 |
Le mot Scotisme
désigne d'une manière générale la philosophie de Duns
Scot et d'une manière particulière, qui est la plus fréquente, l'opposition
de cette philosophie avec celle de saint Thomas,
le thomisme, sur le point particulier de la
liberté en Dieu. Duns Scot, pénétré de l'idée que l'âme est une,
critiquait et condamnait toute théorie qui considère les facultés comme
ayant une existence distincte et séparée de l'âme elle-même. En Dieu
il plaçait l'attribut volonté avant l'attribut intelligence : Dieu est
une liberté infinie qui n'est point déterminée par les lois des intelligences,
mais qui pose ces lois pour elle-même et pour tous les esprits. Sur la
primauté de la liberté en Dieu par rapport à l'intelligence, Descartes
a repris la tradition du scotisme : Dieu, selon lui, établit librement
les vérités nécessaires comme un roi établit des lois en son royaume.
Leibniz
a au contraire repris la tradition du thomisme : les principes pensés
par l'intelligence divine s'imposent à la volonté de Dieu, qui est nécessité
moralement à choisir le meilleur.
Ajoutons que les
Scotistes ont enseigné, contrairement aux Thomistes, que la matière des
corps terrestres et des corps célestes est identique. Ils ont vivement
combattu la prémotion ou prédétermination physique. Le principe d'individuation
est, selon eux, une entité surajoutée à l'essence des êtres, qu'ils
nomment Eccéité.
Enfin, Scot restreint
la pluralité des formes aux êtres vivants ; beaucoup de ses disciples
l'attribuent à tous les êtres de la nature. Il a imaginé, ou du moins
ses disciples, une distinction formelle, qui a beaucoup nui au Scotisme.
Cette distinction, en effet, n'étant de l'aveu même des Scotistes, ni
réelle, ni de raison, est inconcevable, parce qu'il n'y a pas place punir
une distinction intermédiaire. |
|