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Behaim

Martin Behaim  ou Martinus de Bohemia est un cosmographe, élève de Régiomontanus, et navigateur, né à Nuremberg vers 1430, mort à Lisbonne le 29 juillet 1506. Il apprit d'abord et exerça le commerce des draps dans les Flandres (1477 à 1479). Il se livra en même temps à l'étude des sciences mathématiques et nautiques. 

Dans un voyage qu'il fit à Anvers, en 1479, il eut occasion de connaître quelques Flamands qui demeuraient dans l'île de Fayal ou de Pico; invité par eux à les accompagner au Portugal, Behaim s'y rendit en 1480. Il y connut Christophe Colomb

Un habile cosmographe devait être par faitement accueilli dans un pays où l'on ne s'occupait que de découvertes. Aussi Behaim fit-il reçu avec une distinction toute particulière. Il se joignit à la junta dos mathematicos, une commission chargée de définir de nouvelles méthodes de détermination des latitudes, à partir de tables de déclinaison du Soleil

En 1484, il fut désigné par le roi Juan II comme géographe de l'expédition de découvertes qui visita, sous la direction de Diego Cam (Cão), les côtes occidentales de l'Afrique. Il visita les Açores avec cet amiral (Fayal et Pico, les îles du Prince, de Saint-Thomas et de Saint-Martin), toute la côte d'Afrique depuis la rivière de Gambie jusqu'au Zaïre (Congo). Après un voyage de dix-neuf mois, Behaim, en récompense de ses services, fut créé chevalier du Christ. 

Il ne paraît pas qu'il se soit trouvé ensuite aux autres expéditions d'Afrique. Il resta à Fayal, où il se maria, en 1486, avec la fille de Job Huerter (Jeanne de Macedo), dont il eut un fils trois ans après. Ces années furent occupées à des travaux de colonisation et d'agriculture, sans toutefois qu'il négligeât ses études favorites de géographie et ses tracés de cartes. 

Le désir de voir sa famille le rappela à Nuremberg, en 1492. Il y passa une année, pendant laquelle il acheva (peut-être avec l'aide de Hartmann Schedel) un globe terrestre qu'il avait entrepris à la demande des magistrats de cette ville. 

Le globe de Behaim, conservé à Nuremberg, mesurait une cinquantaine de centimètres de diamètre et portait un quadrillage représentant les latitudes et les longitudes. Il était également orné des signes du zodiaque. Quant à la carte du monde proprement dite qui y était figurée, on l'a rapprochée de celle de Toscanelli.
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Le Globe de Martin Behaim.

Ce globe montre combien au XVe siècle on étendait l'Asie vers l'Est : on plaçait le Cipangu, c'est-à-dire le Japon, à la longitude où s'élève aujourd'hui la Nouvelle-Orléans aux Etats-Unis. Cette erreur fut importante, parce qu'elle donna à penser que la distance à parcourir pour atteindre l'Asie par l'Ouest était assez faible; elle encouragea Christophe Colomb à tenter un voyage qui, dans sa pensée, devait être court. 

Carte du monde selon le Globe de Behaim.
Le monde connu d'après le globe de Behaim.
On trouvera une description et une reproduction de ce globe dans l'ouvrage de Doppelmayr, Historische Nachrichten von nürnbergischen Mathematicis und Künstlern (Nuremberg, 1730). Murr a également donné la description du globe de Behaim (traduction en français par Jansen, à la suite du Voyage de Pigafetta, Paris, 1802). 
Behaim retourna au Portugal en 1493, en traversant la France. Don Juan du Portugal l'employa dans quelques négociations diplomatiques; mais à la mort de ce prince, en 1494, Behaim, retiré des affaires, se rendit à Fayal, au milieu de sa famille.. Ayant fait un voyage à Lisbonne, en 1506, il mourut dans cette ville, le 29 juillet de la même année, à l'âge de soixante-seize ans. 

Martin Behaim peut être considéré comme un des plus savants mathématiciens et astronomes de son siècle. Il est un de ceux qui introduisirent l'usage de l'astrolabe sur les vaisseaux; il rédigea les premières tables des déclinaisons du soleil, et offrit sur son globe terrestre l'ensemble des connaissances géographiques de cette époque; mais c'est moins à ce qui constitue son véritable mérite qu'il doit sa célébrité, qu'à de prétendues découvertes auxquelles il ne pensa jamais. 

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Martin Behaim
Martin Behaim.

De tous les savants qui ont cru, ou voulu faire croire à ces découvertes imaginaires Stuvenius est, celui qui a le plus contribué à les accréditer. Il assure, dans son traité, De vero novi orbis inventore, que Behaim a tracé, sur son globe terrestre, conservé à Nuremberg, les îles d'Amérique et le détroit de Magellan, ce qui avait fourni à Colomb l'idée du Nouveau-Monde. 

Tozen avait dejà combattu, cette assertion en 1761. Depuis,  Murr a employé un excellent argument pour la réfuter. Il a publié la description et la copie réduite de ce globe, terminé l'année même du départ de Colomb. Il nous apprend que Behaim a écrit sur ce globe, que les lieux y ont été placés avec beaucoup: de soin, d'après Ptolémée, Pline, Strabon, et les dernières découvertes de Marco Polo. On voit effectivement. que ses connaissances géographiques ne s'étendaient pas vers l'orient au-delà du Japon, que Marco Polo appelle Cipangu; du côté de l'occident, elles n'allaient pas plus loin que les îles du cap Vert. Comme la position des lieux était alors mal connue, l'île de Cipangu se trouve sur le globe de Behaim par 280° de longitude orientale, ou par 78 de longitude, si l'on compte du côté de l'ouest, c'est-à-dire à la véritable place où devrait se trouver l'Amérique : ceci prouve que Behaim n'en avait aucune connaissance. 

On remarque, sur le même globe, deux îles entre Cipangu et les îles du cap Vert; l'une est Saint-Brandan, qui est regardée comme fabuleuse par tous les géographes; l'autre, située au nord du tropique, est appelée Antilia.  Buache, croyait que ce devait être une des Açores (les îles fantastiques).

Tous les géographes contemporains de Behaim ont commis des erreurs de ce genre, et celles-ci ne doivent pas lui être imputées; mais il ne faudrait pas en conclure, avec quelques-uns de ses compatriotes, qu'il avait connaissance de l'Amérique avant Christophe Colomb (Cellarius, Riccioli, Stueven, Otto, ont soutenu cette opinion). On doit les mettre dans le nombre de ces méprises heureuses. On conteste même aujourd'hui que Behaim ait eu une grande influence sur l'ère des Grandes Découvertes au seuil de laquelle il a vécu.  En effet y dès qu'on s'est cru forcé de placer Ies dernières découvertes qui avaient été faites en allant par l'est, si près de celles qui appartiennent à la côte occidentale d'Afrique, il était naturel d'aller chercherr par le chemin le plus court, c'est-à-dire, en se dirigeant. droit, à l'ouest. Cette idée très simple est peut-être la première qu'ait eue Christophe Colomb. (L. R-E. et R -L. / R.S.).

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