| L'lgharghar ou Irharrhar (ar. gharghara, faire entendre un bruit de gargouillement) est un fleuve actuellement desséché du Sahara septentrional. Naît dans le Djebel Ahhagar (Hoggar), au sud d'Idelès. Dans la première partie de son cours jusqu'à hauteur de la petite oasis de Temassinine, au pied du plateau central, l'Igharghar reçoit de nombreux affluents qui, après les pluies, déversent, dans son lit profond, leurs eaux torrentueuses et mugissantes; mais, si abondantes et si rapides que soient ces eaux, elles ne tardent pas à disparaître, absorbées par le sol spongieux, pour s'écouler vers le nord en larges nappes souterraines. L'ancien fleuve serpente ensuite dans une plaine unie, à fond de graviers, large quelquefois de 20 kilomètres et bordée de hautes dunes. A 60 km au Sud-Est d'Ouargla, il se divise en deux branches qui se rejoignent à 80 km, plus au nord, après avoir embrassé une île de plus de 2000 km carrés, couverte de pierres tranchantes. Inclinant ensuite vers le Nord-Nord-Ouest, le lit de l'Igharghar va se confondre, près de Temacine, un peu au sud de Touggourt, avec celui d'un autre fleuve mort l'oued Miyâ, pour former l'oued Rirh, large et fertile vallée qui aboutit au chotth Melrhir. Le fleuve Igharghar, que les géographes anciens paraissent avoir confondu avec le Triton (oued Souf), fut découverte en 1860, à deux journées de marche Nord-Ouest d'Ouargla, par Henri Duveyrier, qui lui trouva 6 km de largeur. Son bras oriental fut relevé, en 1873, par Dourneaux-Dupéré. De son côté, le voyageur Largeau releva, en 1875, son lit principal, jusqu'à 50 lieues au sud de Touggourt; il lui trouva encore une largeur de 6 km près du puits d'El Achiya, son point de bifurcation. Sur les gour nombreux qui se dressent sur ses bords et au milieu de son lit, le voyageur découvrit des instruments en silex, preuve que ces gour furent, dans les temps Préhistoriques, des îles habitées. La mission Flatters, suivant l'itinéraire de Bou-Derba, traversa également l'ancien fleuve, le 28 mai 1880, entre El Byodh et Temassinine, au point où il débouche dans la plaine, à 130 lieues au sud de Touggourt. Le lieutenant Brosselard, historiographe de la mission, estimait à 60 mètres la hauteur de ses rives creusées à pic dans la roche noire. Dans son lit pierreux et poli, la mission ramassa des coquilles du Pléistocène et des débris de lave; sur ses rives, elle trouva partout de nombreux vestiges de l'âge de pierre : haches, pointes de flèches, etc. L'lgharghar est un des quatre cours d'eau principaux qui, dans les temps anciens, alimentaient à ciel ouvert le lac Triton et qui, de nos jours, alimentent de leurs eaux souterraines les chotts Melrhir et tunisiens. (Trt). | |