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Châsse, en latin arca, capa ou capsa, coffre de matière et de forme diverses, aisément transportable, et destiné à renfermer les reliques des saints. Dans certaines processions, on porte des châsses sur des pavois et des brancards. Sous les deux premières dynasties des rois de France, on portait des reliques en tête des armées. Les serments se prêtèrent longtemps sur des reliques; c'était le jurare per sanctos. On a vu des princes (Charles le Chauve, Robert, Louis IX, Charles IX) se revêtir d'une dalmatique pour porter des châsses sur leurs épaules. Des châsses furent apportées près des malades, dont on espérait la guérison par l'intercession du saint; ou encore on les fit figurer dans les épreuves judiciaires. Une châsse conservée dans la cathédrale de Cologne. Photo : © Angel Latorre. Les châsses les plus célèbres étaient celles de Saint Marcel et de Sainte Geneviève, à Paris. Cette dernière, fabriquée par Saint Éloi, et dont on ignore le sort, fut reconstruite de 1240 à 1242 par un orfèvre nommé Bonnard, qui employa 193 marcs d'argent et 7 marcs 1/2 d'or; elle était supportée par quatre statues de vierges plus grandes que nature, et surmontée d'un bouquet et d'une couronne de diamants, don de Marie de Médicis et de Marie-Élisabeth d'Orléans, reine douairière d'Espagne; elle fut fondue à la Révolution. On l'a remplacée quelques décennies plus tard. La châsse de Saint Marcel était aussi, disait-on, une oeuvre de Saint Éloi; elle était élevée derrière le maître-autel de Notre-Dame, qu'elle semblait dominer, sur une plate-forme de cuivre soutenue par 4 colonnes hautes de 5 mètres. La châsse ou fierte de Saint Romain, à Rouen, était aussi très renommée. Les plus anciennes châsses eurent la forme d'un cercueil ou d'un coffre long, dont le couvercle imitait un toit à deux rampants : elles étaient en bois, parfois peint, ou revêtu de cuivre ou d'argent doré. Puis le faîtage fut fréquemment orné d'une crête à jour, garnie de verroteries ou même de pierres précieuses; les faces se couvrirent de figures émaillées et d'ornements au repoussé. Les châsses, à partir du XIIIe siècle, simulent de petites églises; à partir du XVIe, elles prennent aussi la forme de la relique, bras, jambe ou tête, et elles sont toujours l'objet d'un précieux travail d'orfèvrerie. Il existe d'antiques châsses en bois dans les églises de Cunault (Maine-et-Loire) et de Saint-Thibaut (Côte-d'Or); l'une est du XIIIe siècle, l'autre du commencement du XIVe s. La châsse de l'église d'Ambazac (Limousin) est un curieux monument d'orfèvrerie du XIe siècle. Au XIVe appartiennent les châsses beaucoup plus remarquables de Notre-Dame à Aix-la-Chapelle, des Trois Rois à Cologne, de Saint Taurin à Évreux, et celle de Tournai. Comme exemple de châsses en forme de chapelle on d'église, nous citerons celle de Saint Germain, dont Bouillard a publié le dessin dans son Histoire de l'abbaye royale de Saintt-Germain-des-Prés : elle pesait 250 marcs d'argent, 26 marcs d'or, et était ornée de 260 pierres fines et 197 perles. La châsse de Saint Romain, à Rouen, est dans le style élégant du XVe siècle. En Allemagne, on remarque la châsse de Saint Sébald, dans l'église de ce nom à Nuremberg; c'est l'oeuvre de Pierre Vischer, qui la termina en 1519. (B.). |
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