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Hôtel des Monnaies, à Paris (VIe arrondissement). - Ce bâtiment, situé quai de Conti, et qui accueille aujourd'hui le Musée des monnaies et médailles, remonte au XVIIIe siècle seulement. Mais des palais de la Monnaie existent à Paris depuis le Haut Moyen âge. Dans un édit de Charles le Chauve, de l'année 864, Paris se trouvait au nombre des villes ayant le droit de fabriquer des monnaies. Le bâtiment affecté à cette fabrication devait faire partie du palais de la Cité. Dès que le faubourg septentrional fut défendu par une enceinte, on y transféra la maison de la monnaie. Dans le quartier des Lombards, on trouva une rue nommée de la Vieille-Monnaie. Un acte de 1227 indique une de ses maisons sous le nom de Monetaria et de Veteri Moneta. Quelque temps après, cette fabrication fut transportée dans une maison où s'établirent plus tard les religieux de Sainte-Croix de la Bretonnerie. Dans l'acte de fondation de ce couvent il est dit : « que saint Louis donna aux religieux une propriété appelée de la Monnaie. »Au commencement du XIVe siècle, un Hôtel des Monnaies était établi dans la rue qui en porte encore aujourd'hui le nom (Ier'arrondissement); les bâtiments y subsistèrent jusqu'à l'entière construction de l'édifice du quai de Conti. L'ancien Hôtel des Monnaies, tombant en ruine, fut alors abattu. En vertu des lettres-patentes du mois d'août 1776, on ouvrit sur son emplacement les rues Boucher et Estienne. « Louis [XV], etc. Par nos lettres-patentes du 7 janvier 1765, nous aurions ordonné, attendu la vétusté de notre hôtel actuel des Monnaies à Paris, qu'il en serait construit un autre sur le terrain vague entre la rue Royale et celle des Champs-Élysées (ci-devant appelée de la Bonne-Morue), derrière les façades qui servent de décoration à la place où est posée notre statue équestre; ils nous aurait été représenté par nos chers et amés les prévôt des marchands et échevins de notre bonne ville de Paris, que l'exécution de nos lettres-patentes pourrait ralentir l'activité du commerce de l'orfèvrerie, en ce que l'emplacement destiné pour ce nouvel hôtel des Monnaies se trouverait considérablement éloigné du centre de notre capitale, et que les orfèvres et autres correspondants aux monnaies seraient obligés de perdre un temps considérable pour y porter leurs ouvrages et matières, et comme nous n'avons en vue que le plus grand avantage des habitants de notre bonne ville de Paris, et la facilité et commodité du commerce, nous avons estimé convenable de déférer aux représentations qui nous ont été faites à cet égard, en assignant au nouvel hôtel des Monnaies, qu'il est nécessaire de construire, un autre emplacement plus à la portée des orfèvres et autres commerçants et trafiquants des matières d'or et d'argent, et en ordonnant tous les autres arrangements que ce changement exige; nous y avons pourvu par arrêt rendu en notre conseil, le 18 septembre dernier, sur lequel nous avons jugé nécessaire de faire expédier nos lettres-patentes; à ces causes, [...].Ce monument remarquable par ses nobles proportions, a été construit sous la direction de Jacques-Denis Antoine, architecte. Le principal corps de l'édifice, dont la façade se développe sur le quai de Conti, renferme : un magnifique vestibule orné de vingt-quatre colonnes doriques; un bel escalier que décorent également seize colonnes ioniques; un vaste cabinet de minéralogie richement ordonné; plusieurs pièces où sont placées des machines; des salles pour l'administration, accompagnées de grands logements.Article 1er. Le nouvel Hôtel des Monnaies, qui devait être à la place où est notre statue équestre, sera établi et incessamment construit aux anciens grand et petit hôtels de Conti, appartenant à notre d. ville de Paris, et qui sont actuellement occupés par notre garde-meuble, suivant le plan que nous avons agréé; la construction duquel nouvel Hôtel des Monnaies fait partie des ouvrages que nous avons énoncés par notre édit du mois de juillet dernier, avoir ci-devant ordonné.Données à Versailles, le 16e avril l'an de grâce 1768, et de notre règne le 53e. Signé Louis. » - L'Hôtel des Monnaies, vu depuis l'île de la Cité. © Photo : Serge Jodra, 2010. Au fond de la grande cour est située l'ancienne salle du monnayage. Elle a 20 m de longueur sur 13 m environ de largeur. L'architecte a pris soin de l'isoler afin d'éviter aux autres bâtiments les effets de l'ébranlement produit par le jeu des balanciers. Au dessous on trouve l'ancienne salle des ajusteurs; le surplus des constructions était employé aux fonderies, aux laminoirs, et on y fabrique encore aujourd'hui des poinçons officiels (Poids et Mesures), la monnaie étant frappée à Pessac (Gironde). La décoration de la façade principale, percée de vingt-sept fenêtres, consiste en un avant-corps de six colonnes 'ioniques, élevées sur un soubassement de cinq arcades, ornées de refends en bossages. Un grand entablement avec consoles et modillons, couronne l'édifice dans toute sa longueur. Au-dessus de l'avant-corps est un attique au-devant duquel ont été placées six statues la Loi, la Prudence, la Force, le Commerce, l'Abondance et la Paix. La seconde façade, sur la rue Guénégaud, a son soubassement enrichi de bossages. L'avant-corps du milieu est orné de quatre statues représentant les quatre éléments. La cour principale, entourée d'une galerie, a 36 m de profondeur sur 30 de largeur. La salle des balanciers s'annonce par un péristyle de quatre colonnes 'doriques. La voûte intérieure s'appuie sur quatre colonnes dont le style se rapproche de l'ordre toscan. Au fond de celle-ci s'élève une statue de la Fortune. Le cabinet de minéralogie, qui occupe l'avant-corps du milieu, au premier étage, est décoré de vingt colonnes 'corinthiennes d'un grand module, qui supportent une tribune régnant au pourtour, dans la hauteur du deuxième étage. Ce cabinet est orné de bas-reliefs et d'arabesques. Les corniches, les chambranles des portes et des croisées sont enrichis d'ornements dorés dont les sculptures sont distribuées avec un goût dont la délicatesse est pleine d'harmonie et de pureté. On a placé en 1839, sur le palier de l'escalier d'honneur de l'hôtel des Monnaies, le buste en bronze de l'architecte Antoine. C'est un juste hommage rendu à la mémoire d'un homme qui de simple maçon; est devenu l'égal des plus grands artistes du XVIIIe siècle. (L.) L'Hôtel des Monnaies, au XIXe siècle. |
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