| Couleurs, substances colorantes, simples ou mélangées, dont les peintres se servent pour colorier les objets. Il y a cinq couleurs fondamentales, le blanc, le jaune, le rouge, le bleu et le noir, qui forment, par leurs combinaisons, une foule de nuances et de couleurs nouvelles. Le blanc se fait avec la céruse, l'oxyde de zinc et diverses espèces de craies, dont la plus ordinaire est dite blanc d'Espagne. Pour les jaunes, on emploie principalement des ocres, le massicot, le jaune de Naples, le jaune de chrome, l'orpin, le stil de grain, etc. Les rouges sont aussi produits par des ocres, par le minium, le cinabre, le carmin, la laque, etc. Les bleus sont tirés du bleu de Prusse, de la cendre bleue, du cobalt, de l'outremer. Or fait des noirs avec le noir d'ivoire, d'os, de charbon , de fumée. L'orangé, le violet, le vert, le brun, s'obtiennent par le mélange des couleurs précédentes; on tire aussi les bruns de certaines substances naturelles ou de produits chimiques. On peut voir au 12e chapitre du 35e livre de Pline et au 6e chapitre du 7e livre de Vitruve les couleurs qui étaient employées par les Anciens. Les matières colorantes sont d'abord porphyrisées, c.-à-d. broyées et pulvérisées sur une table de porphyre ou autre pierre dure, avec une molette de même nature. Quand on les a mises en pâte avec de l'eau, on en fait des trochisques, petits tas de forme conique, qu'on laisse sécher. Puis on les broie à l'huile avec une lame de couteau mince et flexible, et on les conserve, soit dans des vases vernissés, soit dans des morceaux de vessie dont on forme des paquets appelés nouets; ou bien on les pétrit avec un liquide agglutinant, et on en fait des peins. Les couleurs pour la miniature sont de nouveau broyées avec de la gomme sur une glace, avec une molette aussi en glace. La composition et l'emploi des couleurs sont une partie importante de la peinture : il faut que l'artiste songe au travail futur des couleurs sur la matière qui les a reçues, à leurs réactions réciproques, à leurs dégradations successives, à leurs accroissements d'intensité, toutes circonstances qui détruisent l'harmonie primitive de son oeuvre. Quelques-uns des tableaux consacrés à la vie de Saint Bruno par Lesueur offrent aujourd'hui une prédominance imprévue du bleu d'outremer; il en est de même de certaines Batailles d'Alexandre par Lebrun , lesquelles ont on outre poussé au noir; on voit également combien ont pâli plusieurs scènes que le pinceau de David avait rendues plus vivantes. Les peintres ont donc le plus grand intérêt à étudier les couleurs sous leurs rapports chimiques, et c'est pour avoir connu à fond cet art que les Italiens ont fait des oeuvres vraies, vigoureuses et durables. On dit que la couleur d'un tableau est tourmentée, quand l'artiste, au lieu de peindre franchement et d'un seul coup, a altéré sa couleur par un frottement répété. Un tableau est à pleine couleur, lorsque l'artiste, ayant sa brosse très chargée, l'a fort peu étendue et l'a laissée très épaisse, surtout dans les lumières. On donne le nom de couleurs sourdes à celles qui n'ont aucun éclat. Quand la couleur d'un corps est altérée par le voisinage d'un autre corps ayant une teinte forte et très différente, elle est dite réfléchie. Les couleurs transparentes sont celles qu'on emploie en glacis, c.-à-d. qu'on passe légèrement par-dessus d'autres, et qui laissent apercevoir les fonds. Les couleurs amies sont celles que le goût tel qu'il s'est formé au fil de l'histoire de l'art permet d'admettre l'une auprès de l'autre. | |