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Isaac Newton |
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La
vie de Newton
Le Père d'Isaac
Newton, John Newton, d'origine probablement écossaise, cultivait
la terre de Whoolstorpe, qui était, depuis près de trois
siècles, la propriété de sa famille. Lorsqu'il mourut,
le petit Isaac, né avant terme comme Kepler,
et, comme lui, de constitution très chétive, était
à peine âgé de quelques mois. Sa mère, Anne
Ayscough, se remaria, alors qu'il venait d'entrer dans sa troisième
année, avec Barnabas Smyth, recteur de Northwitham, et le confia
aux soins de sa grand-mère, qui l'envoya aux petites écoles
des hameaux voisins de Whoolstorpe. A douze ans, il fut mis à l'école
publique de Grantham, la ville la plus proche. Il n'y resta que trois ans.
Il se montra, du reste, au début, assez mauvais élève,
ne donnant un peu d'attention qu'aux mathématiques
et absorbé surtout dans la construction de petits ouvrages de mécanique
: une clepsydre, un cadran solaire, une
voiturette mue avec les bras, un moulin que faisait tourner, à défaut
de vent, une souris nourrie par la farine qu'elle produisait. Il s'exerçait
aussi au dessin et même à la peinture,
et les murs de la petite chambre qu'il occupait chez l'apothicaire de la
ville, le Dr Clark, étaient couverts de ses compositions. C'est
également chez cet hôte qu'il connut Mlle Storay, plus tard
Mme Vincent, à qui il garda, après avoir nourri pour elle
une passion enfantine, une amitié de toute sa vie. Rappelé
en 1657 auprès de sa mère, qui était devenue veuve
une seconde fois et s'était réinstallée dans la ferme
de Whoolstorpe, il montra moins de goût encore pour les travaux agricoles
que pour le latin; en revanche, il s'enfonça dans la lecture d'ouvrages
de mathématiques et de physique, qu'il
avait empruntés à l'apothicaire, et, sur le conseil d'un
de ses oncles, qui l'avait surpris en train de résoudre, derrière
une baie, un problème de géométrie, sa mère
le renvoya en 1659 à l'école de Grantham, d'où il
passa, en juin 1661, au Trinity College de Cambridge.
Il eut le bonheur d'y compter parmi ses maîtres un des premiers mathématiciens
du siècle, Barrow, et, d'après ses
indications, il se familiarisa successivement, afin de mieux suivre ses
leçons, avec la Logique de Sanderson, l'Optique de
Kepler, la Géométrie de Descartes,
l'Arithmétique des infinis de Wallis.
![]() Isaac Newton (1643-1727). Isaac Newton s'appliquait
d'ailleurs, au fur et à mesure, à rechercher ce qui lui paraissait
susceptible d'être perfectionné et il fut ainsi conduit, dès
cette époque, à plusieurs importantes découvertes,
généralisant notamment la formule célèbre du
développement en séries, qui a gardé, bien que connue
avant lui, le nom de binôme de Newton, et posant les premiers
fondements de la méthode des fluxions; il consigna même les
résultats de ces travaux dans un écrit intitulé De
Analysi per aequationes numero terminorum infinitas; mais sa modestie
et peut-être aussi le dessein, déjà conçu, d'employer
ses calculs à la détermination des grandes lois naturelles,
lui firent ne confier son manuscrit pour la première fois qu'à
Barrow, en 1668; Collins en prit une copie et
il ne fut imprimé que quarante-trois ans plus tard, en 1711. En
janvier 1665, Newton fut reçu bachelier; quelques mois plus tard,
Barrow ne le classa que second dans un concours à une place d'agrégé,
et, au commencement d'août, une épidémie ayant subitement
sévi dans l'université, il se trouva licencié avec,
tous ses camarades et demeura, jusqu'à l'automne suivant, à
Whoolstorpe. C'est durant l'une des longues heures de recueillement que
lui procura cette calme retraite que se place la jolie anecdote si souvent
contée. D'après Voltaire, qui
tenait le récit de Mme Conduitt, nièce de Newton, l'illustre
astronome était assis dans son verger, au clair de lune, lorsqu'une
pomme vint à tomber devant lui, et ce simple fait, en l'amenant
à réfléchir sur la nature de la force singulière
qui entraîne les corps proches de la Terre Presque aussitôt, Barrow,
qui désirait se consacrer à la théologie Pendant les vingt années qui suivirent,
on ne trouve plus, dans les Philosophical Transactions; aucun mémoire
de Newton. Il dut pourtant en 1679 un nouveau démêlé
avec Hooke, devenir secrétaire de la Société, celui-ci
sontenant que la courbe parcourue par un corps
tombant du haut d'une tour élevée est une ellipse,
alors que lui-même était convaincu que ce devait être
une spirale. Vers le même temps, Jacques Il ayant voulu imposer à
l'Université de Cambridge la réception d'un moine bénédictin Il travailla pendant quatre ans, presque
sans relâche, à en rechercher et à en discuter toutes
les conséquences, et ce ne fut, qu'en 1686, dans l'immortel ouvrage
qui a pour titre : Philosophiae naturalis principia mathematica,
et dont il fit présenter le manuscrit, le 28 avril, à la
Société royale, qu'il dévoila publiquement, pour la
première fois, sa doctrine de l'attraction universelle En Angleterre La même année 1699, l'Académie des sciences de Paris le comprit parmi ses huit premiers associés étrangers; en 1701, il fut réélu à la Chambre des communes, où d'ailleurs il ni cessa de jouer le même rôle effacé; le 30 novembre 1703, la Société royale le choisit comme président et elle continua pendant vingt-cinq années consécutives, jusqu'à sa mort, à lui déférer cette fonction; enfin, en 1705, la reine Anne le fit baronnet. Il ne faudrait pas croire cependant qui il conserva jusqu'au bout, comme l'ont avancé quelques-uns de ses biographes, toute son activité et l'intégrité de ses facultés mentales. On constate, au contraire, dès sa quarante-septième ou sa quarante-huitième année, un grand ralentissement, pour ne pas dire un arrêt, presque complet, dans sa production scientifique, et, vers cette époque, sa santé, qui avait toujours été assez délicate, commença à s'altérer sérieusement. Il se plaint lui-même, dans ses lettres, de manque d'appétit et d'insomnie, et en 1692 il tomba, le fait est aujourd'hui avéré, en démence complète, soit par suite d'un excès de travail, soit par la douleur qu'il ressentit de voir son laboratoire de chimie et plusieurs manuscrits consumés dans un incendie. Dix-huit mois de soins dévoués lui rendirent la raison et avec elle la santé, qui fut désormais excellente. Mais la source de son génie était tarie et, si l'on en excepte sa solution du problème de la brachistochrone (1696) et un projet d'instrument de réflexion pour les observations nautiques (1700), il ne donna plus par la suite aucun travail vraiment nouveau sur aucune partie des sciences, se contentant de divulguer ceux qu'il avait composés longtemps auparavant ou de les compléter à l'aide de développements tirés presque toujours d'expériences et d'observations précédemment faites. En 1703, Hooke, dont il redoutait les tracasseries envieuses, étant mort, il s'occupa de faire paraître son Optique, et il en donna, en 1704, la première édition en anglais. Il y joignit des dissertations analytiques : De Quadratura curvarum et Enumeratio linearum tertii ordinis, qui contenaient, la première l'exposition de la méthode des fluxions et son application aux quadratures des courbes, la seconde une classification des courbes du troisième ordre. En 1707, G. Whiston, qui l'avait remplacé dans sa chaire de Cambridge, publia, à son insu, dit-on, son Arithmetica universalis, qui n'était que le texte de ses leçons d'algèbre et dont il donna lui-même, en 1722, une seconde édition, beaucoup plus complète. En 1711 parurent sa Methodus differentialis pour la détermination de la courbe du genre parabolique passant par un nombre donné de points, et le premier travail de sa jeunesse, le De Analysi. Quant à la Méthode des fluxions et aux Leçons d'optique, elles ni virent le jour qu'après sa mort. On ne sait pas au juste à partir
de quelle date il commença à s'occuper de chronologie ancienne
et de critique sacrée. D'après une lettre écrite à
Locke, il semble qu'il songeait déjà
en 1690 à commenter Daniel « découvertes et qu'il se faisait violenter pour les révéler. Il avait, du reste, coutume de dire, en parlant de lui, qu'il n'était qu'un enfant occupé à ramasser des cailloux sur le bord de la mer, tandis qui le grand océan de la vérité s'étendait inexploré devant lui. »Mais on ne sait alors comment expliquer la conduite, toute de mesquineries et de petitesses, qu'il tint, non seulement à l'égard de Leibniz, mais aussi vis-à-vis de Flamsteed, dont il s'appropria diverses observations, et, en général, de tous les savants avec lesquels il se trouva en rivalité, et l'on a été amené à se demander si cette réserve et cette modestie, tant célébrées, n'étaient pas une forme de mépris, ou plus simplement de la timidité ou encore de l'appréhension, . C'était l'opinion de G. Whiston, son successeur à Cambridge et l'éditeur de son Arithmétique universelle. « Newton, dit-il quelque part, était du caractère le plus craintif, le plus cauteleux et le plus soupçonneux que j'aie jamais rencontré, et je n'eusse osé publier, lui vivant; ma réfutation de sa chronologie, car, comme je le connaissais, j'aurais redouté qu'il ne me tuât. »Au physique, l'auteur des Principia était de taille moyenne, avait une physionomie agréable, l'oeil vif et perçant, la chevelure abondante. Il parlait peu et sans attrait, presque toujours plongé dans de profondes méditations, et sa distraction est restée proverbiale. Enfin, il était très vieux et d'une austérité poussée, a-t-on prétendu, jusqu'à la continence la plus absolue. Nous avons vu qu'après la crise de sa cinquantième année la santé lui était revenue, beaucoup plus florissante que dans sa jeunesse. Elle se maintint assez égale jusque vers sa quatre-vingtième année, où il commença à souffrir d'une incontinence d'urine, et il ne s'alita que durant les vingt derniers jours de sa vie. Il mourut de la pierre à Kensington (auj. quartier de Londres) dans sa quatre-vingt-cinquième année. Isaac Newton ne s'était jamais marié et il laissa à ses neveux et nièces toutes ses économies. On lui fit des funérailles splendides et il fut inhumé à l'abbaye de Westminster. Un magnifique mausolée, où il est représenté couché et accoudé sur ses écrits, lui a été élevé en 1731, dans la partie la plus apparente de l'abbaye, aux frais de sa famille et du trésor. Il a deux autres statues : l'une en marbre, due au ciseau de Roubiliac, devant la chapelle du Trinity Collège, à Cambridge (1755); l'autre, colossale, en bronze, dans Saint-Peter's Hill, à Grantham (1858). La Société royale conserve pieusement le manuscrit des Principia, tout entier de sa main, le cadran solaire qu'il construisit étant enfant et son télescope réflecteur. (L. S.). |
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