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La Nouvelle-Orléans
(New Orleans) est une ville des États-Unis,
la plus grande au Sud de Saint-Louis, la principale de l'État de
Louisiane
(sans en être la capitale administrative), située sur la rive
gauche du Mississippi,
à 162 kilomètres de son embouchure, par 29° 55 de latitude
Nord et 90° 5' de longitude Ouest. Sa population était de 242000
habitants en 1890, 300000 en 1898, et, elle approchait les 500000 en 2000
(1,4 million d'habitants en comptant toute l'agglomération). Le
fleuve est large en ce point d'un peu moins de 1 kilomètre. La double
courbe qu'il décrit, convexe en amont, concave en aval, a fait donner
le surnom de Crescent City (= Cité Croissant) à
la ville de La Nouvelle-Orléans, dont les différentes parties,
soudées graduellement les unes aux autres, s'étendent sur
plus de 20 kilomètres de la rive gauche. La ville est construite
sur une plaine basse et marécageuse qui, lors des hautes eaux du
Mississippi, se trouve de 0,6 m à 1,2 m au-dessous de la surface
du fleuve, et en temps ordinaire, émerge de 3 m dans les parties
les plus élevées.
Elle couvre une superficie énorme,
467 kilomètres carrés, entre le Mississippi au Sud et le
lac Pontchartrain au Nord. Avant de se rompre par endroits à la
suite de l'ouragan du 29 août 2005, une digue ou levée protégeait
la ville contre les eaux du fleuve. Haute d'un peu plus de 4 m, avec une
largeur variant de 5 à 100 m dans la ville, de 4 à 5 m dans
la campagne, elle s'étend jusqu'à Plaquemines, à 190
kilomètres en amont de La Nouvelle-Orléans. Le climat est
très chaud (les moyennes sont 27,3 °C en été,
13,3 °C en hiver. 20,6 °C pour toute l'année), et humide
(hauteur de pluie, 1269 millimètres). La fièvre jaune y a
fait longtemps de grands ravages. Des mesures énergiques de défense
conduites tout au long du XIXe siècle
ont fait reculer le fléau et diminué l'action des autres
causes de la mortalité. En 1890, la mortalité qui résultait
de cette insalubrité restait encore de 25°/°° chez les
Blancs, et de 40°/°° chez les Noirs.
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Cour
d'une ancienne demeure, dans le Vieux Carré.
Le quartier français ou créole,
appelé « Vieux Carré», est séparé
par la grande voie commerciale Canal Street de la ville nouvelle ou quartier
américain, situé au Sud-Ouest du quartier créole et
dont les plus belles habitations se trouvent dans l'avenue Saint-Charles,
parallèle au fleuve. Le « Vieux carré » a longtemps
été presque exclusivement habité par des créoles,
c.-à-d. par des descendants des colons français, nés
en Amérique. La langue française (cajun) y est encore répandue.
Les édifices, et dans une bien moindre mesure, les moeurs, les coutumes
y ont conservé le caractère des premiers habitants, Français
et Espagnols.
Les principales rues y portent les noms
de Chartres, Royal, Bourbon, Dauphine, Rampant, Marais, Ursulines, Dumaine,
La Harpe, Lapérouse, d'Abadie, Aubry, Carondelet, Esplanade, La
Fayette, La Force, Libéral, Ferdinand, Montégut, Clouet,
etc. On retrouve là les façades en stuc blanchies à
la chaux, les jalousies, les portes cochères, les arcades,
les balcons, des anciennes villes d'Espagne ou de la France méridionale,
le tout encadré d'une végétation tropicale aux fleurs
élégantes. Les maisons sont de construction légère,
en bois ou en briques. Les édifices publics reposent sur des pilotis
enfoncés de 20 ou 25 m dans le sol. L'intérieur de la ville
est sillonné de canaux dérivés du bayou Saint-John.
A l'Est de la ville, les rues principales
sont : l'avenue La Fayette, l'avenue Saint-Bernhart et les Elysian Fields
(= Champs-Elysées). toutes voies perpendiculaires au fleuve, près
duquel leurs extrémités se rapprochent. La disposition en
échiquier est à peu près complète dans le quartier
français, entre l'avenue Saint-Bernhard et la rue du Canal. Le quartier
neuf ou américain présente l'aspect d'un grand éventail
ouvert dont la poignée est la jonction des rues Julia et Carrollton,
et dont les branches sont les rues se dirigeant vers les divers points
de la courbe convexe du Mississippi.
Les principales de ces voies sont l'avenue Tulane, la rue Melpomène,
la route de la Félicité, les avenues Washington, Toledano,
Louisiana, Napoléon, le parc de l'Exposition, et enfin, tout à
l'Ouest, l'avenue Carrollton. Ces voies sont coupées par une grande
quantité de rues parallèles au fleuve dont elles reproduisent
la courbe; les principales sont les avenues Prytania, Saint-Charles, Clayborne
et Broad. C'est dans ces quartiers du Sud-Ouest que se trouvent les maisons
les plus élégantes, entourées de plantations d'orangers,
de jasmins, de magnolias, etc.
Les principaux édifices publics
hérités des siècles passés, cathédrale
de Saint-Louis (construite de 1792 à 1794 dans le style hispano-créole),
douane, poste, hôtel de ville, archevêché (un vieux
couvent d'ursulines), Bourse des produits, Bourse du coton, Bourse du sucre,
Monnaie, Grand Opéra, Académie de musique, tribunaux (cabildo
espagnol), salle des Odd Fellows,
Université Tulane, sont concentrés sur la limite des deux
principaux quartiers français et américain, en face de la
pointe formée sur l'autre rive par l'avancée continue des
terres depuis deux cent cinquante ans. Près de la cathédrale
de Saint-Louis, sur le fleuve, se trouvent le square (ancienne place d'Armes)
et la statue équestre du général Andrew
Jackson, et le débarcadère de l'un des ferries qui font
communiquer la rive gauche aux faubourgs usiniers d'Algiers, Mac Donoughville
et Gretna de la rive droite. Tout le long de la rive gauche, sur une longueur
de près de 10 kilomètres, la « levée »
était une promenade prisée par la population new-orléanaise.
La ville possède d'assez nombreux
squares ornés de statues de personnages célèbres,
un petit nombre de jardins, le City Park au Nord (60 hectares), l'Exposition
Park à l'Ouest, longue et étroite bande de terrain boisée
qui s'étend du fleuve à près de 4 kilomètres
dans l'intérieur, des cimetières, qui sont une des curiosités
de La Nouvelle-Orléans, les corps y reposant non sous terre, mais
dans des tumuli ou mounds, monticules artificiels, parce que le
sol est trop marécageux pour que l'on y puisse creuser des tombes
: Cypress Grove Cemetery, près de City Park, Greenwood Cemetery,
où un monument a été élevé à
des soldats confédérés; dans la rue Esplanade, de
vieux cimetières français. A 8 kilomètres au Nord
de la vieille ville s'étend le lac Pontchartrain, long de 65 kilomètres
sur 40 de large. Le bayou Saint-John s'y jette. Au Nord-Ouest se trouvent
les jardins, dits Carrollton Gardens.
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La
parade de Mardi gras (carnaval), à la Nouvelle-Orléans.
La Nouvelle-Orléans a dû sa
prospérité et son développement à sa magnifique
position commerciale qui, dès le commencement du XIXe
siècle, attirait le long de ses quais les produits de toute la vallée
du Mississippi,
même des régions riveraines de l'Ohio. Il est vrai que ces
produits étaient encore peu importants, et la brillante période
de l'ancienne métropole de la Louisiane française a été
celle du prodigieux développement de la culture du coton et de l'expansion
de l'esclavage dans le Sud des États-Unis,
entre 1830 et 1860. Encore aujourd'hui, bien que les chemins de fer qui
relient directement Saint-Louis, Memphis et les autres points importants
de la grande vallée aux ports de l'Atlantique, aient enlevé
au marché louisianais une bonne partie de son trafic de transit,
La Nouvelle-Orléans reste non seulement un des principaux ports
des États-Unis, mais se place, par son activité au quatrième
rang mondial.
La Nouvelle-Orléans a été
fondée en 1748 par Jean de Bienville, gouverneur du petit établissement
français qu'il avait lui-même créé depuis 1690
à Biloxi. En 1721, elle fut élevée au rang de capitale
de la Louisiane, alors que cette colonie, livrée à la compagnie
du Mississippi, venait de servir aux spéculations de Law (1717-21),
puis de passer à la Compagnie française des Indes. La ville
ne se développa que très lentement. Elle fut cédée
par la France à l'Espagne, avec la partie de la Louisiane située
à l'Est du Mississippi, en 1763 après la guerre
de Sept Ans. Les habitants s'organisèrent en gouvernement autonome
et ne reconnurent qu'en 1769 la juridiction espagnole. En 1800, le traité
de Saint-Ildefonse rétrocéda La Nouvelle-Orléans à
la France, qui vendit, en 1803, la Louisiane aux États-Unis.
Le territoire fut admis comme État dans l'Union en 1804. La guerre
de 1812 contre l'Angleterre (Les
États-Unis sous la présidence Madison)
se termina par la célèbre victoire du général
Jackson à La Nouvelle-Orléans (1815) ou, plus exactement,
près de Chalmette sur le Mississippi, à 8 kilomètres
au Sud de Canal Street. Pendant la Guerre de sécession,
la Nouvelle-Orléans prit parti avec toute la Louisiane pour la cause
sudiste, mais, l'amiral Farragut ayant forcé le passage à
l'embouchure du Mississippi sous le feu des forts des deux rives et détruit
la flottille confédérée devant les quais de La Nouvelle-Orléans,
la ville se rendit au général Butler (1862) (L'Encerclement
du Sud).
Au XXe siècle, l'histoire de la
ville pourrait se résumer en deux mots : jazz et pétrole.
Le jazz naît à la Nouvelle-Orléans dans la population
noire au tout début du siècle; le pétrole - ainsi
que l'argent et la corruption qui vont avec - font leur apparition entre
les deux Guerres mondiales, et traceront les lignes de force de l'histoire
locale jusqu'à nos jours, ou du moins jusqu'à la dévastation
de la ville par l'ouragan Katrina en août 2005. (A.
Moireau). |
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