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La découverte du monde > Le ciel |
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Située
à la limite de la visibilité à l'oeil nu, Uranus
avait échappé à l'attention des anciens observateurs
et, il a fallu encore attendre un siècle et demi après Galilée
et sa première lunette pour que la planète
soit enfin remarquée par William Herschel
en 1781.
Avec cette découverte le Système solaire
s'est trouvé considérablement agrandi. Uranus circule sur
une orbite
qui est le double de celle de Saturne,
considérée pour ainsi dire depuis toujours comme le dernier
monde avant les étoiles.
Une fois la surprise
passée, les astronomes ont mis en évidence le riche système
satellitaire de cette planète géante,
finalement si semblable à Jupiter
et à Saturne. L'image de son disque est cependant restée
décevante. Jusqu'en 1986
et son survol par la sonde spatiale Voyager 2 on en saura peu de choses
en définitive. A l'exception sans doute du basculement étonnant
de son axe sur le plan de son orbite et de cette autre grande surprise
qu'aura été la découverte de ses anneaux
dès 1977,
les premiers a être connus après ceux de Saturne.
Dates clés:1781 découverte d'Uranus par W. Herschel. |
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La
surprise du 13 mars
Quand Uranus a été découverte en le 13 mars 1781 par William Herschel, il n'était encore qu'un astronome très obscur. Il observait avec un télescope de sa construction, grossissant 227 fois, un petit amas d'étoiles situé dans la constellation des Gémeaux, lorsqu'il en remarqua un objet de diamètre inusité. Substituant alors à l'oculaire primitif de l'instrument des oculaires de plus en plus forts, il vit ce diamètre croître à mesure et il constata, en outre, ayant répété l'observation les jours suivants, que l'astre se déplaçait au milieu des autres étoiles. Il ne pensa pas tout d'abord que ce pût être une nouvelle planète, et, malgré l'absence de queue et de chevelure, il le qualifia, dans le mémoire qu'il adressa, le 26 avril 1781, à la Société Royale de Londres, de comète. Or toutes les orbites qu'on imagina par la suite à celle-ci se trouvèrent contredites par les faits et, bien qu'on eût quelque scrupule à reculer les frontières qu'on s'était accoutumé, dès l'origine des temps historiques, à assigner au Système solaire, force fut, lorsqu'il devint hors de doute que la véritable orbite était sensiblement circulaire, de reconnaître qu'on se trouvait en présence d'une nouvelle planète. Extrait du journal de W. Herschel, daté du 13 mars 1781. Source : Journal of the Royal astronomical Society of Canada, 1951. Laplace
et Méchain en déterminèrent,
les premiers, les éléments. En même temps, on se demanda
comment, étant donné qu'elle est visible à l'oeil
nu, elle n'avait pas été aperçue plus tôt et,
en feuilletant les anciens catalogues
d'étoiles situées à proximité de l'écliptique
(et appelées alors étoiles zodiacales), on constata qu'elle
l'avait déjà été, en réalité,
dix-neuf fois. Mais on avait négligé de la suivre plusieurs,
jours de suite et, chaque fois, on s'était borné à
la noter comme étoile.
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William
Herschel n'aurait lui-même rien remarqué d'anormal s'il avait
dirigé son télescope vers les Gémeaux onze jours plus
tôt. Le petit astre était alors, en effet, dans un de ses
points de station et son mouvement propre
lui eût échappé. William Herschel revendiqua le droit
de baptiser la nouvelle planète et il l'appela Georgium sidus,
en l'honneur de George III, roi d'Angleterre. Mais on objecta que le mot
sidus signifie étoile et non planète, et même
si Herschel rattrapa aussitôt sa gaffe en rebaptisant l'objet Georgian
planet, on avait déjà trouvé le prétexte
de nombreuses autres propositions. Lalande proposa
le nom d'Herschel lui-même.
Dans un courrier qu'il adresse à Herschel en 1784, pour lui annoncer son choix, Lalande écrit : "Nous avons fait graver un caractère pour votre planète; c'est un globe surmonté de la première lettre de votre nom". Puis, il ajoute : "Vous voilà associé malgré vous à toutes les divinités de l'antiquité". Suit alors l'explication du symbole choisi. Il apparaît ainsi que le globe désignait dans l'esprit de Lalande le dieu Ouranos, et non comme on pourrait le croire, le disque de la planète.Le professeur Prosperin, à Upsala, proposa quant à lui ceux d'Astrée, Cybèle, Neptune. Une idée reprise par Lexell, à St Petersbourg, qui risqua même un compromis en avançant les noms de Neptune de George III ou Neptune de Grande-Bretagne. Bernoulli, à Berlin, suggéra les noms de Hypercronius et de Transaturnis. Lichtenberg, à Göttingen, lança pour sa part le nom d'Austräa, une déesse mentionnée par Ovide, mais que l'on assimile généralement à la constellation de la Vierge, ce qui risquait d'ajouter encore à la confusion du moment... Finalement, Bode, qui étant éditeur du Berliner Astronomisches Jahrbuch, se trouvait à ce titre en position de centraliser quantité de propositions faites en Allemagne, proposa le nom d'Uranus. Il fut aussitôt adopté à Vienne par Hell, qui le fit figurer dans les premières Éphémérides, où figurait la planète. Et le nom a prévalu. Encore un "système solaire" en miniature Herschel avait cru,
pendant quelques années, que, de même que Saturne,
Uranus était entouré de deux anneaux.
Il reconnaîtra en 1792 son
erreur. Mais il avait trouvé dès 1787
deux satellites
avérés, Titania
et Obéron
(et crut, une fois de plus par erreur, en observer quatre de plus). Lassell,
en 1851,
en signala deux autres, Ariel
et Umbriel,
plus rapprochés de la planète que ceux découverts
par Herschel. Ces satellites ont montré une particularité
qui a beaucoup étonné les astronomes : ils ne tournaient
pas comme les autres. Que nous considérions la Terre,
Jupiter,
Saturne ou Neptune,
leurs lunes tournent de l'ouest à l'est, dans le plan des équateurs
de ces planètes ou à peu près, et ce plan ne fait
pas un angle considérable avec celui de leurs orbites autour du
Soleil.
Les satellites d'Uranus tournaient au contraire de l'est à l'ouest,
et dans un plan presque perpendiculaire à celui dans lequel la planète
se meut. Ce constat était le premier de ceux qui mis ensemble allait
convaincre de l'autre étrangeté d'Uranus, à savoir
que l'axe de rotation d'Uranus est presque couché sur le plan de
son orbite, et que le Soleil tourne en apparence dans le ciel uranien d'occident
en orient, au lieu de tourner d'orient en occident.
Représentation du système d'Uranus en 1885. En attendant que l'exploration in situ permette une nouvelle moisson, un autre satellite,, a encore été découvert depuis le sol le 16 février 1948, par Gerard Kuiper, sur une photographie prise à l'observatoire Yerkes, près de Chicago. Neuf autre plaques prises entre cette date et le 25 mars suivant ont permis à l'astronome d'établir que cette lune avait une orbite plutôt circulaire parcourue en 33 h 56 mn, sur le plan des autres satellites. Selon la tradition, inaugurée par John Herschel, pour les satellites découverts par son père et qui veut que l'on donne aux satellites d'Uranus des noms tirés de l'oeuvre de Shakespeare - c'est encore le cas pour l'un des satellites de Lassell, Ariel, mais ce nom se trouve aussi chez Pope, d'où provient le nom d'Umbriel, absent chez Shakespeare... -, Kuiper a proposé d'appeler le nouvel objet Miranda, un ange gardien, mentionné dans la Tempête. Mais c'est surtout la détection
des anneaux
d'Uranus trop tôt annoncés par Herschel qui va constituer
la plus grande surprise des observations terrestres.
Avant la découverte des anneaux d'Uranus les astronomes ne connaissaient
que ceux de Saturne.
Mais rapidement,
des observations minutieuses d'autres occultations d'étoiles près
de la planète, conduites par l'équipe d'Elliot, toujours
depuis l'avion de la Nasa, ont permis détecter la présence
de neuf fins et très sombres anneaux autour d'Uranus, et d'en déterminer
les dimensions et l'inclinaison (avec des incertitudes pour l'anneau e).
Voici le tableau que produira Elliot l'année suivante, lors d'une
convention astronomique (le rayon est exprimé en kilomètres)
:
Dans la foulée, André Brahic et Michel Hénon, ainsi que Boynton, Gold et Dermott, et, l'année suivant Goldreich et d'autres, ont commencé à étudier la dynamique de ces nouvelles structures. Ainsi s'est ouvert un nouveau chapitre de l'astronomie planétaire, car, alors que jusque là on ne voyait dans les anneaux de Saturne qu'un singularité, la perspective était désormais inversée. Les anneaux devenaient une caractéristique de toutes les planètes géantes. En un peu plus d'une décennie les deux systèmes d'anneaux déjà connus, et ceux qui entourent Jupiter et Neptune, encore à découvrir, seront photographiés et étudiés de près, d'abord depuis l'espace, et désormais aussi depuis le sol grâce aux extraordinaires performances des détecteurs infrarouges dont est équipé le VLT. Quand Uranus prend des faux airs de Saturne... Image dans l'infrarouge, obtenue depuis le sol par le VLT. (Source : ESO ). |
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Dans la norme des planètes géantes En 1883, la planète avait présenté d'excellente conditions d'observation, et les astronomes en ont profité pour approfondir son étude. De 25 séries d'observations faites à Milan par Schiaparelli, du 12 avril au 7 juin 1883 (équatorial de 8 pouces = 218 mm), il a résulté que le diamètre équatorial de la planète, vu à la distance moyenne (19,1826 Unités astronomiques), était de 3"91 et le diamètre polaire de 3"556. D'avril à mai 1883, Young a fait, de son côté, à l'Observatoire de Princeton (New-Jersey), à l'aide du grand équatorial de 23 pouces (584 mm) d'autres mesures qui lui ont donné 4"280 pour le diamètre équatorial et 3"974 pour le diamètre polaire. Dans l'ensemble ces
résultats étaient en contradiction avec les observations
effectuées par Wilhelm Meyer en 1881
avec le réfracteur de 10 pouces de l'observatoire de Genève
et celle de Millosevich, à Rome, qui utilisait un équatorial
de 9 pouces (243 mm), et qui ne décelaient ni l'un ni l'autre le
moindre aplatissement, mais elles étaient en accord avec les mesures
effectuées précédemment par Maedler
et Safarik, et qui permettaient de déduire pour Uranus un aplatissement
polaire comparable à celui de Saturne. De plus l'orientation de
l'axe de rotation déduite était trouvée égale
à 197°. Une position qui confirme l'hypothèse (seulement
vérifiée au XXe
siècle) que le plan de l'équateur
d'Uranus coïncide à très peu près avec celui
dans lequel se meuvent ses satellites.
Études
spectroscopiques
D'autres spectres seront obtenus par la suite, notamment par Alfred Fowler, qui était l'assistant de Lockyer, et Albert Taylor en 1889 (profils ci-dessus). Mais ce sont surtout ceux obtenus par Gerard Kuiper en 1949 (ci-dessous) et en 1955, qui seront analysés et discutés en détail. L'astronome avait constaté dans un premier temps la présence dans le spectre de la planète de deux bandes correspondant à des longueurs d'onde de proches de 7500 / 8270 angströms, puis deux autres bandes ont également été mises en évidence. Leur origine était assez mystérieuse. On s'attendait en particulier à ce qu'elles puissent être attribuées à du méthane. Mais elles n'ont pu être retrouvées sur des spectres obtenus en laboratoire. En 1967, de nouveaux travaux, dus cette fois Owen suggèrent que plusieurs structures attribuables au méthane semblent pouvoir être reconnues, dans une autre partie du spectre (vers 800 angströms). Des doutes persistent cependant. Spectre d'Uranus obtenu par Kuiper (en bas) comparé à ceux de l'hydrogène (en haut) et de l'azote liquide (au centre). Source G. Herzberg, ApJ, mai 1952. |
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Regards stratosphériques A l'occasion de son vol du 26-27 mars 1970, le Stratoscope II, télescope embarqué à bord d'un ballon, a pris 48 images d'Uranus qui ont montré son globe verdâtre et son assombrissement du centre vers les bords, comparable à celui des autres planètes géantes. Mais aucun détail éventuel des nuages n'est apparu. Un diamètre de 51 800 km (à 600 km près) et une aplatissement polaire de 0,01 est mesuré à cette occasion. Enfin, la densité calculée d'Uranus montre que la planète doit être plus riche en éléments lourds que Jupiter et Saturne. Quant aux autres résultats, qui concernaient la composition chimique de l'atmosphère, ils restaient problématique. La présence de méthane semblait effectivement possible. Mais une couche très épaisse d'hydrogène au-dessus de l'atmosphère a également été soupçonnée à partir de ces études. Il faudra finalement attendre 1972, et de nouveaux spectres obtenus à l'observatoire Lick, pour que la composition en méthane soit enfin définitivement admise, et que l'on puisse bien y voir l'origine des bandes découvertes par Kuiper.
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L'exploration
spatiale
Uranus a été approché par une unique sonde spatiale. Il s'agissait de Voyager 2, lancée le 20 août 1977 et qui s'est approchée à 81 500 km de la planète le 24 janvier 1986. A cette occasion, quantité de données ont été recueillies par les divers instruments embarqués. La rotation de la planète a ainsi pu être fixée à 17 heure et 14 minutes, et il est également apparu que la température des régions équatoriales est à peu près la même que celle des régions polaires, alors même que celle-ci, du fait de l'inclinaison à 89 de l'axe de rotation, reçoit plus de chaleur en provenance du Soleil. Une importante magnétosphère a été également mise en évidence, et s'est révélée inclinée d'une soixantaine de degrés. Une particularité à mettre ici aussi en rapport avec l'inclinaison de l'axe de rotation. Par ailleurs, 8 000 clichés ont été transmis. Ceux-ci, à l'instar de ceux transmis par le Stratoscope, n'ont montré que peu de détails sur la planète elle-même, qui est apparue comme un globe enveloppé d'une épaisse couverture nuageuse, uniformément bleu-vert, et ne révélant pratiquement aucun détail. La vingtaine taches observées dans les régions les plus australes (nuages composés apparemment de cristaux de glace de méthane) a mis en évidence des vents soufflant de 100 à 600 km/h. Plus tard, les télescopes terrestres au sol et le télescope spatial Hubble auront finalement une meilleure vision de cette atmosphère, donnant même accès partiellement à sa structure verticale. Mais se sont surtout des satellites, dont dix de plus ont été découverts, et des anneaux que proviennent les meilleures images et les découvertes les plus étonnantes. |
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