. Lors de l'expédition d'Okba, en 642 de notre ère, ce conquérant
envoya un corps de cavalerie prendre possession de Ghadamès, ce qui semblerait
dénoter que la traversée du désert n'était pas alors aussi difficile
qu'elle l'est devenue. Plus tard la ville releva de l'autorité des princes
tunisiens,
mais c'étaient les Touareg qui en étaient les vrais dominateurs; ils
faisaient trembler les gens de Ghadamès; c'est sans doute pour être protégés
contre leurs exigences, peut-être aussi par suite de menées que dirigeait
la politique anglaise (l'Angleterre eut un vice-consul à Ghadamès pendant
quelque temps, vers 1850), qu'ils demandèrent, peu de temps après, Ã
être annexés à la Tripolitaine. A la fin de la domination ottomane,
Ghadamès formait avec quelques oasis assez éloignées une circonscription
de la province du Djebel-Nefouça. Elle avait alors un gouverneur appelé
kaïmakâm
et une garnison turque. Il y avait aussi une sorte de conseil municipal,
avec des attributions judiciaires et de police, le medjlès. Lors
de la formation de la Libye, en 1950, Ghadamès y a été rattachée et
est devenue le chef-lieu de l'une des 25 municipalités (baladiyat)
du pays.
Ancienne vue de Ghadamès. Ghadamès a été visitée par de nombreux explorateurs européens (L'exploration du Sahara). Le premier en date est l'infortuné major Laing qui en observa la latitude en 1826; puis ce fut James Richardson en 1845 et Ch. Dickson en 1849. Tous les trois étaient venus par la route de Tripoli. Le capitaine Bonnemain y vint en 1856 de Ouargla et fut assez bien accueilli; Duveyrier y séjourna plusieurs fois en 1860, et en 1862 une mission française y vint de Tripoli, composée de Mircher, Vatonne et Polignac; après avoir signé un traité de commerce avec les gens de Ghadamès et les Touareg, elle revint par El-Oued, mais le traité n'eut pas de suites. Largeau s'y rendit aussi en 1873; et une seconde fois en 1876, avec Say, G. Lemay, Fouqueux. Ensuite F. Foureau s'en est approché. A cette époque, on projetait la construction d'un chemin de fer transsaharien et quelques géographes pensèrent que cette ligne devait partir du golfe de Gabès et passer par Ghadamès. (E. Cat.). |
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