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![]() "Entre le faible et le fort, c'est la liberté qui opprime et c'est la loi qui libère". (Lacordaire) |
On
appelle libertarianisme ou libertarisme une philosophie politique
qui met l'accent sur la liberté individuelle, la propriété privée,
et la limitation du pouvoir gouvernemental. On distingue parfois les deux
termes, le premier, correspondant à la définition ci-dessus et qui désignerait
à cette philosphie telle qu'elle est comprise aux Etats-Unis; le second,
désignant plutôt une doctrine centrée sur la seule liberté individuelle.
De fait, la pensée libertarienne englobe de nombreuses perspectives et
d'interprétations. Certains libertariens adoptent une approche plus stricte
et anarchiste, tandis que d'autres acceptent un certain degré de gouvernement
minimal pour assurer la protection des droits individuels.
L'idéologie
libertarienne.
Les libertariens anglo-saxons tendent à considérer la propriété privée comme un élément central de la liberté individuelle. Ils estiment que les individus ont le droit de posséder des biens et des ressources, et que la propriété privée est un incitatif essentiel pour la gestion efficace des ressources. Ils soutiennent en outre les marchés libres et la concurrence. Ils croient que les échanges volontaires entre individus, sans intervention gouvernementale excessive, mènent à une allocation efficace des ressources et à une prospérité générale. Selon eux, le gouvernement devrait se limiter à la protection des droits individuels, notamment en assurant la sécurité et en faisant respecter les contrats. Les libertariens préconisent une réduction drastique de l'intervention gouvernementale dans l'économie et dans la vie personnelle. Certains soutiennent que les droits individuels découlent de la nature humaine et ne doivent pas être violés par d'autres individus ou par le gouvernement. Le libertarisme est ordinairement considéré comme une idéologie de droite ou d'extrême-droite, selon ses nuances. Le minarchisme (libertarianisme minimaliste), rangé à droite, prône un État minimal, réduit à ses fonctions régaliennes : police, justice, armée (et parfois quelques autres fonctions très limitées) et laisse l'économie est entièrement au marché. L'anarcho-capitalisme (libertarianisme absolu) est rangé à l'extrême-droite. Expression du capitalisme le plus brutal et de l'affairisme sans limites, il va encore plus loin que le minarchisme en prônant l'abolition totale de l'État. Tous les services, y compris ceux traditionnellement assurés par l'État (justice, sécurité, etc.), seraient fournis par le marché privé. C'est une forme d'anarchisme de droite, basé sur la propriété privée absolue et le marché libre total. Il existe aussi une forme de libertarisme dit de gauche (left-libertarianism), qui représente une frange très minoritaire de cette idéologie. Ce courant tente de concilier le libertarianisme avec des préoccupations de justice sociale et d'égalité. Il peut, par exemple, défendre un revenu de base universel financé par une taxe sur les ressources naturelles (considérées comme appartenant à tous), ou prôner une redistribution des richesses pour compenser les inégalités historiques. Il se distingue fortement de l'anarcho-capitalisme et se rapproche parfois de formes de socialisme libertaire. Histoire
du Libertarisme.
Au XIXe siècle, le libertarisme a pris plusieurs formes. Le libéralisme économique de John Stuart Mill mettait l'accent sur la libre entreprise et la limitation du pouvoir de l'État. Parallèlement, des figures comme Pierre-Joseph Proudhon et Benjamin Tucker développaient une tradition libertaire d'inspiration anarchiste, rejetant toute autorité coercitive, qu'elle soit étatique ou capitaliste. Ces courants ont cohabité avec le laissez-faire défendu par Frédéric Bastiat et Herbert Spencer, qui critiquaient l'interventionnisme gouvernemental. Au XXe
siècle, le libertarisme s'est structuré en un mouvement distinct du libéralisme,
notamment aux États-Unis. Des intellectuels
comme Ludwig von Mises et Friedrich Hayek ont défendu le libre marché
contre les politiques interventionnistes du New Deal et du keynésianisme
( Le libertarisme a aussi trouvé une expression politique avec la création du Parti libertarien aux États-Unis en 1971. Des figures comme Ron Paul et plus tard son fils Rand Paul ont popularisé ces idées dans le débat public, défendant un État minimal, la déréglementation économique et la non-intervention militaire. En parallèle, les penseurs libertariens ont influencé la politique économique de divers pays, notamment à travers les politiques néolibérales de Margaret Thatcher et Ronald Reagan, bien que leur application ait souvent différé des principes libertariens purs. Aujourd'hui, le libertarisme se décline en plusieurs tendances, allant, comme on l'a vu, du minarchisme, qui prône un État réduit à ses fonctions régaliennes, à l'anarcho-capitalisme, qui prône l'abolition complète de l'État. Avec l'essor du numérique et des cryptomonnaies, de nouveaux mouvements, comme le crypto-anarchisme, émergent en mettant l'accent sur la souveraineté individuelle à l'ère technologique. Mais dans ce contexte, le libertarisme n'est plus autre chose qu'une idéologie de prédation, qui remplace la loi pour tous par la loi du plus fort. Mentionnons, pour terminer, quelques-uns des penseurs qui peuvent être qualifiés de libertariens, bien que leurs idées soient assez diverses : • Murray Rothbard (1926-1995) est considéré comme l'un des fondateurs du mouvement libertarien contemporain. Il a développé des idées autour de l'anarcho-capitalisme et a écrit des ouvrages tels que L'Éthique de la liberté et L'Homme, l'État et la Société. |
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